Comme "astérisque" au féminin, par exemple ?
Venant de vous, ça ne peut qu'être volontaire, voyons

Dans cinquante ans, vos exégètes se disputeront la primeur de l'explication de ce coup de génie, retrouveront une étymologie jusqu'alors perdue, salueront l'audace de la rébellion linguistique. D'autres, forcément, des hostiles, exhumeront de quelque obscur ouvrage du XVIIIe un bout de ligne démontrant l'antériorité de l'invention. Qu'importe, puisque l'on trouvera votre astérisque dans les anthologies entre le "blabla" de Céline et le "doukiputdonktan" de Queneau.
S'il vous prend la folle envie de niquer les codes, faites-le donc dès l'entame, genre "Ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit.", histoire de faucher à leurs racines les arguments des incrédules. Et pour les irrémédiablement bouchés, interdisez-leur tout débat en clôturant votre roman par un "qu'on n'en parle plus".
Marie Canavaggia, parait-il, était une fée aussi efficace que Marimay, et corrigeait les innombrables bourdes de son auteur favori dont elle aurait été, parait-il aussi, plus ou moins secrètement amoureuse. Sans cette délicieuse personne, qui lirait encore le "Voillage au bou de l’anuit" ? Le jour où elle corrigea "D'un château l'autre", elle devait être particulièrement distraite.

Dans 50 ans, je serai morte depuis 50 ans, terrassée par la honte lexicale !