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Remerciements pour Marietta
Expert Onirien
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20/01/2010 00:41
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Merci au CE et aux correcteurs d’avoir permis la publication de ce texte.

Le « récit » de mon narrateur effectivement n’est pas une «histoire… dans le genre traditionnel porté à ce genre qu’est la nouvelle », comme le dit Donaldo.
Bien qu’il doive quelque chose, me semble-t-il, au genre littéraire que l’on désigne par « nouvelle ».
En effet, Animal fait remarquer dans son commentaire : « On ignore quel est le vécu de cet homme pour qu’il se soit égaré dans cet univers étrange et attachant, pour qu’il ait totalement perdu le contact avec ses semblables et la réalité ». Or Deleuze et Guattari écrivent, dans un chapitre de Mille Plateaux, consacré à la nouvelle : « L’essence de la « nouvelle » comme genre littéraire, n’est pas très difficile à déterminer : il y a nouvelle lorsque tout est organisé autour de la question : « Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? ». Le conte est le contraire de la nouvelle, parce qu’il tient le lecteur haletant sous une tout autre question : qu’est-ce qui va se passer ? … Quant au roman, lui, il s’y passe toujours quelque chose… »
Quelque chose s’est donc passé, dans la nouvelle Marietta, mais quoi ?
« La nouvelle est fondamentalement en rapport avec un secret, précisent Deleuze et Guattari, non pas avec une matière ou un objet du secret qui serait à découvrir, mais avec la forme du secret qui reste impénétrable »
Le narrateur de Marietta vit une situation personnelle d’isolement, dont on ignore, et ignorera toujours les raisons, et aussi une situation plus commune mais devenue aiguë chez le personnage, dont les causes font partie elles aussi du « secret » propre à la nouvelle.
Cette situation commune ressort de notre rapport au langage, c’est de lui dont il faut parler.
Le narrateur se présente d’abord comme un collectionneur de mots, il collectionne les mots qu’il aime, ou ceux qui le fascinent, et faute de pouvoir les matérialiser de façon orale et sonore du fait de son isolement, il les écrit sur les murs de son appartement, il les «accroche » en quelque sorte, comme des tableaux. Ces paroles murales constituent peu à peu tout son univers, et il reconstruit avec eux un monde singulier. Ainsi la « terre » se trouve en haut, sur le plafond, et le « ciel » sur la porte… « Le narrateur se crée un monde avec les mots » : comme le dit Plumette.
Son univers est donc celui de la parole écrite, plus généralement celui fait des mots, des signes, du langage. N’est-ce pas notre condition commune de vivre dans le milieu de la parole, écrite ou orale ?
Le narrateur évolue donc dans le milieu des mots, comme dans un livre. Emmuré dans un livre. Dont il n’est pas certain d’être l’auteur transcendant les signes.
Il est alors en quête d’une transcendance. Celle d’autrui d’abord. Et ne trouve « entre » ses mots que d’autres mots. Y a-t-il un au-delà des mots ? Cette question l’obsède. Faudrait-il dire que « Tout est langage » comme l’affirmait le titre de l’un des ouvrages de Françoise Dolto ?
La clôture linguistique, en quelque sorte, n’est-elle pas la condition humaine, et non une « folie » selon l’expression présente dans plusieurs commentaires ?

Il voudrait alors essayer de passer « à travers » les mots pour saisir une réalité, si elle existe, de l’au-delà du langage. Il voudrait « Marcher vers », comme dit Pouet, bien inspiré. Marcher vers « le réel ».
« Même si les mots ne sont pas l’être » : écrit encore Pouet, dans son commentaire. Mais peut-être l’être n’est-il que lettres, et c’est ce que voudrait éclaircir le narrateur. Peut-être n’y a -t-il que lettres et le néant, pour parodier Sartre ? Peut-être le réel est-il lui aussi de la même nature que les signes ?
Le narrateur a fait des mots les choses qui l’environnent, « Ici l’immatérialité théorique de la langue construit une réalité physique de lettres » comme dit pertinemment Vincente, mais les choses sont-elles toutes des mots ? Le narrateur s’enquiert de cela.
« Ce qui fait le mot : la vraie vie, l’humain » dit hersen, oui mais le narrateur voudrait s’assurer que la vie soit d’une autre nature que les mots ( au niveau biologique, par exemple, n’y a -t-il pas une écriture du vivant dans le « code génétique » ? ) et puisse échapper au déterminisme du langage.

Une figure de la transcendance s’impose au narrateur dans le personnage de Marietta, « personnification de l’envie qui pousse, inexorable, à sortir de soi », dit très bien Cat dans son commentaire, Marietta figure allégorique et objet de désir, d’amour aussi : figure complexe.

La quête de cette femme va s’avérer difficile et constituer toute « la deuxième partie de la nouvelle », justement repérée par JF. Moods.
Quand le narrateur croit sortir hors de son livre-maison, il ne se retrouve pas dans une réalité hors mots, mais dans un nouveau livre, le livre-ville. Il est sorti d’un livre pour entrer dans un autre, il a quitté un monde de langage pour pénétrer dans un autre monde du discours.
Sa quête est celle d’une « immédiateté », d’un rapport au monde non médiatisé par la langue. Il a conscience que le monde est perçu à travers le filtre du langage ; il cherche, mais en vain, à ôter ces lunettes, ces prismes des mots à travers lesquels sont perçues les choses. Il découvre néanmoins une affaire de « place ». Si les mots peuvent être mis à la place des choses, si le mot « océan » par exemple, peut être mis à la place d’une immensité d’eau absente, et le re-présenter, les choses elles, par contre ne cèdent pas leur place, occupent un lieu impénétrable lorsqu’elles y sont présentes, et auxquelles il se heurte…

Les visions autour de Marietta et du livre, ne relèvent pas de la pure folie, mais de métaphores et allégories autour de la Lettre et de l’être.
Mais non, Herline, je ne suis pas à l’origine d’un « néo-genre», une « poético-littérature », c’est trop m’accorder ! La prose poétique existe depuis longtemps déjà. Une part poétique n’est pas absente du récit, en effet. Peut-être ici n’est-ce pas la poésie qui se fait prose, mais la prose qui rejoint la poésie.
Emilia et JF Moods ont aussi pertinemment vu dans le texte une « nouvelle traitant de la création », « une parabole sur la création littéraire et ses aléas ». Dans la mesure surtout, il me semble, dans laquelle un texte est créé pour tenter de dire un indicible, cet ineffable ici figuré par « Marietta », nom appartenant à l’ordre du langage, et figure transcendante de l’au-delà des mots, et que le nom ne réussit pas à dire, mais que l’on ne peut qu’essayer de dire par tant de vocables.

Pour ne pas être trop long, quelques remarques encore : je ne crois pas que cette nouvelle soit seulement un « exercice de style » comme l’affirment certains commentaires. Qu’il y ait d’autre part un « trop » dans ce texte, c’est bien possible, mais je ne réalise pas « trop » en quoi…

Des remarques pertinentes sont présentes dans les divers commentaires, et je ne peux toutes les relever sans donner une dimension exagérée à ces propos qui visent surtout à remercier toutes celles et tous ceux qui ont lu le texte, malgré sa longueur, et qui l’ont commenté.

De chaleureux remerciements donc à : animal, à maria ( avec un remerciement particulier pour vos propos sur la phrase «J’étais en rature », à Pouet ( très inspiré. Je suis heureux que mes mots puissent engendrer la poésie des vôtres), à eskisse ( dont je salue la belle sensibilité, manifestée dans vos textes comme dans vos commentaires), à plumette (votre remarque est très pertinente : « ce voyage à la rencontre de Marietta passe encore par les livres »), à vincente pour son riche et pertinent commentaire, à Donaldo 75 pour avoir commenté le texte sans être « un fan de ce type de texte ». Vous n’avez pas tout à fait tort d’écrire que : « Ce n’est pas l’histoire ou le ressort dramatique qui porte cet ensemble mais l’écriture ». Mais ne sommes-nous pas là pour l’amour de l’écriture, celui aussi du style et des mots ? N’avons-nous pas à nous dégager nettement de l’emprise croissante du « storytelling » ? ; à Herline pour votre commentaire alors même que le texte vous a « dérouté » ; à hersen ( j’entends ta critique, mais je ne vois pas bien où se situe la limite entre le « trop dire » et le dire équilibré entre le trop et le pas assez ) : à emju pour vos propos élogieux ; à in-flight avec le regret de n’avoir pas su vous intéresser autant que lors de précédents textes, comme Sangomar ou La chose ; à emilia pour votre commentaire comme d’habitude riche, sensible et pertinent, à Cat pour cette belle sensibilité et cette empathie dont tu ne fais jamais défaut ; à Marite, bien que je n’aie pas très bien saisi votre impression, si vous avez été séduite par le texte ou déçue par lui ; à JfMoods pour ton analyse comme toujours clairvoyante et pertinente.

Contribution du : 02/05/2020 14:51
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Re : Remerciements pour Marietta
Maître Onirien
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15/11/2008 09:48
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Bonjour Louis. Ni séduite, ni déçue par ce texte pour lequel j'ai seulement dit (entre autre) : " Aspirée dès le début comme par une tornade je n'ai pu m'en détacher qu'au dernier mot, un peu groggy ..." je pense que le commentaire et l'analyse de JfMoods me permet de mieux comprendre la raison de ma réaction qui n'était pas désagréable mais inhabituelle, les mots m'ont fait défaut pour la traduire. Quoiqu'il en soit j'ai trouvé que c'était " une prouesse"

Contribution du : 03/05/2020 09:49
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J'aimerais être esprit pour traverser l'espace et modeler le temps, à jamais, à l'infini.
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