La neige comme une chape,
A hérité de mon écharpe
À cause d'un bonhomme qui garde
Un ballai comme hallebarde !

"Muse - qui ?", maugrées-tu
- Miroir, ton beau miroir,
Et là tu devrais voir
Sourire l'inconnue...



(Miniature moghole anonyme, XVIIIème siècle)

Je rêve d'un temps lointain
Où l'on voyait passer
Dix quatrains le matin
Ce n'était pas assez.

Il sait qu'elle partira sous peu
Qu'ici elle n'est pas faite pour durer
C'est pour cela qu'il a choisi
De se confier à la neige.

Les flocons silencieux envahissent la terre
Ils ont l'air de fêter une idole muette
Pour un peu, on irait pieds nus dans les cratères
de blancheur amoureuse aux silhouettes fluettes.

Ici, il pleut, comme dans la chanson de Barbara - raison pour laquelle, peut être, je n'ai pu respecter qu'à moitié le jeu des bouts rimés. En échange je propose une rime masculine :)

Fantôme je serai parmi ces flocons blancs
Caressant tes pieds nus de leurs formes fluettes
Et comme eux je fondrai - oh, instantanément !
De voler un baiser sur ta lèvre muette...

Ô que la rue est blâme sous lampes éternelles !
Que l'ami qui y meurt est un philosophe !
Que le cimetière où se déploie sa chandelle -
Ô tristesse des tristesses - parvient anthroposophes !

Sous la lune fendue au giron des ténèbres
La ruelle paraît avoir l'âge du monde.
Enivré de senteurs baroques et funèbres ;
Sur la trace des fées, mon esprit vagabonde.

Par des songes charmants
un peu de poésie pour être ailleurs
elle aimait ces partages d'instants
son perroquet était un rimailleur

Labyrinthe
Au bout
L'étreinte
D'Ariane ou - ?



(Hokusai Katsushika, série des Trente Six Vues du Mont Fuji, vers 1830)