Que ce soit dans le parc du Serengeti, la grande plaine du Masaï-Mara, ou dans n’importe quelle savane où prolifère ce prétentieux cheval en costume de bagnard, on n’a jamais vu deux zèbres vivre en couple à l’écart du troupeau et se conter fleurette en toute intimité.
Il paraît que le voyant pyjama du zèbre est paradoxalement un formidable camouflage. Les fauves sont bigleux et le mouvement désordonné des zébrures leur ferait tourner la tête. Hors la foule, point de salut. L’anonymat c’est le troupeau et la caravane passe.
Mais, à supposer qu’un drôle de zèbre sentimental (appelons-le Z428) s’amourachât d’une tentante zébrette (appelons-là Z673), Z428, sitôt qu’il aura baissé l’encolure pour brouter - car que faire en une savane à moins que l’on ne broute (*) – lorsqu’il relèvera la tête pour admirer encore la fessue Z673 qui l’avait ébloui l’instant d’avant, il ne la retrouvera plus dans le morne moutonnement de ses congénères. Le zèbre ne brillant ni par sa perspicacité, ni par sa bonne vue, est pris à son propre piège du camouflage. Et Z673, subjuguée par la puissante odeur de Z428 l’a déjà oublié au profit de Z212 qui vient de pisser dans son déjeuner d’herbes. Le zèbre est con, grégaire et volage, sa survie et sa descendance en dépendent.
Et lorsque, passant par hasard devant la dépouille éventrée et encore fumante de Z673, il n’aura pas même de la contrition pour celle qui a péri pour les autres, car il vient de saillir Z1275 et qu’il a un peu faim.
« Groaarrr ! » rugit le lion repu – « Gniark, Gniark » rigole la hyène qui attend son tour – « … » fait la girafe qui s’en fout – « Croa Croa » chante le rossignol de la savane qui n'a pas été reçu à l'agrégation de chant lyrique, mais sait parfaitement imiter le corbeau, suivant en cela la logique darwinienne qui l’a fait survivre en ce milieu hostile : le corbeau n’a pas de prédateur.
Non décidément, les zèbres ne s’aiment pas d’amour tendre. D’ailleurs la viande de zèbre, c’est de la carne.


(*) La Fontaine aussi, ou presque...

AAAAAAAHHHHHH mon dieuuuuuuu je viens de me prendre un orgasme éthologique.
Rosebud, je vous aime, avec ou sans le traîneau.

moi zaussi, comme mizumena... Ztony, il ne faut pas croire les zapparences ni le buzz, ze vous zaime !

Très bien, (Pal, un zeste) d'humour, un bizou et repartons zà zéro comme si la semaine passée n'avait jamais zekzisté. J'ai quelques zunes de vos productions en retard de lecture.

Merci infiniment, Misumena, encore que vous voyez surpris: l'éthologue que je suis moi-même était persuadé que la misumena vatia était frigide comme un iceberg...

misumena : Style raffiné (non sans rappeler l’éloquence de caillouq) esprit incisif, gouaille aussi colorée que le chant du pauvre feu rossignol. Je note l’effort pour lui donner une sépulture digne (Une boîte de converse comme cercueil quand même !)

Palimpseste : de l’impitoyable loi de la nature qui nous rappelle que la chasse matrimoniale n’est pas sans danger.
L’attention du délicat bouquet de branches de cerisier en fleurs me va droit au cœur. Pour la cerise, c’est l’intention qui compte.

stony : Des zalitérations zadéquates et vraiment réussies.

rosebud :J’ai adoré le point de vue, la narration. Toutefois si j’étais zèbre j’oserais pour ma défense un : « JE NE SUIS PAS UN NUMÉRO, JE SUIS UN ZEBRE LIBRE » (évocation extraite du bien connu prisonnier de la savane)

Pour ma part j’ai écrit deux petits trucs, et, c’est pas pour remuer le couteau dans la plaie mais parfois je comprends Palimpseste, Choisir, c'est quand même se priver du reste. (André Gide) Et deux textes différents de 2500 caractères divisés en deux(soit 1250) c’est pas possible ?

Bon histoire de participer, je prends le plus morose (vu que niveau humour la barre est haute…)


Elle écrivait que le ciel était immense au dessus du Kilimandjaro, qu’elle avait voulu revenir mais le passage était impraticable : un quadrillage de barbelés frangés de flocons de neige l’avait obligé à faire le détour.

J’arrêtai de lire, j’essayai de me rappeler son visage, je l’imaginai dans le paysage sauvage qui la retenait. Je continuai.

Elle était passée dans l’autre vallée, s’était perdue. Elle n’avait pas paniqué malgré la nuit qui s’annonçait et s’était préparée à dormir dehors. C’est là que le Chagga était arrivé. Il l’avait amenée au refuge qui venait juste de fermer pour la saison des pluies. Ils étaient seuls. Il parlait peu, mais le lendemain il lui avait proposé de rester. Ils étaient en lisière de savane, à l’aplomb du mont Shira. Ensuite, ils étaient montés jusqu’au pic Uhuru. Ils avaient accordé leurs souffles et leurs pas. Allongés, ils avaient observé le ciel. Ils s’étaient imprégnés des nuages, elle avait inventé de nouvelles configurations aux astres, elle l’avait prévenu : Le lion entrait avec la vache dans la constellation du vampire. Le Chagga n’avait pas peur des vampires. Ils avaient ri, puis ils avaient roulé dans l’herbe veloutée. Elle avait accepté son étreinte. Elle n’avait pas hésité. Elle l’aimait. Il avait une force calme.
Ils ont marché encore.

Elle voulait que je me souvienne d’elle. Elle me disait la vérité. Elle ne pouvait plus revenir, voulait l’accompagner. Il voyageait. Il marchait. Il traversait les frontières. La vie était facile. Les hommes à pied passaient aussi facilement que le vent. Le travail était simple. Ils l’accomplissaient sans états d’âmes. Elle écrivait qu’elle ne s’était jamais sentie aussi libre. Qu’elle avait la réponse à ma question : non les zèbres ne s’aimaient pas d’amour tendre. Les zèbres suivaient leur instinct.


La lettre tomba de mes mains. Je ne cherchai pas à la lire à nouveau.

Citation :

Si mais dans le même post, pas postés avec 2 ou 3 posts d'écart.


Je suis amoureux du texte de Rosebud !!!!

J'aime bien la tristesse du vôtre aussi Costic.

Après avoir regarder tous les textes de

rosebud
costic
Palimpseste
stony avec la contrainte.

les zébres s'aiment-ils d'amour tendre ?

Ils sont tous très bon parce ce qu'on parles de l'Afrique où il y a des zèbres, des lions et des éléphants.

Mais il y a peut-être des bouts de phrases que nous pourrions utiliser dans les tableaux de Laurel si ca vous tente chers auteurs.

Parce ce que Martin et ses amies se trouvent dans une auberge mais où.

Peut-être en Afrique.

J’aurais bien une idée pour un prochain "contrainte / contraste", basée sur « Que serait-il advenu si… »
Par exemple :
- Si Eve avait eu peur des serpents
- Si Anne, ma sœur Anne n’avait rien vu venir
- Si Newton avait reçu un caca d’oiseau sur le front au lieu d’une pomme
- Si Jimi Hendrix avait survécu
- Si le corbeau de la fable n’avait pas aimé le fromage
- Si les Troyens avaient foutu le feu au cheval éponyme
- Etc, etc…
Pour la contrainte, …. ?

Alors vous m'envoyez votre proposition par MP, Rosebud, et je la propose un de ces dimanches...(pour moi y'a pas de soucis avec ce que vous proposez là, c'est même une EXCELLENTE bonne idée..., mais c'est pour garder un peu de mystère... )



@ Martin : est ce que tu peux arrêter de parler des tableaux de Laurel partout, s'il te plait ?
Plus tu insistes moins j'ai envie de participer, et je crois que c'est pareil pour les autres membres.