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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
Expert Onirien
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puisque tu le proposes si gentiment, nous t'écoutons Eclaircie

Contribution du : 19/11/2020 14:34
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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
Maître Onirien
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En tout cas, moi, j'ai compris ; enfin, je crois...

Contribution du : 19/11/2020 15:22
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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
Visiteur 
Ph, c'était juste une boutade faisant suite à divers jeu de mots;

Contribution du : 19/11/2020 15:49
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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
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Voici le week-end arrivé avant de poster les récits de ce nouveau défi...

Les conditions sont au premier post de ce fil !

Hâte de vous lire !


Contribution du : 21/11/2020 18:25
_________________
Inspiration ou poésie...
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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
Visiteur 
G; posté...dans la boite de Lulu, merci Lulu et Alfin !

Contribution du : 22/11/2020 13:08
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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
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Bonjour à tous, j'ai aussi hâte de vous lire. je ne participerais pas car je n'ai pas eu le temps de m'y mettre...
Je viendrais lire et commenter vos création avec plaisir !

Contribution du : 22/11/2020 16:31
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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
Visiteur 
Pour tout dire... les grands esprits se rencontrent ! J'ai vraiment hâte d'être lu !

Contribution du : 22/11/2020 19:20
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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
Visiteur 
J'en ai une bonne à raconter à Madame Graingeoire ou les trente cinq pas.


Il a parcouru les dix sept pas qui le séparaient du lavabo. Il s'est aspergé le visage. Il a empoigné sa bombe de mousse à raser, et à présent il se regarde dans le miroir:

— Je ne serai jamais président de la République, se dit-il.
— Pour sûr, lui répond son reflet. Tu n'es vraiment qu'un petit bonhomme!

Sans se poser de questions, Nico commence à étaler de la mousse sur son visage, mais son reflet n'en a cure, il poursuit:

— Tu n'es qu'un petit bonhomme insignifiant, sans histoire, sans avenir, tu n'es qu'un tout petit rien du tout.

Nico continue son rasage, méticuleusement, comme il le fait tous les jours à sept heures trente du matin depuis des années, sans même remarquer que son reflet a cessé de copier ses mouvements. Celui-ci est beau, radieux, étonnamment souriant pour l'image de quelqu'un qui n'a jamais souri de sa vie.

— Eh! Je te parle!
— Hein? Quoi? Qui me parle?
— Toi. Je suis toi qui parle à toi.
— Et qu'est-ce que tu... que je me veux?
— Je veux changer. J'en ai marre d'être le reflet d'un minable. Et pour que je change il faut que tu changes.

Nico pousse un soupir, puis reprend son rasage comme si rien n'était. Il se rince le visage, s'essuie tandis que la tête en face de lui ne bouge plus, impassible.
Impassible mais souriante et détendue.
Souriante et détendue... mais il y a des limites, car soudain:

— Non!

Nico sursaute et laisse tomber à terre le flacon d'après rasage qu'il venait de saisir.

— Ouf! Il n'est pas cassé, pense-t-il, soulagé.
— Non! Arrête de t'asperger de ce fichu parfum qui pue! C'est une infection! Tu dois changer mon bonhomme, et ça implique que tu oublies ces habitudes stupides.
D'une part.
D'autre part...
— D'autre part? Questionne Nico, agacé. Même pas surpris, mais agacé.
— D'autre part... Pars.
— Quoi pars?
— Pars, fous le camp, dégage, bouge ton cul, est-ce clair?
Capito?
— Eh, oh! Les plus gênés s'en vont! Je ne suis pas venu te chercher!
— Je te rappelle que moi, c'est toi. Tu n'as pas besoin de venir me chercher car je suis là, et depuis bien trop longtemps. Alors pars, j'ai envie de voir du pays.

Intrigué (il était temps), Nico observe le miroir de plus près. C'est bien lui. C'est bien sa tête qui est reflétée, mais elle semble plus reposée, plus zen qu'à l'accoutumée. Le paresseux australien, plus connu sous le nom de koala, est une espèce de marsupial arboricole. Il se nourrit des feuilles de certaines espèces de gommier, mais ça n'a rien à voir avec l'histoire, c'était juste pour vous distraire un peu.

— Partir? Mais où?
— Ailleurs...
— Je suis déjà allé aux States, en Afrique du Sud, à Amsterdam, à Marienbad, à Göttingen où les enfants sont tous les mêmes, En Australie où j'ai pu voir des...
— Stop! Je sais ce que tu vas dire. Non, c'est trop facile de remettre une couche de koalas pour noyer le sujet. Je te demande de partir ailleurs, vraiment ailleurs.
— Tu, ou plutôt je, ne veux pas dire que... il faudrait que je...
— Que tu meures? Fi non! Tu es déjà mort, regarde toi! Il faut au contraire que tu vives, que tu vives vraiment. C'est ça, ailleurs. Ailleurs que dans ton monde cloitré, hors de ces murs épais que tu as érigés tout autour de nous. C'est quoi ce que tu appelles “ta vie”? As-tu déjà souri au moins une fois?
— Oui, j'ai souri, souvent.
— Quand?
— Quand? Euh... quand? ...
— Prends ton temps!
— Quand j'étais enfant!
— Non!
— Euh, si! J'ai dû sourire... quand...
— Non! Tu as fait semblant de sourire une fois, le soir de Noël où on t'a offert cette grosse voiture en ferraille qui faisait un bruit immonde quand tu la faisais rouler alors que tu n'avais demandé qu'une petite voiture toute simple pour pouvoir jouer dans la cour de l'école avec tes copains.
— C'est pourtant vrai, j'ai fait semblant, j'étais si triste, et depuis j'ai toujours fait semblant, que ce soit pour sourire ou pour tout le reste.
— Et pour finir te voilà seul. Même quand tu es entouré de plein de monde, tu es seul, et eux sont avec celui qu'ils croient que tu es. Partir ailleurs, ça pourrait commencer par leur dire à tous qui tu es vraiment (* voir note1 en bas de page).
— Leur dire qui je suis? Leur dire que je déteste Harry Potter et la crème Nutella? Que je porte des caleçons molletonnés? Que j'ai envie d'aller dormir pendant les pauses café quand Madame Graingeoire débite ses plaisanteries stupides?
— Ce n'est peut-être pas la peine de tout dire.
— Qu'est-ce que je dois faire?
— Sois toi-même, vis ta vie. Regarde autour de toi, toutes ces petites choses auxquelles tu ne prêtes aucune attention et qui pourtant embellissent ton univers, toutes ces petites joies que tu t'empresses d'oublier et qui pourtant, mises bout-à-bout, forment un grand bonheur. Quand tu parles avec les gens, écoute-les, ils ont tous tant de choses à t'apporter, il y a toujours un enrichissement à acquérir, même dans les plaisanteries stupides de Madame Graingeoire. Quand tu auras vécu ce bout de chemin avec toi-même, alors tu seras arrivé dans cet “ailleurs” qui est la vie, et cette vie tu auras peut-être même envie de la partager avec quelqu'un.

Nico se regarde à nouveau dans le miroir. Cette fois le visage qu'il voit en face de lui s'est remis à imiter ses gestes; et si une petite larme est visible sous une de ses paupières, il semble plus serein, plus enjoué aussi, et plus reposé que jamais.

— Je ne serai jamais président de la République, mais je vais vivre. Je vais partir ailleurs, dans le vrai monde.

Il parcourt les dix sept pas qui le séparent de son lit (* voir note2 en bas de page)., s'allonge, et se met à rêver.

Pour la première fois...



* Note1 en bas de page: Il reste moins de 80 000 koalas vivant en liberté et ce nombre continue de décliner (source Wikipedia).

* Note2 en bas de page: La distance exacte qui sépare le lit et le lavabo de Nico est en réalité de dix sept pas et demie, ce qui explique le titre "les 35 pas". Par mesure de fluidité et pour rendre son texte plus agréable à lire, l'auteur a préféré arrondir à 17 pas. Nous ne lui en voudrons point tant le gain en qualité est immense.

Contribution du : 22/11/2020 20:06
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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
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Partir d’enfance

« Ne croyez pas que le destin soit davantage que la densité de l’enfance »
Rainer Maria Rilke


Un soleil blanc transperçait le brouillard ; on aurait dit une lune crayeuse flottant sur un lac vertical. L’âne tirait la carriole aux grandes roues ferrées ; il nous emmenait en ville, ma mère et moi. Il connaissait parfaitement le chemin et n’avait pas besoin d’être guidé. Il savait qu’au bout du voyage, il devait s’arrêter juste à la limite entre le faubourg et le centre de la petite cité, au mur d’angle d’une placette où des anneaux en acier attendaient les attelages. Jamais il n’aurait fait le moindre pas de plus, tant il était habitué à cette fin de parcours lorsque ma mère se rendait au marché du samedi matin. Et puis, même en insistant beaucoup, il ne serait pas allé guère plus loin, apeuré à coup sûr par l’affluence et le bruit des rues commerçantes.
Je n’aimais pas beaucoup l’agitation de la ville. Je trouvais que les gens parlaient souvent pour ne rien dire : le temps qu’il fait, le temps qui passe, les ragots, les derniers morts… Je préférais courir dans les bois et les landes avec mon chien Blek, sauvage lui aussi.
Je rêvais déjà à d’autres contrées qui m’accueilleraient dans quelques années — avec mon fidèle compagnon, bien entendu — ; des pays que j’apprenais à connaître dans des livres sans images. J’imaginais leurs bleus débordants du ciel et leurs verts ruisselants des forêts. Je savais qu’un jour je quitterais la vallée. Par instants, ma main en visière sur le front, je fixais en clignant des yeux le soleil libéré, éclot des nuages.

Chaque année, aux alentours du quinze août, nous grimpions en famille au puy des Mazières. Un étroit chemin se frayait un passage à travers genévriers et fougères pour nous conduire jusqu’au sommet. Un panorama brûlant s’inclinait alors devant nous, à peine brouillé par une brume de chaleur bleue, très pâle. Des milliers de parcelles s’enchevêtraient, modelées depuis des siècles par les habitants de ce pays. S’épanouissaient ainsi : villages, routes, bois et forêts, pacages et champs, haies des bords de ruisseaux, étangs aux éclats argentés…
Mes parents éprouvaient sans doute le besoin, une fois par an, de s’imprégner de l’étendue et de la beauté de ces paysages, d’en retrouver la diversité avant de retourner vers le labeur quotidien exigé par la terre. Ces quelques heures constituaient leurs seules vacances de l’année.
Je prenais pleinement conscience que nous n’occupions, au loin dans une petite vallée, qu’une minuscule pièce de cet entrelacs. Notre ferme participait à cet ensemble et subsistait grâce à lui. Je me disais que, de mont en mont, les horizons devaient ainsi se renouveler, se transformer progressivement jusqu’au « pays d’ailleurs » vers lequel, tôt ou tard, je partirai.

Aujourd’hui, l’enfance me paraît bien éloignée de mon corps, et pourtant elle demeure si proche en ma mémoire. Avec le temps, j’ai appris que l’on ne peut quitter véritablement sa prime jeunesse ; à vie, elle porte notre âme.
Je reste seul au bas du puy à regarder la pente vert tendre s’élever au-delà de mes jambes usées. Les genévriers sentent bon l’automne. Les merles ont mangé les jolies baies orangées des sorbiers. Ils fouilleront encore au pied des arbustes, l’hiver prochain, dans l’espoir têtu de glaner quelques graines oubliées.
J’ai beaucoup voyagé depuis l’époque heureuse où j’allais au marché avec ma mère et notre âne craintif. Pendant plus de soixante ans, j’ai bourlingué aux quatre coins de quatre continents. J’ai connu fortunes et infortunes, ouvert des chemins, claqué quelques portes et, je l’espère, semé un peu de bonheur au hasard de mes rencontres traversières.
Je suis revenu vivre près des sources qui m’ont vu naître. J’ai toujours un chien à mes côtés ; il s’appelle Blek, du même nom que le compagnon de mon enfance. Il est très sociable, tout le contraire de son lointain ancêtre ; pas sauvage pour deux sous, et moi non plus avec le temps…. J’ai appris à aimer les gens d’ici comme j’aimais les gens d’ailleurs.
Je ne sais ce qui m’a incité à retourner dans ce pays — mon pays —, après tant et tant d’années d’errance ; peut-être le besoin d’être rassuré, comme si cette vallée m’ouvrait deux bras protecteurs prêts à me soutenir durant ma vieillesse. Et cette terre, bien qu’elle m’ait vu lui tourner le dos au sortir de l’enfance, accueillera mon corps, l’heure venue, tout contre son cœur baigné d’eaux vives — mon ultime ailleurs ; sans retour.

Contribution du : 22/11/2020 20:09
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Re : Défi de nouvelles n°3 : Partir ailleurs
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Philippine

Philippine est une enfant qui n’a pas conscience de son étrangeté. Elle attire le regard par sa chevelure blonde et moussue qui couronne un visage dont les grands yeux gris-verts vous aimantent.
Chétive, la peau fine et rosée, parcourue de veinules bleues- mauves, on peut la croire fragile, mais on est saisi par la force qui se dégage de sa présence calme. Ses gestes sont précis. Elle observe le monde sans y être tout à fait, elle vous impressionne, au sens littéral, laissant en vous une trace durable, sous forme de questionnement et d’étonnement admiratif.

Philippine est de passage. Nul ne le sait mieux qu’elle, qui a été plus loin sur le chemin de la vie que bien des adultes . Ce n’est pas une question d’âge. Sa connaissance des limites est inscrite dans son corps depuis ce 12 avril où, éjectée du ventre maternel, elle a poursuivi sa croissance dans un incubateur.
Elle est née deux fois : la première lorsqu’elle a été confrontée à l’air brûlant dans ses poumons encore immatures, aux bruits, aux lumières aveuglantes, aux gestes de sauvegarde que son tout petit corps, à peine plus gros que le poulet du dimanche, a subi.
La deuxième fois, lorsque le 8 juillet, elle a franchi le seuil de sa vraie maison avec ses parents heureux et inquiets d’être enfin seuls avec leur précieuse miraculée.
Miraculée, oui, parce qu’on l’a crue morte plusieurs fois. Personne ne peut dire le temps qu’elle a passé dans cet entre-deux dont elle ne pourra pas témoigner avec des mots. Est-ce de ce voyage immobile, dans un espace hors temps, qu’elle a ramené cette aura qui déconcerte ?
Elle a été sauvée grâce à des machines qui ont fait redémarrer son cœur, qui ont stimulé ses poumons, grâce au sang transfusé dans ses veines minuscules pour alimenter la vie.
Surtout, pense-t-on en la voyant, grâce à son incroyable pulsion de vie, et sans doute aussi grâce à l’amour porteur de sa jeune maman qui a toujours cru en elle, au soutien de son papa qui a passé tant d’heure à la regarder derrière une vitre et à laisser son index prisonnier de sa toute petite main si délicate. Ensuite, pendant des mois, l’attention porté à son développement a été extrême, chargée d’anxiété, on avait tellement peur d’ y lire des anomalies, des séquelles , des « je ne sais quoi » qui auraient signifié le retour des attentes, des examens et des verdicts.

Mais tout cela est loin désormais.
Philippine a presque six ans, elle va à l’école, découvre la lecture avec ravissement. Elle aime bien sa maîtresse, c’est avec Solal, Amin et Juliette qu’elle joue le plus souvent. Elle est à la fois joyeuse et sérieuse, malicieuse et candide. Sa curiosité est immense. Elle s’intéresse aux insectes, aux fleurs, elle aime faire des choses, toutes ces choses qu’on peut faire avec papa et maman : une tarte ou un gâteau, couper les légumes pour la soupe, planter des graines, repiquer des fleurs, les arroser, ramasser les feuilles à l’automne, porter les épluchures au compost ou recoller les oreilles du bol breton. Elle aime beaucoup écouter des chansons et même en inventer. Vous vous doutez bien que Philippine n’est pas toujours obéissante, qu’elle est têtue parfois, qu’il y a des pleurs et des cris, des chagrins qui paraissent inconsolables mais qui s’évaporent aussi brusquement qu’ils sont apparus.

Depuis que maman a dit qu’elle attendait un bébé, Philippine pose beaucoup de questions. Elle veut réentendre l’histoire de sa (ses) naissance (s). Désormais, elle peut lire toute seule « Petit mais costaud » son livre fétiche dont elle ne se sépare plus, et avec lequel elle a pu mettre en mots la grande aventure de sa venue au monde.
Philippine aime se blottir le soir contre sa maman. Il arrive comme aujourd’hui qu’elle sente les mouvements du petit frère (on sait que c’est un garçon) qui bouge dans son ventre.
- Tu crois qu’il est bien demande Philippine ? On dirait qu’il fait toc toc pour sortir…
- Mais oui, il est bien ! il bouge parce qu’il a besoin de se dépenser un peu, il a dormi toute la journée !
- Et moi, pourquoi j’étais pas bien dans ton ventre ?
- On ne peut pas toujours tout expliquer, ma puce
- Mais tu crois que j’ai eu de la peine quand on m’a fait sortir ?
Maman caresse la tête blonde, elle a la gorge serrée,
- En tous cas, moi j’ai eu de la peine, mais on n’a pas eu le choix tu sais, c’était vital
- Ça veut dire quoi vital ?
- Que tu es en vie mon amour, pour notre plus grand bonheur.
Le visage de Philippine s’éclaire de cette lumière qui fait fondre les adultes qui la côtoient.
Elle descend du canapé et retourne tranquillement jouer dans sa chambre.

Mais parfois, Philippine s’absente, ses gestes sont suspendus, elle s’immobilise, elle est ailleurs. Un ailleurs qui met de la gravité dans son regard. Il a fallu expliquer à la maîtresse que Philippine n’est pas « dans la lune », qu’elle est dans un drôle de pays, connu d’elle seule, et qu’il faut la laisser revenir doucement, sans la brusquer.

Contribution du : 22/11/2020 20:17
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