Un grand merci à ceux qui ont lu mon poème et à ceux qui ont pris la peine de le commenter.
Bien qu'ayant vocation à écrire en poésie classique, je trouve sain d'aller parfois me frotter au vers libre : il me semble qu'on y est plus exigeant avec soi-même, car on ne peut se contenter de la mesure, du rythme et de la rime ; en poésie classique non plus, me direz-vous. Mais c'est encore plus marqué en libre, où, s'il n'y a pas un réel contenu de sens dans le vers, il n'y a rien. On doit donc faire un effort supplémentaire de créativité : l'idéal serait une trouvaille par vers ; j'en suis loin mais j'ai lu avec plaisir les compliments des uns, et avec intérêt les critiques des autres.
Je n'exalte pas les lieux dans ce qu'ils ont de funèbre (pas dans ce poème du moins) ; l'évocation de leur tristesse ne sert qu'à préparer la fin, cette revanche où la mélancolie des lieux laisse place à la vie, à la beauté, à la lumière. J'aime, il est vrai, les cimetières et les mille leçons qu'ils nous donnent ; "muet comme une tombe", a-t-on coutume de dire ; or à mon sens rien n'est plus bavard. Même la tombe aux lettres effacées nous dit encore quelque chose. Quelqu'un a trouvé cela morbide ; ce n'est pas morbide mais macabre. La grippe, la rage de dents, la crise de foie sont des états morbides (du latin "morbus", la maladie) ; pas le cimetière. Cette syllabe "mor" induit bien des gens en erreur.
Pour la question de Damy sur le "glacis d'or", je voulais évoquer cette sorte de brillance qu'il y a parfois sur ce que le soleil éclaire, ou bien qu'on perçoit dans le ciel aux heures les plus ensoleillées : comme une couche de vernis. J'avais besoin d'un terme de technique picturale, je l'ai demandé à un ami peintre qui m'a donné le mot "glacis".
Merci encore à tous, et au plaisir de vous lire à mon tour.

"Mais, mon âme, quelle revanche,
entre la courbe austère d’un cyprès
et l’orgueil érodé d’une colonne,
que cet arpent d’azur où l’éclat du soleil
répand son glacis d’or !"

Merci Miguel.

Bonsoir Miguel,

Morbide a un sens second qui signifie "malsain". La définition dans tous les dictionnaires, l'indique.
L’étymologie se réfère à "morbus": (maladie), certes, mais la seconde définition est : Qui dénote un déséquilibre mental. Ce qui me paraît évident lorsque l'on trouve plaisir à vaquer* à de telles promenades.

Vaquer : étym. : vacare (être vide déf. 1 : cesser temporairement ses fonctions. Déf. 2 : consacrer son temps à ...

Bonsoir Willis,
Soit ; "malsain" relève de la maladie. Nous voilà d'accord sur le sens. Pour le reste je ne crois pas qu'aimer les promenades dans les cimetières soit malsain. Ceux de Paris sont pleins de touristes qui ont à leur disposition des plans et des indications. François Mitterrand (ce n'est pas mon modèle en toutes choses mais ici je le rejoins) écrit :"Où sont allés les corps de ceux qui ont créé des mondes ? La question m'intéresse : qui aime la vie aime la mort". Il parlait là de ses écrivains favoris. Le cimetière Saint-Lazare de Montpellier, qui m'est familier depuis ma jeunesse et qui m'a inspiré ce texte (et quelques autres) est plein de mamans qui poussent des landaus dans le calme de ses allées. Je connais des tas de gens équilibrés qui aiment la paix des cimetières, et qui les voient comme des lieux propices à la méditation. D'ailleurs parmi les commentateurs de ce poème la plupart ont dit partager cette inclination. J'espère vous plaire davantage une autre fois, sur un autre thème.

Ton poème m'a rappelé, lors de la découverte de la ville de Valençay, un petit cimetière dans un village avoisinant. Un bien petit village dont j'ai oublié le nom mais que je retrouverais si j'étais sur les lieux.

la grille entrouverte, le visiteur se sentait invité à venir faire la causette. La vue était magnifique. Une telle paix se dégageait de ce lieu, accompagnée de la musique du gravier qui crissait sous nos pas !

Cela fait déjà longtemps, mais je ne sais pourquoi, c'est encore très vif dans ma mémoire. Pourquoi ressentir cette paix ? Peut-être parce qu'enfin on se retrouve "face" à des personnages, chacun à son histoire, mais ne viendra enquiquiner personne avec ses lamentations et ses redites.

On est tous d'accord, au cimetière, je suppose... :)

J'ai aimé que ton poème me rappelle ce moment.

Merci hersen, c'est tout à fait ça. Les grands et les petits cimetières me conviennent. Je ne suis pas encore remis de ma visite à celui de Colombey-les-deux-Eglises, où j'ai senti quelque chose en plus. Il y a aussi les cimetières marins, habités de cénotaphes, comme celui de Gruissan près de Narbonne. Pas de morts, mais, comment dire, l'esprit des morts. Et puisqu'il est question de cimetière marin, je ne peux pas ne pas évoquer celui de Sète, ainsi nommé d'ailleurs par Valéry (car il a une nom officiel, qui m'échappe), et le poème sublime qui ces lieux lui ont inspiré (il ne faut pas lire le mien après, par pitié pour moi).

Sachez, Miguel, que d'autres Poèmes de vous, m'ont paru exceptionnels ( et je pèse mes mots).
Ma déception, lors de celui-ci, provient, sans doute, d'avoir lu auparavant "Jusqu'à mon cercueil" ou "Je l'eusse cru du Roi".

Le style bloqué par l'application à éviter le "classique"( votre forme de prédilection ), n'a pas su m'emmener dans votre promenade.
De plus, les cimetières ...

Ça, les cimetières, je reconnais que c'est un question de goût. Pour les aimer, il faut y voir autre chose que la mort. Par exemple, pour celui de Montpelier, j'ai un truc : je m'amuse à percevoir, au fur et à mesure que je m'éloigne de l'entrée et que je progresse vers le centre, la diminution de l'intensité du vacarme de la ville, jusqu'à un calme sinon absolu, du moins profond et apaisant. Bien-sûr me direz-vous, pour cela il y a aussi la compagne ; mais maintenant dans la campagne il y a des gens qui font du moto-cross, du quad, etc. Pour moi, le bon niveau c'est quand je peux me concentrer sur une lecture. Et au cimetière, c'est le top (sauf quand une pelleteuse creuse une tombe, bien sûr ...)

"sauf quand une pelleteuse creuse une tombe, bien sûr"

Ah, que c'est bon, l'humour ! :))