Coucou à vous, peuple onirien ! J'ai un problème à vous confier…

Etant une personne somme toute relativement intègre, honnête et authentique, j'aime essayer de livrer quelque chose qui puisse au maximum flatter ces caractéristiques lorsque j'écris.

Toutefois -et c'est bien ma veine !-, ce noble désir a tendance à me paralyser une fois prêt à monter sur scène.

Ainsi, lorsque je rédige, tenter d'imaginer un personnage autre que moi me fait souvent vivre des crises d'angoisse terrifiantes desquelles je sors absolument indemne (c'est dire à quel point elles sont terrifiantes !).

Commencer à mettre des mots sur une existence, créer un individu ou même s'inspirer d'autrui afin de composer me déroute : quand je m'y attèle, ma plume me quitte, elle et moi ne sachant pas connaître un autre aussi "bien" que nous ne nous connaissons. Comme si cela relevait trop du domaine du sacré...

Eventuellement, je peux décrire d'autres personnages (même si je me trouverais souvent impertinent, pas légitime ?) et leur donner une ou deux répliques mais... davantage ? C'est comme si je ne m'en sentais pas capable, comme si ce n'était pas à moi de le faire... Par exemple : comment pourrais-je me mettre à la place d'un mineur sans même avoir été moi-même mineur ? Je pourrais, devrais et aimerais mais ce syndrôme de l'imposteur m'en empêche... J'aurais peur de manquer de subtilité, de trop sonner archétypal ou, sinon, de juste trop mettre en avant une connaissance du sujet partielle, incomplète...


Bref, vous l'aurez compris :

Je bredouille ma situation en taches de noir mais j'espère malgré tout qu'elle aura su -ne serait-ce qu'un peu- vous parler (voire même vous faire écho ?).
Si vous avez des idées afin de m'aider face à ce complexe de fictivité, je suis tout ouï.

En attendant : au plaisir d'avoir pu vous offrir ces quelques mots et merci d'avance pour votre attention.

Comment font les comédiens ?


Je n'ai pas la réponse à vos interrogations, sinon, j'écrirais toujours "juste". Un début de réflexion, peut-être: écrivez ce qui vient de vos émotions, le plus simplement et sincèrement possible. Ensuite, transposez ces passages ailleurs, dans le contexte de votre fiction. Vous avez sans doute déjà eu peur, froid ? Vous êtes tombé amoureux, avez ressenti du désir, connu la déception, la colère ? Ces sentiments sont universels, sous différentes formes mais je crois qu'on peut tous les lire et les comprendre si vous arrivez à les faire passer par l'écriture. Par contre, décrire une particularité, un métier par exemple, demande une certaine connaissance ou documentation, du moins si on sort de la simple évocation en toile de fond.

Bonsoir jasmin,

problématique de l'auteur, je suis passée par là aussi. Cela m'arrive encore lorsque je touche à certain point sensible.

Personnellement, afin de désacraliser mon où mes personnages, j'utilise d'abord le pronom impersonnel, je lui inflige des traits de caractères en fonction du contexte de l'histoire, souvent je pars d'une fin et je brode le départ, l'intrigue...

Mais afin de pouvoir "se lâcher" en écriture, je pense qu'il est important d'avoir assimilé que nos écrits ne plairont pas à l'unanimité, et avoir bien conscience que ce que nous apprécions ne plaira pas forcément à tous.
L'avantage des fictions, c'est que l'on peut ne pas se prendre au sérieux et laisser l'imagination se débrider.
Si 15 auteurs prennent pour titre de départ et comme sujet : "un sac de nœuds", chacun traitera le thème avec son moi intérieur et ses connaissances personnels.
Chaque nouvelle sera unique...

Comme les vôtres le sont, n'en doutez pas et soyez fier de votre travail... même si il peut encore être amélioré.

Amicalement,
StéphaNIe

Il me semble qu'il faut donner de l'importance aux détails. Mettre en évidence un seul détail (mais significatif) dans la description d'un personnage suffit quelquefois à le rendre tout à fait crédible.

C'est ce que fait Elizabeth George (et probablement la plupart des écrivains professionnels) quand elle va écrire un roman. Elle prépare des fiches avec les traits de caractère principaux de chacun de ses personnages qu'elle consulte tout au long de la progression de son histoire pour être sûre de bien respecter la cohérence de chacun d'eux, chaque acteur du récit réagissant en fonction des traits de caractère préétablis.

Elle ne commence un roman qu'après un long travail de documentation quand elle en a trouvé l'idée, qui prend au moins six mois. C'est très long et très sérieux. Elle se rend même sur les lieux de l'histoire y compris fictive, mesure les trajets en voiture, à vélo... visite certains bâtiments, monuments...

De plus elle ne se lance jamais sans savoir où elle va, c'est-à-dire qu'elle connaît la fin de son livre dès qu'elle commence à l'écrire.


Comme quoi le travail de l'écrivain(e) professionnel(le) est à la fois exaltant... et chiant. Un travail de bénédictin et un chant de bénédictine et vice versa. Lol :D


Senglar/Brabant

J'ai lu une biographie d'Emile Zola, c'est exactement de cette même manière qu'il procédait. Bien sûr, c'est sûrement efficace mais c'est un vrai boulot. Il faut être vachement motivé pour trouver du plaisir à ce travail de recherche, mais c'est la rançon du succès.

L'avantage de se documenter, c'est que l'on apprend souvent plein de choses très intéressantes même si sur le moment c'est rébarbatif, on en ressort plus riche de quelques connaissances...

à Senglar : Bénédictin et bénédictine, rassurez-vous il n'est pas encore nécessaire de prendre le voile...



PS : je pense que la qualité principal d'un(e) auteur est sa curiosité pour pleins de choses.

StéphaNIe