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Le Sonnet en question
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Sonnet, que me veux-tu ? Pour qui sonn'-tu, sonnet ?

Il va sans dire que j’admire les compétences poétiques de nombre de rimailleurs oniriens et il m’est souvent arrivé de l’écrire dans mes commentaires, à plus forte raison parce que je n'ai jamais utilisé cette forme difficile entre toutes. La question que je me pose c’est : pourquoi ? J'ai tenté cette petite liste en espérant que certains poètes confirment, objectent ou enrichissent

1 - à titre expérimental, oulipien, pour s’exercer à trouver des formulations sophistiquées, pour apprendre à travailler la musicalité propre à la langue française voire pour mieux comprendre les pouvoirs de la langue française ainsi donc que les grands textes ; pour tailler ses propres outils et augmenter sa capacité à faire dire à la langue de qu’on veut lui faire dire. Cet objectif ne peut toucher Lambda qui n’a pas spécialement envie de savoir comment Kappa se fait les dents ;
2 - pour des raisons historiques, le sonnet est la forme-reine depuis au moins la Pléiade et tire de sa difficulté et de sa maniabilité un véritable prestige. L’auteur désire s’inscrire dans une tradition, la sienne propre, pour échapper en partie à un monde trop présent qui se veut moderne, toujours plus moderne, à peu près comme il choisirait de voir un film de 1928 plutôt que la dernière fournée SF avec Xx et Yy ; et quoique le type de relations à tisser avec des lecteurs et des lectrices soit éminemment moderne ;
3a - le poète ne choisit pas le sonnet, le sonnet l’a choisi ; ce n'est pas le fruit d'une réflexion mais d'une position semblable à la précédente, moins la pleine conscience ;
3b - l'auteur s'entend écrire en hémistiches ; il ne cherche plus la rythmique de la langue française, il la trouve car c'est sa seconde nature ;
4 - pour avoir plus de commentaires (rires) ;
5 - l'auteur a une bonne raison et il ne peut pas dire ce qu’il a à dire avec quatre quatrains ou dix diptyques ;
6 - il ne sait pas et ne veut pas savoir : la création est parfois motivée par des élans qu’une mise en lumière pourrait briser ;
7 - le poète s'appelle David :)

C'est le cas n°5 (et bien sûr le n°7) qui m'intéresse le plus et je serais preneur d'une explication sur "j'ai choisi le sonnet pour exprimer ce contenu". A noter que le présent message est lié à cette discussion.

La structure des œuvres musicales est beaucoup plus lisible que celle des textes littéraires. Par exemple, un scherzo ou un menuet entre dans une structure extrêmement codée AA BABA CC DCDC A BA où les lettres désignent non pas des rimes mais des sections avec leur durée propre. Une chanson traditionnelle française ou une musique de variétés adoptera volontiers une forme courte couplet/refrain ABABA. Mais quand Beethoven écrit un scherzo, il ne subit pas la forme. Il subit le système tonal et les sept notes occidentales, il subit les instruments de musique à disposition mais il choisit la forme du scherzo parce qu’elle lui permet d’exprimer ce qu’il a à dire. Je ne quitte pas ce paragraphe sans préciser que les plus extrêmes contraintes produisent souvent les plus grandes libertés ; certains grands compositeurs ont laissé des œuvres inachevées... bien malin qui aurait déduit la musique manquante d'une simple extension logique de la structure.

Je note également, et ce pourrait être un élément de réflexion pour la catégorie contemporaine d'Oniris, si cela n'a pas déjà été fait, que la plupart des sonates de Beethoven, ce classique par excellence, cet artiste structurant dans les deux sens du terme, s’écartent du canon. C’est que les musicologues ont déduit après coup des types de formes des compositions de Haydn, Mozart, Beethoven, sainte triade, et qu’il serait incongru de les plaquer sur leurs musiques pour leur reprocher de ne pas suivre le canon.

Êtes-vous d'accord pour dire qu'il existe la même différence entre le symbole et l’allégorie (ce symbole refroidi, comme disait Hegel, cité par Jean Chevalier) et entre la figure de rhétorique et le trope qu’entre le sonnet-vivant et le sonnet-routine ?

Car qui décide ? L'ordinateur ? Le gâteau ? La voiture ? Quand vous faites un gâteau, vous sortez de votre placard un moule et vous en déduisez au moins la quantité maximale : il ne n'agirait pas de faire trop de préparation, de faire déborder le moule en la versant ou au contraire de ne pas en faire assez et de fournir une pâtisserie en-dessous des normes standard. Le moule décide de la structure et de la taille à votre place. Idem pour les denrées : vous avez trouvé des œufs et de la farine au supermarché, là où il est facile de s'alimenter ; vous avez reçu la cuisine des mains de votre mère, de la cantine de l'école, des restaurants, des magazines en ligne et surtout des rayons alimentaires des grandes surfaces, à grands renforts de publicité, qu'il s'agisse ou pas de plats pré-préparés sans compter un zeste d'écologie ou d'équité (équitabilité ?). Mais le vrai cuisinier, ou le cuisinier-dingo, le subversif, le grand enthousiaste du futur qui éclate les formes pour mieux les comprendre, et qui étudie les gastronomies pour mieux faire sa sauce et pour mieux manger ; ce cuisinier-là mettrait à chaque repas au point une recette dont il déduirait la taille, la structure et le contenu. Il irait chercher les ingrédients au Cap-Vert, il attendrait tout exprès un an qu'une plante arrachée dans les Rocheuses se développe et fournisse son fruit. Au lieu de battre les œufs en neige, il les battrait en grêle et au lieu du sucre facile à concasser il... je ne sais pas, je ne suis pas cet artiste-là !

Or ça, voilà donc, comme qui dirait. Pourquoi, ô Sonneurs, ô Confectionneurs d'abstractions faites-vous des sonnets plutôt que des odes et des ballades ?

Contribution du : 17/11/2013 12:16
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Re : Le Sonnet en question
Visiteur 
Salut Renaud... Pourquoi le sonnet ? Bonne question à laquelle chaque sonnettiste amateur a sans aucun doute sa propre réponse...
Pour ce qui me concerne c'est à chaque fois un "challenge" à relever... Objectif, exprimer en quatorze vers assujettis à quelques règles drastiques ce que j'ai en tête. Je vais en faire bondir certains mais je compare parfois le sonnet aux Mots croisés. Chaque mot a sa place, à chaque place son mot ! Cela dit, le sonnet est incompatible avec certains sujets pour diverses raisons la principale étant quand même ces quatorze vers très souvent insuffisants. Par exemple je me suis vite rendu compte que "Son Eminence" paru voilà quelques semaines et que je voulais traiter sous forme de sonnet, n'entrerait jamais dans ce carcan à moins de sacrifier quelques passages au détriment de la compréhension...
Autre point sur lequel tout le monde n'est pas d'accord, un sonnet (?) présenté en Néo usurperait son titre de sonnet, crime de lèse majesté.
Pour un classique pur et dur, peut-être, pour moi je l'accepte à conditions que la métrique soit respectée, question de fluidité à la lecture...

On pourrait en parler longtemps ; c'est vrai que c'est une forme privilégiée par de nombreux auteurs amateurs mais il existe bien d'autres formes de poésies qui n'ont rien à envier au sonnet...

J'espère avoir en partie répondu à vos interrogations.
Amicalement et sans prétention aucune... Alex

Contribution du : 17/11/2013 14:00
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Re : Le Sonnet en question
Maître Onirien
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17/04/2013 18:11
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Mon dieu, Renaud, votre prof de philo a pas du rigoler tous les jours à devoir répondre à vos questions existentielles. :- Je rigole (petite moquerie sans méchanceté)
La raison qui me fait utiliser - modérément - le sonnet, c'est qu'il existe.
Par contre, je ne suis pas de ceux qui en font le summum de l'expression poétique.
Il y a bien d'autres formes contraintes comme le "Maillet" dont l'ami Papypoète a récemment su judicieusement nous rappeler l'existence. Et puis le "Rondeau", le "Rondel". Et connaissez vous cette forme plus récente qu'est la Gérardine ?

Contribution du : 17/11/2013 14:25
_________________
Vivre au paradis, quel enfer !
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Re : Le Sonnet en question
Maître Onirien
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11/03/2010 19:04
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" les plus extrêmes contraintes produisent souvent les plus grandes libertés "

Contribution du : 17/11/2013 19:55
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Re : Le Sonnet en question
Onirien Confirmé
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15/06/2013 20:40
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Pourquoi le sonnet ? La question serait plutôt pourquoi pas de sonnet? En effet, les auteurs n'écrivent pas beaucoup de sonnets. Ceux qui le font sont en fait, une minorité. Sur Oniris on parle beaucoup sonnet, mais on écrit peu. En fait, il n'y a qu'un petit groupe qui s'amuse entre ses membres à produire ce genre littéraire avec plus ou moins de succès, la plus habile étant à mon avis Mlle Cristale.


Contribution du : 19/11/2013 01:14
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