Spectre maudit ! Mais à l’aube approchant
De ses lueurs, l’ectoplasme perd le
Nord ; se dérobe et s’éclipse vers le
Demi-sommeil d’un territoire hors-champ.

D’un geste subtil,
Avril a jeté sa mantille blanche.
Cousue fil à fil,
Elle ose un frisson sur le ciel pervenche.

Saillant son grésil,
L’inflexible hiver a pris sa revanche.
Promis à l’exil,
L’oisillon transi pleure sur la branche.

De libations en libérations
les dieux nous exauceront
et les fleurs s'épanouiront
dans mon oeil prêt à t'aimer

Ourlés d’un faufil,
Les sapins contiennent une avalanche ;
Pointant son profil,
L’église songeuse en cloches s’épanche.

Rêvant du Brésil,
Où chaque hiver a le goût d'un dimanche,
Je vois le frasil
Figer le lac de sa morsure blanche.

Quel temps fera-t-il 
Quand je dormirai entre quatre planches ?
Le génie civil
Au vu du labeur retrousse ses manches.

Rêve puéril,
Je suis assoifé, la cave est étanche.
D'un élan viril,
Je lève le coude, ouvre la boutanche.

Misanthrope vil,
Du pandémonium j’ai poussé la clenche.
Le diable sait-il
En quelle ignition mon âme calenche ?

De la crainte du bonheur et de l'enfer,
de la petitesse de l'homme, du vulgaire,
sous le regard du soleil, joyau du ciel d'hiver,
ces fleurs éphémères, qu'on appelle misères.

( Car elles continuent de fleurir au cours du temps! )