thème : LES JOUETS

La maison était vendue avec tout ce qu’elle contenait. Un peu perdu, Luc errait dans les pièces désertes. Cela faisait douze ans qu’il n’avait pas remis les pieds ici et pourtant il lui semblait percevoir encore la chaude présence de son père. L’odeur de tabac blond de sa pipe était à jamais imprégnée dans toutes les boiseries.

Lorsque sa mère l’avait emmené comme un simple bagage, enjeu d’un divorce qu’il était trop jeune pour comprendre, il ne pouvait pas imaginer qu’autant de temps s’écoulerait. Ni qu’il reviendrait trop tard pour un dernier adieu.

En entrant dans son ancienne chambre, une boule serra sa gorge en voyant les jouets en bois alignés sur l’étagère. Son père les avait sculptés pour lui avec patience, lui apprenant les gestes, l’amour du travail bien fait, le respect de la matière.

Il prit le jouet le plus proche, un élégant chamois en noyer, et l’emporta avec lui en souvenir de ses huit ans. Des derniers jours du bonheur.

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Bonjour Animal #161+ LES JOUETS

Voila une micro.pleine de nostalgie, de regrets douloureux. C'est humain, on imagine les remords pour toutes ces années gâchées loin d'un père que l'on aimait et qui vous aimait. Les adultes sont parfois insensibles aux dégâts que leur séparation peuvent causer à des jeunes enfants.
Merci Animal pour la délicatesse de cette histoire.
Cordialement.
poldutor

Merci, poldutor, d'avoir apprécié et de le dire.

Comme ce n'est pas mon registre habituel, je me suis demandée comment serait reçu ce texte.

Dans une séparation, il ne faut pas non plus oublier le père qui parfois n'a rien à se reprocher que de ne "plus plaire".

Bonjour Lulu #158-LES JOUETS
Bien observé cette micro.
Je suis de la génération "école des garçon/école des filles" jusqu'en terminale où enfin nous avions quelques jeunes filles parmi nous...
Tout ça pour dire qu'à l'époque la séparation était nette, les garçons ne supportaient pas de filles dans leurs jeux ; alors que les filles nous admettaient dans des parties de marelle endiablées.
Le temps est passé, les garçons ont gardé le même comportement, bien que la mixité soit la généralité.
Quand Nina sera devenue une jolie adolescente, Je pense que Pierre et Michel essaieront par tous les moyens d'attirer son attention.
Bravo à Nina pour son but.
Cordialement.
poldutor

Merci Dugenou, Animal et Poldutor pour vos retours sur ma dernière micro… Poldutor, on vous lira encore sur ce thème ?



Animal : Post #161 sur les jouets.
J'ai bien aimé cette micro-nouvelle, Animal. Et si vous doutiez de ce registre, eh bien, je crois qu'il n'y avait pas vraiment de quoi… C'est très bien écrit là encore.
Vous évoquez, ensuite, en commentaire, l'idée que le père n'a, parfois, rien à se reprocher si ce n'est de ne plus plaire. Mais je n'ai nullement songé à cela dans votre micro-nouvelle. Ni côté mère, ni côté père. Le texte est tellement centré sur l'enfant devenu grand que les parents semblent au second plan, hormis le père, certes, puisqu'il n'est plus là… et que le souvenir touche l'enfant. En tout cas, je n'ai rien interprété au-delà.
Cela dit, si l'idée était de dire que le père ne pouvait que se faire ce seul reproche, je me dis que de nos jours, les parents se partagent la garde de l'enfant et que les enfants privés de l'un de leurs parents dans le cadre d'un divorce est sûrement justifié autrement.

ANIMAL post #161 : la vie n'a pas été tendre avec Luc et son père, et ici les jouets ravivent les souvenirs des liens qui existaient entre eux jadis, avant que sa mère les sépare... "simple bagage"--> je trouve l'image cruelle...

@ Lulu

Ce que je voulais dire par là c'est que Luc a été privé de son père de façon unilatérale et n'a jamais su pourquoi. Il n'a pas pu avoir sa version puisqu'il ne l'a jamais revu. Sa mère l'a emmené sans explication et (sous entendu) sans laisser d'adresse, donc pas de garde alternée.

@ Dugenou

Oui, l'image est cruelle et c'est volontaire. Lors de certaines séparations, les enfants (et parfois les animaux familiers) ne sont que des objets destinés à faire souffrir l'autre, et cela est d'un égoïsme sans nom.

Thème : LES JOUETS

Quand la sonnerie de dix heures retentit, les élèves sortirent de la classe puis s'éparpillèrent dans la cour. Puni à rester au coin, une heure auparavant, Toto n'osa pas les suivre. Se croyant seule dans la salle, la maîtresse en profita pour téléphoner.

"Coucou,Léa, comment vas-tu...oh, moi, je suis ennuyée, si tu savais ! je n'ai pas d'idée de cadeau pour Charles-Henri."
- Je peux vous aider à trouver, moi. Fanfaronna Toto.
Madame Auriol sursauta.
- Mais, Toto que fais-tu là ?
- Moi ? Rien, je m'embête et je suis là où vous m'avez dit. Au fait, c'est qui Henri ?
- Charles-Henri, Toto. Charles-Henri est mon époux.. Maintenant, ça suffit, file. Va rejoindre tes camarades.
- D'accord, mais pour le cadeau de Monsieur Charles, il faut aller voir Papa.
- Ton papa ?
- Ben oui, il vend des jouets pour adultes dans son magasin.

La maîtresse écarquilla les yeux et se réjouit intérieurement. Ni Toto ni le lecteur sauront dans quelle rubrique Madame Auriol chercha ce type de commerce.

988 caractères.

maria post #168 : une savoureuse histoire de Toto. On devine la nature des jouets en question... ou alors j'ai l'esprit mal tourné. LOL BRAVO

Sur le thème LES JOUETS :

Lulu post 158

Finalement, les micronouvelles demandent (aussi) pas mal de temps pour les commenter.
Je les lis, puis relis et toujours je remarque alors les détails qui enrichissent le texte.
J'ai aimé fond et forme. Cette micro se démarque, pour moi, car le thème est assez accessoire, mais pas trop. Le soin apporté au moindre détail est apprécié.

Animal post 161

Assez terrible comme histoire.
Je vais pinailler, je trouve un peu irréaliste que Luc n'ait pas revu son père suite au divorce, alors que ce dernier semblait très attentif à son fils. J'ai lu tes réponses aux autres commentaires et ne suis pas vraiment plus convaincu. Le divorce met en place des droits de visites et de plus à l'âge actuel de Luc, 18 ans, il est étonnant qu'il ne sache pas les raisons de cette rupture soudaine.(si c'était une sauvegarde, le texte ne l'évoque pas)

maria post 168

L'entame de la micro nouvelle me semble un peu laborieuse, mais la suite avec son humour fait oublier cet aspect.
Par contre, la dernière phrase ne me semble pas indispensable.

Dugenou, on a l'esprit tourné dans le même sens...d'ailleurs la dernière phrase est sans ambiguïté, à mon avis.