Bonjour,
Une question me turlupine...
Je voudrais savoir, selon vous, quelle est la différence entre un style nouvelliste et un style journalistique ?

Est-ce une question de recul, de froideur, de simple (d)énonciation des faits ?
Je me pose la question d'autant que nombre d'auteurs ont eu une formation de journaliste, ou étaient journalistes, ou font les deux simultanément.

Pourquoi un texte racontant une histoire est-il qualifié de "journalistique" quel est le réflexe, à la lecture, qui conditionne cette catégorisation ?

Ce qui me fait me demander - et j'ai lu le forum de Colibam à ce sujet "qu'est-ce qu'une nouvelle" (ou quelque chose d'approchant) et que je conseille à tous (je viendrai rajouter le lien dès que j'aurais enfilé ma tenue de scaphandrier) - ce qu'est ou peut être, toujours selon vous, le vrai, le pur, style nouvelliste et ce qui le différencie du style journalistique.

Merci de vos réponses.

Chose promise... Poste n°2 en ce qui concerne la réponse de Colibam.
http://www.oniris.be/forum/pourquoi-pas-des-micros-nouvelles-t10399s0.html

Une première réflexion qui me vienne, c'est qu'autant on peut parler de "style journalistique", autant j'ai rarement entendu parler de "style novelliste".

La nouvelle n'est pas un style, c'est un format d'écriture.

Un style journalistique, c'est une façon d'écrire. On peut écrire un bouquin dans un style journalistique, ou une nouvelle. Ou un journal intime.

Donc en soi, la question me semble mal posée... on peut s'interroger sur ce qui caractérise un style journalistique, mais pas le comparer (ou le différencier) par rapport à la nouvelle.

Mais je peux me tromper :)

Ninj'

Ah! es ist eine gute Frage?

L'écriture journalistique doit être simple et efficace. Si Un article est obscur, difficile, ennuyeux, creux... pourquoi le lecteur s'acharnerait-il à le lire jusqu'au bout ?

La prévisibilité permet à un texte d'être rapidement lu et compris. Le lecteur doit pouvoir anticiper et ceci est rendu possible en faisant des phrases simples et courtes (quelques mots), en usant de mots ordinaire, compréhensibles par le plus grand nombre, en étant clair. Et la prudence devrait conduire le journaliste à grouper au sein de chaque phrase les mots essentiels, la signification principale, dans la première moitié de cette phrase. Ce sont les mots perçus en début de lecture qui sont les mieux retenus ; ce sont les informations significatives initiales qui sont les mieux comprises.

Or, dans un texte usuel, la construction syntaxique est généralement plus complexe, souvent plus subtile : la phrase contient plusieurs sous-phrases ; les sous-phrases ne sont pas nettement individualisées.

Sujet passionnant que tu soulèves là Coquillette !

En fait je vais dire ce que moi je ressens (qui n'ets pas forcément ni académique ni professionnel)

Un journaliste va s'efforcer de rapporter des faits, brièvement sans chercher à rajouter quoi que ce soit aux faits eux même (même s'il cherche aussi à faire réfléchir en les rapportant). Il ne va pas extrapoler par exemple sur les sentiments des acteurs de ces faits à partir de leur attitude, mais les rapporter si ces sentiments lui ont été confiés par les acteurs.

Il cherchera le plus possible à se rapprocher du réel sans interpréter sur les causes ou les conséquences je pense (même s'il peut relater les causes)

Dans une nouvelle même si je cherche à me rapprocher du réel pour donner de la "chair" aux situations, aux personnages, je m'en fous du réel, ce n'est pas le but primordial de mon écriture, le but peut être l'étude des sentiments des personnages, leurs interactions, et surtout je pense interpeller le lecteur, lui faire éprouver des émotions négatives ou positives, drôles ou tristes.

En fait la grosse différence réside dans l'émotion. Pour le journaliste l'émotion est l'ennemie, pour le novelliste l'émotion est au contraire un moteur, un véhicule, un but (enfin pas forcément mais souvent je pense)

Enfin c'est ce que je pense pas forcément un truc académique

Donc le style sera forcément différent : un journaliste ne cherchera pas à ménager le suspense, relatera les faits de manière efficace c'est à dire à la fois agréable et courte sans chercher à créer de surprise. Pour le novelliste au contraire bien que ce ne soit pas forcément essentiel, je pense que l'effet de surprise et d'émotion doit être recherché.

Bonjour Ninj'

"Format d'écriture" dans le sens longueur, nombre de caractères ?
C'est aussi à débattre. Mais je crois savoir qu'il n'y pas véritablement de longueur adéquate pour une nouvelle, en tout cas, ici, celles qui sont longues sont moins lues que les autres.

Soit, ma question est mal posée, mais pourquoi certaines nouvelles sont elles dites "journalistiques" alors que sur d'autres textes personne ne souligne cette caractéristique ?

Qu'est-ce qui établit cette différence de ressenti ?

Citation :
longueur des phrases

Je n'avais pas vu vos avis en postant le mien répondant à celui de Ninj'.
Merci de vos éclaircissements, Luluberlu et Xrys, je vois maintenant nettement la différence.

Selon moi, la nouvelle est une histoire en elle-même, elle se suffit à elle-même, c'est une "short story". Contrairement au roman qui, lui, peut prendre son temps, son espace.
Son style peut être de toutes les formes imaginables. Il s'agit de séduire le lecteur, de l'attirer, de le retenir.

L'article de journal rapporte des faits, souvent en rapport avec l'actualité, pose des questions dont il n'a pas forcément les réponses.
Son style doit être vif, alerte même, mais surtout accessible au plus grand nombre car par principe il est lu très vite, avant de passer à autre chose.

Dans les deux cas cependant, on peut aimer un style, le reconnaître, le rechercher.
Florilange.

Je rejoins tout à fait l’intervention de Ninj pour définir la nouvelle comme étant un « format d’écriture » qui peut fort bien s’accommoder d’un style journalistique, entre autre.

Pour essayer de traduire ce que recouvre l’expression « style journalistique », il suffit (selon moi hein, donc bon…) de comprendre sa raison d’être. A quoi sert-il ?
A retranscrire la réalité ; et puisqu’il vise le plus grand nombre, à le faire de manière concise, accessible, simple et surtout… objective.

Raison pour laquelle il a été nécessaire de le codifier avant de l’inculquer aux aspirants journalistes au sein d’écoles spécialisées.

Mais qui dit codification dit presque toujours uniformisation.
Raison pour laquelle bon nombre d’articles que nous lisons peuvent nous paraître insipides et dénués de toute chaleur.

Cela étant, au-delà de la méthode, rien n’interdit à un journaliste de laisser passer un peu de son âme au travers de l’encre de sa plume. Et certains le font très bien.

Le problème de notre époque et surtout de nos sociétés réside dans la surenchère permanente au scoop. L’urgence prime sur la qualité, la recherche et le travail de la forme.
Les mots, les titres, doivent avant tout percuter nos regards blasés.

La toile a sans doute permis en partie de donner un second souffle au journalisme. Il y apparaît plus personnel et stylisé (au travers des blogs par exemple), plus intimiste.