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a propos de chemin de l'estrade
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28/05/2009 14:02
De auray 56
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je remercie sincèrement les commentateurs de ce texte...
la richesse et la réflexion que vous avez développé sur cette "promenade nostalgique" me donne par certains aspects l'impression que vous marchiez dans l'ombre auprès de moi...

Jaimme qui n'arrive pas a vraiment se souvenir, et qui évoquerait pourtant une impression de déjà vu...
Chene lui rappelant alors cette randonnée pas si onirique qu'elle en à l'air (ainsi par exemple, les moutons orangés aux yeux de vipère, étaient bien présents dans les lumières de l'aube et me fixaient curieusement de leur pupille en forme d'amande) en faisant à appel des références d'une troublante exactitude
lapsus quand à lui charge encore olus mon souvenir, à la lecture de son commentaire je me suis surpris à me dire "Oui, oui!" c'était exactement cela...

Jamais jusqu'alors on à analysé et décortiqué un de mes écrits de telle manière, sans doute par manque d'habitude et aussi parce que je suis flatté, cela m' à boulversé...

un immense Merci à vous et toute mon amitié

loic le meur


ps. Cet endroit existe, à Langeac (43): Marsanges Barlet, une ancienne mine de spath fluor ou parfois je vais me perdre seul (enfin je le croyais)...;)

Le chemin ne changeait pas, trente deux ans plus tard la même fragrance d’aiguilles de pins séchées et de baies de genêts éclatant aux soleils d’été, avait comme figé le temps. Le silence des lieux était emprunt d’une sorte d’exaltante gravité.
Pour celui qui venait pour la première fois, les anciens travaux miniers de Marsanges se résumaient à deux murailles cimentées encadrant l’entrée du travers banc principal, cette obscure percée de huit cent mètres, filant sous terre en ligne droite, desservait un labyrinthe vertical de puits et de dépilages abandonnés. Plus loin écrasé de soleil, un long bâtiment couvert de tuiles mécaniques, qu’un paysan avait affecté à l’élevage de lamas silencieux et inattendus en cet endroit, avait servi de vestiaires et de forge. Suivant encore le remblai on devinait les trémies de chargement en surplomb d’une ancienne voie ferrée
La sécheresse minérale de l’ancien carreau était barrée d’une tranchée peu profonde où s’écoulait, sortant de la galerie, une eau limpide et fraîche. Dans cet accès souterrain au delà d’une grille épaisse aux montants soudés, on découvrait une voie ferrée s’enfonçant dans l’ombre sous une étroite voûte bétonnée. Une odeur de roches, de terres humides et une fraîcheur éternelle invitaient au frisson. Un train de wagonnets aux teintes d’oxydes disparaissait dans l’inquiétante pénombre.
Dans ce massif ancien, aux allures d’amphithéâtre forestier, où de petits champs jaunissant sous le soleil semblaient assiégés par de sombres conifères, un hameau à l’unique étroite et tortueuse ruelle délimitait l’horizon des sociétés humaines. Il n’y avait ensuite place que pour ceux qui, magnétisés par l’endroit s’engloutissaient dans l’éternité minérale des filons de spath fluor.
Un chemin d’exploitation suivait en surface le trajet du travers banc, la pente rectiligne courant au flan du massif menait vers d’autres étages. Dans les ruines et les haldes couvertes de ronces et d’arbres sauvages, de sombres accès pour la plupart effondrés menaient vers les filons abandonnés. Là, encore sous les ronces et les herbes folles, presque invisibles, des rails rouillés marquaient encore le chemin des galeries. J’y découvrais avec mélancolie un essieu avec une roue brisée, une benne renversée, des tuyaux de fonte s’enfonçant sous les terres effondrées.

Dans le soleil d’un matin de Juin, j’arpentais seul un lambeau de souvenirs, vacances d’été des années soixante dix, routes montagneuses désertes parcourues à vélo dans des effluves de tour de France, demi course double plateaux, aux gardes boues démontés, chaleurs qui avec le recul étaient toujours accablantes…


A cette époque la mine fonctionnait encore. L’image d’un court train de berlines et d’un locotracteur sortant de la galerie en brinquebalant sur une voie disjointe et; d’un type bourru nous autorisant à prendre quelques échantillons dans un tas de fluorine verte, marque toujours mon existence.

De ces années où rien n’est grave, il ne reste que fulgurances : Odeurs de genêts qui craquent au parfum du soleil, et de résines fortes enivrant la forêt.
Il n’est de reste que le souvenir de mots qui à force se sont envolés, de frissons de premiers baisers que l’on aborde un peu bravaches, du goût de fruit d’une bouche tendre et de cheveux qui sentent bon.

Où que me portèrent mes errances, mes rages et mes espoirs déçus, je fus comme ces saumons gris qui remontaient le vieil Allier pour mourir en donnant la vie. Chaque fois que je le pouvais, je venais là, errer dans la montagne.

Les pentes de l’endroit mangées d’épicéas s’effondrent en silences. Sous les terres acides, où se délitent d’insondables fontis, percole l’amertume des grands filons blessés qui saignent encore du temps où des hommes ombrageux y roulaient des berlines.

J’y vaque en renouveaux maculés d’existences au craquement des gravats qui roulent sous mes pas. J’imagine sans peines ces destins de misères charroyés par l’hiver dans des rançons de pluies mêlées de neiges grises. La trace de leurs pas s’évoque encore en moi comme d’infinis silences lorsqu’on veille un enfant en sereines inquiétudes.

Un fil imaginaire me dévide l’esprit et j’y scrute ébloui ma conscience lithique en me laissant porter par ce jour qui vient. Alors qu’encore la lune si haute vers le Sud pâlit dans la lumière qu’apporte une aube rose, le destin des vallées s’embrase de brouillards pour quelque temps encore. Voilà donc une vie d’homme.

L’ancien chemin de fer m’emmène au fil de la pente, lui aussi comme l’oubli s’efface sous la sylve. J’y chemine loyal en ma conscience tranquille, je sens le jour qui vient. L’’odeur des terres et des sapins m’envahit à me rendre immortel, j’appartiens à l’endroit. Je suis loin de la mer et pourtant le paysage est immense parce qu’il est entré en moi

Contribution du : 29/11/2009 07:49
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Re : a propos de chemin de l'estrade
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Bonjour Meaban

Quel superbe plaidoyer pour ce Chemin de l'estrade. Dans ma perception de ton poème j'avais bien ressenti l'importance que cette mine et ses alentours représentaient pour toi.

Ton texte pourrait fort bien avec quelques retouches figurer en poésie en prose.

Merci de nous faire partager tes émotions. Cordialement

Chene

Contribution du : 29/11/2009 08:14
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Re : a propos de chemin de l'estrade
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Eh bien... voilà un dimanche matin fructueux pour moi.

J'ai découvert ce forum, et j'ai tout d'abord été sous le charme de ta description du lieu. Les odeurs (fabuleusement décrites, j'adore qu'on me fasse renifler des odeurs), les couleurs, la luminosité, l'âme de cet endroit... Je n'avais pas encore lu ton poème, mais la poésie, je l'avais déjà trouvée ici, dans ces quelques phrases superbes !

Et puis j'ai été lire ton poème, que je serais bien en mal de commenter tant il me confronte à quelque chose de nouveau pour moi. Tout, de l'univers décrit à la manière de le faire est pour moi surprenant. Je n'imaginais pas que je pourrais trouver de la poésie dans une ancienne mine (comme quoi, les à priori stupide peuvent être tenaces), ni qu'une "explication" de texte pourrait m'aider à aimer à ce point un écrit. Je restais sur la défensive par rapport aux textes que l'on doit expliquer, par rapport au sens et aux images qui ne sautent pas immédiatement au coeur. Et voilà que tu m'obliges à sortir de cette perception confortable et bornée, toi et les commentaires brillants que tu as reçus d'ailleurs.

De plus, j'ai appris des choses, des mots, des concepts. J'ai appris "tchanquée", j'ai appris "halde". J'ai appris ce qu'était un haïbun aussi, merci Lapsus, et la "psychologie de la forme", merci Chêne.

Bref, j'ai fait mon p'tit marché parmi les maraîchers de la poésie et de la culture ce matin, merci pour ce réveil si riche :)

Contribution du : 29/11/2009 10:00
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Re : a propos de chemin de l'estrade
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Il est des lieux qui sont des rencontres que l'on a de cesse de porter en soi.
La description est superbe, une déclaration d'amour empreinte de nostalgie mais riche de souvenirs.

Contribution du : 29/11/2009 13:32
_________________
Que ma muse amuse et m'use !
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Re : a propos de chemin de l'estrade
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David
Le problème avec mes textes est que lorsque l’on les soumet à une analyse « technique » et orthodoxe ils ne tiennent pas la route, je ne le regrette pas, j’écris pour le fond et toujours sur des sensations personnelles, c’est ma vision de l’écriture poétique. Auprès de certains lecteurs la mayonnaise prend car il nait peut être une sorte de communauté sensible le temps de la lecture ou de la relecture…pour d’autres et je le conçois on s’arrête au pieds manquants, aux brisures de rythmes, au mots rares..
Ici je vais te donner quelques mots d’explication concernant certains choix :
Cabane tchanquée : il y en aussi dans les forêts, dans cet endroit il s’agissait d’une ancienne cabane sur pilotis au milieu des arbres, construite là pour surveiller un treuil..
Moutons orangés : dans la lumière de l’aube il arrive que le soleil donne des teintes oranges au ciel qui se reflétant sur le blanc (sale )des moutons donne cette teinte
Layons industrieux : il n’y a pas que le « littré » dans la vie, il ya l’évocation d’instants et d’atmosphères vécus, et puis vu le relief de l’endroit ils auraient du mal à être droits…
Mais peu être y a-t-il pour toi « trop de notes » dans ce morceau (de là à dire que c’est du Mozart…)
Merci en tous cas de t’être arrêté sur cette évocation, qui j’en suis désolé ne t’as pas touchée

Eléonore
Merci d’avoir été sensible à ce texte et aux découvertes que j’y fais suite à ton analyse, c’est vrai que cette absence de verbes donne de l’ampleur…je ne l’avais pas remarqué
Impressions fugaces et fortes « pas mieux »

A bientôt

loic

Contribution du : 03/12/2009 06:26
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L'Univers est une sphère dont le centre est partout, et la circonférence nulle part
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