Citation :

Tu peux attendre ma réponse jusqu'à demain ? Demain, parait Boomerang et je saurai alors si j'étais ou non bourré le jour où j'ai lu ta nouvelle. J'avais mis un Passionnément. Je m'en souviens. C'est plutôt bon signe. Je devais être sobre. A priori, tu peux commander le bouquin.

D'après le souvenir que j'ai de ce bouquin de Truby, l'intérêt que j'y ai trouvé ne réside pas tant dans le fait d'assembler de telle ou telle façon divers éléments que dans le fait de s'exercer à les identifier, y compris dans ce que l'on écrit soi-même.
Cela ne vous est-il jamais arrivé de comprendre bien plus tard ce que vous aviez écrit ? Vous saviez ce que vous écriviez au moment où vous l'écriviez, bien sûr, encore que... mais quelle était réellement la structure narrative et quelle était la structure de pensée qui se cachait derrière, quelle était la structure émotive, quels étaient les enjeux et quelle était la stratégie ? Vous étiez peut-être ignorant tant des uns que des autres. Lorsque vous avez compris ce que vous aviez écrit, n'avez-vous pas regretté d'avoir consacré du temps à démolir par endroits ce qui était si bien bâti ?
Même pour de l'autobio, pourquoi avez-vous sélectionné tels souvenirs et pourquoi en avez-vous occulté d'autres ?
C'était peut-être fait à l'instinct et l'instinct, ce n'est pas le hasard, mais l'instinct peut-être distrait et dévier ou se laisser envahir par des éléments secondaires et peut-être inutiles, voire pire, annulant l'élan de la trajectoire initiale. Je comprends ceux qui reprochent à l'analyse une certaine perte de magie, mais démêler un peu de soi dans ses écrits peut se révéler tout aussi étonnant.

Qu'il s'agisse d'écrire ou de toute autre chose, rater neuf fois pour réussir la dixième, ça ne manque pas de charme, donne de la valeur à l'effort et de l'adrénaline dans la réussite, mais pourquoi se faire neuf fois du mal là où l'on aurait pu se faire du bien ?
Pour ce qui concerne l'écriture, j'en suis toujours à l'instinct, mais, dans d'autres domaines, je cherche dans toute tentative les raisons de l'échec ou de la réussite. Quel inouï plaisir lorsque j'en identifie et en comprends les raisons ! L'adrénaline est à son maximum. Lorsque j'ai raté neuf fois, que j'ai réussi la dixième, quel inouï plaisir que de réussir la onzième en ayant appliqué les enseignements des dix précédentes. Là réside la véritable magie. Lorsque je rate la onzième fois pour les mêmes raisons ayant mené aux neuf premiers échecs, je ne me sens pas le jouet de la magie, je me sens seulement très con.

Analyser, comprendre et appliquer, ce n'est pas renoncer à la magie, c'est la perpétuer et, simplement, renoncer à l'ignorance.

Vous êtes passionnant, Stony, un peu trop "tassée" l'analyse avec cas de figure.
Cet intéressant sujet n'est pas à sa place ici ; imaginez ma montée d'adrénaline lorsque parcourant tous les sujets par professionnalisme, je tombe sur une pépite ?
Vous nous en direz plus à ce sujet en forum
"Que lisez-vous en ce moment ?" "Micro nouvelle à 2000 signes" "papotage impromptu".etc

Ainsi, je pourrais demander :
- Quand avez-vous lu ce bouquin ?
- son style est-il aussi dense que le vôtre ?
- n'avez-vous jamais écrit de poésie ? libre, bien sûr, pas de ces remues-méninges que sont le classique et le laboniris

J'ai tant d'autres questions à ce sujet , mais ce n'est pas l'heure ni le lieu ... Encore que Placébo, lecteur émérite devrait se régaler avec nous de ces échanges.

Je vous cite :
"je me sens seulement très con." Enlevez-moi ce "con", limite hors charte et ajouter "humain" bien plus idoine.


À à propos du bouquin de Truby : "L'anatomie d'un scénario"

PS, pour être allée voir les infos sur le bouquin, je suis rassurée, vous n'avez pas lu Trudy dans le texte il y 15 ans.

Placébo, puisqu’ici est votre sujet : " désolée pour hier", je trouve vraiment que le "chat" est mal paramétré sur mon PC. Nous n'avons fait que nous croiser, j'aurais volontiers bavardé avec vous.
Et bravo pour votre appétit de lire qui vous pousse dans les tréfonds d'oniris sans autre lampe que votre curiosité.

Merci pour ces mots éloquents stony. J'aime apprendre ; avec le temps j'arrive à accepter que je commets des erreurs et que je continue à commettre des erreurs même si je "sais" ce qu'il faudrait faire pour ne plus les commettre. La perspective de m'améliorer un peu, ou de comprendre les enjeux de mon texte m'intéressent, évidemment.

Éclaircie, j'ai été modo un temps ici, peut-être un mois ? Je me souviens vaguement avoir modéré quelques commentaires et sujets, mais aussi avoir passé des heures à lire les archives cachées d'oniris :)
Et puis hier, en remontant les sujets, je me suis rappelé de tout un tas de personnes avec qui j'avais discuté et qui sont parties du site, ça m'a fait tout drôle.

Allez, je vais lire ce texte de widjet.

Stony

Ah dommage que je ne sois pas chez moi, bien calé dans mon fauteuil en cuir pour répondre car le sujet est hyper intéressant, celui de réaliser et d'analyser après coup le contenu de nos écrits.

J'aurai beaucoup à phosphorer ou échanger sur ça...

Argh dommage

W
(Auteur qui rentre au bercail le 21/8 au soir)

@ Widjet :

Occupe-toi plutôt d'ouvrir un fil pour remercier les commentateurs de ta nouvelle ! J'ai encore des choses à écrire au sujet de celle-ci. D'ailleurs, elles sont déjà écrites et n'attendent plus que toi. Un quart d'heure au bord de la piscine, ça devrait suffire.

@ Placebo :

Pardon, je ne floode pas plus longtemps.

Pour ce qui est de l'apprentissage, j'en suis au même stade que toi, hein ! J'ai lu le bouquin, l'ai trouvé intéressant, mais n'ai encore rien appliqué de ses principes.

Stony, ton lien envoie vers la nouvelle édition, légèrement augmentée. Voilà la critique d'Anatomie du scénario, que j'avais laissée quelque part en son temps :

John TRUBY est paraît-il le gourou des scénaristes et des écrivains. Ses conférences lucratives sont courues dans le monde entier. Ne dites jamais que votre modèle vient d'ailleurs, vous pourriez passer pour un has been qui en est resté à la théorie des Trois Actes, laquelle bien sûr ne peut plus répondre à l'évolution exigeante des goûts de la clientèle...

Car aujourd'hui le lecteur et le spectateur sont devenus intelligents et blasés. Et donc John TRUBY nous explique que si Shakespeare, Dumas ou Victor Hugo ont écrit de si belles histoires, c'est parce qu'ils ont suivi à la lettre sa méthode.
Disons plutôt qu'il a cherché à comprendre ce qui distinguait un auteur d'un auteur de génie. Et là il faut reconnaître que son analyse est très fouillée et qu'il réalise une formidable synthèse des outils de la dramaturgie. Nul doute que celui qui parvient à comprendre et à assimiler tous ces concepts a devant lui un immense champ d'investigation.

En attendant il faudra ingurgiter ce pavé dans lequel les idées les plus simples côtoient les formules les plus indigestes, les plus alambiquées et les plus redondantes. Heureusement qu'en fin de chapitre « l'exercice d'écriture » correspondant permet enfin de se persuader que finalement on avait à peu près compris ce que l'auteur voulait nous dire.

Je ne suis ni scénariste ni romancier, avec aucune intention non plus d'essayer de le devenir. C'est donc par curiosité, par amour du cinéma et de la littérature que j'ai acheté et lu cet ouvrage. Et c'est vrai, je me surprends maintenant à raisonner en termes de « personnages », de « débat moral », « d'univers du récit », de « réseau de symboles », « d'intrigue », de « tissage des scènes » et de « dialogues symphoniques ».
Ça vous èpate, non ? Je décortique tout, j'ai multiplié par cent le temps de lecture, je ne lis plus qu'un livre par an, mais qu'est-ce que je suis devenu intelligent !

Ludi

Je sais, Ludi.
Dans un de tes derniers commentaires, je t'ai même chopé en train d'identifier l'ennemi. Je me suis dit qu'il devait y avoir du Truby là-dessous.