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Réalisme/Historique
aelketta : Un autre jour à Mossoul
 Publié le 13/10/15  -  8 commentaires  -  36272 caractères  -  98 lectures    Autres textes du même auteur

Une petite immersion dans un pays déchiré.


Un autre jour à Mossoul


1


« Je n’ai rien contre la religion, à part ceci : le pouvoir que donne l’absolu, le parfait, le meilleur pensant, à un homme, peut reléguer au dernier rang la dignité d’un autre homme, au point de justifier le sacrifice de la vie, celle du croyant mais aussi celles des “mécréants”. Pourquoi avons-nous besoin de tout connaître à travers le prisme du transcendant ? Pourquoi ne nous contentons-nous pas de chercher le savoir en acceptant notre faillibilité, d’accepter la faiblesse de nos moyens ? Une conquête du savoir par la science ne confère-t-elle pas plus de gloire à celui qui, par son courage et son intelligence, a percé un mystère, a jeté un peu de lumière sur l’obscurité de notre ignorance ? Après tout, quel mérite aurait un prophète, puisqu’il n’a été que l’instrument d’un être omniscient, le colporteur d’un savoir qu’il n’aurait jamais pu acquérir par son seul effort ? »

Amir avait résumé par ces questions sa conviction. Il avait conscience que dévoiler son athéisme à un imam au sein d’une mosquée à Mossoul était une folie qui pouvait le mener dans la journée devant le bourreau. Même avant la conquête des fous de Dieu de Daech, Mossoul n’était pas spécialement connue pour son ouverture d’esprit.

Othman, l’imam de la mosquée Al Mostapha, un quinquagénaire visiblement dépassé par les événements, regarda sans ciller son interlocuteur, l’air pensif. Le jeune homme l’avait approché à la fin de la prière pour, disait-il, discuter de certains points de droit. Mais après une hésitation qu’Othman avait interprétée d’abord comme de la timidité, Amir lui demanda tout de go avec une fermeté étonnante dans la voix s’il pouvait parler sans risquer de se faire dénoncer. Le jeune homme continua en disant qu’il le connaissait depuis quelque temps, et qu’il sentait qu’il pouvait lui faire confiance. Étonné et alarmé par cette entrée en matière, l’imam attira Amir avec lui dans son appartement modeste du dessus. Maintenant qu’il avait entendu cette tirade extrêmement audacieuse, Othman était curieux de mener cette discussion à son terme.

L’imam avait été maintenu dans ses fonctions par le nouveau pouvoir de l’État islamique, ce qui était rare dans une ville où les nouveaux maîtres réalisaient des enquêtes de "bonne moralité" sur tous les fonctionnaires et passaient au fil du sabre ceux qu’ils jugeaient "laxistes" dans l’application stricte des préceptes religieux les plus rigoureux. Malgré cela, l’idée de dénoncer le jeune homme ne lui traversa même pas l’esprit. Il se savait aussi à l’abri dans son petit deux-pièces perché au-dessus de la grande salle de prière. En plein mois de ramadan, entre la prière du ‘Asr et celle du Maghreb, il savait que les fidèles se terraient dans leur maison à la recherche d’un peu de repos en attendant la délivrance du Muezzin, cet appel qui les autorise enfin à manger et à boire. Et puis l’autre raison qui empêchait Othman d’en référer aux nouvelles autorités, et qu’ignorait le jeune homme, était que l’homme de religion se battait depuis plus d’un an avec ses propres doutes.

Depuis l’arrivée massive des "Daechiens", Othman avait vu de ses propres yeux des horreurs qu’il n’aurait pas pu imaginer dans ses pires cauchemars. Bien qu’il se considérait comme un homme endurci par la vie, ayant lui-même survécu à deux guerres dont une en tant que soldat au front, il se sentait miné par la soif de sang de cette bande de mercenaires dénués de toute humanité. Il avait vu des choses qui l’avaient affecté à tel point qu’il faisait régulièrement le même rêve : il se voyait faisant la queue avec des milliers de gens nus devant les portes de l’enfer, une armée de démons l’attendant en affichant des rictus édentés tout en affûtant des sabres chauffés à blanc.

Depuis le début de l’année, il avait interdit à sa femme et à ses enfants de sortir de la maison. S’étant marié sur le tard avec une femme de douze ans sa cadette, il avait des enfants en âge d’aller à l’école primaire. Après la prise de la ville, il avait donc pris soin de scolariser ses deux jumelles et son fils chez lui. Les manuels qu’il utilisait n’avaient rien à voir avec les écrits prescrits par Daech. Les disciplines profanes avaient toute leur place dans sa conception de l’éducation. Il leur faisait ainsi régulièrement la lecture des Mu’allaqât, ces poèmes préislamiques "suspendus" à la porte de la Ka’ba, considérés dans la littérature arabe, depuis plus de quinze siècles, comme le meilleur exemple de versification classique. Les sciences n’étaient pas en reste, et Othman passaient des heures à expliquer à ses enfants les fondements de la biologie, de la géométrie euclidienne et de la physique. Sa femme, qui voyait tout ce bourrage de crâne d’un mauvais œil, lui faisait régulièrement remarquer que les gamins étaient bien trop jeunes pour assimiler toutes ces connaissances. Mais ce qu’elle redoutait le plus était qu’une des milices de bonnes mœurs du pouvoir en place se rende compte de cette hérésie. Si cela arrivait, qu’à Dieu ne plaise, elle savait qu’Othman se ferait tuer et qu’elle et ses enfants seraient réduits à l’esclavage et à l’exploitation sexuelle.

Au début de cette éducation éclectique et improvisée, Othman réservait le début des matinées à la récitation du Coran et à l’étude du Fiqh, le droit musulman basé sur une jurisprudence circonstanciée. Cette partie de leur cursus lui semblait indispensable, non seulement parce qu’il avait encore une foi inébranlable, mais aussi et surtout parce qu’il pensait qu’elle leur permettrait d’affronter plus tard les extrémistes sur leur propre terrain : l’interprétation des textes et de la Sunna, le corpus des dires et des actes du prophète de l’islam. Mais avec le temps, sans s’en rendre compte, il avait diminué le temps qu’il allouait aux matières islamiques. Il eut soudain la révélation, maintenant qu’il avait le jeune Amir en face de lui, qu’au cours de l’année précédente ses doutes et ses questionnements sur sa propre foi s’étaient subrepticement cristallisés dans le programme scolaire qu’il avait confectionné pour ses enfants. La veille, il avait carrément commencé la journée par la lecture à haute voix d’une traduction en arabe d’une œuvre de Jules Verne : Michel Strogoff. Il ouvrit grand les yeux en se rendant compte qu’il avait même oublié de réciter la prière du Soubh avec ses enfants avant le début de leur leçon ! Ayant mal interprété les yeux écarquillés de son aîné, Amir fit mine de se lever quand Othman le retint d’une main ferme mais amicale.


– Excuse-moi mon garçon, ne fais pas attention à mon air songeur. Alors comme ça, tu perds ta foi mon fils ?

– Je ne sais pas vraiment vénérable cheikh, répondit le jeune homme en baissant les yeux. Je me rends compte que la religion pose aujourd’hui plus de problèmes dans ma vie qu’elle n’en résout. J’essaie de me convaincre que les valeurs de l’islam sont universelles et préservent dans une large mesure la dignité des êtres humains. En même temps, je vois ce qu’en font les criminels qui nous ordonnent de pratiquer la délation contre nos propres familles et qui vendent nos sœurs au marché aux esclaves…


Il avait dit cette dernière phrase à voix basse tout en sondant du regard son interlocuteur, essayant de deviner si les yeux du cheikh trahiraient une réprobation.


– Mon fils, répondit ce dernier après un long silence. Je ne sais pas si tu veux que je lève tes doutes ou que je t’absolve. Tout ce que je peux te dire, c’est que l’être humain est faible, plus faible encore que le plus humble des insectes rampants, car Allah l’a honoré d’une redoutable façon : il lui a donné conscience de sa propre nature et de sa fin inéluctable. Notre trépas nous semble si lointain à la force de l’âge. Mais tôt ou tard, nous nous rendons compte, parfois de manière brutale à l’occasion de la mort d’un proche, que notre temps sur cette terre est compté. Nous nous accrochons alors à la vérité de la religion afin d’échapper à notre condition de mortel. C’est dans la promesse d’une vie après la mort dans l’insondable puits de l’éternité que notre conscience troublée trouve enfin la paix.

– Je comprends cela ô cheikh, mais je veux choisir une troisième voie, qui n’est faite ni de peur de la mort ni de paix de l’âme achetée au prix de l’asservissement de ma conscience à un quelconque dogme : je choisis de croire en la connaissance de la Nature et je choisis d’accepter la mort comme faisant partie intégrante de cette Nature. Je choisis de faire ce que j’estime être juste envers les gens en ayant acquis des valeurs morales au bout d’une quête personnelle, sans m’attacher à une religion que je risque d’interpréter différemment de mes voisins, de mes amis, des membres de ma propre famille. Je refuse que cette moralité me soit dictée par un être supérieur qui m’obligerait moi et mes coreligionnaires à nous prosterner devant lui et à prêcher la bonne parole. Et ce que je refuse par-dessus tout, c’est que des criminels s’arrogent le droit de tuer des innocents pour la simple raison qu’ils ne partagent pas leur foi.

– Crois-tu que les autres religions soient exemptes d’injustices et de dérives ? Toutes les religions ont connu des épisodes de terreur. L’inquisition par exemple a fait beaucoup de mal à la chrétienté. Mais peut-on réduire une religion aussi complexe et plurielle que l’islam ou le christianisme à ce qu’en ont fait les extrémistes ? Toi qui parles de moralité, sais-tu que l’homme n’a pas trouvé mieux que la religion pour imposer des règles de conduite universelles permettant une vie paisible en société ?

– Les sociétés occidentales vivent majoritairement dans des systèmes laïcs, répliqua le jeune homme avec véhémence. Nous devons nous en inspirer afin de permettre à tous les citoyens, quelle que soit leur confession, de vivre dignement.

– Je ne suis pas d’accord que la laïcité soit le remède à ce que nous vivons. La séparation de l’Église et de l’État a été une réponse aux déboires des sociétés européennes et à leur histoire commune, et ne constitue pas forcément une solution universelle que le monde arabe peut adopter. La religion a été au centre de notre structure sociale depuis plus de quatorze siècles. Tous les penseurs qui ont essayé d’y greffer les autres systèmes économiques et politiques dits "modernes" ont dû composer avec l’islam en tant que principe fédérateur de nos sociétés. Notre Irak s’est effondré en tant que nation unie après l’implosion du système répressif de Saddam, et je ne pense pas qu’un Irak uni puisse être envisagé sans l’islam.


Amir ne put s’empêcher de sourire en écoutant son aîné. Non qu’il partageât le point de vue de ce dernier. Il pensait en fait tout le contraire de ce que disait Cheikh Othman. Mais cette conversation l’emplissait du plaisir simple d’argumenter avec quelqu’un calmement et sans aucune peur. Othman lui aussi ressentit le même plaisir et sourit à son tour.


– T’attendais-tu à une réaction violente de ma part mon fils ? demanda Othman en couvant son nouvel ami d’un regard bienveillant. Tu sais, j’ai rarement l’occasion de parler aussi ouvertement de ma croyance, et j’espérais secrètement trouver quelqu’un comme toi pour échanger librement sur ce genre de sujets sans risquer de me faire égorger moi et ma famille.

– Oui vénérable cheikh, je m’attendais à une réprimande au minimum. Je me doutais que vous étiez ouvert d’esprit, vos sermons du vendredi sont invariablement faits de paroles apaisantes, à l’opposé des diatribes guerrières de vos confrères des quartiers de la rive droite du fleuve. Je suis heureux que quelqu’un me parle enfin d’égal à égal et non pas comme on gronderait un enfant turbulent. Voilà autre chose que je reproche à l’islam sunnite : devant la plupart des évangélistes et autres colporteurs de préceptes rigides et rétrogrades, nous sommes tous des enfants à corriger et même à fouetter s’il le faut pour que l’adhésion soit totale et absolue, sans aucun esprit critique, à cette pensée unique exécrable.

– Exécrable est un bien grand mot mon fils, bougonna Othman. Cependant, il est en effet dangereux d’infantiliser les humains, quel qu’en soit le but, parce qu’un éternel enfant ne peut pas avoir de morale. Il ne fonctionnera que par réflexe pavlovien, en fuyant la punition et en recherchant la récompense immédiate. C’est de cette manière qu’on fabrique une abomination telle que Daech. Là où je ne suis pas d’accord avec toi c’est quand tu dis que tout ça est dû à l’islam en lui-même. Le dogme et les écritures sont une chose, alors que la pratique actuelle en est une toute autre. L’islam n’a-t-il pas permis l’émergence de la raison aux premiers siècles de l’islam ? À l’époque, le mouvement mutazilite, ici-même en Irak, avait posé des questions capitales sur le credo, sur ce qui peut être perçu et compris par la raison et ce qui relève de la croyance. Leur célèbre argument sur le Coran et sa dissociation de l’Être divin a inspiré bon nombre de philosophes musulmans. Cette pensée, du sous-continent indien jusqu’en Espagne musulmane, a permis le développement des sciences profanes, en partie à travers le travail de réinterprétation des anciens textes grecs, permettant ainsi à l’Europe médiévale de se réapproprier son héritage hellénique.


Amir se tut un moment, quelque peu dépassé par l’érudition de son aîné. Il ne s’attendait pas à parler philosophie avec un imam, surtout au sein d’une mosquée sunnite du centre-ville de Mossoul, alors qu’à quelques centaines de mètres de là, sur l’avenue Houssam Eddine Riad, les hordes de l’État islamique exécutaient à longueur de journées des homosexuels, des femmes adultères, des impies de tous bords ainsi que des condamnés de droit commun. Il sourît en pensant que la notion de "droit commun" n’avait plus aucun sens en territoire de la "Daoulat islamiyya". Malheureusement, pensa-t-il avec amertume, la Ninive de son enfance n’avait plus rien à voir avec le Mossoul d’aujourd’hui. Devinant ses pensées, l’imam l’enveloppa d’un regard plein de sollicitude :


– Tu penses pouvoir continuer à vivre dans cette ville mon fils ? demanda-t-il.

– Non, c’est bien trop dur pour moi, répondit le jeune homme avec beaucoup de tristesse. Il m’est impossible de vivre dans cette prison à ciel ouvert ! Je veux quitter la ville pour rejoindre des parents à Bagdad. Ensuite, je pense continuer mon chemin jusqu’en Jordanie.

– Oui, je crois que c’est la meilleure chose à faire. Moi-même si j’avais été un peu plus jeune et sans enfants, j’aurais pensé à quitter ce pays où le malheur nous poursuit depuis plus de vingt ans. Je te comprends mon fils, et te souhaite de faire bon voyage.

– Merci, ô vénérable cheikh, murmura Amir, les yeux emplis de larmes que sa fierté empêchait de laisser couler. Je…

– C’est moi qui te remercie mon jeune ami, l’interrompit-il, lui-même ému aux larmes par la détresse du jeune homme. Je te suis reconnaissant de t’être confié à moi. Cela m’a fait plaisir d’échanger avec toi ces quelques sacrilèges !


Le jeune homme esquissa un sourire et, dans un élan d’émotion candide, se jeta dans les bras du cheikh. Othman lui rendit son étreinte et en profita pour cacher ses propres larmes. Pauvre garçon, pensa-t-il, ou plutôt pauvres de nous ! Décidément, les habitants de cette contrée malheureuse étaient pris dans une énorme farce où des écervelés leur avaient ravi leur liberté de penser.

Amir se ressaisit et recula d’un pas.


– Merci encore maître, je vais de ce pas rentrer chez moi pour préparer mon baluchon et faire mes adieux à mes voisins.

– N’oublie pas tes parents mon fils !

– Ils ne sont plus de ce monde, vénérable cheikh. Ils ont été tués dès les premiers jours de l’offensive de Daech en juin de l’année dernière. Ils étaient…

– Chiites ! murmura le Cheikh en blêmissant.


Il eut tout de suite honte de sa réaction, mais elle était compréhensible. L’État islamique pouvait se montrer clément pour bien des ethnies et des nationalités, surtout les Américains, les Européens et dans une moindre mesure les Asiatiques non musulmans qu’ils capturaient. En effet, ces derniers représentaient une monnaie d’échange précieuse, et de ce fait étaient bien traités en vue de les utiliser afin d’obtenir en contrepartie des rançons ou la libération de dizaines de leurs frères d’armes. Mais il n’y avait aucune pitié pour les chiites : même les notables, les chefs de tribus ou les hauts gradés du Hezbollah ou de l’armée régulière irakienne ou iranienne étaient exécutés sommairement, sans exception. Quand Mossoul tomba aux mains d’Al Baghdadi et de sa bande en juin 2014, des centaines de chiites parmi ceux qui n’avaient pas pu fuir la ville furent abattus dans les rues des quartiers nord et sud. Oui, il eut peur en entendant le mot "chiite", ce qui était une aberration sans nom dans un pays où les deux tiers de la population étaient des partisans de l’Imam Ali.


– Oui vénérable cheikh, poursuivit le jeune homme. Mes parents et toute ma famille étaient chiites. Mes parents et mes deux frères aînés ont été exécutés le 11 juin près de la maison de mon enfance, au quartier Nasser. La veille, mon petit frère, qui était détenu à la prison de Badoush, fut abattu d’une balle dans la tête et son corps jeté dans une fosse commune avec des centaines d’autres prisonniers chiites et yézidis. Quant à moi, j’ai eu la vie sauve grâce à des voisins sunnites qui m’ont caché et hébergé. Depuis, je pratique le principe de la taqiya en fréquentant votre mosquée pour préserver les apparences, bien qu’en secret je ne pratique aucune religion et ne croit plus en aucun dieu.


En s’épanchant de la sorte, Amir laissa enfin couler ses larmes librement sur son visage juvénile, bien que sa voix restât étonnamment ferme. Oui, ce jeune homme a souffert et souffre toujours, pensa Othman. On en perdrait sa foi pour moins que ça. Bien qu’Othman partageât en partie les doutes et les interrogations existentielles du jeune homme, il ne se sentit pas le courage de s’en ouvrir à ce dernier. Cette confession conforterait peut-être le jeune homme et lui redonnerait le courage d’affronter ce monde hostile au-delà des fines cloisons du havre de paix que constituait pour le moment la mosquée. Cependant, l’imam eut le sentiment que son "ouaille" avait besoin plus encore d’une figure paternelle qui, certes, pouvait être en désaccord avec lui, mais qui était forte et solide dans ses convictions.


– Je te souhaite de trouver ton chemin mon fils, et j’espère malgré tout que cela se fera dans l’ombre d’une foi forte et sereine.

– Je vous remercie infiniment de m’avoir écouté maître, personne d’autre que vous n’a voulu entendre et accepter ce que mon cœur désire ardemment partager…

– Fais attention à qui tu parles, il est des choses qu’on doit garder par-devers soi-même, prévint le cheikh. Tu le sais peut-être mieux que quiconque toi qui as perdu tous les membres de ta famille.


Ils échangèrent une dernière étreinte. Le cheikh raccompagna Amir à la sortie pensant déjà à renouveler ses ablutions pour la prière du Maghreb. En sortant côté rue, ils furent tous les deux éblouis par la lumière rasante du soleil couchant. Les pupilles du cheikh s’accommodèrent un peu plus vite que celles du jeune homme, et c’est ainsi qu’il put apercevoir brièvement la réflexion d’un faisceau de lumière verte sur la poitrine de son compagnon. En tant que vétéran de la première guerre du Golfe, il sut tout de suite ce que cela signifiait. À peine ouvrit-il la bouche pour alerter son jeune ami que le monde autour d’eux se transforma en lumière aveuglante et incandescente. Il fut projeté par un souffle d’ouragan à plusieurs mètres avant de perdre connaissance.


2


– Répétez ? À vous, fit le pilote d’hélicoptère dans son casque relié à la radio.

– Vous avez le feu vert pour tirer sur toute personne quittant le bâtiment, à vous, crépita la voix du capitaine Spears du centre de commandement d’Al Udeid au Qatar.


Aucune hésitation, pensa le pilote.


– Bien reçu. Je signale qu’il s’agit d’une mosquée. Dans ces conditions, confirmez-vous toujours l’ordre de faire feu ? À vous.

– Nous avons toutes les images satellite nécessaires Lieutenant, nous savons très bien qu’il s’agit d’une mosquée. Faites feu dès qu’il y a du mouvement. Terminé.


Le pilote coupa la communication et se tourna vers son copilote :


– Merde ! Rappelle-moi si on a une ressource sur le terrain ou si nous pointons nous-même.

– Tu plaisantes ? Une ressource à Mossoul ? répliqua son coéquipier et responsable armement de l’aéronef, le sergent Théotokis. Tu te trompes de pays mon gars ! C’est moi qui pointe, comme toujours depuis quatre semaines de mission.


Le lieutenant Rodriguez jura encore puis se concentra sur le pilotage de son hélicoptère AH-64D, nom de code "Apache". Il s’était spécialisé dans l’AH-64 dans ses versions D, E et S et avait des états de services exemplaires depuis son baptême de feu en Afghanistan en 2011. Bien qu’il soit rattaché à l’Armée de terre, au sein du 1er bataillon du 229e régiment, son travail consistait exclusivement à piloter des hélicoptères de combat. Il n’avait pour ainsi dire aucune expérience de combat au sol, à moins de prendre en compte les stages de tirs qu’il devait effectuer chaque année à Fort Hood. Ces stages lui donnaient l’occasion de manier l’arme standard de l’infanterie américaine, la carabine M4 dans sa version A1. Mais en tant que pilote d’Apache, il préférait de loin ses propres petits jouets : principalement le canon M230 de 30 mm ainsi que les missiles AGM-114 Hellfire à guidage laser.


– Théo, toi qui sais plein de choses, rappelle-moi un peu la distance d’engagement pour cette petite mission pépère, fit-il à l’adresse de son copilote.

– Si je ne te connaissais pas depuis deux ans, je dirais que tu nous fais une petite dépression Lieut’, répondit Théotokis, un brin soucieux. Je te rappelle qu’on est en territoire ennemi plein de types qui nous égorgeraient comme des porcs en face d’une caméra pour faire peur au Joe de base et au reste de la planète. Pour répondre à ta question, et puisqu’on n’a pas l’avantage de la nuit, on doit rester haut, le soleil au dos, et engager ces gus à plus de 3000 mètres de distance.

– Alors pointe ton laser sur la porte de ce repère de barbus, on est à moins de 4000 mètres, répondit le pilote avec un ton un chouia trop sec.


Au début de l’opération Inherent Resolve en août 2014, il assurait principalement des missions de reconnaissance. Même si "l’action" des sorties en Afghanistan lui manquait, il ne rechignait pas à faire des vols de nuit pour surveiller et rendre compte des mouvements suspects à Falloujah puis à Mossoul à l’aide du PNVS, le système de vision nocturne. Bien que ce dernier ait été développé principalement pour identifier et garder en visuel des cibles au cours de missions d’attaque, il pouvait aussi être utile à la collecte d’informations sur le terrain à plus de 20 000 pieds de haut. En Afghanistan, dans la province de Kunar, il avait pris part à des contre-offensives pour repousser l’avancée des Talibans. Ses sorties étaient presque toujours justifiées par des menaces imminentes sur des bases ou convois militaires de l’armée régulière afghane. Il avait généralement en face de lui des insurgés armés et prêt à en découdre, et n’avait jamais eu de scrupules à faire feu, d’autant plus qu’il essuyait presque systématiquement des tirs ennemis à chacun de ses vols. La campagne de l’armée américaine en 2011 et 2012 a été l’occasion de prouver encore une fois la robustesse légendaire de l’Apache. Ainsi, après avoir été touchés par des projectiles d’armes légères ou même de lance-roquettes de type RPG, 90 % des appareils pouvaient encore continuer leurs missions et rentrer sans encombre à la base pour y subir les réparations nécessaires.

Cependant, et après son second tour en Iraq, les missions de Rodriguez étaient devenues beaucoup plus délicates. On lui demandait le plus souvent de se rendre dans un des faubourgs nord de Mossoul et d’attendre les ordres, ce qui était en langage militaire un aveu à peine déguisé d’impuissance. Il savait que la donnée précise et exploitable était souvent une utopie dans un théâtre d’opérations comme le nord de l’Irak, mais le flou dans lequel évoluait son unité devenait carrément burlesque. Les services de renseignement militaires étaient complètement dépassés par les événements pour une seule raison : ni l’armée américaine, ni ses alliés de la coalition contre l’État islamique n’avaient d’agents fiables sur le terrain. En effet, le climat de paranoïa à Mossoul ainsi que le quadrillage systématique de tous les quartiers par les réguliers de Daech et de leurs alliés comme l’Armée des hommes de Naqshbandiyya rendaient l’infiltration quasi impossible. Quant à la préparation d’une opération de contre-espionnage avec le retournement d’agents sur le terrain, son commandement n’avait ni le temps ni l’expertise pour le faire. De toute façon, il aurait fallu pour cela le concours de pays "amis" arabes de la région, ce qui n’était pas privilégié par la doctrine de renseignement de l’état-major américain, puisqu’il avait très peu de moyens pour contrôler efficacement le volet opérationnel. Il faudrait pour cela qu’il y ait assez de personnels civils et militaires arabophones, fiables et dignes de confiance travaillant nuit et jour pendant des mois afin de retourner des agents sur le terrain et leur fournir l’entraînement, la logistique et les moyens de communication nécessaires. Rodriguez le savait : ce genre de travail était beaucoup plus facile à dire qu’à faire, surtout pour les Américains. Les Anglais avaient su le faire à une certaine époque, mais ils avaient perdu la main depuis que les dirigeants du Moyen-Orient étaient passés du côté de l’Oncle Sam. Les différentes administrations depuis Reagan misèrent lourdement sur les moyens technologiques en oubliant le facteur humain, pièce maîtresse de la lutte contre les insurrections et les mouvements de guérilla qui se fondent dans la population civile. Désormais, Rodriguez et les dizaines de milliers de personnels militaires engagés directement ou indirectement dans les théâtres d’opérations en Moyen-Orient étaient dépendants dans une très large mesure de la suprématie technologique américaine afin de récolter les informations indispensables à leurs opérations quotidiennes.

En descendant de palier vers sa cible, Rodriguez se remémora les quelques missions qu’il avait assurées à Mossoul durant le dernier mois. À chaque fois, il s’agissait d’éliminer une "menace" en lançant ses missiles "Hellfire" ou en arrosant des cibles en véhicules légers ou à pied avec son canon de 30 mm. Même avec les caméras à haute résolution qui projetaient les images directement sur la visière de son casque, il avait souvent du mal de distinguer entre de simples civils ou de vrais insurgés, si les cibles désignées comme telles présentaient une réelle menace, et pour qui. Cette incertitude le rendait de plus en plus nerveux. Autant en Afghanistan les choses avaient le mérite d’être claires, puisque ses objectifs se mettaient souvent à lui tirer dessus avec leurs AKM et leur RPG dès qu’ils pouvaient l’apercevoir durant les missions de jour, autant les sorties nocturnes pour tirer sur des "djihadistes" désarmés, sans essuyer de sérieuses ripostes, lui semblaient dénuées de sens. Il essayait de se convaincre qu’aucun innocent n’avait été victime de sa machine de guerre hyper-sophistiquée, mais il savait que les lois des statistiques étaient impitoyables : la probabilité qu’il y ait eu une erreur d’identification et de désignation parmi les dizaines de cibles qu’il avait éliminées était très importante.

« Théo n’a pas tort », pensa Rodriguez. Ce qu’il ressentait devait sûrement être les premiers signes d’une dépression, puisqu’il avait de plus en plus de mal à faire le travail qui l’avait tant passionné pendant ses quatre premières années de services.


– Théo, on est à moins de 3200 mètres de la cible, tu te magnes pour régler ton TADS ?

– D’abord, je te signale qu’on est à 3200 mètres à distance au sol, tu lis le mauvais cadran Lieut’, répondit du tac au tac le sergent Théotokis. La trigo de base me sort une distance à vol d’oiseau de 4000 mètres. Ensuite, je suis toujours prêt, à moins que tu ne veuilles que je sorte mon colt et aille tuer les cibles…

– Il y a du mouvement, l’interrompit le pilote. Prépare ton 114M, ils sortent du bâtiment.


Le système d’acquisition et de désignation de cibles par temps clair TADS était une petite merveille de technologie, dont les premières versions remontaient aux années quatre-vingt. Le laser monté sur la tourelle de l’Apache pouvait pointer une cible statique ou mobile à plus de 8000 mètres. Ainsi, une fois tiré, le missile air-sol Hellfire AGM-114M filait vers la cible en suivant le "pointage" laser avec une précision meurtrière. L’inconvénient d’un tel système était que le pilote de l’hélicoptère devait garder le nez de son appareil dans la direction de la cible tout le long de la phase de tir jusqu’à ce qu’elle soit atteinte, limitant ainsi l’avantage qu’octroyait le concept de "Tire et oublie", qui ne fonctionne que si le pointage au laser se fait à partir d’une station au sol ou d’un laser portable manié par un agent sur le terrain. Bien entendu, cela rendait aussi l’appareil susceptible aux tirs ennemis pendant ce laps de temps. Mais à la distance où l’appareil de Rodriguez se trouvait de sa cible, le temps théorique de vol du missile ne dépassait pas neuf secondes, ce qui réduisait les risques d’une riposte.

Dès que l’appareil se stabilisa, le laser illumina leur cible, en l’occurrence les deux hommes qui venaient de sortir du bâtiment. Ces derniers étaient visiblement aveuglés et avaient les mains en visière sur le front pour se protéger des rayons du soleil couchant.

« Feu », murmura le pilote dans son casque.

Théotokis pressa un bouton pour libérer le Hellfire puis déclencha la mise à feu. À la seconde où le missile quitta sa rampe de lancement, la voix du capitaine Spears crépita dans les casques des deux hommes :

« Appareil 4532, mauvaise cible, abandonnez la mission, je répète, abandonnez la mission, à vous ! »

Comme s’il s’attendait au contrordre, Rodriguez réagit immédiatement. Il prit le contrôle manuel du système de pointage et de mise à feu tout en suivant des yeux la trajectoire du Hellfire.

« Ça va pas le faire Lieut’… » eut le temps de dire le copilote.

Cinq secondes après le lancement du missile, Rodriguez réussit à fixer le faisceau laser. Il tira ensuite sur le manche afin d’éloigner le nez de l’appareil de la cible illuminée. Les réflexes exceptionnels du pilote firent des merveilles, et il constata avec satisfaction que la projection du faisceau quittait la poitrine d’un des deux hommes et balayait le mur blanc de la mosquée vers la gauche. Puisque le laser ne pointait plus sur une cible identifiée et avait été fixé par rapport à la structure de l’hélicoptère, il en subissait les vibrations et les soubresauts. Le missile décrivit alors un arc de cercle vers la gauche et finit sa course à Mach1.3 à la base du minaret, à quelque trente mètres des cibles. Sa visière projeta alors l’image monochrome d’un champignon de flammes, de fumée et de poussière qui cacha toute la mosquée pendant de longues secondes.


« Lieut’ ! » La voix du copilote fit sursauter Rodriguez.

«… il y a du mouvement à trois heures, on devrait se tailler maintenant ! » Rodriguez ne décela pas

de panique dans la voix de son coéquipier, mais l’urgence de sa demande était compréhensible. En effet, une colonne de trois véhicules légers avec des individus armés approchait à vive allure du sud, le long de la route principale venant d’Erbil.

« Pas encore » pensa le lieutenant Rodriguez, le regard rivé sur la scène d’apocalypse qu’il avait provoquée au niveau de l’aile ouest de la mosquée. Il attendait de voir si son missile avait touché les deux hommes.

« Appareil 4532, répondez ! » Le capitaine Spears attendait la confirmation de la réception de son ordre. Contre tous les protocoles militaires, le lieutenant coupa la radio et se concentra une nouvelle fois sur son ancienne cible.

« Dan, tu vas nous sortir de là oui ou non ? » La panique s’insinuait maintenant dans la voix de son ami, mais Rodriguez lui fit un signe pour le rassurer. Enfin, la vision s’éclaircit et il put apercevoir les deux hommes couchés à même la chaussée, alors que le trou de plusieurs mètres de diamètre que le missile avait laissé dans la façade de la mosquée fumait toujours. Alors qu’il fixait la scène, le minaret de la mosquée s’effondra dans un nouveau nuage de poussière et de gravats.


– Ils sont morts tu penses ? demanda-t-il d’une voix blanche.

– Oui nom de Dieu, c’est obligé, le missile a explosé à moins de cinquante mètres de là où ils se trouvaient. Tu sais comment cette saloperie thermobarique fonctionne : leurs poumons ont dû imploser. Tu nous sors de ce merdier maintenant ? supplia Théotokis.

– Non mon ami, on va arroser ces bâtards, tiens-toi prêt avec le 30 mm.


Rodriguez tira violemment sur le manche pour se mettre en face de ses ennemis. Il pointa le nez de son Apache face au sud et fonça vers la petite colonne de véhicules tout-terrain.


« On est bien trop bas, tu vas nous faire tuer ! » La voix de Théotokis était haut perchée, mais son supérieur ne l’entendit pas. Il se concentra sur son nouvel objectif.

« Je vais d’abord dézinguer ces fils de pute, dit froidement Rodriguez avec un mauvais sourire aux lèvres. Et après je vais m’occuper du capitaine Spears en personne. Je vais lui foutre un Hellfire dans le cul, je suis sûr que ça va lui plaire ! »


3


Texte d’un communiqué de presse de l’armée américaine :

« Le Département de la défense a annoncé aujourd’hui le décès de deux soldats engagés dans l’opération "Inherent Resolve".

Le lieutenant Daniel W. Rodriguez, 26 ans, et le sergent de 1ère classe Mickael G. Théotokis, 24 ans, sont morts le 22 août à Mossoul, Irak, dans un accident d’hélicoptère ne résultant pas d’une situation de combat. L’accident est en cours d’investigation.

Les deux victimes appartenaient au premier bataillon, 229e régiment de cavalerie, 1ère division de cavalerie, et étaient basés à Fort Hood, Texas. »


Extrait d’un article du Daily Mail :

« Un hélicoptère Apache AH-64 s’est écrasé à 15 km au nord de Mossoul et ses deux membres d’équipage ont trouvé la mort, a annoncé vendredi le commandement central américain, alors que la ville est sous le contrôle des troupes de l’État islamique depuis près d’un an.

Les pilotes ont été déclarés morts dans un accident ne résultant pas d’une situation de combat », a indiqué à la presse le général William Martingale.


D’un autre côté, les revendications contradictoires par tweets interposés, l’une de l’État islamique et l’autre du front Front al-Nosra, sont venues compliquer un peu plus la situation quelques heures après l’incident. Il est vrai que, pour l’EI tout au moins, des experts en armement avaient déjà souligné lors du crash d’un F-16 jordanien en décembre dernier que les troupes de Daech possédaient des missiles russes de fabrication chinoise, les fameux Sam-7.

Et comme si cette confusion ne suffisait pas, des journalistes se trouvant parmi les troupes peshmergas au nord de Khorsabad, à quelque 12 km au nord-est de Mossoul, ont mentionné la possibilité d’un tir ami pour expliquer le crash de l’Apache. En effet, les journalistes de France Télévisions, accompagnés d’une unité féminine kurde, auraient assisté à la scène du crash de l’hélicoptère, sans avoir eu le temps de la filmer. Selon cette version, un hélicoptère de combat, qui volait à basse altitude, aurait été détruit en l’air par un missile venant de haut, et non du sol. Les images qu’ils ont pu tourner par la suite montrent une colonne de fumée noire, puis l’arrivée en moins de deux minutes de trois autres hélicoptères de la marine américaine. Selon cette même source, ces appareils auraient débarqué une unité de commandos de la marine américaine, probablement des Navy Seal, afin de sécuriser la scène du crash. La qualité des images, tournées à grande distance, ne permet pas de corroborer cette hypothèse.


 
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   Anonyme   
27/9/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
J'ai beaucoup aimé la première partie de cette nouvelle. Je ne connais pas du tout la situation de cette ville à l'époque du récit mais fiction ou réalité, vous avez su m'impressionner par vos descriptions des horreurs de cette révolution islamique. Le dialogue des deux interlocuteurs est un délice, d'une grand érudition. Leurs propos très justes et intelligents apportent beaucoup de nuances à mes préjugés sur l'Islam en général, idées prémâchées quotidiennement par les médias et leurs infos bien souvent retirées du contexte et superficielles.
Rien à dire, quant à l'écriture, claire, efficace, là encore cela mérite un grand coup de chapeau.
La deuxième partie, petite remontée dans le temps pour se recaler avec la fin de la première partie: ce petit jeu dans la conception de l'histoire est bien réalisé. Le côté très technique est époustouflant. Je suis réellement très impressionné.
Un seul bémol, j'ai du mal à comprendre la fin de votre nouvelle, on ne s'est pas trop ce qui est arrivé à l'hélicoptère.
Bravo pour cette histoire très enrichissante à beaucoup d'égards, superbement bien écrite.
Du très grand niveau.

   carbona   
1/10/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Ce texte est intéressant. J'ai surtout été absorbée par la première partie que j'ai lue avec grand intérêt. La seconde a marqué plus de distance avec tous les noms d'armes et les détails des équipements, j'ai eu plus de mal à vivre la scène. Et aussi une confusion dans le nom des protagonistes, j'ai eu des difficultés à m'y retrouver et je dois dire que la fin ne me paraît, du coup, pas très claire. Je suis un peu perdue.

Merci pour votre texte.

   Anonyme   
13/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Impressionnante cette nouvelle.
Quelques longueurs, au sens de un peu 'trop' de détails sur l'armement par exemple, demandent un certain effort au lecteur (que je suis) pour ne pas décrocher. Mais ça se tient.
Ce que je trouve intéressant c'est de montrer la 'bavure' évitée de justesse (mais on n'est pas sûr).
Et puis vous laissez beaucoup de place au doute personnel dans plusieurs camps, c'est bien. Sauf les 'fondamentalistes' n'ont pas pu se montrer, mais bon, c'est une autre histoire.
Donc, en résumé comme deux plongées successives dans deux mondes différents, celui des croyants plus ou moins fidèles, celui des infidèles plus ou moins croyants dans leur propre credo.
Et après les plongées, le survol des événements par la presse.
Bravo donc pour votre texte et votre travail sur ces sujets difficiles.
A vous relire.

   Anonyme   
13/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quelle première partie ! Elle est prenante dès la première ligne. Les réflexions sont brûlantes d’actualité. Je n’ai eu qu’à me laisser glisser dans votre nouvelle, l’espoir rivé aux yeux de trouver quelques réponses sensées à mes doutes sur la situation infernale que nous vivons aujourd'hui.

L’écriture est soignée, semble documentée sur le bout des doigts et paraît d’une facilité déconcertante.

Me voila suspendue aux déroulés de l’action. Je suis tout à tour, l’émir qui éduque ses enfants selon sa propre foi et Amir habité de sa laïcité. Je bois plus que je lis.

J’aime la relation apaisée, intelligente de vos deux héros. La paix semble simple, à portée de la main.

Malheureusement je me perds lorsque tout s’embrase dans le chaos des missiles et le ballet de l’hélico. La chute à la porte de la mosquée, aurait, pour moi, largement suffi comme point final. Tout était dit. La suite devient le vouloir-trop-bien-faire qui gâche mon plaisir de lectrice. J’aime lorsque mon imagination à ras bord poursuit seule sa route et l’accomode à sa façon.

Délestée de la gêne tant j'ai aimé la rencontre du début, j'ai laissé la deuxième séquence en plan. Elle qui mériterait une autre nouvelle pour elle seule. Je n’ai pas eu à cœur de l'approfondir aujourd’hui.

A vous relire bientôt.

   hersen   
14/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je veux saluer ici le choix du sujet : difficile s'il en est, il nous place au coeur de cette actualité dramatique. ( un peu comme la petite BD de Zep qui fait mourir Titeuf dans les barbelés, après que son père a été tué dans l'explosion de son appartement. Plus parlante que trois heures d'actualités à la télé. )
La première partie est prenante, se lit facilement et nous assistons à une remise en question des deux personnages sur leur foi, ce qui est une chose, et sur la religion, ce qui est autre chose.
J'ai eu plus de mal avec la deuxième partie, on est un peu noyé dans un vocabulaire qui me reste hermétique, ça rend donc les évènements plus difficiles à suivre.
Mais je comprends aussi que c'est traité de façon très réaliste.
Il m'a fallu deux lectures pour comprendre cette deuxième partie.

Merci pour cette lecture.

   aelketta   
14/10/2015

   jeanmarcel   
22/10/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un beau texte sur un sujet rarement abordé en dehors des informations officielles et des compte-rendus de grands reporters. Les jeux de la guerre et du hasard ou " Chef ! est-ce que l'on tue les bonnes personnes ? "
Le souci d'authenticité est remarquable et la sécheresse de l'action encadre bien le préambule plus philosophique. Bravo aelketta c'est du bon travail d'auteur sensible mais documenté.

   AlexC   
22/10/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour aelketta,

Un texte d’une précision chirurgicale si j’ose dire. La première partie m’a bien plus attirée que la deuxième (et la troisième). Un simple communiqué de conclusion après l'ouragan m’aurait suffit pour conclure cette nouvelle. J’ai trouvé les problématiques abordées très intéressantes et les thèmes bien renseignés. La description des protocoles militaires, des états de fonction des soldats et le détail des armes ne me paraît en revanche pas d’un grand intérêt ici. La partie sur les problèmes inhérents à l’absence de contacts humains sur le terrain m’a bien plus intéressé.

Un texte très instructif donc, qui en tant que nouvelle manque sans doute d’enrobage littéraire pour me convaincre complètement mais qui a le mérite de traiter de sujets importants avec une sensibilité et une délicatesse que d’autres oeuvres n’auraient pas.

Merci


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