Coule la peur dans les prunelles.
J’en imagine l’avant-goût
À mon palais, quand l’aigre-doux
Me remémore les airelles,

Qui s’évapore comme une fleur se délabre,
Le remède est amer à mon cœur sénescent.
Perfide liniment aux velléités scabres,
Dont l’effluve à ma bouche est un miel putrescent.

Coule la peur dans les prunelles.
J’en imagine l’avant-goût
À mon palais, quand l’aigre-doux
Me remémore les airelles,

Leur goût de cuivre et de canelle,
Et ravive ma soif de loup.
Sur le sable, près des garous,
Le joli cou d'une gazelle

Qui m’aperçoit et fait ficelle,
Prenant ses pattes à son cou.
Dans ses yeux, opaques bijoux,
Pétille encore une étincelle.

Vouant aux gémonies la fête et son chenabre,
Mon cœur apitoyé, faible et convalescent,
Blessé par le tranchant d'acier d'une dolabre,
N'a plus le goût, hélas, des aveux caressants.