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Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
Organiris Animodérateur
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Bonjour à tous,

Tout d'abord, je tiens à remercier vivement le comité éditorial ainsi que l'équipe qui s'affaire à la gestion de notre site.

***

Ce poème se penche sur l'affectivité humaine, depuis "l'attachement" envers sa propre personne à celui qu'elle porte aux autres. Il tente d'adresser son regard, "suscitation", sur la relation à nos proches dans notre moment vivant et corrélativement, au-delà de ses résonances, dans ce qu'il sera dans notre état mort. Mais il se place dans une position délibérément unilatérale, ce qui avoue être paradoxal quant à une interrogation relationnelle ; comme si l'autre était hypothétiquement dans une présence neutre, sans capacité à agir sur la conscience du narrateur qui se (re)met en question.

Considérant les trois postulats suivants :
- Au bout du bout, l'on est seul face à sa mort.
- La "vie" dans l'au-delà est une notion "mort-née" ; une interprétation que l'homme se forge pour se rassurer.
- La conscience qu'il a de ce moment "d'après" s'éteint à l'instant de sa perte de conscience finale.

L'inquiétude, née de la potentialité d'un effacement de nos sentiments dans notre conscience abîmée (jetée en abîme par accident, maladie ou fin de vie), m'a poussé à "essayer" cette "solution". "Décider" qu'il serait raisonnable de bien saisir ce fait : sans notre conscience pour penser, ressentir, aimé, ces trois endroits de l'affectif, la "douleur" de la perte s'éteint à l'instant de la perte de notre conscience.

Par cela, se convaincre que ce que les vivants vont faire de vos restes, physiques et affectifs, se trouve sous leur gouverne. Vous, moi, dans l'au-delà n'êtes en mesure ni de les ressentir, ni d'agir dessus, (même pas de dessous… :)… ). Alors à quoi bon en faire toute une histoire ?...
Par contre un petit poème ne pourrait-il pas aider à la reconsidérer, et peut-être même à en mourir l'angoisse rampante.

***

Sur les mots au cœur de l'expression du propos, j'ai joué sur le potentiel collaboratif de la polysémie des termes "espace" et "jeu", et des vastes capacités des notions de "conscience" et de "oubli".

Et puis je reconnais avoir délibérément adopté dans ce texte un mode de formulation que je me permets d'appeler "philo-poésie", où deux champs d'expression tentent de se marier, et même plus puisque se servant réciproquement l'un l'autre. La poésie offrant ses images et sa vision diffractante, son verbe vagabond, et la philosophie sa volonté d'interroger et de raisonner.

Je comprends que ce parti pris puisse frustrer les amateurs de textes plus exclusivement poétiques, mais je soutiens qu'une catégorisation systématique de "la poésie" serait très réductrice, et en défaveur de ce domaine de pensée et d'écriture qui justement "éclate" et revisite les frontières du réel. Ainsi et par exemple je trouverais bien regrettable que sur Oniris, une nouvelle catégorie voie le jour qui satisferait à une sectorisation limitante, alors que justement la poésie se joue des limites, je dirais même que ce jeu est ce qui la caractérise.

***

Vos commentaires, dont je vous remercie de tout cœur, présentent des remarques formelles convergentes autour du vers final, comme trop conclusif, appuyant le versant philosophique ou détriment de celui poétique qui devrait être prépondérant. Elles m'amènent à faire une modification unique mais résolvant je crois, je l'espère, de multiples réserves reçues. Ainsi je vais déplacer ce vers au milieu du texte, entre les "…je me suis vu" et "hors de moi…", tout en restant "isolé" par des interlignes. Il deviendra donc plus un rebond, une action qui articule, plutôt qu'une fin sur laquelle se dépose le propos ; ainsi "l'à venir" du poème achevé sera plus offert à un prolongement plutôt que fermé dans un retour à la source se regardant.

Pour les réactions particulières, je réponds ici en quelques mots :

@Robot – (beaucoup↓)
Le "libre" en toute liberté mais pas n'importe comment, je suis heureux que vous ayez pu l'apprécier et ainsi avoir pu profiter du fond.
Ce "nous"qui s'immisce au milieu des "Je" avait le projet d'associer les autres humains et donc justement d'éviter un nombrilisme par trop limitant ; mais je reconnais que ce choix avait l'inconvénient que vous avez ressenti. Je crois en effet comme vous qu'un "Je" aurait eu plus de centrage et donc de focalisation constante sur le narrateur, ceci en toute cohérence avec ce qui se raconte.
Vous avez bien pu vous saisir de l'articulation entre le "jeu" et le "je", j'en suis rassuré.
Pour le dernier vers dispensable, vous faites partie de ceux qui m'ont poussé à le déplacer comme je l'ai expliqué plus haut.
Merci beaucoup Robot.

@Cat – (beaucoup)
Je me réjouis que tu aies pu te fondre dans ce que tu as perçus comme "une excursion claire et limpide dans la réflexion de soi, là, maintenant et après.", et qu'il t'ait vivement interpellé, toi une de mes "sœurs d'esprit et de sang".
Le dernier vers remis en cause, OK. Et tant mieux que tu aies aperçu la déclinaison "suscité/ressuscité" très volontaire bien qu'assez discrète suggérant la vie relationnelle "considérée/reconsidérée" dans ce poème.
Merci beaucoup Cat.

@Castelmore – (beaucoup)
Vous "aimez bien l'idée"… développée ici, et je sens que vous ne vous y êtes pas trompé.
Je vous rejoins dans votre réserve quant à la forme un peu trop direct de l'expression, cette recherche qui aurait pu être "plus évoquée". Oui, je vous dirais pour prolonger ce que je soulignais plus haut concernant les particularités d'une poésie philosophique, qu'est bien là la difficulté de réunir deux modes d'écriture sans que l'un prenne le pas sur l'autre. Quand le sujet, comme le présente celui-ci, est de conceptualisation "difficile", le verbe peut se faire hésitant pour satisfaire aux nécessités de l'un et de l'autre. La recherche du bon équilibre est passionnante, elle représente à mes yeux une gageure supplémentaire à celles déjà inhérentes à chacun des domaines en présence. Ce "travail" de composition appelle une dosage et une pertinence dont les exigences forment une contrainte en poésie libre ; s'avoue en cela un bénéfice attendu et paradoxal où l'on se trouve à faire du libre avec contraintes… ! Décidément la contrainte se révèle encore une fois une jeu utile.
Merci beaucoup Castelmore.

@Bellini –(bien)
"La lumière de mes paupières" a trouvé une résonance qui a fait vibrer les vôtres… voilà un profond plaisir pour l'auteur !
Vous écrivez :
"« la preuve
quand je meurs
ils disparaissent de mes soucis »
qui signifient évidemment : « si je ne pense plus à eux, c’est comme si j’étais mort »
"
Je vous confirme que ce sens second entre bien dans ma volonté de dire cette sensation dans le temps de mon vivant. Mais aussi je veux sous-entendre qu'il avoue que je me rassure ainsi de ne pas devoir être habité éternellement par un ressentiment d'outre-passé, qui percevrait la vie de mes descendants sans la moindre capacité de les accompagner et de les soulager des moments les plus douloureux ; le paradoxe peu avouable étant de la jouer assez perso dans ce dernier versant, pour me départir d'une angoisse potentiellement éternelle…

Votre gêne quant à l'emploi de "l'envers et le travers de moi" m'a réveillé/révélé[/i]" un doute que j'avais eu à l'écriture, je vais à votre suite donc le remplacer par un simple "en" ; ce qui donnera un vers moins philosophique en effet comme ceci "quand je dors ils se baladent en moi". Le dernier vers conclusif, oui il est ici de trop, ah cette manie de vouloir résumer et conclure…! Vous aurez vu dans mon introduction le sort que je lui ai réservé.
Merci beaucoup Bellini.

@Malitorne – (un peu)
Vous écrivez : "…je me demande si c’est vraiment une poésie, nous sommes davantage dans une réflexion métaphysique", donc je m'interroge avec vous sur ce qu'est une "poésie" ; et ceci en parallèle à mon point de vue résumé évoqué plus haut.
"Musicalité" et "harmonie des vers" en seraient les composants axiales ! Alors quid des poésies en prose donc certaines primées (et donc reconnue comme telles), quid des formes aphoristiques d'un René Char ou d'un Pessoa dont la forme est souvent un simple vecteur de réflexion, quid de la pongienne poésie de "l'anodin", etc… je vous demanderais donc "où est le fond" dans votre approche de la poésie ? Je pourrais aussi vous dire que là nous touchons le fond… :) … une poésie offre à mon sens d'abord son fond, la forme est son support ; sans fond l'objet qualifié de poème est un exercice… "à fond plat". De plus, je m'étonne que ce que vous qualifiez, de "réflexion métaphysique", n'ait pas sa place en terre poétique, car j'ai l'impression au contraire qu'un poème est d'abord une expérience métaphysique ; le réel y transparaît au travers de prismes colorant, diffractant, augmentant, explosant le physique.
En vous lisant, je me sens à votre opposé, et pourtant je devine que nous avons des attentes communes, des attentes d'idéalisation dans le verbe qui potentiellement peut nous aider à appréhender le monde.

Je me rebifferais aussi sur le fait que mon poème serait dénué de musicalité (mélodie et rythme qui s'ils ne vous ont pas séduit n'en demeurent pas moins décidés, ajustés en vue d'accompagner l'expression).

Vous écrivez :
"…nous avons affaire à un point de vue typique du courant idéaliste, qui fait exister les choses et les êtres à travers nos yeux.".

Dans ce poème, je n'oublie pas le fait que le monde "tourne" sans la modeste personne du narrateur, ce n'est pas un oubli, ce n'est hors sujet. Je suis dans une démarche où je cherche au contraire à déceler ce qui, dans cette immense entité multiple, permettrait à l'homme, donc l'être singulier qu'est chacun, de se saisir de lui-même (au temps de son vivant) et de sa projection ultime (au temps de son état mort) portée par ses descendants ; j'y parle de l'homme mais pas de son rapport à son environnement en général, mais de celui avec ses congénères. La question, mon propos, est de tenter des "pistes" d'appréciation pour que le "Je" du narrateur, se meuvent avec les siens dans le jeu (espace minime laissé, en mécanique pour un fonctionnement et en biologie, de nécessité vitale pour l'évolution) que lui offre pour vivre " l’univers " que vous comparez dans une tentative de didactisme à " une immense soupe énergétique faite de résonances et de vibrations, un tout indissociable inscrit dans un espace/temps ". En l'occurrence, dans mon poème, je ne remets en cause ni la véracité ni l'intégrité des phénomènes auquel l'homme ne prendrait pas part, je cherche avec mon narrateur un angle de vue, un bon endroit pour les percevoir, une façon justement de ne pas négliger leurs importances, ce qui en final reviendrait à ne pas en tenir compte et à rester dans ce " « Je »… pivot du monde" peu reluisant.
Je pense que l'homme est un être concentrique, effectivement de son point de vue humain tout tourne autour de lui, puisque l'œil qui "apprécie" est le sien. Que des "univers" vivent ici ou là peut l'intéresser dans l'absolu, mais son besoin vital est de se soucier de l'impact que ces singularités auront finalement sur lui.
L'indéniable "je pense donc je suis" n'est que de très loin une résonance de me mon vers "j'existe par moi je me suis vu" car ce dernier n'évoque pas l'affirmation de l'existence absolue de mon narrateur, mais lui relativement à ses congénères, et en particulier à ses proches. Ainsi il invoque une "reconnaissance" de lui-même par rapport aux autres, et absolument pas de lui en tant qu'être vivant ; dans un cas le regard est dans le relatif, et dans l'autre il est dans l'absolu.

Votre regard n'a pas manqué de me faire réagir, vous l'avez remarqué, il est lui-même venu en réaction à votre lecture "opposée" de cette philo-poésie, lançant une controverse philosophico-poétique intéressante.
Merci beaucoup Malitorne.

@Pouet – (beaucoup)
"Comme un marionnettiste sur le fil de l'instant" ! Oui c'est bien ma posture dans ce texte, sortir du réel, le modéliser dans un cadre hypothétique pour le faire avouer ! Qu'il nous dise quelque chose "entre la conscience et l'oubli", sur notre "intérieur projeté".

Combien je reconnais ma démarche dans ton " Il s'agira de voir pour peut-être se trouver - les yeux fermés... " !!!
Merci beaucoup Pouet.

@Yannblev – (sans)
J'apprécie votre avis disant " Un poème, une réflexion plutôt, quelque part antithèse de la pensée rimbaldienne qui estimait que la création artistique, la poésie, ne naissait que lorsque la parole échappait au surmoi… ce moi qui échappe à JE ou le complète. ". Antithèse oui mais dans le but d'en explorer le point de vue en y piochant sa part contradictoire et celle collaborante ; je pense qu'il se situe justement à la croisée de deux démarches qui se conjuguent avec bénéfices réciproques.
Considérant la "question éternelle et débattue reste de savoir si JE suffit toujours à définir ce que « je suis » …", je pense qu'on peut affirmer que si le "je" qui se perçoit par lui-même se limite par définition à lui-même, j'entends aux capacités qu'il a de se voir exister, son existence le dépasse largement par l'ensemble de ses expressions.
Merci beaucoup Yannblev.

Contribution du : 15/09/2020 10:31
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Re : Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
Visiteur 
Bonjour Vincent,
Sœur d'un jour, sœur toujours ! J'en suis fort aise...
Sans compter que la philo-poésie est la maison qui me loge le plus souvent.

Citation :

Vincente a écrit :
Vos commentaires, dont je vous remercie de tout cœur, présentent des remarques formelles convergentes autour du vers final, ... Ainsi je vais déplacer ce vers au milieu du texte, entre les "…je me suis vu" et "hors de moi…", tout en restant "isolé" par des interlignes. Il deviendra donc plus un rebond, une action qui articule, plutôt qu'une fin sur laquelle se dépose le propos ; ainsi "l'à venir" du poème achevé sera plus offert à un prolongement plutôt que fermé dans un retour à la source se regardant.


C'est ainsi que je voyais le vers final, un rebond qui rendra son propos plus fort encore !

Merci pour ce retour éclairant sur ton poème, et merci pour tes... remerciements. Je reste très sensible à ce que l'auteur prenne en considération les remarques qui lui sont faites, au moins pour montrer qu'il est touché par l'attention qui lui est portée. Et j'avoue que commenter des auteurs qui ne savent même pas se manifester par un simple MP, m'a découragée et me décourage encore trop souvent.

Au plaisir de te relire...


Cat

Contribution du : 15/09/2020 11:38
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Re : Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
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J'ai lu à nouveau le poème en intégrant le déplacement du vers final. Cette modification me convient car en plus, elle renforce en cours de lecture l'idée générale du récit.

Bonne continuation.

Contribution du : 15/09/2020 12:30
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Re : Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
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Slt,

je ne sais pas si le texte est "philosophique", d'ailleurs, comme Cioran, je me méfie de la "philosophie... :)
Et des "dogmes" en général.

Non, plutôt métaphysique - dans son sens de "science de l'être" en tant qu'être :)

Enfin, je ne sais pas, je ne suis pas vraiment un ami de la sagesse et mon regard de taupe existentiel m'empêche de voir après la nature...

C'est une poésie quoi et je te rejoins entièrement concernant les "catégorisations".

Au plaisir

Contribution du : 15/09/2020 12:53
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La compréhension n'est pas nécessaire à la poésie, mais la poésie est nécessaire à la compréhension.
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Re : Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
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@Cat et Robot, merci de ce votre bon avis confirmant le réajustement de la place de mon dernier vers.

Cat, la "philo-poésie" est donc aussi ta maison voyageuse, là où Pouet s'interroge, en bon "penseur", sur ce qui fait philosophie plutôt que ce qui dans la poésie aurait un caractère philosophique... En tout état de cause, l'important est qu'un poème parle dans un entendement qui se perçoit par la sensibilité/sensibilisation d'émotions expressives... même la plus évanescente des poésies devrait laisser une trace, subliminale ou apparente dans l'esprit de son lecteur.

Contribution du : 15/09/2020 13:21
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Re : Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
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Concernant le premier point – qu’est-ce que la poésie ? – je n’ai pas envie de partir dans des débats stériles et sans réponse mais j’ai par contre des certitudes, disons des grilles de lecture. À l’instar de la peinture, je juge la qualité d’une œuvre d’abord sur ses difficultés techniques. Je l’ai souvent dit sur ce site, la forme classique m’apparaît la plus aboutie car elle conjugue inspiration et maestria. Il n’est pas suffisant de jeter des mots sur le papier au petit bonheur la chance, il faut aussi respecter une structure, donner forme à sa pensée selon des canons requis. Pour qui s’est déjà penché sur le traité de Sorgel, il sait combien c’est compliqué ! Le résultat est donc le fruit d’un véritable travail, d’un long apprentissage. A contrario la poésie libre m’apparaît non pas inintéressante mais trop facile, tout ceux qui ont une expression correcte peuvent s’y essayer. L’art s’apprend, il n’est pas intuitif, ou alors qu’au début. J’ai donc une échelle de valeur poétique au même titre que la peinture, où je place un Vermeer loin au-dessus des grands aplats noirs de Pierre Soulages. Ne pensez pas que j’ai la vision d’un vieux con rétrograde, j’aime l’art dans son infini pluralité mais reste très sensible au savoir-faire.
Ceci pour la forme, pour le contenu, ma foi, je n’ai aucune objection. Je ne vous aurais pas fait de remarque si votre métaphysique s’était inscrite dans le cadre sus-cité. Telle quelle, j’ai bien du mal à goûter l’essence poétique.

Concernant le thème, je me doutais que je n’appréhendais pas véritablement votre sujet, un peu abscons pour ma part, mais j’avais envie de broder sur notre rapport au réel. J’étais donc bien dans le faux car vous parliez « de l'homme mais pas de son rapport à son environnement en général, mais de celui avec ses congénères ». La relation aux autres est la base de notre « moi », c’est certain, on peut même se demander ce que nous serions sans eux : un corps sans conscience ?

Contribution du : 15/09/2020 13:47
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Re : Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
Visiteur 
Bah, en fait, Vincent, peut-être que c'est Pouet qui a raison. Car, si j'ai toujours appelé philosophie les ébats fous de la pensée et les chemins de traverse qu'elle nous fait emprunter à son bon gré (comme ici, la Poésie), je n'ai jamais songé à m'interroger sur le côté métaphysique de la chose, puisque pour moi c'est tout en un...

Ce qui pourrait être une ébauche de réponse à Malitorne concernant son point de vue sur la poésie libre prétendue facile.

C'est vrai, on peut la qualifier de facile dans ce sens que lorsque on écrit, on n'a ''qu'à'' se laisser porter par les émois soulevés par la réflexion, sans chercher à coller aux sacro-saintes règles établies, même si ainsi faisant, on répond à d'autres règles forgées par soi-même : la musique des mots, ses assonances, par exemple...

Si je peux comprendre, et je respecte, le bonheur procuré à ceux qui aiment s'astreindre aux règles strictes du Classique, chez moi, et chez bien d'autres encore, je le suppose, c'est tout le contraire qui se produit. On grimpe au rideau grâce à cette fameuse liberté qui nous grise au-delà des mots. Que cela produise, ou non, une réussite pour des yeux et des oreilles aguerris, comme avec le plus appliqué des styles classiques, vous en conviendrez.

La force de la poésie réside, pour moi, dans la magie des images qu'elle est capable de soudoyer et la musique qui souvent l'accompagne.

Ceci dit en tant qu'amateur humblement éclairée, et si je puis me permettre ce raccourci, je ne suis qu'à moitié étonnée que quelqu'un qui préfère à la poésie libre, un texte sculpté dans les règles de l'art, soit le même qui aime les peintres impressionnistes. Les outrenoirs de Soulages ouvrant davantage les portes à l'imagination, ils ne ''mâchent'' pas le travail de celui qui les regarde...

Il reste encore tant à dire sur le sujet, mais j'ai bien aimé tenter de rebondir un peu.


Cat

Contribution du : 15/09/2020 15:15
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Re : Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
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@Malitorne, vous écrivez :
Citation :
Concernant le premier point – qu’est-ce que la poésie ? – je n’ai pas envie de partir dans des débats stériles et sans réponse mais j’ai par contre des certitudes, disons des grilles de lecture. À l’instar de la peinture, je juge la qualité d’une œuvre d’abord sur ses difficultés techniques.


Donc vous pensez qu'une œuvre a plus de la valeur parce qu'elle a été difficile à réaliser. Ainsi d'une part vous jugez non le résultat, mais ce qui le produit, et d'autre part, vous pensez que plus il y a de labeur ou de "difficulté" dans la réalisation, plus abouti sera l'objet créé. Je ne comprends pas en quoi d'une ascèse ou d'une "mise en danger" technique un aboutissement serait plus accessible, plus révélé, vraiment il n'y a pas de corrélation directe.
Pourtant je pense comme vous que la "facilité" n'est pas le bon chemin pour parvenir à une fin exigeante.

Vous parlez dans votre comparaison Vermeer/Soulage d'un apprentissage inévitable pour produire de "l'Art" (vous voulez j'imagine parler de "l'art réussi", celui qui rencontrerait un public, considérant peut-être que sans public il serait de moindre valeur !) ; vous dites donc "l'Art s'apprend", mais qui vous contesterait ? pas moi en tous les cas. Seulement il faut pouvoir imaginer que les "classes" nécessaires ne se font pas forcément dans les mêmes écoles.
Vous pensez vraiment que Pierre Soulage fonctionnait sans travail ?? le fait d'utiliser son intuition n'interdit pas de se former… à l'intuition, et aux techniques qui semblent à l'artiste celles qui lui permettront de faire aboutir son expression ; si je vous disais que pour moi savoir donner une voix à son intuition s'apprend. Coucher en trois mots, en trois coups de pinceau un objet parlant n'est ni simple ni banal ; dans l'art minimaliste, c'est le dépouillement même qui prend sens ; tableaux abstraits, haïkus, chants a capella sans paroles, etc…. Un "inventeur" comme Soulage est d'abord un chercheur, qui fouille, interroge, remet en question pour avancer, faire avancer ; je dirais même qu'à l'inverse d'un classique dépendant du dogme de règles séculaires, un artiste défricheur fait progresser l'Art, là où le classique se satisferait de reproduire des techniques qui fonctionnent. Un Soulage prend des risques, et rien n'est facile pour lui, justement parce que il avance en terre inconnue, ou si peu empruntée… !

Je revendique le fait que dans un poème comme celui-ci, je n'ai utilisé la forme libre pour bénéficier de facilités, mais d'une capacité précieuse et délicate, sa souplesse ; domaine où une prosodie par trop rigoureuse créerait un frottement supplémentaire. Quand le propos est difficile à saisir, le libre participe plus pertinemment à l'énonciation des attributs en instance.
Ce que je pense c'est qu'en libre particulièrement, la contrainte première vient de la langue, elle est à la fois la plus dévouée compagne de l'expression et sa plus exigeante adversité ; la gageure est déjà assez extrême en cela dans un propos complexe et subtil pour que des "artifices formelles" ne viennent pas en rajouter. Une des preuves est que mon texte, sûrement pas le plus parfaitement écrit, reste difficile à saisir, vous l'avez-vous-même souligné et vous vous y êtes un peu ébréché les dents ; j'en reste désolé !

Notre échange est riche de nos convictions réciproques, et cependant pour une bonne part antagonistes ; vous déclarez aimer l'Art dans son "infini pluralité", je pourrais en faire de même, mais voyez-vous, puisque j'évoque un certain antagonisme, je vous dirais qu'il n'est pas rare que je trouve "faciles" des poèmes classiques, justement parce qu'ils cachent une relative platitude foncière dans leurs atours sophistiqués. Nous sommes un peu pareils et pourtant bien différents.

@Cat
Tu nous disais de la "même maison" d'expression, et en effet à nouveau je me reconnais dans ce que tu reprends dans ce dernier post. L'on est bien d'accord, au-delà de notre point de vue ressemblant, quand l'on considère les oppositions étonnements toujours aussi constantes entre classiques et libres. Sujet inépuisable tant les personnalités demeurent intrinsèquement différentes. Sachant que les différences sont essentiels à l'existence, sur tous les plans par les complémentarités qu'elles permettent, réjouissons-nous de ne pas être toujours d'accord !

Tu auras vu dans ma réponse ci-dessus à Malitorne un complément de ma position, en particulier dans le cas de textes "de concept" assez insaisissables, mieux adaptés à mon sens pour aborder des philo-poésies peu amènes ; je ne suis pas sûr que tu partageras là aussi ma position.
En tous les cas ta phrase disant : " La force de la poésie réside, pour moi, dans la magie des images qu'elle est capable de soudoyer et la musique qui souvent l'accompagne. " est rassembleuse, on peut se ranger tous derrière elle quand on avance en terre poétique.

Contribution du : 15/09/2020 22:40
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Re : Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
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Bonjour Vincente,

J’apprécie beaucoup votre intérêt pour la poétique. Je dois dire que votre prose ne m’est pas toujours directement accessible mais je reconnais que les nœuds sont bien faits. Proust aurait sûrement parlé de vous du côté de Guermantes s’il vous avait connu. On est toujours épaté par quelque chose qui nous semble inatteignable. Non pas que j’aimerais forcément reproduire votre style, mais il a une forme de perfection multicéphale qui force mon admiration.

Mais je n’étais pas venu pour assortir des pompes cirées à votre beau costume.
Vous trouverez ci-joint un lien qui vous emmènera vers Paul Valéry et des Propos de poésie tenus en conférence universitaire. Si vous ne les connaissez pas, je suis certain que vous y trouverez beaucoup d’arguments à vos interrogations poétiques. Je vous en souhaite bonne lecture.
https://fr.wikisource.org/wiki/Propos_sur_la_po%C3%A9sie

Bellini

Contribution du : 16/09/2020 14:03
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Re : Au sujet de la philo-poésie L'espace le jeu...
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Juste un petit passage pour remercier tous les intervenants pour cet échange très intéressant, ainsi que les liens et ressources riches d'enseignements accessibles par la clarté de l'expression...

Contribution du : 16/09/2020 16:27
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