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A propos d'Acte, de l'époque, et de la littérature (projet Laboniris).
Chevalier d'Oniris
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28/04/2011 15:13
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Préambule

Tout d'abord, bonjour à tous.
"Acte" signe le début d'un projet sur le long terme, qui vise l'explosion de la notion de genre littéraire telle qu'on la conçoit à notre époque.

"Je fonde une entreprise qui n'eut jamais d'exemple..."
Je m'explique.
J'ai cru noter que la tripartition traditionnelle des genres, à savoir la Poésie, le Théâtre et le Roman, représentait un cloisonnement significatif de la création littéraire. En effet, s'il arrive au lecteur de trouver poétique un texte romanesque, de trouver de la théâtralité dans une réplique d'un roman d'Hugo, ou de trouver romanesque à l'inverse le scénario d'une tragédie, il est aisé de considérer caduques ces catégories qui font la joie des libraires.

Pour histoire, il est à noter que cette tripartition littéraire trouve sa source au début du XIXème siècle, et accompagne la prise en compte d'une vision nouvelle de la littérature, plus adaptée à son temps. Aux belles lettres, à la littérature de pensée ou à l'Histoire de l'époque classique, succède ainsi le modèle littéraire érigé par les penseurs allemands (Schiller notamment, mais aussi Hegel). Partis de la répartition générique d'Aristote, ces penseurs avaient conclu que la division suivante permettait de représenter la totalité des rapports de l'homme (et par eux de l'âme) à l’œuvre : la poésie, lyrique, représentant la subjectivité de la littérature, et le roman son objectivité (le théâtre devenant ainsi un genre hybride, où se mêlent l'ensemble des rapports de l'homme à l'art). D'aucuns avaient d'emblée joué des limites de cette classification, à l'instar de Wagner qui avait pensé une globalisation des genres littéraires sous l'égide du théâtre : ce parti-pris lui sera fatal. C'est qu'il faut à l'auteur, par amour des lettres, considérer une essence de la littérature au-delà de ses compétences, de ses considérations propres.

A l'heure où la création littéraire, plus que jamais soumise aux lois du marché, tourne en rond, à l'heure où elle n'a jamais été aussi pauvre, aussi nombriliste, j'ai le sentiment profond que notre époque appelle un renouvellement radical du paysage littéraire, de notre manière de concevoir la littérature ; à l'image du changement engendré par les révolutions de la fin du XVIIIème siècle. Maintenant plus que jamais, pour la survie des lettres, le créateur ne peut plus se contenter d'être moderne (car la modernité est devenue stérile) : il se doit d'être révolutionnaire. Dont Acte.

Projet : les Actes comme renouveau


C'est donc un projet sur le long terme que j'expose ici, et qui a pour but la fusion progressive des genres traditionnels que sont la poésie, le théâtre, le roman, ainsi que le renouvellement de leur fonctionnalité : il conviendra de passer du genre à l'instrument (au sens noble du terme). J'appelle à la considération d'une théâtralité, d'une essence romanesque ou poétique comme autant de moyens de nourrir un texte littéraire, sans pour autant le cloisonner à un seul de ces registres.
Et si la littérature joue implicitement de ces mélanges en apparence, nous n'en pensons pas moins par le mot, par la catégorie : c'est ainsi en tranchant à la racine que l'on ouvrira de nouveaux moyens de créer, d'écrire, en toute liberté.

J'envisage alors, par mes Actes (un vocable emprunté à Jean-Marie Gleize, soulignant la seule prééminence de l'action créatrice sur le résultat engendré et ses propriétés intrinsèques), de mettre en valeur le caractère fondamentalement syncrétique de l'objet littéraire par rapport à ses registres génériques. En termes simples : ces Actes seront la preuve que la littérature se nourrit de genres multiples qui s'entrecroisent, se nourrissent les uns des autres, et qu'il est folie de les isoler a priori de la création. Il faut s'ouvrir à la poéticité du roman, à la théâtralité de la parole poétique, au caractère romanesque de l'intrigue théâtral, aux possibilités infinies que ces croisements comportent !


Acte : de la théorie au texte présenté

Le premier texte proposé (mis en ligne le 24/03) est un texte transitoire entre la poésie contemporaine et le renouveau de la littérature que j'entends chercher. Il pourrait se placer sous l'égide de Souvarine. C'est que les Actes à venir, pris isolément, séparés de leur tout, de leur projet, ne sauraient être jugés qu'au regard des catégories qu'offre actuellement la littérature. Il me fallait donc un préambule, qui tâcherait de dévoiler les incohérences propre à chaque genre, de déconstruire progressivement cette acception vieillissante de la littérature.
Le texte opère à ce titre une double déconstruction :

- Nous l'avons vu, les genres doivent être démontés en tant que formes cloisonnées : il était ainsi intéressant de laisser croire à une mise en scène théâtrale impossible à représenter (les volutes notamment), contrastant avec la conception qu'Ionesco offre du théâtre, et qui se serait ainsi dotée qu'une charge poétique centrée sur le texte, le lecteur ayant soin d'imaginer à sa guise ce qui peut ou non être représenté dans cet espace "scénique". C'est aussi la trame romanesque qui ne va nulle part, mais qui, insatisfait de la vanité qu'offrirait la danse de la poésie pure, s'évade, cherche un ailleurs littéraire, indépendamment de ses personnages, dépourvus de toute utilité au sein de l'intrigue (lourds de sens toutefois). C'est donc une volonté de dévoiler l'incohérence d'un théâtre qui ne peut exister, d'une poésie qui ne vaut plus rien, d'un roman qui ne va nulle part. C'est un jeu sur les codes de la création littéraire, une constante remise en question de ses principes, qui si elle souffre parfois l'humour, dispose d'une dimension profondément apocalyptique (en tant qu'elle détruit autant qu'elle appelle à renaître).

- Mais la déconstruction est également rendue sensible par le fait de montrer le texte, non structuré, fini, mais à l'étape brute qui précède directement sa finalité, couché sur un brouillon. Il est retravaillé, certes, pour augmenter sa puissance symbolique et signifiante : mais la finalité d'un texte construit est ici perçue comme la source d'une autre possibilité créatrice, ouverte cette fois, qui laisse à penser que tout est encore à faire, si tous les éléments sont présents. C'est un texte qui refuse le cloisonnement, pourtant nécessaire, d'une finalité, du point final, de manière à la remettre en cause. Ainsi les phrases qui n'en sont pas du début du texte ; ainsi les tirets qui s'étalent comme une liste, une prise de notes précédant la composition de l’œuvre ; ainsi les hésitations entre divers sèmes, laissés apparents. On pourra m'opposer que le texte est ainsi bâclé, puisqu'il n'est pas fini : et on aura raison. Néanmoins, je laisse à ce texte qui n'est que le modeste préambule d'un vaste projet le bénéfice de l'existence, et de ses paradoxes. Je le trouve plus intéressant à l'état de brouillon que fini, il parle plus, pose davantage de questions. Fait bien davantage sens qu'à l'état de composition.

Conclusion


Mesdames, Messieurs, il faudra se décider à en finir avec ce vieux rêve en ruine des romantiques allemands, rêve qui dure depuis maintenant deux siècles (et qui ravit les cabinets d'éditeurs à dire vrai, ça résume à la pelle, ça quatrième-de-couverture, qu'on croirait avoir tout compris du bouquin sans avoir eu la peine à l'ouvrir, si l'on se bornait à les écouter), il faudra en finir dis-je, avec cette obsession du genre qui sclérose les lettres. La tuer comme on tue le père. Elles s'y perdent, les fragiles, dans les labyrinthes des libraires ! - C'est un roman ? - Pas exactement, c'est que ça ne raconte pas d'histoire, qu'on y reconnait rien de la vie des hommes... - De la poésie alors ? - Il y en avait, pour sur ! Mais cachée, glissée sous l'épais tapis des mots, des phrases en chanvre ; c'est aussi que c'était bien trop long - Du théâtre alors ? Il y avait bien quelque chose de théâtral ?! - L'auteur l'était ! Et ses personnages !.. Mais pas d'indications scéniques pourtant, la typographie, le charme, ça ne colle pas... - Ce doit donc être un essai... - Je vous assure pourtant que c'était réussi ! - le texte saint, le Graal, avait en fait été déposé là, à l'abandon sur une étagère, apatride, si bien qu'on avait fini par oublier son existence, et que ce fût un miracle que son édition même.

Mesdames, messieurs, j’abhorre la déconstruction vécue comme un but, l'expérimentation qui se regarde le nombril. Mais nous sommes arrivés à un seuil rarement atteint dans l'Histoire où, trop éloignés de la perfection de la langue qu'offrait le grand siècle, une destruction des genres littéraires pourrait être l'impulsion nécessaire à la naissance d'une nouvelle littérature, à un Germinal créateur ; puisque de toute façon la littérature est à l'agonie, et qu'elle implosera : faisons la exploser, et que le vacarme de la détonation brille d'une flamme nouvelle !

Il est aujourd'hui plus que jamais urgent de remédier à cette assimilation des courants littéraire à une mode, qui est la négation même de la notion d'héritage littéraire. Il est aujourd'hui plus que jamais urgent de considérer l'idée que la littérature, pour survivre, ait besoin d'être renouvelée. Il est aujourd'hui plus que jamais urgent de se rappeler que les mots évoluent, qu'ils changent, que nous en sommes les maîtres, les responsables et les garants. Que les poètes sont les protecteurs de la langue, et qu'elle perd aujourd'hui son sens à se renfermer sur elle-même.
Mesdames, messieurs, il est plus que jamais urgent de créer : de ne pas se prétendre poète, romancier, dramaturge ; mais d'avoir la prétention rare, ainsi que la plus modeste humilité, de se vouloir créateur.
C'est à ce titre que l'on sera révolutionnaire.

Contribution du : 25/03/2013 00:35
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