J’ai regardé/écouté la suite.

Je suis confiant. T’es quand même vachement bien parti dans le monde de l’édition. Tu pourras avoir un premier Goncourt sous ton propre nom et un second sous le nom de ta frangine. Les prénoms, uniquement, si possible. N’aie pas peur, ça s’est déjà fait ! Je sais que tu le sais.

« Et tu veux que ça amène quoi, ce que tu es en train de faire aujourd’hui », demande la dame.

Moi, je me souviens d’une excellente réponse à cette question. Si tu le permets, je la partage avec toi, juste parce que ça me fait super marrer qu’on me prenne pour Geobbels pour avoir l’idée incongrue de citer certains auteurs :

Je vais vous répondre très simplement. C’est que je suis lié par Monsieur Galimard à certains engagements qui me permettent de lui demander des avances et qu’il se fatigue de me donner des avances s’il ne vend pas. Et pour vendre, il compte beaucoup sur la publicité. Et si je me refuse à tout effort publicitaire, évidemment, il ne me donnera plus d’avances. C’est assez simple. Alors, vous êtes ici pour m’aider à attirer les avances de Galimard. Je ne peux pas vous dire mieux… en plus de la sympathie que j’ai pour vous.

Evidemment, dans le cas présent, c’est pas la dame qui est chez toi, mais toi qui es chez elle, mais ça viendra, tu verras, et tu pourras alors lui sortir cette réponse-là.

J’aurais quand même bien aimé voir la photo du mec avec lequel elle t’a confondu. Si j’ai bien compris, tu t’appelles Christophe et tu es Pakistanais, c’est ça ?

Ben voyons ! Je me doutais bien qu’à un moment tu proposerais à Nadia de se rapprocher de toi. T’as vu ? Elle a pas attendu un quart de seconde pour le faire. T’es trop fort, Christophe !

« Je me retiens d’éclater de rire » dit l’écrivain. C’est marrant, c’est exactement ce que je faisais aussi à ce moment-là. Mais comme moi, je suis chez moi et tout seul, je me suis quand même lâché un peu.

« On a un petit appel à passer avant de continuer les interviews » dit encore la dame. C’est tout moi, ça. Distrait comme je suis, j’avais même pas remarqué qu’elles avaient débuté.

- Sab’ : « Le littéraire, il change beaucoup de visages » (en rapport avec l’anecdote précédente, of course)
- Le littéraire : « C’est parce que je suis recherché, c’est pour ça. »

Ah, ouaaaaiiis ! Je suis fier de toi, Christophe, j’ai adoré la vanne. T’as un sacré bon sens de la répartie. A mon avis, c’est dans la poche, avec Nadia. Je suis même vachement jaloux. T’es plus sérieux quand tu causes avec moi. Je te plais pas ou quoi ?

J'adore ton regard lorsque Sab’ annonce qu’en septembre, elle sort aussi une émission télé, rien que pour les littéraires. Y a bon banania, que se dit alors l’écrivain. Tu devrais contrôler tes émotions, surtout si tu comptes passer en télé. Sur ton front, il était écrit « Ah bon, ben, je vais peut-être pouvoir un tirer quelque chose quand même, de cette galère ». Et tu ajoutes verbalement : « En plus, je vais être invité, super ! ». Heureusement que tu l’as précisé parce qu’on l’avait pas du tout compris. « Ça, faut que voie. Faut que j’y réfléchisse, tu sais» répond Sab’. Ah, la vache, comment elle te casse le truc. Elle s’est peut-être souvenue que juste avant, tu disais que t’avais aucune attente.

Ça devient péchu, cette interview, ça commence à me plaire.

Bon, ça va, c’était juste de la vanne et tu seras invité. Chouette. J’espère que tu nous annonceras l’émission comme il se doit.

Waouw, t’es balèze ! C’est toi qui gère tout, l’impression, la promotion et tout. Tu veux dire que t’as pas trouvé d’éditeur ? Que t’avais pas trouvé, pardon.

Extraordinaire, le retournement de situation lorsque tu lui balances que t’as déjà écrit huit ouvrages. Elle te prenait pour un plouc ou quoi, Sab’ ? Et du coup, c’est son visage a elle qui trahit ce qui est écrit sur son front : « ‘Tain, merde, celui-là, faut pas que je le lâche et que je luis fasses signer tout de suite sa participation à mon émission télé ». Génial. T’es le meilleur. Jusque-là, je te trouvais commercialement un peu mou, mais j’avais rien compris. T’as raison, l’effet de surprise, c’est ce qui marche le mieux. Fallait la cueillir à froid, Sab’. Magistral. A ce stade, t’as déjà Nadia et Sab’ dans la poche. Dis-donc, toi, t’es marié, ça te sert à rien, mais moi, je suis célibataire. Tu m’enverras un MP pour m’expliquer d’autres trucs ?

Pendant que j’y pense et pendant que le fer est chaud, pourquoi tu lui propose pas de faire l’émission télé chez toi ? Ça marche au culot, ces trucs-là, non ? C’est maintenant ou jamais.

« Après, c’est… déformation professionnelle, j’essaie de mettre une dead-line pour en sortir un tous les deux ans ». Alors là, Christophe, tu me la coupes ! Je suis vraiment impressionné. Je peux sortir deux secondes de l’émission ? Moi, j’essaie laborieusement de vendre des trucs, mais je suis pas très doué. Avec ton expérience professionnelle, je suis certain que tu pourrais compresser le truc pour écrire deux fois plus vite. Du coup, ça te laisse la moitié du temps pour faire le commercial pour moi. Ça marche ? Dis pas non tout de suite et prends le temps de la réflexion !

Justement, je remarque que ça commence à causer pognon juste après, mais faut que fasse une pause. Il est 22h00 et j’ai pas encore mangé, tellement j’étais scotché par ton audace. Je suis impatient de découvrir la suite. Mais là, j’ai la dalle, tu comprends ? Et je dois prendre le temps de mémoriser tout ce que je viens d'apprendre.

Stony

Difficile pour moi de savoir si c'est du lard ou du cochon dans ton commentaire, comme quoi tu es habile aussi pour brouiller les pistes !

Mais, je pense malgré tout que tu blagues.

Au risque de t'étonner, avec le recul, je me trouve assez sincère et pas du tout calculateur dans mon approche.

Donc, l'audace/culot que tu y vois et interprètes, y a que toi qui la vois, car moi même, je réponds - certes avec un temps de réflexion - sans penser plus loin ;je cherche juste à être le plus proche de ce que je suis (et ça va même à l'encontre d'une communication marketing convaincante, avec un procédé plus frontal, plus vendeur, tu vois ; du reste, beaucoup trouveront ma démarche trop cérébrale, verbeuse et donc chiante et pas adaptée pour la radio, et pour un potentiel lecteur à convaincre et à inciter d'acheter ma came).

Mais voilà, avant de venir, sans trop savoir comment j'allais me comporter, je voulais essayer malgré tout :

1/ de ne pas être désagréable ou arrogant (j'avais aucune raison de l'être mais parfois j'en ai pas de raison, et j'agis un peu maladroitement). J'ai été bien reçu.
2/ de participer (avec les autres invités notamment)
3/ de ne pas répondre trop de banalités (quitte à ne pas répondre du tout) et prendre les choses comme je les prends souvent, avec dérision car tout ceci ne peut être trop sérieux.

Je pense avoir réussi sur les points 1 et 2.

Mais, sérieusement, je n'avais pas d'attente sur cette émission, et je ne suis même pas certain que c'est à cause du format - très artisanal et amateur - de ladite émission. On aurait été sur RTL avec des centaines d'auditeurs, j'aurai oublié ça (avec ce que ça implique comme risques)

Pour autant, j'ai envie d'être lu et "connu" comme auteur, juste que je veux le faire à ma manière, en me travestissant le moins possible (même si on n'y échappe jamais vraiment).

Widjet

PS : ma photo où elle m'a pas reconnu

https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10157358885983943&set=t.559093942&type=3&theater

Mais oui, hein, que je blague
Enfin, oui et non. Sur le fond, pas tant que ça, par exemple sur le changement très perceptible d'attention de ta part et ensuite de celle de Sab' lorsque vous trouvez tour à tour un supplément d'intérêt pour l'autre. Au départ, vous ne vous connaissez pas et vous vous accrochez à des choses communes pour amorcer une interaction. C'est très naturel, y a aucun mal à ça et c'est d'ailleurs très marrant.
Le reste, c'est de l'enrobage. C'est ça, la blague. Tu me connais, hein ! Et bien sûr que je j'ignore ce qu'il y a exactement dans le cerveau de chacun.

Je compare ton truc à ce que je dois faire dans un domaine tout autre et ça me donne envie de te soutenir. Mon petit feuilleton, ça te fait un "up" de temps en temps. Et peut-être que de voir écrites des scènes qu'on a pas vues et auxquelles on ne comprend rien provoque la curiosité d'aller les voir. De la pub, quoi.
Mais si tu penses qu'elle est contre-productive ou déplacée, bien sûr j'arrête. C'est ton fil. Et je suis sincère : dans ce que j'ai vu jusqu'à présent, je te trouve très marrant, tu te débrouilles très bien et je pense bien que je serais incapable d'en faire autant.

EDIT : en effet, le Pakistanais sur la photo, c'est pas du tout toi.

Bravo Widj'

Ne le prenez pas mal, j'aime bien les surnoms, je peux vous appeler "Widj" , Widjet ?

la prochaine fois on fait une émission d'enfer, avec

à la pub avant émission Zorino ;
conseiller technique Lulu
auditeurs...les millions d'oniriens, ici présente.

Puis en retour, débriefing, on dit ?

Stony, qui tient là l'occasion de faire connaitre ses talents de chroniqueur, pré et post évènement, qu'il affine tous les jours...

et moi ? ah oui, moi ?
Si vous avez des Pom.Pom.Girls dans votre suite, je postule...

Je haïe les émoticônes
Mais faut bien se faire violence, mon brav' monsieur...

et je ne sais pas si je vous écouterai, mais pour ce sujet venir le dire ne peut que servir sa mise en lumière.

Non Stony

Tu peux continuer, car je te lis aussi et c'est sympa (je suis sérieux).
Comme déjà dit, j'ai zéro attente, donc je n'attends pas à ce que mon intervention radiophonique ait un impact significatif sur des ventes ou sur un intérêt des Oniriens sur mes "oeuvres" (disparues du site en plus) ou les tiennes (sans vouloir être désobligeant).

Que veux-tu, notre valeur ajoutée sur Oniris, c'est un peu de l'histoire ancienne, non ?

Bref prenons surtout nos échanges pour ce qu'ils sont et ce qu'ils nous procurent à nous, égoïstement (mais ceux qui veulent se joindre à nous sont bien sûr plus que bienvenus), c'est à dire un moyen de rester en contact l'un de l'autre en attendant j'espère une nouvelle rencontre IRL.

Widjet

La vache, c'est super émouvant de voir un auteur d'Oniris en live !

Félicitations, Widjet ! Longue vie et prospérité à ton recueil de nouvelles !

Tu cadres parfaitement avec l'idée que je me fais de toi. A peine un peu plus... timide ?

Il y a quelques années de cela, j'ai produit et animé une émission littéraire sur Radio d'Autan, une radio de chez moi. J'aurais été heureuse de t'interviewer aujourd'hui. Pas juste pour la promo, pour le bonheur du partage.

Du coup, maintenant que j'ai du temps libre qui se profile à l'horizon, tu me donnes envie de relancer l'idée... Si elle tient la route et si tu es ok, je te contacterais.

Bravo Stony. On te lit et c'est comme si on y était et on ne s'en lasse pas. Il ne manque pas le plus petit détail.lleuh...

Merci !


Cat

Merci, Widjet, tu me rassures.

Citation :

Je n'ai rien à vendre ici ni même ailleurs publiquement. Mon job à moi, c'est d'aller voir directement l'acheteur... ou le prospect (ne soyons pas présomptueux). C'est à refaire à chaque fois. C'est plus facile parce que si tu te loupes, tu ne te loupes qu'auprès d'un seul prospect.

Mais bon, dès lors qu'on fait quelque chose publiquement, on vend toujours quelque chose, ne serait-ce que soi-même, et de ce point de vue, c'est même toi qui m'a fait la meilleure pub qu'on puisse me faire.

Citation :

Alors, ça, Christophe, venant de la part d'un véritable écrivain, ça me gêne beaucoup ;)

Et puis, regarde Cat qui vient vendre une émission qu'existe même pas encore :)

Si on voulait vraiment tout voir de manière résolument cynique, même l'altruisme ne serait dans le fond que de l'égoïsme.
J'ai remarqué que tous ceux (une bonne partie, en tous cas) qui ont entrepris quelque chose ont naturellement envie d'aider ceux qui entreprennent, alors qu'avant d'avoir eux-même entrepris, ils s'en seraient peut-être désintéressé (c'est valable pour moi-même).

Je te sais sincère lorsque tu dis qu'il n'y a pas à la base d'intention réellement commerciale dans ta démarche, mais je me pose quand même une question et me permets de te la poser.
Je ne suis pas certain d'avoir bien compris, mais n'est-ce pas ton éditeur qui a obtenu cette interview ? Si c'était le cas, ne t'engagerais-tu pas, moralement, à jouer le jeu de la démarche commerciale ? Et dès lors qu'il est ton éditeur, ne s'engage-t-il pas, lui, à jouer le jeu de la démarche commerciale auprès de toi ?

Je sais que le terme "commerce" n'est pas du tout sexy, mais le commerce ne se réduit pas forcément à fourguer de la camelote dont on n'a rien à cirer à des gens dont on n'a rien à cirer.
Bien sûr, le commerce ne peut être qu'une activité intellectuellement périphérique pour celui qui souhaite avant tout faire ce qu'il aime faire, mais dès lors qu'il y a vente, il y a commerce. Je ne pense pas que ce commerce soit dégradant, surtout si l'on considère qu'il permet à celui qui en fait de proposer une chose à laquelle il croit, plutôt qu'une chose à laquelle il ne croit pas, mais dont il sera, qu'il le veuille ou non, un maillon dans la chaîne commerciale.
Moi-même, je n'aurais peut-être pas raisonné de cette façon il y a quelques années seulement.
Vu comme ça, je ne pense pas que tu doives ressentir de la honte, si petite soit elle, à vouloir vendre un bouquin, mais plutôt de la fierté.

C'était la réflexion du jour :)

Cat

Pas de problème.

Quand tu veux

Stony

Si, c'est l'éditeur qui m'a obtenu ce rendez-vous.

Et comme je l'ai dit, j'ai le sentiment d'avoir joué le jeu, mais à ma façon c'est à dire sans rire bêtement à la moindre blague qui était faite (après lorsque c'est drôle je ne me retiens pas de rire), sans être d'accord sur tout ce qu'on dit, en donnant mon avis même si ce n'est pas la réponse consensuelle qu'on attend en général.

Lorsque je dis dans l'interview que je n'écris pas pour le lecteur, bah je le penses, maintenant je ne suis pas certain que ce soit la réponse que l'éditeur attendait

Je n'ai pas honte de proposer mon livre, du tout. Je suis même confiant sur le fait que mes livres sont tout à fait recommandables. Mais, je reste embarrassé sur le moyen d'y arriver.
Oui pour le compromis, et faire l'effort nécessaire, non pour la compromission. Toujours cette volonté d'être aligné avec ce que je suis.

Je ne sais pas si je m'exprime correctement.

W

Salut Widjet,

J’imagine que l’objectif (bien légitime) était de vivre une expérience radio, voir comment se déroule une émission, vivre sa life en somme.

Tu prouves une fois de plus que l’exercice qui consiste à expliquer le « pourquoi » et le « comment » de ce que l’on a écrit est une chose très difficile ; qui plus est pour un recueil de nouvelles et lorsque l'on est pas rompu à l'exercice de communication/promotion.
Exercice d’autant plus compliqué lorsque les questions sont indigentes.

En tout cas, chapeau d’être aussi sobre sur le chant de Nadia et sur les jappements de ta voisine de gauche !

Citation :