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À propos de "Dépêches-toi !"
Maître des vers sereins
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11/02/2008 03:55
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Bonjour à vous,


Merci à ceux qui ont amené le poème jusque là. Le texte a eu plusieurs vies, il s'est proposé en catégorie classique tout d'abord, puis je me suis concentré sur cette seconde strophe dans les forum d'ici, à propos de concordance des temps, enfin, je l'ai montré sur Vosécrits aussi.

http://www.oniris.be/forum/deux-concordances-des-temps-t17855s0.html#forumpost234098

http://vosecrits.forumculture.net/t14152-medecine-12

Les titres ont défilé, mais les vers n'ont presque pas changé. J'ai pu affiner le discours pour cette poésie, avec une impression de mouvement même si l'expression écrite est restée quasiment la même.

Pour faire le poème, je part d'une certaine irritation au sens visuel du terme, cette impression d'avoir quelque chose qui attire le regard dans la partie périphérique de la vision. Formellement, c'est cette réplique de film :

"Comme toujours, si vous ou l'un de vos collaborateurs étiez capturés ou
tués, le département d'Etat niera avoir eu connaissance de vos agissements"

"Comme toujours, si vous ou l'un de vos collaborateurs étiez capturés ou
tués, le département d'Etat nierait avoir eu connaissance de vos
agissements"

(je tombe là dessus en passant : http://fr.lettres.langue.francaise.narkive.com/jKZyhvwH/mission-impossible)

Je me rends compte que la série "mission impossible" utilise deux formes et que la première aurait pu m'ouvrir l'aut' catégorie ("niera avoir"=hiatus ; "nierait avoir"=pas hiatus).

Je commençais par une bonne ellipse afin de travailler sur un ou des vers à partir de : "le département d'Etat niera avoir eu connaissance de vos agissements" et là, je n'ai pas trouvé d'alexandrin, la forme m'est venu en octosyllabe.

Le mot important c'est "connaissance" avec son contexte : le déni dans un milieu où tout se saurait, un chantage à la dissimulation propre au genre, par rapport à celui de la dénonciation qu'on peut retrouver quand un maitre chanteur manipule une victime adultère par exemple.

À ce moment là, j'ai mes deux rimes de départ. La première est sur "état", la formule était trop longue pour un hémistiche, la seconde fera intervenir "Garance" parce que ça sonne comme "connaissance" et que ça complétait les vers dans les clous des syllabes.

J'ai aussi l'intention, qui consisterait à faire glisser un cliché du sous-genre du film d'espionnage vers un autre du théâtre de boulevard, mais je n'irais pas jusque là, je me contenterai de laisser planer une impression vaguement sensuelle, notamment avec la conjugaison de la seconde strophe.

Il y a un "si" en suspend du fait de mon ellipse de départ. Je crois qu'en écrivant, je voulais décrire un genre "d'ordre de se donner la mort", au contraire de l'usage de l'expression dans son contexte, ce n'est plus une menace ou un avertissement, mais un "futur" sans alternative, sans "si vous ou l'un de vos collaborateurs étiez capturés ou tués".

Si la lecture la plus simple du poème pourrait être :"Garance, on vous donne l'ordre de vous jeter de la falaise", j'ai encore quelques méditations sur ce que cette lecture pourrait être avec le temps d'une infusion.

Pour l'écrire plus clairement, et si surtout je ne me suis pas trop gouré dans mes conjugaisons, ce poème pourrait être une déclaration d'amour.

Là encore, le conditionnel est de rigueur comme les bottes en caoutchouc un jour de pluie.


socque, je dois connaitre l'histoire en question d'Arsène lupin, et même le site de l'aiguille creuse, de réputation. Étretat arrivait pour la rime et en même temps formait un contraste, si on pense que la "maxime" était plutôt entendu de l'intérieur d'une cabine téléphonique, il y a un passage d'une certaine claustrophobie à "l'agoraphobie" de la falaise. Je crois qu'il y a un peu la même idée chez Lupin, de l'ambiance de complot de cour jusqu'au bord de mer accidenté.


Ioledane, pour "indigent" je pensais à un sens figuré, celui qui l'oppose à "noblesse" dans des formules qui font un peu "N'ayez pas l'indigence de me demander pourquoi !"; c'est une nuance et une assonance de "indécence", en général pour appuyer sur le mépris. "indigence" a le sens de "pauvreté" qui a toujours un sens péjoratif aujourd'hui ( le "pauvre con !" et tant d'autres exemples).

Pour la seconde strophe, le temps de "butât" correspond à celui de "aurait". Toutes les rimes sont là "pour la rime" bien entendu. Je cherchais une conjugaison pour changer des "état"/attentat", les rimes s'usent souvent sur des suffixes able/ement/ité etc.

Dans le contexte, c'est un peu comme les propos d'un tortionnaire à sa victime, un ton et un temps pour lui annoncer comment il va mourir. L'harmonie ou pas sonore fait même partie de ce préliminaire cruel, donc l'étrangeté m'était bienvenue.

Il y a quand même eu une lecture "au sens propre", la métaphore est sans doute marquée par un goût certain de ma part d'en voir un peu partout.



Miguel, vous avez noté comme Ioledane ma ponctuation absente de la fin du premier tercet, pour une partie de phrase :

"Nous donnons l’ordre et vous l’agent Obéissez, c’est la normale"

Je n'aimerez pas trop encadrer l'agent ou fermer le vers par des virgules, je choisis de ne pas signaler du tout l'incise pour souligner l'enjambement, c'est aussi là que je désigne formellement le personnage pour la première fois, dans ce qu'il fait, même si ça reste évasif, Garance est bien là pour ses actes et non pas pour ce qu'elle pourrait être par ailleurs.

Faire apparaitre une ponctuation donnerait moins de poids au qualificatif, alors qu'il en a à mon sens, voire même ça serait péjoratif pour le personnage, en encadrant agent comme le propose ioledane :

"Nous donnons l’ordre et vous, l’agent, Obéissez, c’est la normale"

Il y a un tassement de virgules qui serait moins ténue avec la mise en strophe, mais même ça claudique, comme d'hésiter dans l'expression à l'oral, en faisant trop d'arrêts. C'est sensé être une "réplique", quelque chose d'assez cinglant, "agent" n'est pas une info pour celle à qui ça s'adresse, c'est la chute le mot important, pas ce détail.

"Nous donnons l’ordre et vous l’agent, Obéissez, c’est la normale"

Avec Miguel, je me retrouve avec une incise de "Obéissez", c'est le mot important, mais ce n'est pas vraiment une incise dans "et vous l'agent (... ) c'est la normale".

Supprimer l'incise me permet de préserver le sens que je voulais donner, les virgules ne lèvent aucune ambiguïté et compliquent l'expression. Dans un contexte d'incompréhension, je ne peux pas vraiment me référer à une alternative, une forme correcte ne peut pas ne pas faire sens, par définition.

Comme peut l'illustrer l'incompréhension sur le sens figuré de "indigent" qui doit pourtant être plus souvent utilisé par mépris dans la littérature qui emploie ce registre que comme souci de l'autre, le poème partait sur un "cliché" et prend le temps avec des mots, c'est peut être trop paradoxal.

La poésie du poème est donc entre autre dans le fait qu'une métaphore aussi convenue puisse échapper à toute compréhension :

"Ne recherchons pas la morale,
Un délai serait indigent."

Ça pourrait signifier par exemple :"laissons toutes réflexions sensibles pour agir avec une profonde et véritable noblesse !"

C'est un point de vue d'un psychopathe qui expliquait un peu avant à Garance ce qu'il allait lui faire sur la falaise.


MonsieurF, c'est vrai, "dire" et "maudire" doivent être un peu comme "prendre" et "comprendre", à moins que "maudire" soit cousin de "mordre", mais ça m'étonnerait :)



Rosebud, merci pour cette lecture vive !



Tizef, je ne reprend pas ce que j'ai déjà évoqué avec Ioledane et Miguel sur les passages cités, le futur est important à conjuguer pour autre chose que de jeter des corps au bas des falaises, l'usage des temps me semble correcte.



Hananke, le poème partait justement d'une réflexions sur le vers, dans une réplique de série télé : si ça reste en tête contre toute attente, c'est qu'il y a de la poésie. Le vers français place souvent la beauté comme preuve de vérité, et donc la laideur comme celle du mensonge, on en revient sur "l'indigence et la noblesse", on dirait. Plus sérieusement qu'un poème politique, c'est une métaphore amoureuse que je souhaitais partager avec ce poème.



Condremon, je l'ai publié sous le titre "Médecine 12" sur Vosécrits en novembre dernier et il avait passé un mois en Espace Lecture sur Oniris aussi auparavant, merci de votre lecture vive et pour la chanson aussi :)


Pimpette, "Butat" a pu choquer parce qu'il termine un phrase, comme quand on l'utilise dans le sens de "tuer" alors que "butter" s'entendra plutôt comme "butter contre... " ou "butter sur... " à mon avis c'est plus responsable de l'impression commune que la conjugaison elle-même. C'est le travers sur le sens propre et figuré des mots et tous les jeux que ça permet :) Le dernier vers n'est pas inepte, mais d'autres ne l'ont pas compris, "indigent" a le sens propre de "pauvre" qui a le sens figuré de "mauvais".



Senglar, si on part du principe que Garance est une femme bien, le mot "morale" pourrait n'être qu'une vague justification pragmatique d'une attitude notoirement criminelle, mais pas jusque au point de mêler Arsène Lupin à cette histoire plus que cela. Encore que je pense qu'il y a un même parallèle "secret du roi/paysage" que mon "réplique de cabine de téléphone/falaise" avec aussi sans doute un jeu de sens propre/figuré pour l'aiguille d'Étretat.


Leni, le poème est une métaphore amoureuse, le mot "morale" est ironique dans le contexte, c'est son placement contre la "norme" qui le définirait :

"Obéissez, c’est la normale,
Ne recherchons pas la morale,"

ça signifie juste d'aller vers l'action (la norme) plutôt que vers la réflexion (la morale).



Lostpatrol, Garance est un drôle de mot, et snowden lui ferait un beau nom de famille, merci pour cette lecture vive !




Contribution du : 23/02/2014 06:57
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