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"Petit Prince" revient sur Terre...
Expert Onirien
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Encore une fois, un merci sincère au CE pour la publication de ce petit poème. Mes remerciements vont également à celles et ceux qui m'ont laissé quelques mots, avec toujours autant de bienveillance et de sincérité.


"Haute voltige de l’imaginable" ! Ces mots de Christiane Singer, je les ai toujours aimés. Je me plais à y voir une tentative de définir la poésie : "Haute", parce qu’il ne faudrait pas contingenter cet art par quelque loi sur la gravité, au risque de ne pas honorer toutes ses richesses et toute sa vastitude ; "voltige", car c’est précisément lorsque ses ailes se déploient que tout devient possible.
Cela étant dit, commençons donc par nous envoler. Enfin, essayons !

Citation :
Madame, Missieu bonjour, mon nom est Davide, votre chef de cabine. Le commandant de bord et l'ensemble de l'équipage ont le plaisir de vous enorgueillir à bord de cet Airbus à trois francs vingt d'Air Bag.
Nous nous assurons de votre sévérité et de votre consort durant ce vol à destination d’Oniris-les-Flots. Veuillez attacher et ajuster votre ceinture de sécurité. Nous vous souhaitons un très bon voyage.

En cas de dépressurisation (prononcé en diérèse, donc en 7 syllabes !), un masque de cresoxipropaneidol en capsule tombera automatiquement à votre portée.
Nous vous rappelons que ce vol est non-fumiste. Je vous rappelle qu'il est strictement interdit de se fumer dans les toilettes.


En effet, si je n’aime pas encager mon imaginaire, c’est parce que j’ai toujours eu peur de lui faire du mal. Mais, je le reconnais, j’ai parfois (souvent ?) tendance à m’envoler haut, très haut, lorsqu’il s’agit de poésie. D’ailleurs, à ce sujet, il m’arrive régulièrement de croiser Jonathan. Le goéland, pas le copain chanteur de David… quoique je ne sois pas spécialiste en ornithologie !

Je disais : si tout devient possible, pourquoi alors nous priverions-nous de la naissance d’un enfant ? Oui ! pourquoi ne "ferions-nous" pas un miracle (tous ensemble) ?

Dans ce poème, la petitesse de l’enfant qui vient de naître, sa fragilité, et l’immensité de l’amour se coalisent. Si la petitesse est celle des "boutons de glycine", du "petit berceau", du "voile fragile", du "muzain" (poème court), la grandeur, quant à elle, s’incarne dans la "voûte palatine" (la voûte du palais… mais pas du palais qu’on a dans la bouche, hein !), dans l’image du "Prince", des "rois" et dans celle, plus métaphorique, de la "grande eau". Le doux parfum de la glycine, fleur tant prisée par les peintres et les poètes, figure l’arrivée du printemps, le renouveau. Le chèvrefeuille, lui, est un symbole d’affection dévouée, des liens d’amour indéfectibles entre les êtres.
Cette noblesse, j’ai voulu la rendre manifeste — aussi — par l’omniprésence du sacré, comme l’ont si bien remarqué jfmoods et Louis, avec un premier quatrain se découvrant comme une référence à la Nativité : "louange", "réunit tous les rois (…) sous l’auvent", ainsi que le verbe "se recueille" dans le quintil.

Mais on le sait, cet enfant ne sera pas fait de chair et d’os, il ne sera qu’une marionnette, qu’un Pinocchio, qu’un artifice. Une invention qui ne survivra que le temps de quelques vers, avant que des "nuage[s] endeuille[nt] [son] rire opalescent" et que le poème s’achève. Comment pourrait-il exister hors de son royaume ? De son royaume poétique ? Celui de son auteur.

Je reviendrai plus tard pour les remerciements individuels… En attendant, voici quelques consignes pour l'atterrissage :

Citation :
Madame, Missieu, nous abordons notre descente vers Oniris-les-Flots.
Nous vous invitons à regagner votre cierge et vous assurer que vos bagages à mains sont situés sous le cierge devant vous ou dans les coiffes à bagages.
Les portes et issues doivent rester dégagées de tout adage.
Si vous changez d'aérostat avec une correspond dense sur un vol Air Nidiscale, veuillez vous présenter aux comptoirs Air Bag et récupérez ensuite vos ravages enregistrés.


Contribution du : 07/11/2019 15:32
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Re : "Petit Prince" revient sur Terre...
Visiteur 
Bonjour Davide

Je pense qu'un incipit nous aurait aidé dans la compréhension
de votre texte.

A vouloir viser trop haut comme vous le réclamez, ne risque-t-on pas de se perdre dans la nébulosité de la stratosphère ?

Bonne fin de journée.

H

Contribution du : 07/11/2019 15:52
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Re : "Petit Prince" revient sur Terre...
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Bonjour

Il va falloir que je change descartesburant car j'avoue être resté scotché au sol cette fois-ci, même si j'aurais aimé voler avec vous tant vos mots sonnent et coulent.

Au plaisir de vous lire
Même si je n'arrive pas toujours à m'élever dans le monde onirique.

Contribution du : 07/11/2019 16:02
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Re : "Petit Prince" revient sur Terre...
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Hananke,
Je ne sais s'il y a beaucoup de nébulosité dans la stratosphère, mais je crois, en effet, qu'un petit exergue aurait été utile.
Merci !

ours,
Merci pour vos mots. J'avais craint - avec raison ! - de laisser un certain nombre de lecteurs sur la piste de décollage. Pour le coup, je m'y attendais. Cela fait partie du jeu, ai-je envie d'ajouter ; nous sommes ici pour apprendre et nous amuser, pas pour se prendre au sérieux - enfin, pas trop.

Contribution du : 07/11/2019 16:28
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Re : "Petit Prince" revient sur Terre...
Chevalier d'Oniris
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Entièrement d'accord avec vous Davide ! De plus vous experimentez avec sérieux et il y a une réelle intention et demarche artistique. Donc il me semble que cela a toute sa place en ces lieux.

Contribution du : 07/11/2019 17:30
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Re : "Petit Prince" revient sur Terre...
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Bonjour Davide,

Je salue cette originale façon de remercier tes commentateurs en insérant des citations d'une petite prose poétique de ton propre cru. Le côté amusant et décalé de "l'opération" n'est de plus pas anodin puisqu'il opère un glissement métaphorique, une sorte de parallèle à ta démarche créative ; je veux parler du fait de se permettre quelque "dérive" sémantique, qui pourraient paraître intempestives dans ces citations, elles y outrepassent leur signification littérale et avouent par leur surréalisme que l'on peut écrire un chose et en exprimer une autre. La dérivée au propos qui en résulte nous propose un clin d'œil sympathiquement décalé. S'y raconte le fait que, particulièrement en poésie, le transparent a vite fait d'être insignifiant et l'explicite inélégant.

Mais évidemment le "dosage" qui "gère" cela reste une des grandes difficultés de l'écriture poétique, sachant qu'elle sera "ingérée" par des personnes toutes aussi différentes les unes que les autres.

L'exergue, ou le pied de page que je préférerais ici, peut offrir effectivement un petit appui au lecteur, mais il devra être d'une discrétion extrême…

Contribution du : 08/11/2019 09:24
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Re : "Petit Prince" revient sur Terre...
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Vincente,

Pour le coup, tes mots explicitent mon intention. Je t'en remercie !

Citation :
le "dosage" qui "gère" cela reste une des grandes difficultés de l'écriture poétique, sachant qu'elle sera "ingérée" par des personnes toutes aussi différentes les unes que les autres.

Tout à fait, la diversité des commentaires en est la preuve.

Dis-moi, que suggèrerais-tu comme pied de page pouvant être ajouté à mon poème pour le rendre plus abordable, si je puis dire, mais sans en révéler tous les secrets ?
Si tu as des idées, je suis preneur, ou plutôt, je suis tout ouïe.


Contribution du : 08/11/2019 11:46
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Re : "Petit Prince" revient sur Terre...
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Citation :

Davide a écrit :
Vincente,

Dis-moi, que suggèrerais-tu comme pied de page pouvant être ajouté à mon poème pour le rendre plus abordable, si je puis dire, mais sans en révéler tous les secrets ?
Si tu as des idées, je suis preneur, ou plutôt, je suis tout ouïe.


Puisque tu m'invites à outre-passer tes droits d'auteur, j'accepte sans prétention de me prêter à ton jeu.

Si tu augmentais en "douceur" l'exergue, je proposerais :
"Un enfantement se crée au gré d'un muzain…" (en profitant de l'homophonie se crée/secret)
ou
"La quête, le muzain et l'enfant."
ou
'Une quête, un muzain et l'enfant" (peut-être un peu moins guilleret)

Ou alors en pied de page :
"Du manque comme bien, ici l'espérance se sublime dans l'œuvre imaginaire."

Mais vraiment c'est sans prétention...

Contribution du : 08/11/2019 14:55
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Re : "Petit Prince" revient sur Terre...
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Remerciements individuels :

cherbiacuespe (passionément) :
"Une poésie de regret où une perte? Entre les deux mon cœur balance."
L’un et l’autre, peut-être. Voyez comme les deux mots sont indissociables. Mais je dirai que le regret ici, dans mon intention, n’est pas celui d’une perte, mais d’une non-exitence.

"Efficace par sa brièveté, écrit avec justesse, des mots choisis avec discernement, qui tapent et qui cognent exactement, accompagnés de formules adéquates, d'images séduisantes et simples, j'adhère pleinement à ce poème. "
Merci beaucoup !

Hananke :
"Je n'aime pas du tout le vers qui se termine par de caresses cousu,
non pas à cause de l'inversion mais je trouve que le mot cousu
ne va pas du tout avec le reste du vers.
"
Oui, je comprends. C’est une métonymie, en réalité. Le « rire opalescent » se substitue au « sourire opalescent ». Si l’image ne vous paraît pas heureuse, sachez toutefois qu’elle se veut autant comme une marque d’amour filial qu’un constat de l’irréalité — voire l’insubstantialité — de cet enfant.

"Ce joli petit poème est , hélas, bien trop court pour ma compréhension. (…) L'ensemble est bien beau mais ne parle pas"
Merci d’avoir apprécié le lyrisme du poème. Désolé que ses images ne vous aient pas été accessibles. J’essaierai de prêter plus d’attention à la contextualiation les prochaines fois…

Provencao (un peu) :
"je n'ai pas recouvré en vos vers l'entière vérité, la lumière et la spontanéité ou le voile fragile n'est pas de ce monde, et qu'à s'y recueillir on risquerait fort de le stigmatiser."
Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.

"J'aurais aimé que votre poésie soit plus simple et plus spontanée "
Plus explicite ? J’essaierai de trouver le bon jaugeage la prochaine fois, sans toutefois jouer dans la transparence. Merci !

papipoete (bien +) :
"9 vers pour le dire me semblent bien peu ; certes, dans un sanglot on peut ne faire que crier quelques mots, mais..."
La concision ne m’a jamais semblé un problème, au contraire. Je la vois plutôt comme un défi, même si j’apprécie tout autant les textes plus longs. Je comprends que ce texte puisse paraître bref en considération de sa densité dramatique, mais il s’agit selon moi d’un faux problème. Ce qui vous a gêné principalement, à mon avis, c’est le fait de ne pas avoir été sûr de comprendre ce que j’avais voulu dire. Davantage de vers auraient sans doute pu éclaircir votre lanterne. N’est-ce pas ?

"mutique/mutine " fait comme un écho"
Oui, mais c’est voulu. Louis donne une explication pour le moins intéressante dans son commentaire.

"vers 6 ( l'inversion de " cousu " place celui-ci un peu loin de son sujet )"
N’est-ce pas pourtant assez commun, en poésie, ce genre d’inversions ? Après, si vous souhaitez de plus amples informations sur la genèse de ce poème, je puis vous avouer que le dernier a servi de fondation, il est donc le premier à avoir été écrit. Et comme il fallait lui trouver une rime en [zu], rime très rare, le mot "cousu" m’est alors apparu comme évident…
En tout cas, merci beaucoup pour votre passage.

STEPHANIE90 (beaucoup) :
"un muzain pour un cri du cœur, c'est en effet court, mais cela ne m'a pas dérangé au contraire..."
Tu m’avoues ne pas avoir été dérangé par la forme, courte, et avoir ressenti ces quelques vers comme un cri du cœur. Cela me réjouit.

"Je lis un fond qui cette fois-ci est à peine juste susurré. Il ne me plaît évidement pas; mais je te tire mon chapeau, c'est rondement mené..."
Ta remarque en rejoint beaucoup d’autres : un manque de transparence, et quelque chose qui fait mal, en filigrane. Pourtant, ce poème n’est pas tragique ; il est simplement triste, certes, mais d’une tristesse recueillie, intérieure.
Merci beaucoup pour ton commentaire.

Vincente (passionément -) :
"La beauté formelle habille avec délicatesse le souhait procréateur, si la mélancolie vient poindre dans la félicité virtualisée, c'est pour souligner que le désir sans réalisation est frustration. Celle évoquée semble bien douloureuse."
Ces quelques mots résument à merveille mon intention.

"dans la première strophe (…) le narrateur y a un regard très expansif, portant à l'idéal, dans une sorte d'allégorie d'un lieu d'amour parental. (…) Dans la seconde, un zoom focalise sur le fait que l'état "rose" est entaché par "quelque nuage" endeuillant un "rire…cousu"."
Très bien vu ! Je ne saurais ajouter quoi que ce soit, sinon ce que j’ai détaillé quelque peu dans le premier post.

"La pudeur de l'auteur ne nous donne pas accès à d'autres "informations" qui empêcheraient son narrateur d'avoir d'enfant."
Bien sûr ! Neuf vers obligent à ne garder que l’essentiel, ou plutôt, à élaguer tout le superflu.
Merci beaucoup pour ton passage et ton commentaire avisé.

Miguel (un peu) :
"Dans l'ensemble les vers sont mélodieux mais on a du mal à comprendre le contexte, tant ce poème est sibyllin"
Comme d’autres, vous soulignez le manque de clarté — je n’y reviendrai pas — mais avez malgré tout apprécié la musicalité des vers.

""A grande eau" ne me paraît pas très heureux."
Je suis d’accord, l’image sonne bizarrement. Mais je me permets ce genre de fantaisie parce qu’elle porte une signifiance dramatique ; je l’explique en partie dans le premier post de ce fil de discussion.

"On ne sait ni où l'on est, ni quand, ni si cet enfant existe (à qui l'auteur dit-il "ta lèvre mutine"?) ou s'il est fantasmé"
Vous posez beaucoup de questions et, d’une certaine manière, cela me réjouit, car cela prouve que vous touchez le voile de mystère enveloppant cet enfant.
Il semble toutefois évident que le narrateur, en s’écriant "ta lèvre mutine", s’adresse à l’enfant, au Petit Prince du titre. Mais celui-ci n’existe que dans l’esprit du narrateur…

"Balzac écrit : " Raisonner là où il faut sentir est le propre des âmes sans portée.""
Je suis d’accord ! Mais vous n’allez pas vous obliger à aimer un poème dont vous ne comprenez pas le sens, n’est-ce pas ? Vous pouvez l’aimer, mais vous pouvez également ressentir une certaine frustration, voire parfois une sensation de duperie. Personnellement, je ne cherche pas la mystification, encore moins à escroquer mes lecteurs, je prends soin de donner sens à ce que j’écris, même si les liens entre divers éléments peut paraître ténu.
En tout cas, je vous remercie beaucoup.

PIZZICATO (beaucoup) :
"Est-ce l'enfant qui pleure ou bien est-ce le narrateur qui réalise la tristesse de ce qui ne sera qu'un rêve pour lui ? « toi l'enfant que je n'ai jamais eu "."
Sans doute un nombre certain de lecteurs s’est posé cette question : en fin de compte, selon l’angle de vue, les deux peuvent être envisageables, mais la deuxième est bien celle qui m’a poussé à écrire ce poème.

"l'image ''midi se recueille '' et surtout ce verbe donnerait à penser que l'enfant meurt..."
L’enfant meurt, en effet. Le narrateur s’extrayant du rêve (celui qui berce le premier quatrain) réalise que cet enfant n’a, en réalité, jamais existé. L’enfant meurt de n’être plus alimenté par l’imaginaire fécond du narrateur, le désir de sa paternité.

"Je reste assez réservé sur mon interprétation ; mais c'est aussi son côté sibyllin qui rend ce texte attrayant."
Bien que n’étant pas sûr de votre interprétation, vous dites avoir apprécié cette lecture. J’en suis ravi. Merci beaucoup !

jfmoods :
"Comme les deux faces d'une même pièce, quatrain et quintil s'opposent."
Exactement, le quatrain et le quintil sont indissociables, comme liés par le destin.

"Au fil du quintil, la perspective bascule. (…) [C]et enfant est dépourvu de consistance : c'est un fantasme, la construction exaltée d'un esprit en souffrance."
Tout à fait ! Votre explication rejoint mon intention.

"parties du corps à la rime : "voûte palatine", "ta lèvre mutine""
Vous n’êtes pas le seul à parler de "voûte palatine" pour désigner la partie du corps de l’enfant, ce qui n’était pas mon intention. Pour tout vous dire, je n’y avais même pas pensé — regrettant au passage d’avoir fait quelque humour à ce sujet dans mon explication ! Cette compréhension trouve magnifiquement sa justification à côté de la "lèvre mutine".
Merci beaucoup pour votre passage !

Louis (beaucoup) :
"un amour est déclaré pour un enfant, un « petit prince », qui n’a jamais trouvé le chemin de la venue au monde. (…) [U]n « petit prince » inexistant et pourtant personnifié, auquel les mots seuls donnent vie, auquel la poésie donne figure, de façon fantasmée, exprimant la force d’un amour, et d’un désir contrarié."
Vos mots caractérisent magnifiquement l’intention dramatique. Tout y est.

"La lèvre enfantine s’avère pourtant « mutine », rebelle. Le prince résiste à l’appel d’une naissance, il se refuse à une existence. Le «mutique » se transforme en « mutine » pour des louanges données, et en même temps refusées, louanges qui restent donc silencieuses sur des lèvres qui déclinent l’existence, disent non à la vie."
Votre commentaire en certains points outrepasse ma propre pensée. J’avais vu cet écho de sonorités comme une insistance, l’obstination du désir chez le narrateur en carence. Votre interprétation ne peut que me séduire, tant elle épouse la signifiance de la narration.

"Tous les rois sont réunis, et l’on peut penser à une autre nativité, celle qui se fait dans un printemps au cœur de l’hiver, après le solstice, quand renaît la lumière."
La référence à la Nativité est un choix de sacraliser cette naissance, le rêve du narrateur, sa résolution, tout cela l’invite à magnifier l’instant, voire à le défier. J’aime beaucoup votre peinture de cette "autre nativité", dès que les jours commencent à rallonger. Une re-naissance qui se veut peut-être précipitée… Au passage, j’ai adoré votre image de "l’épiphanie refusée".

"L’enfant qui devait sourire à la vie, celui dont a tant caressé la venue, tant caressé l’espoir d’une présence, ne sera pas de ce monde : « ton rire opalescent de caresses cousu »."
En effet, c’est bien l’espoir de sa venue que l’on a tant caressé, l’insusbtantialité de son rire en gestation.

"La nature, d’abord si accueillante, ensoleillée, souriante, s’est assombrie, s’est voilée, et pleure en « grande eau ». (…) Le « berceau » naturel qui devait recevoir l’enfant est « jonché de chèvrefeuille », couvert comme d’un linceul. De berceau, il se fait cercueil : « tombe » un voile ; « midi se recueille »."
L’image de ce berceau devenant cercueil était pour moi très visuelle, avec ce voile qui tombe (le mot tombe pouvant renvoyer à l’image de la tombe) et vous êtes le seul à l’avoir notifiée. Toutefois, dans mon esprit, le "chèvrefeuille" n’avait qu’une valeur symbolique, celle que vous précisez et explicitez en suivant.

"C’est un tel arbuste qui symbolise, en effet, l’attachement éternel entre Tristan et Yseut, quand un rameau de cette plante s’enlace au coudrier ( autre nom du noisetier ; de la même famille que le verbe « coudre », le coudrier fait écho au « rire de caresses cousu »)."
Je dois être honnête, je n’avais pas la référence du coudrier. De plus, je ne connais Tristan et Iseult qu’à travers l’opéra de Wagner, et n’en suis pas spécialiste. Merci pour cet éclairage passionnant !
Merci tout plein pour votre commentaire. Un régal. J’en suis même honoré !

Anje (beaucoup) :
"La première strophe m'a fait apercevoir un petit Jésus plus qu'un petit prince. "
Oui ! On peut parler de métaphore. Mais les deux compréhensions s’entrelacent.

"Le verbe onduler image, pour moi, cette vaguelette sur l'eau plate d'un lac, la danse des blés sous un souffle léger ou encore la fuite de la couleuvre. Le verbe balancer me semblait plus approprié."
En effet ! J’avoue avoir à peine détourné le sens commun du verbe "onduler", mais ce verbe s’emploie également pour parler de ce qui se meut avec fluidité (onduler venant du mot onde). Et puis, le boutons de cette fleur semblent de petites gouttes qui pleuvent sur les façades. L’image m’a paru jolie, d’autant plus qu’initialement, j’avais écrit : "Des gouttes de glycine..."
Je ne peux pas changer le nom de le fleur puisqu’elle a une "teneur" symbolique particulière qui justifie pleinement son emploi.

"Difficile d'enrichir cette rime en "euille"
Oui, et c’est même impossible ! Et pourquoi l’enrichir, n’est-elle pas assez belle ? En fait, très peu de mots riment en [euille], à part les dérivés de "feuille" (porte-feuille, millefeuille, effeuille, défeuille…), de "cueille" (cueille, recueille, accueille…), "veuille"/"reveuille", "endeuille" et quelques noms propres ou noms communs peu connus.
Merci beaucoup pour vos remarques fort intéressantes !

Lebarde (beaucoup -) :
"Vous êtes familier (ère) des formes de poésie peu usitées et une fois encore, à en croire les spécialistes, ce muzain est sans reproche et je le trouve réussi."
Familier, au masculin ! Merci ! Il y a sur le site quelques amateurs de ces formes peu usitées. Les derniers muzains que je me rappelle avoir lus sur le site : Les noces blanches et Le dais de l’aurore de Cristale et Absence de Sarah_K. J’espère que les auteures de ces poèmes ne m’en voudront pas de les citer, d’autant moins qu’ils sont superbes tous les trois.

"La concision du propos le rend particulièrement incisif et direct mais aussi ouvre la porte aux interrogations. L'absence regrettée de l'enfant virtuellement aimé vient du fait qu'il a jamais existé ou qu'il n'est plus?"
Comme beaucoup, vous vous êtes posé la question. Il n’a finalement jamais existé.

"Dommage pour "mutique" et "mutine", certes de sens différent, mais qui placés dans un même ver m'ont un peu dérangé."
Je sais que ce genre d’échos s’évite autant que possible en poésie classique, du moins, en poésie versifiée. Mais le rapprochement est ici totalement intentionnel, marqueur d’insistance.
Merci beaucoup pour votre commentaire.

Pouet (bien +) :
"Le premier quatrain et sa "voûte palatine" évoque donc le "palais" de l'intérieur de la bouche. Je trouve ce terme particulièrement évocateur, il renvoie dans l'imaginaire (le mien du moins) à je ne sais quel "palais de marbre et d'or" ornementé à son plafond d'une fresque de Michel-Ange... Mais non, c'est juste un terme d'anatomie... "
Comme jfmoods, vous y avez vu le palais de la bouche, alors que ce n’était pas là mon intention. Mais cette interprétation est tout à fait valable ; elle me plaît beaucoup !

"Ce premier quatrain, donc, semble évoquer un sourire ou un rire, une attente de naissance, mais je n'en ai pas saisi toutes les subtilités (…) Les vers suivants semblent être un "contrecoup", un retour au réel, un chagrin, un regret. (…) [C]et "auvent", cocon face aux intempéries, qui paraissent appeler un "extérieur", peut-être une scène champêtre métaphorique représentant la maternité, un "renouveau", un "éveil", il y a dans la progression du poème comme une aube ensoleillée se voilant de nuages noirs."
J’aime beacoup tout ce que vous dites. Vous ressentez avec finesse l’atmosphère qui baigne ce poème, le contraste entre la quatrain et le quintil, mais vous n’avez pas précisément compris de quoi il en retournait.

"J'ai lu avec plaisir, j'en ai apprécié le mystère. Une certaine "densité", un lyrisme certain servant bien l'émotion."
Merci beaucoup !

""un brin de chèvrendeuil""
A ce niveau-là, j’aurais jamais osé ! Jeu de mollets dites-vous ! Jeux d’œufs mollets, rétorqué-je. Mais j’aime le surréalisme et la fantaisie. On mélange bien les couleurs en peinture ! Pourquoi, nous, auteurs, nous empêcherions-nous de mélanger les mots entre eux ? Belle initiative.

Contribution du : 08/11/2019 16:07
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Re : "Petit Prince" revient sur Terre...
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Citation :
"Un enfantement se crée au gré d'un muzain…" (en profitant de l'homophonie se crée/secret)
ou
"La quête, le muzain et l'enfant."
ou
'Une quête, un muzain et l'enfant" (peut-être un peu moins guilleret)

Ou alors en pied de page :
"Du manque comme bien, ici l'espérance se sublime dans l'œuvre imaginaire."


"Un enfantement se crée / secret" me paraît bien joli, mais la notion d'irréalité est-elle en cela plus évidente ?

Le mot "quête" (2e et 3e exemples) introduit l'idée d'une gestation, de quelque chose en devenir, et laisse supposer le manque éprouvé, mais cet exergue est-il suffisant pour que tous puissent comprendre le poème ?

Cette note en bas de page a le mérite de clarifier l'intention ; l'idée du manque, de l'espérance, de la sublimation et de l'imaginaire s'entremêlent intelligemment. J'aime beaucoup.

Merci pour ta réponse sans prétention, éclairante.


Il serait bien intéressant de savoir ce qu'en pensent ceux n'ayant pas réussi à entrer dans mon poème...

Contribution du : 08/11/2019 16:19
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