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Quelques touches d'un "tableau parisien"
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Bonjour,

Quel plaisir cela fait, en rentrant de vacances, de voir que mon poème a été publié sur Oniris, et qu'il y a reçu tant d'éloges !
Merci à tous les commentateurs qui se sont penchés sur ce « Tableau parisien ».


La genèse du texte
J'ai passé fin juin une semaine à Paris. Juste avant de partir, j'ai relu, dans les Fleurs du mal, la section « Tableaux parisiens » de Baudelaire. J'ai retenu dans un coin de ma tête le premier vers d' « A une passante », justement relevé et corrigé par Pierrot : « La rue assourdissante autour de moi hurlait ».
Débarqué à Paris, j'ai ressenti une sorte d'hébétude à voir ces gens par centaines courir dans tous les sens dans les rues et les couloirs de métro, à entendre nuit et jour le bruit continuel des flots de voitures et le hurlement des métros (notamment la ligne 13). Pourtant, je viens de Lyon, mais la foule lyonnaise ne rivalise pas avec celle de la capitale ; et je viens régulièrement à Paris, mais je ressens ce choc à chaque fois que j'y viens. Serais-je un « angoissé social » (comme le dit Lunar-K) atteint de « métrophobie » (dixit Alexandre) ? En tout cas, j'ai écrit ce poème deux jours après mon arrivée, au Louvre, après avoir expérimenté de grosses stations de métro aux heures de pointe, et environné de milliers de touristes sous la pyramide...


Réponse aux commentaires

Sur le titre et la référence à Baudelaire (@ Charivari, Lunar-K, Incognito, Pierrot, Gerwal, Eponine)
J'avoue que je ne suis pas très satisfait de mon titre. J'ai hésité à appeler ce poème « le serpent », ou « le serpent de fer », mais ce n'était pas très évocateur. Ce titre sert en partie à souligner la référence à Baudelaire. Il sert aussi à faciliter l'identification du serpent au métro parisien ; sans ce titre, il y aurait peu d'indices. Tout le poème repose sur une métaphore du métro comme serpent, et aucun terme ne permet d'identifier le comparé. C'est peut-être pour cela, Eponine, que vous n'avez pas « saisi ce qu'était ce grand serpent de fer ».
Oui, Lunar-K, il y a un décalage entre le titre, qui laisse présager une certaine harmonie, et le poème. Ce décalage existe aussi chez Baudelaire, dont les « Tableaux parisiens » montrent, non une élogieuse vue d'ensemble de la ville, mais quelques détails quotidiens, furtifs, et parfois hideux.

De Baudelaire, je n'ai gardé que le « hurlait » à la fin du 1er vers et la description d'un univers « assourdissante ».
@ Gerwal (« Le 'patronage' de Baudelaire n'est pas usurpé... ») : vous me faites trop d'honneur...


Sur la métaphore du métro comme serpent
@ Marite : Oui, j'aurais pu parler de l'air suffocant et de l'odeur. Mais ce n'est pas ça qui m'a le plus gêné dans le métro parisien ; et je voulais aller à l'essentiel, pour chercher une forme courte et plus percutante.
@ Charivari, Widjet : Oui, cette image n'est pas très originale. On appelait déjà les premiers avions des « oiseaux de fer ». Mais elle représente bien l'image que j'avais du métro à ce moment-là.
@ Socque : une « métamorphose sinistre d'un bête métro », cela résume bien ce que j'ai tenté de faire, merci pour la formule.
@ Mona, Pascal31 : pour les « écailles molles », le comparé serait les parois du métro. C'est vrai que ces parois sont dures, mais dans les virages, les wagons semblent désarticulés. J'avoue que, pour cette expression, j'ai filé la métaphore du serpent sans forcément réfléchir longuement au référent.
@ David, Sable : sur le dernier vers « Et courait travailler tout le jour à la chaîne ». Ce qui m'a inspiré ce vers, c'est d'avoir entendu quelqu'un d'écrire l'arrivée de centaines de travailleurs arrivant en même temps, à 9h, et sortant en grappes de la station de métro de la Défense. On est loin des chaînes d'usine ; il s'agit d'une autre forme, moderne, de travail à la chaîne, où les travailleurs sont enchaînés dans leurs bureaux, à leurs ordinateurs, téléphones et autres. Une vision tout à fait personnelle du monde du travail. Non, Sable, il ne s'agit aucunement d'un feu de cheminée d'usine, et encore moins d'un convoi vers Auschwitz.


Un grand merci particulièrement à Pieralun. C'est vrai que j'ai peu de poèmes courts sur Oniris, et que celui-ci est assez cauchemardesque. Peut-être une voie à explorer.
Merci aussi à ceux qui n'ont pas l'habitude de commenter des poèmes, comme Widjet et Incognito. Inco, j'espère que cet accident ne vous a pas fait trop mal ; votre commentaire me parle beaucoup.

Donc merci à tous
J'espère que mon prochain texte sera à la hauteur (c'est pas gagné...).

Contribution du : 27/07/2011 22:36
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Re : Quelques touches d'un "tableau parisien"
Visiteur 
Citation :

Inco, j'espère que cet accident ne vous a pas fait trop mal


Pas du tout. Il m'a même fait beaucoup de bien et m'en fait encore en le relisant. Les deux derniers vers sont un régal à lire, relire et relire encore (le dernier est perfection, rien moins que perfection). Votre poème est un des rares parmi ceux qui me donnent envie de lire de la poésie et même - on découvre l'inspiration après l'intimidation - d'en écrire.

Des phrases me reviennent à l'esprit en lisant à nouveau votre texte, des phrases écrites par un poète qui ne porte pas ce nom, mais qui en est pourtant un parmi les grands.
Je vais essayer de les retrouver pour les poser ici, si vous me le permettez.

Contribution du : 28/07/2011 01:05
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Re : Quelques touches d'un "tableau parisien"
Expert Onirien
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Merci Inco (J'ai oublié de rajouter un smiley après la phrase que vous avez citée...).
Oui, je vous permets bien sûr de poster ici d'autres textes, j'aime bien connaître les échos qu'éveillent mes poèmes.

Et pendant qu'on est aux congratulations, je dois dire que je lis et commente peu de nouvelles sur Oniris, mais un texte comme Black Swann fait partie de ceux qui m'ont touché, remué, et dont le style m'a donné envie d'écrire des nouvelles... Qui sait, on découvrira peut-être bientôt un Méléagre nouvelliste et un Incognito poète !

Contribution du : 28/07/2011 09:31
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Re : Quelques touches d'un "tableau parisien"
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De Al Andalus
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J'espère que mon prochain texte sera à la hauteur (c'est pas gagné...).


Ben, si c'est facile, il vous suffira de faire un texte sur les avions

Sérieux, il était chouette votre texte.

Contribution du : 28/07/2011 11:37
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Re : Quelques touches d'un "tableau parisien"
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Charivari a écrit :
Citation :

J'espère que mon prochain texte sera à la hauteur (c'est pas gagné...).


Ben, si c'est facile, il vous suffira de faire un texte sur les avions


Bonne idée ! En plus, j'ai aussi la phobie des avions ! (Je plaisante, quoique, j'ai pris que deux fois ces drôles d'oiseaux-là).

@ Estelle : Merci pour ton commentaire. C'est rare que tu aimes mes poèmes, donc je suis content que celui-ci t'ait plu. Je ne connais pas le métro new-yorkais (et ça vaut peut-être mieux, vu l'effet que me fait le métro parisien). Pour le titre, j'ai répondu plus haut. Je devrais faire l'expérience, et donner ce poème à quelqu'un sans le titre, pour voir ce qu'il comprend. Si la référence au métro apparaît clairement sans le titre, je changerai peut-être.

Contribution du : 29/07/2011 13:11
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Re : Quelques touches d'un "tableau parisien"
Visiteur 
Bonjour Méléagre,

Je suis confus, je n'arrive pas à retrouver cet extrait que je vous promettais. On ne s'étonnera guère qu'il s'agit de Céline. Il se trouve que c'est une de ces marottes, à ce bon vieux Ferdinand. Il y a du tramway, du métro partout, c'en est criblé. Allez vous y retrouver dans cette ferraille sous chacun des chapitres !
Mais à ma promesse je me dois, même souillée par ce demi échec. J'ai vous ai promis une grive, je ne vous offre de des merles. Mais j'en apporte deux : un pour vous, un pour Estelle, LFC ayant connu les deux métros, le français et l'américain.


Inco


PARIS :

Citation :

Voyage au bout de la nuit, Louis Ferdinand Céline, 1932

Au matin donc le tramway emporte sa foule se faire comprimer dans le métro. On dirait à les voir tous s’enfuir de ce côté-là, qu’il leur est arrivé une catastrophe du côté d’Argenteuil, que c’est leur pays gui brûle. Après chaque aurore, ça les prend, ils s’accrochent par grappes aux portières, aux rambardes. Grande déroute. C’est pourtant qu’un patron qu’ils vont chercher dans Paris, celui qui vous sauve de crever de faim, ils ont énormément peur de le perdre, les lâches. Il vous la fait transpirer pourtant sa pitance. On en pue pendant dix ans, vingt ans et davantage. C’est pas donné.
Et on s’engueule dans le tramway déjà, un bon coup pour se faire la bouche. Les femmes sont plus râleuses encore que des moutards. Pour un billet en resquille, elles feraient stopper toute la ligne. C’est vrai qu’il y en a déjà qui sont saoules parmi les passagères, surtout celles qui descendent au marché vers Saint-Ouen, les demi-bourgeoises. « Combien les carottes ? » qu’elles demandent bien avant d’y arriver pour faire voir qu’elles ont de quoi.
Comprimés comme des ordures qu’on est dans la caisse en fer, on traverse tout Rancy, et on odore ferme en même temps, surtout quand c’est l’été. Aux fortifications on se menace, on gueule un dernier coup et puis on se perd de vue, le métro avale tous et tout, les complets détrempés, les robes découragées, bas de soie, les métrites et les pieds sales comme des chaussettes, cols inusables et raides comme des termes, avortements en cours, glorieux de la guerre, tout ça dégouline par l’escalier au coaltar et phéniqué et jusqu’au bout noir, avec le billet de retour qui coûte autant à lui tout seul que deux petits pains.
La lente angoisse du renvoi sans musique, toujours si près des retardataires (avec un certificat sec) quand le patron voudra réduire ses frais généraux. Souvenirs de « crise » à fleur de peau, de la dernière fois sans place, de tous les Intransigeant qu’il a fallu lire, cinq sous, cinq sous… des attentes à chercher du boulot… Ces mémoires vous étranglent un homme, tout enroulé qu’il puisse être dans son pardessus « toutes saisons ».
La ville cache tant qu’elle peut ses foules de pieds sales dans ses longs égouts électriques. Ils ne reviendront à la surface que le dimanche. Alors, quand ils seront dehors, faudra pas se montrer. Un seul dimanche à les voir se distraire, ça suffirait pour vous enlever à toujours le goût de la rigolade. Autour du métro, près des bastions croustille, endémique, l’odeur des guerres qui traînent, des relents de villages mi-brûlés, mal cuits, des révolutions qui avortent, des commerces en faillite. Les chiffonniers de la zone brûlent depuis des saisons les mêmes petits tas humides dans les fossés à contre-vent. C’est des barbares à la manque ces biffins pleins de litrons et de fatigue. Ils vont tousser au Dispensaire d’à côté, au lieu de balancer les tramways dans les glacis et d’aller pisser dans l’octroi un bon coup. Plus de sang. Pas d’histoires. Quand la guerre elle reviendra, la prochaine, ils feront encore une fois fortune à vendre des peaux de rats, de la cocaïne et des masques en tôle ondulée.



NEW-YORK :

Citation :

Voyage au bout de la nuit, Louis Ferdinand Céline, 1932


Sur le lit, anxieux, je tentais de me familiariser avec la pénombre de cet enclos pour commencer. D’un grondement périodique les murailles tremblaient du côté de ma fenêtre. Passage du métro aérien. Il bondissait en face, entre deux rues, comme un obus, rempli de viandes tremblotantes et hachées, saccadait à travers la ville lunatique de quartier en quartier. On le voyait là-bas aller se faire trembler la carcasse juste au-dessus d’un torrent de membrures dont l’écho grondait encore bien loin derrière lui d’une muraille à l’autre, quand il l’avait délivré, à cent à l’heure. L’heure du dîner survint pendant cette prostration, et puis celle du coucher aussi.
[…]
Dans ma chambre toujours les mêmes tonnerres venaient fracasser l’écho, par trombes, les foudres du métro d’abord qui semblait s’élancer vers nous de bien loin, à chaque passage emportant tous ses aqueducs pour casser la ville avec et puis entretemps des appels incohérents de mécaniques de tout en bas, qui montaient de la rue, et encore cette molle rumeur de la foule en remous, hésitante, fastidieuse toujours, toujours en train de repartir, et puis d’hésiter encore, et de revenir. La grande marmelade des hommes dans la ville.

Contribution du : 29/07/2011 16:28
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Re : Quelques touches d'un "tableau parisien"
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Oui je suis accro à FB, Nico faut mettre des boutons I like sous les interventions en forum...

Contribution du : 29/07/2011 23:38
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Re : Quelques touches d'un "tableau parisien"
Expert Onirien
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Post(s): 3805
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Merci Inco !
Faute de grives, ce sont de beaux merles ! Quelle force poétique dans ces descriptions ! J'aime beaucoup celle du métro new-yorkais, notamment "rempli de viandes tremblotantes et hachées".
Ca me donne envie de relire Voyage au bout de la nuit, qui m'a beaucoup plu il y a dix ans. (Par contre, j'ai moins apprécié Le Pont de Londres).

Contribution du : 01/08/2011 13:42
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"Chaque jour je me considérais comme sur le seuil de ma vie encore intacte et qui ne débuterait que le lendemain matin."
Proust

"L'avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait."
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Re : Quelques touches d'un "tableau parisien"
Visiteur 
Et bien, je vais devoir me ralier à votre constat : "Le pont de Londres", ou plus largement, "Gignol's band", et même, tant qu'on y est, "Féérie pour une autre fois", c'en est trop, trop pour moi, trop du condensé de Céline, trop inbuvable. Je ne suis sans doute pas assez célinien. Mais, otez-moi d'un doute ! Vous n'auriez donc pas lu "Mort à crédit" ? Dans l'affirmative (ou la négative, plus exactement) je ne saurais trop vous y encourager. Evidemment, relire le "Voyage" est une entreprise dont je me voudrais de vous dissuader, ça me parait même une très bonne idée, mais si "Mort à crédit" ne figure pas dans vos incontournables, je suis certain de ne pas me planter en vous recommandant de faire une place, dans votre bibliothèque, pour l'accueillir. Faites-moi confiance !

Contribution du : 02/08/2011 00:56
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