Je tenais à préciser un point : contrairement à ce que l’on pourrait croire, mon but n’était pas de faire passer un message philosophique. Comme toujours, j’ai d’abord pensé à une contrainte formelle. Je me suis mis dans l’idée d’écrire un poème avec des rimes très appuyées. Je souhaitais que la voyelle précédent le consonne d’appui soit identique à chaque rime : “bougie / rougie, hivers / divers”, etc. D’où parfois quelques acrobaties (“d’aucun nomme / être un homme”). Le thème m’est ensuite venu, je ne sais plus trop comment. Mais aussi ce ton emphatique qui n’est pas d’ordinaire dans ma manière. L’image du méditant avec un crâne dans le clair-obscur d’une bougie, façon Georges de la Tour, ça m’a fait sourire, et j’ai poursuivi dans la grandiloquence, jusqu’au point d’exclamation final.
Et pourtant, je me rends compte que pour une fois, j’ai dit des choses auxquelles je crois : notre difficulté à vivre de façon éthique, le fait que nous soyons empêtrés dans le langage, le mal immense que nous faisons pour nous faire du bien, notre naïve espérance…
C’est comme si mon ironie s’était dissoute bien malgré moi dans une sincérité à laquelle je ne m’attendais pas.
Comme dit Rilke : “Gagnez les profondeurs, l’ironie n’y descend pas”.

Merci à tous pour vos mots aimables qui témoignent d’une lecture attentive. J’ai grandement du travail en ce moment, et je ne pourrai pas répondre de façon particulière à vos commentaires. J’ai une pensée pour chacun d’entre vous et j’espère que ces considérations éclaireront sous un jour différent ma part d’humanité.

A bientôt,

archibald