Et il lui sembla soudain qu'elle le sentait là, contre elle ; et brusquement un vague frisson de sensualité lui courut des pieds à la tête. Elle serra ses bras contre sa poitrine, d'un mouvement inconscient, comme pour étreindre son rêve ; et sur sa lèvre tendue vers l'inconnu quelque chose passa qui la fit presque défaillir, comme si l'haleine du printemps lui eût donné un baiser d'amour. Tout à coup, là-bas, derrière le château, sur la route elle entendit marcher dans la nuit. Et dans un élan de son âme affolée, dans un transport…
-On s’cultive, beauté ? C’est pas l’endroit pour lire le pont, pas vrai les mecs ?
-Sur, Caïd, qu’c’est pas l’ endroit pour !
-E’ nous montre c’ qu’elle lit la Princesse ?
-Zarma, on la dérange p’ête la meuf…faut pas déranger les gars…
- Pas causante, la meuf, e’ s’la pête, hein, e’s’la pête l’intello ?
Je m’étais retournée, offrir mon dos à ces types avinés n’était pas le bon choix…trois gugusses, quoi ? 17? 19 ans à tout casser. Casquettes, baggy XXL, taille béante en-dessous des fesses, slip douteux, le plus teigneux arborait une bouteille de vodka au trois quart vide…
- Putain c'est d'la balle c’te meuf ! »
- E’va nous faire la lecture, la maikresse, s’pas la tasspé ?
-cool, freddo, tu ‘y fous les chocottes à c’te meuf !
-La lecture ! La lecture !
J’avais rendez-vous avec Mark sur le pont. Toute l’après midi on avait pris des photos dans Paris, la Madeleine, la rue de Constantinople, la rue Boursault … Nous nous étions répartis la tâche : Mark travaillait sur Bel-ami, moi j’avais quasi terminé mes dernières analyses sur le personnage de Jeanne Le Perthuis des Vauds, mais j’avais encore quelques points obscurs à vérifier…
Nous avions épluché tous les articles des journaux : le Figaro, le Gaulois et L’Écho de Paris, de 1878 à 1880, pris des clichés, des notes et empruntés plusieurs documents d’archives.
Quand nous sommes sortis de la BNF nous étions vraiment exaltés par nos trouvailles : tout était là…
Mark avait encore quelques photos à prendre, on s’est séparés et donné rendez vous au pont Mirabeau :
-Tu prends le sac ? Et cette fois tu ne l’oublies pas ! M’avait taquiné Mark.
-j’vais lui pécho son book, à la conasse moi, e’m’fout la haine à pas tchatter !
- Putain, l’batard’, konasse !
Il tentait de m’arracher mon livre, je le serrais dans mon dos, contre le parapet.
La détente de mon pied droit lui rappela ses parties génitales…
Et c’est là que le Caïd empoigna mon sac et le jeta par-dessus pont.
Sous le pont Mirabeau,
Coula mon sac à dos…
Que Maupassant me pardonne…
J'avais sauvé « Une vie »,
À tort.

placebo, soulibri, costic, kaos, mona79, socque et beth ont participé. Donc 7 votants possibles pour cette fois ci. Si vous voulez élargir à l'ensemble des Oniriens la semaine prochaine merci de donner votre accord ou non :)

Pour les votes vous avez encore quelques heures. En passant bravo pour vos prestations même si je n'ai pas tout saisi sur celle de beth !

Bin pourquoi tu voudrais pas élargir?????

Ben ça ne me dérange pas mais si un auteur a des doutes, je pense qu'il faut l'écouter.
Mais élargir les votants permettra aux lecteurs qui n'ont pas votre talent d'imagination-création de voter aussi :) (comme moi) par exemple).

Citation :

bonjour nico84,

le texte de beth s'ouvre sur un extrait du roman "Une vie" de maupassant (passage en italiques) que la narratrice est en train de lire quand elle se fait malmener par des ivrognes qui, pour l'emmerder, veulent lui piquer son bouquin. Elle résiste, ne lâche pas son bouquin, mais un des gars en profite pour jeter son sac par dessus le pont, par simple vengeance gratuite, sac dans lequel la narratrice et son pote avaient tous leurs documents de recherches pour un travail sur maupassant.

bravo beth pour l'imagination !

Toc art, j'avais simplement deviné l'idée du roman mais pas tout le reste, merci pour tes précisions, ça m'aide à comprendre que ce texte est super bien pensé :)

De rien. Dis-moi, vous tenez absolument à élire le texte préféré ? le fait de participer ne vous parait pas suffisant ?

Bin non moi je suis pas absolument fan du classement qui tue..mais bon après tout...Ca donne un peu de piment au truc non?

Mais si une majorité dit: "non non pas de vote", franchement je ferai pas la tête.

Ah, eh bien puisque toc-art a ouvert la brèche, j'ose dire que je suis plutôt contre cette idée d'un palmarès. Je ne voulais pas gâcher le plaisir général en faisant ma chieuse, mais puisqu'il n'apparaît pas si général, finalement...

Je suis également contre l'idée d'un palmares, qui risque davantage de brider les imaginaires que de motiver quiconque...