Ouf... pas simple...

Tes yeux comme en croissant, et fardés de poussière,
Doucement se font nuit et quittent la lumière.
J’emrasserai ton front, harfang qui tous les soirs,
S’en va preste dans l’air et ne voit pas encore
Les fantastiques lieux que ton âme décore
De champions colorés triomphant d’elfes noirs.

Alors seul au milieu d’une ombre qui m'ennuie,
Toi prince des sagas, et moi comte de pluie,
Immobile j’attends dans un coin du tableau
Que revienne l’instant, la rosée sur la rose,
L’iris endiamanté, dans ta paupière éclose,
Car le son de ta voix fait mon air et mon eau.

On a bien fait d'attendre !
C'est du fantastico-romantique, ça ou de la romantico-fantasy ?
C'est du Axeldambre en tout cas,

Cyrill a raison : on a bien fait d'attendre!

et pour Axeldambre!
Moi je pencherais pour du fantastico-romantique avec un soupçon de dandysme esthético-carpathien. C'est beau quoi!

Sérieux, sourires, et gentillesse que demander de plus ?

Tu as raison aussi Cristale. C'est tout ça qui fait l'attrait des Bouts rimés et le plaisir d'y participer.

Alors maintenant, je vous dis bravo à tous et the winner is:

Avril de G. De Nerval


Déjà les beaux jours, — la poussière,
Un ciel d'azur et de lumière,
Les murs enflammés, les longs soirs ; —
Et rien de vert : — à peine encore
Un reflet rougeâtre décore
Les grands arbres aux rameaux noirs !
Ce beau temps me pèse et m'ennuie.
— Ce n'est qu'après des jours de pluie
Que doit surgir, en un tableau,
Le printemps verdissant et rose,
Comme une nymphe fraîche éclose
Qui, souriante, sort de l'eau.

Toutes mes félicitations au petit Gérard, ma plume à tailler qu'il fera couler son encre !

C'est ça! On l'encourage bien fort!

Et s'il a besoin de conseils...

silence – placés – vigilance – glacés
divine – retenus – devine – nus
avancées – apaiser – pensées – baiser
tendre – pas – attendre – pas

Voici mon triste essai, n’est pas poétesse qui veut !

La ville est nimbée de silence
Dans les rues ont été placés
Des appareils de vigilance
Yeux de métal, regards glacés

Pourtant, d’inspiration divine
Des arts ont été retenus
Sur tous les frontons on devine
Quelques déesses aux seins nus

Certainement ces avancées
Ne sont pas là pour apaiser
Tous les hommes dont les pensées
Ne se réduisent qu’au baiser

Mais cette ville a le cœur tendre
Bien incapable d’un faux pas
Faut la visiter sans attendre
Tranquillement et pas à pas.

A vous.

Allez, en musique :


Soupirs ténus dans le silence,
Qu’un Beethoven aurait placés,
Échappant à sa vigilance,
Voici les graves chœurs glacés

Embellissant la voix divine
Toute en tremolos retenus,
D’une diva que je devine
Aller, venir sur ses pieds nus.

En de timides avancées
Puis reculs, sachant apaiser
L’avalanche de mes pensées,
Elle orne mon front d’un baiser,

Humble bémol de son cœur tendre
Que le coryphée n’entend pas.
La musique sans plus attendre,
De notre chant double le pas.

Pas encore eu le temps de m'y mettre.

Embellie:
(Voici mon triste essai, n’est pas poétesse qui veut !)
ça c'est n'importe quoi, il est très bien ton poème! moi j"'aime beaucoup les "déesses au seins nus"
et surtout ça :
"Tous les hommes dont les pensées
Ne se réduisent qu’au baiser"

Cyrill :

pour tes fantasmes musicaux magistralement mis en vers!
Un vrai chef (d'orchestre)!

Moi j'aime beaucoup ton premier quatrain, Embellie, il glace le sang !!

Myndie, je trouve que ma syntaxe est un poil complexe - ou tordue, c'est selon - mais oui, j'ai bien fantasmé, là

Les bouts rimés proposés par Embellie :
silence – placés – vigilance – glacés
divine – retenus – devine – nus
avancées – apaiser – pensées – baiser
tendre – pas – attendre – pas

Triste peut-être, Embellie, mais d'une grande poésie

Myndie tu t'y mets ?

Le fantasme de Cyrill émet de jolies notes


Puisque j'ai promis, et parce que ça reste confidentiel, je dois avouer cet évènement inoubliable :



J’écoute le bruit du silence
Devant les couverts bien placés
En relâchant ma vigilance
Quand il prend des marrons glacés.

Diantre ! Sa bouche est divine
Et de ses gestes retenus
Il en est un que je devine...
Dans son regard je nous vois nus.

Face à mes lèvres avancées,
Son minois, loin de m’apaiser,
Laissent entrevoir ses pensées,
L’une évoquant le mot « baiser ».

Lors, il me dit de sa voix tendre :
« Allons donc faire quelques pas,
Mon amant, là-bas, doit m’attendre ».
...Depuis, je ne m’en remets pas.