Je reprend mon commentaire, de façon un peu plus libre n'ayant plus peur de dissgresser :)

La montée progressive de la douleur est bien rendue, on sent la perte de contrôle progressive du narrateur malgré ses tentatives de diversion, mais il y a quelque chose d'un peu excessif sur la fin qui perd en crédibilité. Va pour le coup de poing dans le mur, je l'ai déjà fait (plus d'énervement que de douleur, mais l'idée y est, tout comme le sentiment de connerie et l'énervement redoublé après coup).

Mais le charcutage de bouche au tournevis apparaît vraiment trop gore pour être crédible. Après tout, le seul problème du narrateur est d'être coincé dans le garage. Il me semble qu'à sa place j'aurai eu tôt fait de concentrer mon énergie et mes outils pour en défoncer la porte, plutôt que pour me massacrer la gueule.

Alors évidemment, c'est peut être le coup d'une impulsion irréfléchie, mais ça commence à aller loin pour une impulsion.

Tu l'auras compris ce sont de petites choses, mais toute ton histoire étant basée dessus, ces petites choses prennent au final une importance assez importante (ha ha).

T'en penses quoi ? Avant qu'on continue à disserter (notamment sur l'avis d'Ama, qui est très intéressant pour tous les auteurs assez prolifiques) ?

Ninj'

Déjà, j'avais mal aux dents.
C'est pas une excuse vu que je tombe de haut suite à vos commentaires, elle me paraissait vraiment bien cette nouvelle, comme quoi l'avis des autres est indispensable.

En la relisant sur la base des défauts que vous citez, je ne peux que me ranger à votre avis, c'est pas crédible.

Je vais vous dire ce que je vais faire :
Je vais la retravailler jusqu'à ce qu'elle me donne l'impression d'être un petit bijou.

Parce que je crois à l'idée.
Il faut juste creuser d'avantage, peut être même en changer le dénouement parce que je ne veux pas vous faire relire la même histoire deux fois de suite.

Je vous remercie en tout cas pour vos avis éclairés !

Sinon, en ce qui concern'e le fait d'être prolifique, je ne suis pas certain du titre qu'il faut donner au débat :

La qualité au détriment de la quantité ?
Faut il choisir ?
Les deux sont ils possibles ?

Moi, je crois que tout est histoire de moments, il y en a de bons et de moins bons.
Quoi qu'il en soit, je confesse que je passe plus de temps à écrire qu'à réécrire.

Pourquoi tu ne la proposerais pas en exercice d'écriture ?
Beaucoup de commentaires, beaucoup de propositions non?
ça ne t'empêcherait pas de proposer ta propre nouvelle version

Idée comme ça

Je m'aperçois que j'ai oublié de te remercier pour la petite allusion à ma nouvelle, qui m'a fait sourire autant qu'elle m'a fait plaisir :)

Pour le reste attention, je n'ai jamais dit que tu ne tenais pas quelque chose de bon avec cette nouvelle.

Comme je l'ai évoqué, il en ressort quelque chose d'oppressant. L'ambiance en huis clos, les petits flashbacks rendus amers et rageurs par la douleur, l'ironie de la situation, le contraste de la fin entre la nana qui pense lui avoir donné une bonne leçon et le retrouver penaud et qui se retrouve devant une loque exsangue aux pulsions meurtrières... Il y a comme tu le dis quelque chose à faire de cette nouvelle.

Mais John a mis le doigt sur un truc que je ne serais pas parvenu à exprimer : dès lors que tu bases ton histoire sur un truc relativement minimaliste, comme ici, ta façon de le gérer doit être parfaite au risque de voir le moindre défaut prendre des proportions qu'il n'aurait pas dans un récit avec des rebondissements, des personnages différents et une histoire plus évoluée. (Evoluée ne voulant pas forcément dire mieux.)

(Un autre truc qui m'a chiffoné et que j'ai oublié de citer est le fait que j'ai vu venir la fin de loin. Le coup des outils, mis en avant tout au long du récit, et l'association avec la douleur dentaire qui fait qu'on a effectivement quand ça nous arrive, envie de nous charcuter la bouche pour la faire disparaître, a fait que te connaissant un peu je m'attendais à un truc sordide de ce style.)

Je parlais l'autre jour de ton style d'écriture avec ma copine, et nous sommes tombés d'accord sur le fait que tu écris d'une façon assez simple et directe. Généralement tes phrases sonnent juste, sont bien construites, avec des images percutantes ou poignantes le cas échéant qui font que malgré "un style" assez simple (ouh que je n'aime pas le ton pompeux que prennent mes propos) tes textes ont une véritable authenticité qui va droit au but. J'ai l'impression que tu écris plus avec tes tripes qu'avec ton cerveau, et ici j'ai moins ressenti cette sensation.

Concernant la question sur le rapport quantité / qualité, je ne pense pas qu'il y ait de formule magique. Comme le dit Ama, chacun a un peu sa façon de faire et il se peut que nous ayons des cycles de productivité, suivi de cycles d'amélioration. Ou pas. Peu importe.

Ce qui est important je pense, et que chaque fois qu'on te fait une critique qui te semble justifiée, tu essaies d'en tenir compte pour tes prochains écrits. C'est pas toujours évident (ne serait-ce que de saisir ce que l'autre a voulu dire exactement) mais ça porte généralement ses fruits.

Alors j'attends impatiemment cette nouvelle version de Dent pour Dent, en espérant qu'elle me laissera comme à ton habitude, plus groggy qu'amer :)

Ninj'

Guanaco a dit :
Citation :

ça peut être marrant et instructif en effet, mais j'ai envie de la garder pour moi encore un peu, cette histoire ;)

Ninj', merci pour le développement, c'est vraiment utile ce genre d'analyse parce que c'est plutôt difficile pour moi de trouver où sont mes défauts.

Pour ce qui est de plus écrire avec mes tripes, c'est en effet souvent le cas, mais je ne le recommande à personne car c'est très salissant pour le clavier ^^.

Tu sais Cyberalx, tu pourrais écrire une phrase et les autres auteurs continuerait comme une sorte d'écriture collective.

Juste en passant
A propos de l'ambiance oppressante du huis clos dont parle Ninjavert (je crois?), je vous renvoie à l'exercice d'écriture proposé par Cyber (Peu de textes proposés 2)
Un lieu, pratiquement une action... Des restrictions donc.
L'exercice est périlleux, moi même j'ai pas mal de difficultés.
En tout cas toutes vos analyses, quelles qu'elles soient, sont riches d'enseignement.
Merci Oniris pour ça

Justement, le père Cyb étant à l'origine de l'exercice, je suis convaincu qu'il pouvait gérer plus efficacement l'ambiance oppressante de son dernier texte :)

Elle est bien, au demeurant, mais moi je veux qu'elle soit excellente. En dessous de ça, je flagelle !

En plus, les outils mal rangés, ça rouille...

Ninj'

NB : Et l'excercie dont tu parles m'intéresse, Guanaco, c'est le temps qui me manque dans l'immédiat... Sigh

Je suis d'accord avec tout ce qu'écrit Ninj et je suis trop contente de voir comment tu prends les critiques, Cyber :) Mine de rien, c'est la meilleure façon de progresser et trop peu de personnes le savent.

Je veux vous faire part d'une métaphore qu'on m'a dite un jour. Ce jour-là, j'étais inquiète : je voyais bien que j'avais progressé depuis un an dans mon écriture, que j'étais "passée au level suivant". Mais voilà que je semblais me plaire à ce level, alors qu'il était loin d'être parfait. Quand j'avais galéré pour l'atteindre, j'écrivais maintenant à ce niveau avec une facilité déroutante et je produisais beaucoup. Mon interlocuteur m'a dit la chose suivante :

L'auteur, c'est comme quelqu'un, par exemple, qui apprend à nager. Il patauge, puis il se débrouille en brasse. Pendant quelques temps, il va faire que de la brasse (il va écrire, écrire, écrire) et il se perfectionne en brasse. Et puis, il va vouloir apprendre le crowl, alors il va un peu galérer au début (période où tu cherches, rien ne te va, tu tripatouilles) mais il l'apprend et il ne fait plus que du crowl. Et puis, pendant un certain temps, il ne va plus nager du tout. Quand il reviendra dans l'eau, il aura un ptit temps pour réapprendre à bien brasser ou mieux crowler : il pataugera au début mais ça lui reviendra vite. Etc.

Je l'ai un peu racontée, on m'a fait la métaphore plus rapidement, mais voilà l'idée. Elle me plaît bien.

J'aime bien l'image d'Ama (même si ça s'écrit "crawl" de "ramper") ^^

Je pense que là aussi, c'est un phénomène qu'on peut généraliser. On a la même courbe d'apprentissage en dessin, peinture, sculpture ou autre.

Même quand on apprend à conduire, dans le bouquin du jeune conducteur, il est indiqué que la phase d'apprentissage passe par "un cycle d'apprentissage durant lequel on progresse rapidement" suivi d'un "cycle de stabilisation durant lequel on a l'impression de ne plus progresser" (et qu'il ne faut surtout pas se décourager), et enfin on retombe, avec les dernières heures de conduite, sur un "cycle de perfectionnement dans lequel les efforts du cycle de stabilisation payent et les progrès reprennent.

C'est quelque chose de logique je pense, cette apprentissage par paliers, et comme dit Ama il faut se forcer à passer au palier supérieur, avec tous les efforts que ça implique...