Bonjour Anje, bonjour à tou(te)s,

Considérant la remarque d’Hananke, je me permets une petite intervention sur ce fil.

Tout d’abord, il faut savoir qu’un trimètre conserve souvent la cicatrice de la césure alexandrine à la 6e syllabe, notamment au XIXe siècle, chez Victor Hugo et chez les autres romantiques qui l’utilisent. Le vers "Si la douleur s’invite en toi, sois fort. Sois doux" me semble donc autant un alexandrin qu’un trimètre, je veux dire, qu’il peut être lu en 6/6 syllabes ou en 4/4/4 syllabes :

"Si la douleur s’invite // en toi, sois fort. Sois doux"

"Si la douleur // s’invite en toi, // sois fort. Sois doux"

De plus, la décomposition en trimètre autorise la coupure entre un sujet et son verbe (enfin, je crois !), et le point qui sépare les quatre dernières syllabes ne peut être pris en compte dans la découpe du vers. Toutefois, et je rejoins Anje sur ce point : quel que soit l’usage des règles de prosodie, le lecteur est avant tout sensible à l’harmonie d’ensemble. Dans le vers précité, et c’est sans doute un choix de l’auteur, la découpe en 6/6 peut paraître aussi "bancale" que celle en 4/4/4, particulièrement en raison du point précédent les deux derniers mots.

Bises à tous.

Bonjour à tous,

Je repars bientôt, sans doute, comme d'habitude. Mais surtout quand je l'aurai décidé.
Je n'arrose que parcimonieusement mon jardin, la sècheresse est à ma porte.
Pourquoi ce chapitre s'appellerait "discussions sur les récits" si on ne peut pas discuter ?

@Davide.

Merci beaucoup de votre intervention apaisante et qui recentre le débat. Quoique le vers dont il s'agit n'est pas de ma plume... C'est important de le souligner car son auteur aurait peut-être pu fournir ses propres explications.

Parlant de la césure prosodique, il est tout à fait exact que pour un alexandrin, elle doit se situer obligatoirement à l'hémistiche et qu'un trimètre est découpé en trois parties égales de quatre syllabes.
Pour ma part, faisant plus confiance à mon oreille qu'à ma faible technique, je parlais de césure naturelle. Ainsi pour moi, ce vers se lit de la façon suivante : "Si la douleur s'invite en toi, / sois fort. / Sois doux".

Il est possible (je ne le sais pas non plus) que pour un trimètre, la césure entre le sujet et le verbe soit autorisée mais je trouve cette pratique, et ce n'est que mon goût, nuisible à l'harmonie. Puisque vous le citez, je trouve moins harmonieux ce vers de Victor Hugo, "L'ombre des tours / faisait la nuit / dans les campagnes." que celui d'Emile Verhaeren, "Nous avancions / tranquillement / sous les étoiles." Parce que dans ce dernier, la césure prosodique épouse la césure naturelle. Et comme toujours, c'est plus facile à dire qu'à faire.

En vous remerciant à nouveau de votre passage instructif, je retourne à mes livres.

Oui Anje, tout à fait, vous parliez déjà de "césure naturelle" dans votre commentaire, de celle qui s'entend naturellement, qu'importe la structure métrique du vers. Aucune erreur de votre part, donc.

Concernant vos deux exemples, je vous rejoins une fois encore, je préfère souvent - quoique cela dépende du sens - un vers dont la structure en 4/4/4 s'impose naturellement. De mon point de vue, il me semble que la césure à l'hémistiche encore présente dans certains trimètres n'est qu'un vestige, une cicatrice, de l'alexandrin classique, c'est-à-dire, une forme d'entre-deux. En effet, historiquement, le trimètre n'est qu'une dérivation de l'alexandrin, un glissement de structure, une extrapolation...

Voili voilou !

Merci pour cet échAnje instructif,