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un moment sur " le banc de pierre"
Maître Onirien
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Je suis reconnaissante au CE, à Neojamin, unique lecteur en EL, et aux correcteurs qui ont permis à ce texte de figurer au catalogue d’Oniris.

Je n’écris pas souvent à hauteur d’enfant. Je trouve que c’est un exercice difficile, j’ai essayé ici de me placer du point de vue de Sabine, qui a huit ans dans le milieu des années soixante (le feuilleton Belphégor est un marqueur de temps) qui est élevée dans un milieu bien nanti et protégé et qui va découvrir assez brutalement l’existence des différences sociales qui dressent des barrières incompréhensibles pour elle, et l’existence des différences familiales à travers la situation de Thierry.

Sans donner directement la parole à Sabine (sauf à la fin dans le dialogue entre les deux enfants) j’ai essayé de faire entendre sa voix tout au long du texte et il me semble que certains des commentateurs y ont été sensibles.

Je pensais bien ne pas faire l’unanimité sur le fond, ou lire des réserves sur le manque de modernité de l’histoire et/ ou le côté lisse de l’écriture. Je n’ai pas grand-chose à répondre à ces critiques-là, ma plume est sobre, sans grandes aspérités, ce que j’aime faire dans mes petites fictions teintées de réel, c’est mettre en lumière un ou deux personnages, en général, je les aime bien et j’essaye de les animer sans toutefois les entraîner dans de grandes actions qui blufferaient le lecteur car… je ne sais pas faire ! Et pourtant, en tant que lectrice, j’aime quand ça bouge et que ça foisonne !
Je suis contente de voir de nouveaux noms apparaître sous mes textes, de nouveaux lecteurs que je n’ai encore pas lassé, avec de nouvelles sensibilités.

Voici donc quelques réponses plus particulières à vos commentaires.

Neojamin : Merci d’avoir commenté en EL et d’avoir cru à Sabine, à son innocence et à ses observations du monde des grands qu’elle ne comprend pas toujours.
Dans les années 1965, on parlait de l’assistance pour l’assistance publique, ce n’était pas encore la DDASS.
C’est vrai, l’atittude d’Yvonne est étrange, elle est abrupte, mais j’ai imaginé qu’elle préparait Thierry (et elle-même) à un éventuel départ en se montrant « dure ». C’est un choix de psychologie qui peut se discuter.

Anje : je suis contente que vous parliez de simplicité et de la fin « qui vient toucher l’émotion »

chVlu : le plaisir de la lecture est quelque chose que je trouve important. Alors Merci ! et je pense que c’est votre premier commentaire sur un de mes textes, ce qui me fait encore plus plaisir.

In Flight : pertinente remarque sur ce que le texte veut interroger : la parentalité et les classes sociales, le tout à hauteur de Sabine qui découvre que son monde n’est pas Le Monde.

Cat au grand cœur : Merci de reconnaître ma plume ou plutôt ma patte ou ma pâte ! Tu m’es fidèle en lecture et commentaire et j’aime bien me sentir comprise et suivie dans mes intentions.

Bidis : Vous dites l’essentiel de ce que je cherche à faire : une histoire émouvante et bien écrite.

Stephanie90 : Merci d’être venue me lire et me commenter. Pour vous aussi je crois que c’est une première fois sur une de mes nouvelles et ça me fait plaisir d’avoir de nouveaux lecteurs.

Senglar : double commentaire ! Le second étant plus copieux que le premier qui était élogieux, mais trouvait le scénario un peu XIX ème ! En tout cas, assez marqué socialement c’est sûr, mais plutôt issu des années 1960. Le monde va tellement vite ! je suis ravie de vous avoir promené dans vos propres souvenirs avec ces cyclistes de plomb et ces vieux feuilletons du temps de l’ORTF.

Corto : Merci du compliment sur l’écriture. J’y suis sensible car j’y travaille. Je comprends que tous les lecteurs ne puissent adhérer à ce type d’histoire.

Malitorne : votre commentaire rejoint celui de Corto et vous trouvez que le fossé entre les deux mondes n’est pas assez montré. On est dans le regard de Sabine, Thierry est son ami de cœur et jusqu’à cet épisode, elle n’avait rien perçu du fossé. Quant à la situation de Thierry, je l’ai voulu ainsi pour que la prise de conscience de la fillette soit double, sur les différences de classes et les différences familiales.

Frenchkiss : Parce que vous êtes un poète multiplumé qui venez lire quelques nouvelles, je vous pardonne votre moquerie (qui m’a fait sourire). Je ne retiendrais que l’invitation au voyage ! ce qui comble mon goût du romanesque.

Stony : je suis contente que cette situation, vue à hauteur d’enfant, vous ait paru crédible. Je comprends aussi que le côté « opposition de classe » vous a paru un peu léger mais cf mon commentaire à Malitorne.

Jfmoods : merci de votre passage et de votre commentaire dont la phrase que je reprends ici résume mieux que je n’aurais pu l’exprimer ce que j’ai voulu raconter :
« Tout en arpentant un territoire dont le banc de pierre marque la limite, la petite fille se heurte aux aspérités du monde des adultes »

Contribution du : 29/01/2019 18:46
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Re : un moment sur " le banc de pierre"
Visiteur 
Citation :
Plumette, vous me dites : Frenchkiss, parce que vous êtes un poète multiplumé qui venez lire quelques nouvelles, je vous pardonne votre moquerie (qui m’a fait sourire). Je ne retiendrais que l’invitation au voyage ! ce qui comble mon goût du romanesque.

Tout d’abord je dois vous dire que je suis davantage un auteur de prose que de poésie.

Je vous ai donc fait sourire et vous n’avez retenu de mon commentaire que l’invitation au voyage... Alors merci, c’est que je progresse.
J’aimerais donc juste vous dire combien je réfute votre qualificatif de « moquerie », car la nuance du mot est importante. La moquerie est une raillerie souvent injurieuse qui vise à abaisser, voire à offenser. Je ne pense pas que vous puissiez m’accuser de cela.

D’abord j’ai trop de respect pour le petit Thierry. J’en ai été un, à peu près tel que vous le décrivez, l’Assistance publique en moins. Ce que je n’ai pas aimé dans votre texte, pardon de ma franchise, c’est le manque de sensibilité et peut-être d’implication avec lequel vous faites cohabiter ces deux mondes socialement éloignés, celui de Sabine et celui de Thierry. Cette cohabitation est beaucoup plus pernicieuse que vous ne la décrivez globalement, à hauteur des adultes bien sûr, mais aussi à hauteur des enfants. Faire de Thierry un enfant de l’Assistance publique, c’est comme écraser le problème sous une enclume. Conceptualiser cela pour le lecteur que je suis aujourd’hui, c’est-à-dire dans son temps, c’est comme mettre un point final à l’histoire, comme s’il n’avait même pas été utile de l’écrire.

Il n’est pas nécessaire d’être le dernier des derniers dans l’échelle sociale pour que se dénoue subtilement et insidieusement la lutte des classes. Thierry aurait même dû avoir un père et une mère à lui, peut-être même les employés de maison. C’est ce conflit-là que j’aurais eu envie d’écrire, à l’intérieur de la maison bourgeoise.

Oui, l’Assistance publique c’est du Disney, c’est un raccourci intellectuel et narratif qui fait de Thierry un objet social pour « enchanter » les enfants, comme Cendrillon avec son seau et ses balais. Votre texte m’a infantilisé, il n’a pas éveillé ma conscience car il ne l’a pas atteinte. Je me souviens des images d’Epinal de mon enfance, qui sont restées figées longtemps dans les livres d’histoire et dans les romans imagés. En lisant votre texte je n’ai fait qu’y penser.

Alors non, aucune moquerie, juste le sentiment d’avoir lu quelque chose d’une autre époque, bien antérieure aux années 60. Même le style m’a semblé pré-daté, sans doute était-ce voulu. Une phrase comme « Chaque fois que le fantôme apparaissait dans la salle d’égyptologie du Louvre, Sabine se cachait les yeux et se blottissait contre Thierry. Délicieux frissons ! » vient tout droit de l’imagerie infantile du 19e siècle. On peut aussi choisir de raconter un siècle sans en adopter son langage, comme on peut raconter l’âge de pierre autrement que par onomatopées.

Je respecte tous vos choix, mais ceux-là n’entrent pas dans mes codes. Je suis sincèrement désolé que vous vous soyez sentie moquée, mais je tenais à vous convaincre du contraire.

Au plaisir de vous lire dans d’autres circonstances.

FrenchKiss
Ne tirez pas sur l’oiseau pas moqueur

Contribution du : 29/01/2019 23:04
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Re : un moment sur " le banc de pierre"
Visiteur 
Coucou Plumette,

Ce que tu dis me touche vraiment, mais tu sais, il est facile de te rester fidèle. Derrière ta plume, toute en retenue sur les sentiments des protagonistes de tes histoires, il y a toujours le sang qui pulse. Cette pudeur est ce que j'appelle ta marque de fabrique. Au début on peut se faire avoir et penser que tu n'entres pas dans la profondeur des personnages, mais en fait, c'est dans la dentelle de leur ombre qu'il faut savoir te lire. Tu y vas la main douce et légère, mais les sentiments sont bien présents.

Avec ton banc de pierre, par exemple, je suis entrée de plain pied dans l'ambiance. Certainement parce que là où j'habite il y a une myriade de ces maisons de vacances, des châteaux pour la plupart. Elles appartiennent aux nobliaux de province qui, avec leurs domaines agricoles, faisaient travailler les familles alentours, et menaient leurs gens à la baguette il n'y a pas si longtemps encore.

Pour en fréquenter quelques-uns, je connais assez bien les mœurs de ce milieu où on laisse jouer les enfants avec ceux des domestiques, jusqu'à ce que fatalement leur rang respectif ramènent chacun dans leurs camps. La vie fait son œuvre tout simplement.

Leur histoire est truffée des amitiés comme celle de Sabine et de Thierry, parce que toutes les Sabines n'ont pas l'âme hautaine de leur milieu.

Je comprends la frustration de FrenchKiss qui aurait aimé plus d'épanchement pour mieux situer la différence des classes, et un Thierry qui accumule moins toutes les malchances. Et c'est vrai que cela aurait apporté une dimension autrement plus intéressante. Mais je suppose que le format de la nouvelle est trop court pour se prêter à cela, sans compter que ce n'était peut-être pas ton but.

Il me reste à te remercier d'avoir ouvert ce forum, et surtout de t'adresser à chacun de tes commentateurs avec une réelle attention pour chacun d'entre-nous. C'est un respect auquel je deviens de plus en plus sensible.

A te relire.


Cat

Contribution du : 30/01/2019 03:58
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Re : un moment sur " le banc de pierre"
Maître Onirien
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à Frenchkiss:

Je cite: Citation :
je réfute votre qualificatif de « moquerie », car la nuance du mot est importante. La moquerie est une raillerie souvent injurieuse qui vise à abaisser, voire à offenser. Je ne pense pas que vous puissiez m’accuser de cela.


Je ne me suis pas sentie offensée, ni abaissée par votre commentaire, le mot " moquerie" n'est peut-être pas tout à fait équivalent à l'expression " ton moqueur". J'aurai pu aussi qualifier votre commentaire d'ironique. est-ce que cela vous convient mieux ? Ce que je remarque c'est que auteur et lecteur ont chacun leurs bagages, qui influence leur langage ! Et en vous lisant dans ce retour sur commentaire, je reçois un peu de colère, comme si j'avais trop chargé la barque avec cette histoire d'assistance publique et détourné le coeur de l'histoire qui aurait du rester centrée sur ces différences de classe que les enfants mettent du temps à percevoir.
Et puis pour ce qui est du vocabulaire et des tournures, Cher Frenchkiss, je suis un peu vieux jeu à mon insu! c'est un retour de ce côté 19 ème que j'ai dû biberonner sans même m'en apercevoir!

J'ai hâte de vous lire en prose, notez que je le fais déjà lorsque vous intervenez ici ou là dans les forums,

à Cat

Cela me fait du bien d'être lue entre les lignes! et ton éclairage est précieux car tu soulignes aussi que j'aurais pu être plus incisive sur cette différence de classe, c'est un vrai sujet. Si je retravaille ce texte, j'essayerai d'aller dans cette direction.

Sylvaine

Merci beaucoup pour votre lecture et votre commentaire.
" cruauté feutreé" : Quelle jolie manière d'exprimer ce que vivent ces enfants confrontés à ce monde aux codes qui leur échappe.

Contribution du : 30/01/2019 11:46
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Re : un moment sur " le banc de pierre"
Visiteur 
Bonjour, Plumette,

Je dois vous faire un aveu : j'ai bâclé ma lecture et mon commentaire.
Et je n'aime pas ça.

J'avais peu de temps pour lire et commenter et j'ai fait vite. J'aurais dû attendre d'avoir plus de temps.

Je sais que quelque chose m'avait un peu contrarié, mais n'ai pas pris le temps de mettre précisément le doigt dessus.
Je relirai votre nouvelle et enrichirai peut-être mon commentaire.

Contribution du : 30/01/2019 12:53
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Re : un moment sur " le banc de pierre"
Visiteur 
Citation :
Plumette, vous dites : « Et en vous lisant dans ce retour sur commentaire, je reçois un peu de colère, comme si j'avais trop chargé la barque avec cette histoire d'assistance publique et détourné le cœur de l'histoire qui aurait du rester centrée sur ces différences de classe que les enfants mettent du temps à percevoir ».


Non, vraiment aucune colère. D’ailleurs, comment ressentir de la colère envers un texte aussi bienveillant ? Pardon de vous avoir laissé cette impression.

Sabine a été ma première « petite amie ». Je devais avoir une dizaine d’années. Ma mère avait été engagée comme femme de maison par les parents de Sabine, dix ans aussi, pour leur mois de congés annuels, à Royan, dans une maison somptueuse, à quelques pas de l'océan. La famille était composée des parents, de Sabine, de son petit frère d’à peine un an, d’une cousine et de la copine de celle-ci, toutes deux majeures et plus que vaccinées, si je me souviens de l’activité flirteuse déployée en bikini au bord de la plage ou ailleurs.

Pour faire court, j’ai sans doute passé les meilleures vacances de ma vie, tellement ces grands bourgeois étaient sympathiques, modernes pour l’époque. La femme était plus belle que Catherine Deneuve dans les Demoiselles de Rochefort, la même blondeur, la même coupe. Ils m’emmenaient partout avec eux et traitaient ma mère avec le plus grand respect, comme si la fatalité sociale pouvait être contournée.

En vous lisant, Plumette, j’ai repensé à tout ça, car ce mois d’Août fut aussi pour moi ma première prise de conscience de la hiérarchie des classes. Je notais chaque geste, chaque parole, chaque comportement, libéré ou stéréotypé, sincère ou artificiel, des parents mais aussi des nièces, en les comparant tout simplement à ceux de mes propres parents et de ma sœur âgée de quinze ans, qui n’avait pas fait partie du voyage. Je ne parle même pas des moyens financiers du couple, assez extravagants pour un gamin de dix ans.

Et bien voyez-vous, Plumette, j’aurais détesté remplacer dans mes souvenirs l’enfant que j’étais par un autre de l’Assistance publique. Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire. J’étais un enfant peut-être même plus heureux que Sabine, parce que l’amour des parents n’affiche jamais leur sacrifice. Au cours de ces vacances j’ai confronté mon bonheur à celui de Sabine, et c’est dans ce sentiment d’égalité que j’ai pu comprendre tout ce qui me séparait d’elle. Qu’aurait apporté l’Assistance publique, si ce n’est une confusion des sentiments ?

Non, rassurez-vous, Plumette, aucune colère. Juste des bons souvenirs que je ne voulais pas voir gâchés :) Pardon encore de mon intrusion dans votre histoire.

FrenchKiss
Qui n’est plus jamais retourné à Royan

Contribution du : 30/01/2019 15:33
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Re : un moment sur " le banc de pierre"
Maître Onirien
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à stony

Merci d'envisager de me relire pour approfondir ton com!
je te suis en forum assez souvent et je ne doute pas que tu sauras développer ce qui t'a gêné dans ce texte.

à Hersen

Merci pour ton passage et ton commentaire qui me plait bien. Sabine ne se rebelle pas assez à ton goût, disons qu'elle ne se rebelle pas encore mais que ça va venir. elle va même sûrement trouver dans cette expérience le ferment d'une révolte future. Tu me donnes l'idée d'une suite à cette histoire.

Contribution du : 30/01/2019 18:18
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Re : un moment sur " le banc de pierre"
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Ah oui, c'est tout à fait ça : elle pourra y trouver un ferment !

merci pour ton retour !

Contribution du : 30/01/2019 18:54
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Re : un moment sur " le banc de pierre"
Visiteur 
Je viens de faire une deuxième lecture et j'ai toujours du mal à cerner ce qui me contrarie, mais je vais quand même essayer.

Je t'écris ça ici parce que ce serait un peu long dans le com.

D'abord, je note une originalité très intéressante : on pourrait s'attendre à ce que la nouvelle soit dénonciatrice d'une situation et qu'elle soit dès lors vue des yeux de Thierry, le défavorisé des deux, mais ce n'est pas le cas. L'histoire est vue des yeux de Sabine et c'est très bien vu. Ça me plait beaucoup.

Mais, lors de ma première lecture, trop rapide certes, j'avais un peu fait une confusion entre les statuts des uns et des autres. En relisant, il est certain que des éléments factuels sont distillés (la chambre aux iris, la jeune fille au pair, la mère au tennis, le son net et mécanique comme le métronome pour jouer au piano). Du côté de Thierry, des éléments sont également distillés pour rendre compte de son statut, culminant par le très sarcastique "On n'est pas en vacances, nous !".
La situation est factuellement très claire, mais je ne la ressens pas dans les comportements de Thierry et de Sabine. Je ne prétends évidemment pas que Sabine doit est méprisante ni même ressentir une supériorité quelconque, mais quelques traces de comportements, ne serait-ce que par mimétisme et à son insu, pourraient traduire quelque chose. Et si ce n'est pas de la part de Sabine, ce pourrait venir d'autres habitants de la maison.

Un élément a peut-être aussi causé une confusion dans mon esprit : "Elle se dépêche, file au garage, espère y trouver le vélo rouge, le seul à sa taille, mais qu'il faut partager avec tous les cousins [...]". Ce partage est plutôt un marqueur de statut moins favorisé.


J'ai peut-être aussi et surtout été dans la confusion entre la lecture de ta nouvelle et l'écriture de celle que j'ai écrite il y a plusieurs années, d'autant que la mienne était écrite vue des yeux de l'équivalent de Thierry, les miens d'enfant puisqu'elle était essentiellement autobiographique et d'autant que le tennis y était également présent et que l'élément central de ma nouvelle se retrouve dans la tienne, dans ce passage :
Et il y a eu le 14 juillet. Le jour où on devait fêter tous les anniversaires du mois. Les douze ans de Catherine, et leurs huit ans à Thierry et à elle. Sabine a vu partir Thierry au début de l’après-midi avec Yvonne et Marcel, elle a guetté son retour jusqu’au soir. Elle n’avait pas le cœur à souffler seule les huit bougies du gâteau qu’ils auraient dû partager. Elle a dit qu’elle voulait l’attendre, personne ne savait où était Thierry et c’est Catherine qui a dit avec sa voix pointue il n’est même pas de la famille Thierry !

Je ne pensais pas réellement être membre du club de tennis puisque je n'avais que le droit de jouer seul contre le mur prévu pour ça, et pas sur les courts, mais j'avais tout de même le sentiment de partager avec les autres enfants (ceux des membres) un environnement qui m'était autant familier qu'à eux sinon davantage puisque je m'y rendais tous les jours en revenant de l'école, même si je n'étais "que" le fils de la femme de ménage du club... jusqu'à ce jour de Noël où la liste des cadeaux à offrir aux enfants avait été rédigée et qu'on m'avait chargé, moi, de vérifier la correspondance entre le prénoms inscrits sur la liste et ceux inscrits sur les paquets. Je m'étais étonné de ne pas y avoir trouvé mon prénom. Jusque là, je pensais encore que c'était une erreur, ce que j'avais d'ailleurs signalé à ma mère et à mon beau-père qui était le cuistot du club. Au moment de la remise des cadeaux, il y en avait bien un pour moi, mais quelques heures plus tôt, mon beau-père s'était étrangement absenté alors qu'il y avait pourtant tant de travail à accomplir sur place. J'ai bien compris qu'il s'était absenté pour aller acheter quelque chose pour moi. Et puis, l'emballage était différent des autres.
Ce n'est pourtant qu'un événement presque insignifiant, mais c'est peut-être ce que j'ai vécu de pus dur dans ma vie, un événement tellement marquant que les larmes me viennent encore en écrivant ces lignes et je suis persuadé qu'il a influé beaucoup sur le cours de ma vie.

Alors, je m'étonne de n'en trouver aucune trace, ni chez Thierry ni chez Sabine. Il me semble que Sabine aurait dû en garder une trace et qu'elle n'aurait plus pu se trouver dans une totale candeur, sachant que l'explication lui a été fournie quant à l'absence de Thierry lors des anniversaires.
Je me trompe peut-être. On ne réagit peut-être pas tous de la même manière.

Contribution du : 30/01/2019 21:04
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Re : un moment sur " le banc de pierre"
Maître Onirien
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27/04/2016 18:43
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Bonjour Stony

Merci d'être revenu sur le "banc de pierre" et d'avoir partagé ce souvenir personnel très touchant du côté de Thierry.

le texte se situe précisément au moment de la prise de conscience de Sabine, et il s'arrête là! sans rien dévoiler de ce que cette barrière dressée va pouvoir causer en elle ultérieurement.

La prise de conscience a lieu parce que le comportement des adultes a changé, celui d'Yvonne en particulier et ceci pour 2 raisons: parce que les enfants grandissent et parce que la situation familiale de Thierry ( la réapparition de la mère biologique) vient perturber l'équilibre qui avait été trouvé chez elle.

Ce que tu relèves pourrait faire l'objet d'une suite, d'un développement où on pourrait commencer à trouver dans les réactions de la fillette des traces, à son niveau, de sa perception de la situation.

Quant à la manière des autres ( les cousins) de traiter Thierry, il y a un petit signe ( mais interprété par Sabine): les cousins se moquent de lui parce qu'il préfère jouer avec une fille et Catherine "crache le morceau" au moment de l'anniversaire, un peu comme quand un grand révèle à un petit que le père Noël n'existe pas.

je connais bien Sabine! et je peux te dire qu'avant de comprendre une certaine étanchéité des mondes, elle enviait Thierry parce qu'il avait la télé et qu'il avait le droit de s'occuper des animaux ( lapins, poules ...) qu'on ne l'obligeait pas à se changer dès qu'il se faisait une tâche, qu'il pouvait aller tout seul au village acheter des bonbons à l'épicerie....

cette discussion est très fructueuse pour moi car elle me permet, à travers vos commentaires et sensibilités, de préciser les contours de la situation et de mes jeunes protagonistes pour peut-être aller plus loin dans l'histoire.

Alors encore Merci!

Contribution du : 31/01/2019 09:42
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