C’est vrai, je m’attendais à ce que peu d’oniriens me suivent sur la piste noire. Pas facile avec des monoskis, euh des monosyllabes je veux dire. Trop de dérapages en perspective. Il m’a toutefois semblé intéressant de proposer ce genre "d’exercice" à Oniris.


En réponse aux commentaires, je souhaite juste apporter quelques petites précisions :

1) Les allitérations en [r] (et particulièrement en [cr]) servent de figuralisme, tel un mal qui s’acCROche, qui GRignote et qui Ronge. Je n’ai donc pas cherché à faire (du) "beau" !!!


2) Le choix des monosyllabes, figuraliste aussi, est celui d’un halètement, d’une hébétude, "comme une parole coupée par la sidération." (bien vu, hersen !) ;

Illustration (discutable !) de l'effet de sidération :


3) Les explications de vocabulaire en bas de page sont justifiées, en grande partie, par le nombre minimum de caractères requis pour publication (et ce, bien que je n’aie aucune idée de cette limite !).
Pour répondre à Harvester, je ne crois pas qu’il soit possible, en langage html, de disperser les mots sur les vagues de la manière dont vous l’auriez souhaité !


4) Enfin, je ne vois pas en quoi la rime frêle/telle serait interdite en classique puisque la prononciation (en phonétique) est exactement la même : fʁɛl et tɛl. Ne cherchons pas de problème là où il n’y en a pas, c'est déjà assez difficile comme ça, n'est-ce pas papipoete ?

Illustration (discutable !) d'un onirien révisant sérieusement de traité de Sorgel :


Merci beaucoup à vous tous, Eclaircie, socque, Harvester, papipoete, hersen, Corto, sympa, Melorane et Lirian pour vos lectures bienveillantes.

Enfin, je tiens à remercier chaleureusement toute l’équipe onirienne, et le CE particulièrement, qui a retenu ce poème pour publication !

Merci à toi Davide.

C'est vrai que j'ai applaudi l'exercice mais, pour l'avoir tenté, je sais que trouver, entre-autres, des quadruples rimes pour les quatrains monosyllabiques ce n'est pas de la tarte..tatin ! Et que le tout ait un sens évidemment...ce n'est pas de la crème.

Tu dois connaître ce célèbre sonnet :

À une jeune morte

Fort
Belle,
Elle
Dort ;

Sort
Frêle !
Quelle
Mort !

Rose
Close,
La

Brise
L’a
Prise.


Jules de Rességuier
(1788 - 1862)


Tu es de ces auteurs passionnés qui s’intéressent et s'essaient à tout alors tu as droit à une révérence de la comtesse qui ne fait que des tournicotas (sic :)) dans sa tour

et la bise parce qu'elle n'est pas bêcheuse
Cristale

Merci beaucoup à vous, Cristale, Angieblue (j'aime bien votre pseudo bleuté !), Dugenou, Pouet, Yannblev, Miguel et Vincente, qui tous avouez avoir apprécié cette lecture, le message, l'audace, c'est selon.

Ecrire un sonnet classique (qui plus est, dans une forme dite régulière) en monosyllabes n'est pas une mince affaire. Trop de contraintes, et notamment l'interdiction des rimes pauvres et des rimes aux graphies non concordantes : les mots "nid" et "ni", par exemple, sont interdites.

Il est donc particulièrement ardu de marier et le sens et la poésie. Dans le cas de Mal de mer, j'ai préféré m'atteler au premier (le sens), le travailler en priorité au détriment du deuxième (la poésie).

Je pense que l'exercice du sonnet monosyllabique est plus intéressant en néo ou en contemporain, s'il autorise les rimes pauvres et ne se préoccupe pas des graphies... Mais c'est un autre sujet.

Merci à tous les oniriens qui m'ont suivi sur les chemins escarpés du monoski, euh... du monokini... euh pardon... du monosyllabe.
J'en perds mon latin. Errare humanum est.

Je ne veux pas vous quitter sans vous proposer à la lecture le somptueux sonnet monosyllabique classique de Jules de Rességuier :

À une jeune morte

Fort
Belle,
Elle
Dort ;

Sort
Frêle !
Quelle
Mort !

Rose
Close,
La

Brise
L’a
Prise.

Bon ! N'oubliez pas votre monosyllabe lorsque vous irez bronzer sur les plages libres et les plages de distiques fins.

Aïe ! Ça fait mal à la tête, mais moins mal que d'écrire un sonnet monosyllabique classique quand même !!



PS : Ah ben je vois que Cristale m'a devancé, la coquine ! Tant pis ! Vous devrez le lire deux fois le sonnet. Après tout, il n'est pas trop long ! Hein !!!?

PPS : Merci beaucoup pour la révérence Madame la Comtesse d'Oniris.

Merci pour ces retours Davide, et bravo pour le travail que vous vous êtes imposé.

Si ça intéresse quelqu'un de lire d'autres oniriens s'y étant essayé, vous pouvez voir ce post
Socque soulevait bien, à l'époque la difficulté d'écrire un monosyllabe en classique pur et son sujet était alors ouvert au néo.

J'avoue, comme pour le haïku, avoir du mal à décoller face à si peu de mots, (lectrice au ras des pâquerettes ?).

Merci Eclaircie pour tes mots (on se tutoyait à l'époque de Grammaire à toute sa tête, il me semble !) et pour le lien vers ces petits jeux poétiques. Du coup, je suis allé voir de quoi il en retournait !

C'est bien sympa, mais c'est vrai qu'il est difficile d'être convaincant en si peu de mots, qui plus est, en respectant des règles d'écriture aussi rigoureuses ! Cela me fait penser aux règles oulipiennes... Il arrive un moment où la "contrainte" inhibe la poésie. Pour moi, c'est un jeu avant d'être une poésie !

Je reviens bien tard, ici.

(Je suis allée vérifier, quelle mémoire, bravo ! Je ne me souvenais que de nos premiers échanges sur la grammaire de grand-mère et en étais restée au Vous, tu as raison, on se tutoie.... )
Et comme je trouve intéressant de relire un poème, passés quelques jours ; et après l'éclairage de l'auteur, voire des autres commentaires.
Tes deux quatrains sont vraiment très beaux, les tercets ne me convainquent toujours pas.

Eclaircie :

Eh oui ! Pour le coup, c'est toi, Eclairicie, qui n'as peut-être pas toute ta tête !


Merci pour ta relecture et tes nouvelles impressions ! Je les entends !

Pour précision, il ne faut pas oublier l'enjambement du mot "Mer" :

"Chair d'encre chancre l'air. Fer cancre s'ancre. Mer frêle telle qu'on grève son rêve."

Ma deuxième version était plus mélodieuse, mais je la trouvais moins percutante (j'avais retiré le "Qu'on" pas très joli !) :

"Chair d'encre chancre l'air. Fer cancre s'ancre. Mer belle, frêle, l'on grève son rêve !"


Queribus :

Merci beaucoup pour votre passage ! Et heureux de constater que vous n'avez pas eu le mal de mer !

Anje :

"Ca paraît tellement simple qu'on aurait tendance à croire que c'est enfantin. Mais tout a été dit, que pourrais-je ajouter ?"

Merci beaucoup Anje pour ce commentaire. Les choses les plus simples sont souvent les plus difficiles à réaliser ! La forme du sonnet classique monosyllabique en est une parfaite illustration...