À quelques minutes près, je croyais ouvrir le bal.
Rivaliser avec les nymphes et lutins de Myndie, ça sera pas de la tarte !
Tant pis, j'y vais de mon essai bien laborieux :


Tirant droit ses wagons, le train mange ses lignes,
Tresses bardées de fer qui vont du sud au nord.
Il glisse sur les rails tels sur un lac les cygnes,
Comme fuse ma vie quand je suis à son bord.

Je suis l’humble nomade, un oiseau sur la branche
Paré pour son envol lorsque l’aube revêt
Un tulle baptismal sur sa nudité blanche.
Le corps emmitouflé d’un aimable duvet,

Vaillant, je déploierai mes ailes une à une,
Grisé par l’altitude, abattu quelquefois.
Je frôlerai parfois le clair néant de lune,
Le corps giflé par mille embruns de sables froids.

Mon âme, à l’inconnu de l’éther enivrée,
Toute béatitude et gonflée de fraîcheur,
Biberonne au goulot l’atmosphère nacrée,
Inhalant ses fumées d’immaculée blancheur.

Le train croquant ses rails a fait le tour du globe,
Déchirant les nuées de mes rêves trop blancs.
Lissant d’un geste vif les drapés de sa robe,
Le réel m’évalue de ses yeux insolents.

Je rêve d’une vie hors lignes
Sans pour autant perdre le Nord,
Nager en compagnie des cygnes
Sur la rivière dont le bord
Durant l’hiver pas une branche
Ne reste nue mais se revêt
D’une houppelande blanche
Aussi légère qu’un duvet.
Des journaux je ferais la une,
Montrant ma photo quelquefois
Dans la rivière, sous la lune
Dardant ses rayons les plus froids.
D’un bonheur immense enivrée,
Le corps imprégné de fraîcheur,
Je montrerais ma peau nacrée
Teintée d’idéale blancheur.
Enfin connue sur tout le globe,
Entourée de mes cygnes blancs,
J’apparaîtrais en belle robe
Jetant des regards insolents !

Super vos textes

Le tien embellie, m'évoque Ophélie bien sûr, flottant dans l'eau glacée, sa robe étalée en corolle...

Et bravo pour l'originalité du tien Cyrill!
Ton "essai" vaut amplement le mien ; laborieux dis tu, moi j'ai beaucoup galéré avec la fin. La fameuse robe m'a pas mal perturbée

Pas facile de passer après le train -> je ne savais pas quoi dire alors j'ai dit ça (sic) :

En ce monde apocryphe, nul report à la ligne !
Oncque trait n'interrompt le sud ni le nord,
Qu'un équateur avare, dont la colombe est cygne
D'une noirceur inouïe qui camoufle son bord.

Noyé dans un théâtre de pierrailles et de branches,
L'étendard vivant de chaire se revêt,
Met nature à son pied sous la chasuble blanche,
Jusqu'à ce beau soir qu'un liceul fait duvet.

L'horreur et la bêtise se disputent la Une,
Allons-bon, c'est humain, la raison quelquefois
Se mine des humeurs propagée par la lune,
Et l'esprit pétrifié projette ses monstres froids...

Prosélyte aseptique, la rumeur enivrée
Oublie ce qu'il fallu de temps et de fraicheur
Pour que l'amour, la vie, ces polypes nacrées,
Permettent à notre idée d'en saisir la blancheur.

Depuis des millénaires à guerroyer le globe,
Le conformisme prend du bout de ses gants blancs,
Le pouvoir, les attraits, dont l'ivresse est la robe,
Il les façonne enfin sous des airs insolents...

Ophélie super-star avec Embellie, et un chouette pamphlet anticonformiste avec Jeanphi, tandis queMyndie nous a régalés de ses albes apparitions.
Bravo les boutsrimeurs !
On attend quelques siècles le devoir de Cristale...

Oui, je confirme bravo Jeanphi et bravo pour vos participations aux inspirations si différentes , d'autant que je ne l'ai pas trouvé si facile celui-ci
Tu pourrais aussi t'auto -applaudir Cyrill!

J'allais donner la solution (sans doute inutile, vous êtes perspicaces) mais tu as raison, Cristale est peut-être encore dans le train..

Bon, hé bien merci à Cyrill pour ce voyage en train. Je vais finir par parler de moi à la troisième personne

Cristale était bloquée dans le train arrêté en rase campagne pour cause de force majeure. Il a fallu attendre qu'un troupeau d'escargots traverse la voie... et le temps fût assez long. Il en reste encore quelques-uns mais elle vous envoie son devoir via satellite, à défaut de pigeons-voyageurs.


À force d’écrire des lignes
J’ai bien failli perdre le Nord
Je ne voyais plus que des cygnes
Dans l’encrier plein à ras-bord.

Le prof… tel une vieille branche,
De quelques rêves se revêt
Voyant que sur ma page blanche
Ma plume n’est plus qu’un duvet.

Pourtant ce matin à la une
– Cela arrive quelques fois –
Ils ont mis ma photo de la lune
Que j’ai prise lors des grands froids.

De succès me suis énivrée
Jusqu’à réclamer la fraicheur
De l’oubli sur ma peau nacrée
Perdant sa naïve blancheur.

Voulant faire le tour du globe
J’ai laissé trop d’espaces blancs
Troqué mes jeans contre une robe
Et mis des baffes aux insolents.

Citation :

"Et mis des baffes aux insolents."

C'est qui c'est qui c'est qui?

Toujours avec humour, c'est ça qui est bien! Bravo Cristale!