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Humour/Détente
aldenor : Balade à vélo
 Publié le 31/10/09  -  15 commentaires  -  13310 caractères  -  416 lectures    Autres textes du même auteur

Quête d’identité.


Balade à vélo


Je vacille, me rétablis d’un brusque coup de guidon, pars en demi-cercle, vers une palissade, que j’esquive de la pointe de la chaussure, revenant sur la route, en sens inverse. Encore sous le choc de ma prouesse, je m’avise que mes pieds battent l’air : j’ai perdu les pédales. Quelle force me maintient donc encore debout ?

Aucune.

Tour d’horizon discret : pas de témoins. Je me relève en vérifiant la casse. Aye, le vélo a pris une petite éraflure.

Un minimum de vitesse paraît nécessaire pour assurer un mouvement stable et rectiligne. Cette fois j’appuie plus résolument sur les pédales. Ça y est, je roule. Je remonte petit à petit une piétonne. Une vieille, mais vigoureuse paysanne, en jupe longue à volants, les cheveux blancs couverts d’un chaperon et portant un grand panier de pommes. Je rectifie ma posture sur la selle, je me redresse, me fait plus altier ; avec une touche de nonchalance : port de tête oblique, sourire tranquille, léger balancement des épaules. Je la double en donnant deux coups de sonnette guillerets. Elle capitule et s’écarte précipitamment. Qui dirait que je ne suis plus monté sur une bicyclette depuis mes douze ans ?

J’aurais peut-être dû lui dire bonjour. Ça doit se faire dans ces endroits. Je pose un pied à terre et me retourne : la maladroite est en train de ramasser les pommes tombées de son panier. Je lui lance un « Bonjour ! » bien appuyé. À la manière dont elle me regarde, je réalise que je me suis trompé : on ne se dit pas bonjour par ici.

Qu’importe. La route est libre à présent. Pas âme qui vive dans cette campagne. Moi et la Nature. Verdoyante. Apaisante. Propice aux grandes questions existentielles. Le glissement des pneus sur l’asphalte fait pssss comme un TGV.


Au début, dans la jeunesse, on se demande qui on est.

À la fin, on sait.

Enfin, on devrait savoir. Parce que voilà, on a été, il n’y a plus de mystères.

Et pourtant…

Qui suis-je ?

La question me laisse l’esprit vide.

Il doit y avoir vice de forme dans la manière de la poser.

Faudrait-il d’abord se demander : que suis-je ?


Par exemple : suis-je ce que j’ai fait ?

J’ai peint. Enfin, pas toute ma vie, pas sans arrêt, mais disons principalement ; des tableaux soi-disant surréalistes. Alors qui suis-je ? Dans ce cas, étant ce que j’ai fait, je suis mes croûtes. C’est maigre. Et si je les jetais au feu, je n’existerais même plus. N’empêche que la problématique semble bonne. Une fois défini ce que je suis, il devient aisé de savoir qui je suis. Si je dis « Je suis ce que j’ai », c’est clair : je suis mon chevalet, mes pantoufles, ma collection de capsules de bouteille de bière… Ah ! Vraiment, faire du vélo m’aiguise l’intellect !


Hé, je zigzague !

Propriétaire inquiète de la bicyclette, ma nièce m’a fait tout un cours sur le fonctionnement de l’appareil.


- Tu es sûr que ça va aller ? Je tiens à cette bécane : elle est toute neuve !


La route monte. Voilà pourquoi je zigzague. Petit tourniquet de la manette des vitesses : ça va mieux. Facile. Pourtant, il y a deux manettes. Je manipule la deuxième. Ça va encore mieux. Super, on se croirait sur du plat ! Je tournique à gogo, jouant des deux manettes à la fois : les pédales se mettent à tourner en folie. Waw, je m’envole !

En fait pas du tout, les pédales tournent à vide.

La chaîne a sauté.

Alors… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?


Je tire sur la chaîne pour la remettre en place, elle ne veut pas s’encastrer dans les dents du pignon. Ça prend d’un côté, ça lâche de l’autre. Je m’acharne. Je suis en sueur. J’ai les mains noires d’une innommable graisse dont les chaînes sont imbibées. Je m’aide des pieds pour caler simultanément quatre points d’accroche.

Je suis ainsi en crabe contre le vélo quand un panier de pommes se pose à côté de moi.


- Pousse-toi de là, me dit la paysanne.


En un tournemain méprisant, elle a remis la chaîne en place.


* * *


Je roule dans des vignes. Le vélo cahote sur le sentier pierreux. La selle est un peu dure. Cinquante ans sans faire du vélo, ça ramollit les fesses.


Suis-je le nom que je porte ? Koji Toergosum ?


- On l’a retrouvé mort dans les vignes, il faisait du vélo.

- Qui ça ?

- Là, le peintre raté, vous savez, Koji je ne sais comment.

- Toergosum ! Il faisait du vélo à son âge ?


Non. Je ne suis pas Koji. Mon nom ne décrit en rien qui je suis. Il a été choisi arbitrairement à ma naissance. Si on veut qu’ils signifient quelque chose, les noms, on devrait les donner après. À la fin de la vie. M’appellera-t-on Lom Kinefupa ?


Suis-je l’espace que mon corps occupe ?

La définition me semble scientifiquement satisfaisante. C’est clair et net : je suis cet espace délimité. Elle ne m’avantage pas outre mesure : je suis plutôt maigrichon. J’ai moins d’existence que de plus gros que moi.

Faut-il comptabiliser les poils ? Ça compliquerait les calculs… Oups ! Je m’engage sur une forte descente !

Je la dévale sans freiner. J’étais drôlement casse-gueule à douze ans. Graduellement, je suis devenu craintif. Mais là, ça me reprend d’un coup, le goût de la folie. Mes cheveux se dressent d’excitation. Ce que je disais, avec les poils on n’est jamais certain du volume qu’ils prendront. Le vélo bondit sur les cailloux, se cabre. La pente s’achève sur un virage. Que je n’avais pas anticipé.


Obscurité. Brûlures. Piqûres. Engourdissement. Un pied qui arrive à remuer, c’est encourageant, mais il ne repose sur rien, il est dans le vide, tandis que ma tête est dans du plein : j’ai la tête à l’envers ! J’essaye de me désempêtrer, la sonnette vibre, je me rappelle que je faisais une balade à vélo.


Je repousse la carcasse de la bécane et me dégage du fossé, couvert de feuilles mortes et de branches de mûrier.


* * *


Je mesure petit à petit l’étendue des dégâts causés par ma chute : le cou tordu, un bras pendouille, un genou claudique… Mais l’essentiel c’est le vélo : le tube horizontal est tordu, une poignée pendouille, la jante déformée de la roue avant claudique…

Je monte dessus précautionneusement. Je donne un petit coup de pédale. Le vélo démarre en retenant son souffle.

À chaque tour la roue fait sssskok en tressautant et je dois me cramponner à la poignée vaillante, comme un cow-boy à la corne du taureau au rodéo.


Suis-je ce que sssskok j’aurais pu être ?

Je n’entends pas que j’aurais pu être un Dali ssskok. Je veux parler de ce qui ne découle pas forcément de la logique des êtres et des choses. Ainsi, j’aurais pu dans cette chute me rompre le cou. Je dois assimiler ce possible : je suis mort. La mort figure désormais dans ma définition. Dans mon esssskokence.


Tiens. Une villa perdue par ici. Je m’arrête. Du gazon bien tondu. Une piscine. Une antenne parabolique. Trois voitures, des 4x4 noirs, vitres fumées. Un chien. Féroce. Bavant sur le gazon. Des rampes lance-missiles, autour desquelles s’affaire un groupe d’hommes. Des rampes lance-missiles ?


- Curieux ?


Je me retourne en souriant. Sourire est mon premier réflexe quand quelqu’un m’adresse la parole. Une sorte de fou sadique braque un revolver sur moi. Je morphe mon sourire en grimace. L’homme qui grimaçait, effectue la manœuvre inverse et étale un large sourire :


- Qui es-tu ?

- Qui suis-je ? La question est là.

- Lacaisse Tionella ? C’est un nom ça ?

- Un nom ? Il ne suffit pas de connaître le nom des gens pour savoir qui ils sont. Ce n’est pas si simple ; il faut se placer dans l’angle qui convient.

- Trêve de conneries Lacaisse, s’impatiente l’homme au revolver. Mon angle il est ici devant toi. Je vais te faire parler, moi, espèce d’épouvantail déglingué !


Suis-je ce que les autres voient en moi, l’image que je projette ? Un épouvantail, un cycliste des villes, un vieux con déglingué ?


- C’est ton vélo, là par terre ? Il a bien souffert le pauvre. C’est un beau vélo pourtant. Les tubes sont lisses et rigides. On a envie de les caresser… Les rayons des pneus sont délicats, on dirait qu’ils casseraient facilement. Vois. Ping ! Ils rompent… Ping ! Ping ! Ping !

- Ho ! Arrête ! Ce n’est pas mon vélo, c’est celui de ma nièce.

- Voilà. La vérité commence à sortir. Ma technique est infaillible. Alors, qui es-tu ? J’aime bien la selle. L’arrière a un bel arrondi. Tu vas parler ou je la fesse ?


À quoi ai-je deviné que cet homme était un fou sadique ? À sa physionomie ? Est-ce que ça se voit à notre tête qui nous sommes ?

L’homme abat sa grosse paluche sur la selle. Je sens venir une vive et inexplicable contrariété.


- Mais fiche-lui donc la paix à ce vélo !

- C’est bien, tu commences à craquer. Maintenant, je vais lui démonter la chaîne… Sa petite culotte… Voilà.


Il tient la chaîne du bout des doigts comme une fine dentelle et poursuit, inattentif au panier de pommes qui vient de se poser derrière lui :


- Ton vélo est charmant comme ça ! Tu vas enfin parler, ou je lui arrache le pédalier ?


Ce disant, il reçoit sur la nuque un coup sec et s’écroule, ramolli comme une montre de Dali. La paysanne s’essuie le tranchant de la main sur sa jupe.


- Vite me dit-elle tout en ôtant son chaperon, sa perruque et continuant à se déshabiller, pour laisser paraître une amazone en tenue de combat cintrée, ceinturée de munitions et tenant deux bazookas ; nous avons affaire à une bande de terroristes qui s’apprête à larguer des bombes sur tout le pays. Nous devons passer à l’action.


Moi, passer à l’action ? Bouleverser le cours des choses ? Au nom de quoi, tant que je ne sais pas qui je suis ? Pour éviter une longue explication, je lui dis :


- C'est-à-dire qu’il y a le vélo, vous comprenez, c’est celui de ma nièce, je crains qu’il ne s’abime s’il va y avoir du grabuge.


Elle me regarde avec surprise. Un regard qui transperce. C’est fou ce qu’il peut y avoir dans un regard. Les portraitistes vous diront que nous sommes notre regard.


- Bon alors va-t-en, me dit-elle en prenant une pomme du panier.


Qu’elle dégoupille : ce sont des grenades camouflées ! Je prends le vélo et m’éloigne en claudiquant.


* * *


La campagne est inquiétante au son des premières explosions. Le vélo brinquebalant résiste à ma poussée, se coince à chaque irrégularité du sol. Je me sens pris d’un certain découragement. Ma problématique tourne en rond.


- Vélo, vélo, et toi, sais-tu qui tu es ? L’espace que tu occupes ? Ton apparence physique ? Ton passé ? Tiens, voilà un angle de vision que j’avais omis : le temps. Sommes-nous notre passé ? Es-tu le vélo que tu étais, flambant neuf sorti de l’usine, muni d’un certificat de qualité, garanti pour cinq ans ? Je vais te donner un nom, c’est toujours un début d’identité : Salvador. Alors qu’en dis-tu Salvador, mon compagnon de balade ? Pour se connaître soi-même, il faut trouver sa définition vois-tu ; or le choix est vaste. Si par exemple tu te définis comme un véhicule, tu n’es plus rien puisque c’est moi qui suis contraint de te véhiculer. Si je suis donc à mon tour un véhicule ? Tu as de l’esprit Salvador. Mais laisse-moi poursuivre mon raisonnement. Une fois qu’on a choisi sa définition, on peut aller plus loin, dépasser le cap de la quête de son identité. Se réaliser. Un peintre authentique a choisi d’être ce qu’il fait et se reconnaîtra dans ses tableaux. Un glouton, avide d’occuper plus d’espace, grossira dans la félicité. Cette femme que nous avons abandonnée a choisi de se définir comme appartenant à la race humaine, qu’il lui convient donc de protéger. Comment dis-tu ? Toi, tu irais aider cette femme ? Comme ça, de but en blanc, sans réfléchir ?

- Mais cesse donc de parler pour moi ! s’exclame Salvador, pas content du tout de la tournure de mon monologue. Tu ne sais rien des vélos ! Me définir comme un véhicule ? Franchement ! Ça ne me passerait jamais par la tête. Un vélo est une extension, un prolongement de l’homme ; ne sens-tu pas quand tu roules que mes roues sont les tiennes, mon guidon, tes bras ? Ne te sens-tu pas meilleur, plus fort ?

- Je te le concède. Et dans cette définition, tu es moi, n’est-ce pas ?

- Nous sommes toi et moi. Une entité supérieure à celle que nous étions séparément. À vélo tu n’es plus le même, tu dois chercher ta définition en conséquence, comme un tout, toi et ton vélo.

- Aha ! je vois. La question devrait être, non pas Que suis-je ? mais : que suis-je à vélo ? C’est logique. À quoi bon faire une balade à vélo, si c’est pour avoir des pensées pédestres ?


Que suis-je à vélo ? L’espace que j’occupe est certes plus vaste, mais pas tellement et je vais un peu plus vite, mais sommes-nous notre vitesse ? Et puis, et surtout, je suis moi-même une extension, un prolongement, du vélo. Avec lui, comme il s’humanise, je me vélotise, me décérébralise. Je sors de ma phase contemplative. Je suis mûr pour passer à l’action.

Un son de mitraillade. Des cris. Faire vite.

Sans chaîne, le vélo est hors de service. En nouant chacun de mes pieds sur une roue, la poussée de mes jambes se substitue au mécanisme du pédalier. Je m’aplatis sur le tube horizontal. J’épouse la forme du vélo. Ça y est : nous ne formons plus qu’un, j’ai trouvé ma vérité, je suis un homme à roues.

Je commence à rouler…


- Allons-y Salvador ! Allons donner un coup de main à cette sssskok femme.


 
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   jaimme   
31/10/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
Là je vais avoir du mal à commenter!
J'ai adoré, tout simplement!
C'est superbement écrit, intelligent, drôle, etc.
De l'absurdité des définitions.

Lisez, mais lisez donc! Je ne vais quand même pas gâcher le plaisir des lecteurs suivants!

edit: d'autres ont lu, alors je reviens pour expliquer mon engouement. Le mélange des genres est la plus belle surprise pour moi. Et aussi la poésie de cette ballade. Je ne sais pas trop pourquoi (pas seulement les noms japonais ou quasi-nippons!), mais j'ai pensé à Miyazaki dans ses meilleures œuvres. De plus la réflexion autour de la définition identitaire est savoureuse. Intelligente et humoristique. Le côté déjanté de la paysanne, le gangster tiré de Lewis Carroll. Bref, l'alchimie a pris.
Merci!!

   widjet   
31/10/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Une fois encore, l’auteur se démarque avec son esprit foutraque, ses personnages loufoques en y ajoutant cette fois des questions existentielles. Je pense que le texte se doit d’être lu plusieurs fois car derrière le divertissement, il y a un autre niveau de lecture qui est loin d’être con. Sans pour autant atteindre ses meilleures réussites (le texte souffre par moment d’un manque de clarté, de précision ou de détails, notamment on ne sait jamais vraiment si le héros pédale ou est à l’arrêt comme la scène du début où la chute n’est pas très claire au même titre que l’intervention très soudaine de la paysanne pour remettre la chaîne, bref ce n’est pas assez visuel), le texte se lit facilement avec un sourire au coin des lèvres (« Trêve de conneries Lacaisse » mdr).

Un poil déçu, quand même.

Attention aux redites (le verbe claudiquer, 3 ou 4 fois, alors que des synonymes – boiter, trainer la jambe – font très bien l’affaire).

Widjet

   wancyrs   
31/10/2009
Désolé ! je me suis ennuyé à lire le texte.
Il ne m'a pas fait ri du tout, et cette façon de tourner en rond autour du même sujet, étirant par des artifices, pour rester sur le même point, ne me convainc pas.
Des tournures aussi maladroites que " moi et la nature", " le vélo démarre " ne permettent pas la fluidité attendue dans des textes de détente.
Ce n'est que mon ressenti, et puisqu'il est assez subjectif, je laisse la place aux autres à en juger aussi
Bonne continuation et au plaisir de te relire

wancyrs

   colibam   
31/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une agréable ballade existentielle au son chaotique d'un bien étrange pédalier.

J'aime beaucoup l'ambiance surréaliste qui se dégage de tes phrases, les touches d'humour décalé, l'émotion qui imprègne ta toile, la paysanne qui apparaît par intermittence dans ce Dédali-de-mots foisonnant d'énergie.

Seule la fin m'a semblé un peu terne, on attendrait presque une suite.

Un texte riche que je vais laisser infuser pour une seconde lecture.

   Anonyme   
31/10/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour aldenor
J'ai bien aimé le texte que j'aurais bien vu en réflexion. Curieux ces personnages qui n'ont d'existence que dans la tête du cycliste et ce décalage entre passé et présent. Le vélo est dernier cri, mais son pilote n'a pas d'âge non plus. Jeune au début du texte, bcp plus vieux ensuite. Toergosum ? Je pense (que) oui...
Un délire bien réfléchi, bien pesé, une réflexion à poser... dans quelle étagère ?
Merci pour ce petit moment pas ordinaire qui ouvre les synapses sur un bien agréable bol d'air.

   brabant   
31/10/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte virevoltant m'a beaucoup plu et confine au surréalisme. Humoristique et loufoque, débridé, absurde, j'imagine très bien Dali ("Salvador") sur ce vélo, la moustache en guidon frémissant. La philosophie n'en est pas absente avec ce "Cogito ergo sum" à votre façon, Le crâne de Descartes doit frissonner d'aise lassé de son austère cartésianisme. Et cette quête identitaire de l'essence/ quintessence est mise à la portée des plus modestes cervelles (je me perds au bout de trois paragraphes du Discours où il me faut régulièrement rétrograder les vitesses pour rester en équilibre précaire sur le fil d'un texte qui m'assène que le "bon sens est la chose du monde la mieux partagée". Merci Aldénor! Grâce à vous, je reprends espoir...
J'aime beaucoup la fin où l'homme comprend que le vélo doit perdre sa chaîne et n'être plus qu'un cadre, un guidon et des roues pour faire corps avec l'homme, devenir son prolongement comme des membres, devenir ainsi partie intégrante et intégrée de l'homme, être aussi l'homme sans que l'on ne sache plus dissocier l'un de l'autre.
J'en retire la leçon que le seul vélo qui soit, mouvant et pensant, eh! bien! c'est la draisienne! Retournons aux sources, là se trouve notre identité!
Bravo pour ce texte hautement distrayant, humoristico-philosophique, vélo et quête identitaire, essence et quintessence expliquées aux Nuls!

Je brise la chaîne de ma bicyclette et je m'en vais par les chemins de campagne chercher qui je suis, je m'en vais entreprendre mon Compostelle à moi. Fort heureusement tous les chemins ne mènent pas en Suède où sévit la pleurésie!...

Encore bravo, Aldénor, et merci pour ce bon moment! Je reviendrai!

   Chene   
1/11/2009
 a aimé ce texte 
Passionnément
To be or not to be ? Cogito ergo sum... Chassez le naturel, il revient à vélo (Achille Chavée).

Entre cette question existentielle et ces deux aphorismes, j'hésite à choisir ma clé d'entrée pour commenter ta nouvelle, aldenor

Je pense qu'il y a un peu (beaucoup) des trois :

- l'existentialisme shakespearien :
"Au début, dans la jeunesse, on se demande qui on est.
À la fin, on sait.
Enfin, on devrait savoir. Parce que voilà, on a été, il n’y a plus de mystères.
Et pourtant…
Qui suis-je ?"


- le cartésianisme teinté d'humour sauce aldenor
"Koji Toergosum"

- le surréalisme d'Achille Chavée remis en selle* par Salvador, la bécane !
"Sans chaîne, le vélo est hors de service. En nouant chacun de mes pieds sur une roue, la poussée de mes jambes se substitue au mécanisme du pédalier. Je m’aplatis sur le tube horizontal. J’épouse la forme du vélo. Ça y est : nous ne formons plus qu’un, j’ai trouvé ma vérité, je suis un homme à roues.
Je commence à rouler…"


* remis en selle, je devrais dire remis en scène ;)

Car c'est bien de ça dont il est question dans cette nouvelle : une mise en scène à trois entrées (sans parler du décor scénarisé version aldenor OO7 lol qui n'a pour but que de faire perdre les pédales au lecteur).

Vous pensez que je déraille dans mon commentaire ? Demandez à l'auteur !

Chapeau bas aldenor !

Chene

   Anonyme   
1/11/2009
 a aimé ce texte 
Un peu
Désolé, je n'ai pas adhéré à ce texte malgré sa fantaisie virtuose ! Il m'a fait trop pensé à une BD -dont l'univers m'indiffère, problème de génération sans doute- Il est certain aussi que je n'ai pas compris toutes les intentions de l'auteur... A une prochaine fois.

   alifanfaron   
1/11/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Non, pas emballé. Seule la première vague de question m'a interpelé.

"Au début, dans la jeunesse, on se demande qui on est.
À la fin, on sait.
Enfin, on devrait savoir. Parce que voilà, on a été, il n’y a plus de mystères.
Et pourtant…
Qui suis-je ?
La question me laisse l’esprit vide.
Il doit y avoir vice de forme dans la manière de la poser. "

Le reste ne m'a pas touché. Soit, la fantaisie peut faire sourire, mais je ne trouve pas qu'elle serve le questionnement dans ce texte. Je ne dis pas qu'un questionnement profond doit se faire sans humour ni fantaisie, mais là, comme ça, je n'ai pas accroché.

Néanmoins le style est propre et la lecture limpide.

   Anonyme   
2/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Aldenor

Le début ne m'a pas trop emballée : Je l'ai trouvé un peu plat, une suite de phrases pas assez imagées je trouve.

J'ai aimé à partir de l'intervention de la paysanne et après je n'ai plus lâché.

Une bonne idée que cette quête identitaire ltée à la ballade.

J'apprécie le côté absurde (interventions de la paysanne, les terroristes et le vélo).

J'ai eu l'impression que c'était resté un peu superficiel (l'absurde n'est pas assez mis en valeur) y compris au niveau de la forme qui m'a parue un peu trop sage. Mais j' ai beau relire je ne trouve pas ce qui ne va pas. Désolée d'être si peu constructive.

Xrys

   Selenim   
6/11/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un texte assez difficile et décousu mais qui transpire de cette douce absurdité qui fait le charme de l'auteur.
J'ai trouvé l'écriture soignée mais moins imagée qu'à l'accoutumée. Les phrases sont plus sèches sauf dans les passages philosofico-absurdique.
Les réflexions sur l'identité sont bien amenées et construites. Je trouve juste dommage qu'elles n'aillent pas jusqu'au bout. Les hypothèses sont soulevées mais la conclusion manque. Même léger ou incomplet, j'aurais apprécié au moins un final.

Sur la fin, comme souvent, l'auteur nous gratifie dune conclusion délirante. C'est amusant mais amené de façon trop abrupte. La transition est trop brutale j'ai eu du mal à m'y retrouver avec ce qui précédait.

Selenim

   florilange   
27/11/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai aimé, sans restriction.
Aldenor nous fait la preuve par vélo interposé que la philo fait partie de la vie, que c'est la vie. On fait tous de la philo sans le savoir mais Aldenor, lui, le sait & partage.
Bravo pour ce cheminement toujours amusant, souvent délirant. Le style est parfaitement adapté, jouant avec les mots avec maestria.
Vraiment passé 1 bon moment, merci,
Florilange.

   marogne   
1/1/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Qui sommes-nous ?

Cela n’a sans doute rien à voir, mais au pot de départ à la retraite d’un collègue de travail, j’avais choisi « Uno Nessuno e centomila » comme trame du discours, essayant de montrer, ou plutôt d’évoquer quelques-unes des facettes de cet homme plutôt discret. Bien entendu j’avais fini en disant qu’il n’était certainement pas « nessuno » et que l’ensemble de ses « centomila » en faisant certainement un « uno » unique.

Ici Aldénor nous entraîne sur les mêmes réflexions avec sa touche humoristique habituelle, mais cette fois-ci – en tout cas pour mpi – utilisée au profit de l’idée, au profit du texte, et sur ces aventures burlesques il nous entraîne plaisamment à la réflexion.

Du beau travail d’écriture en plus, l’attention ne se relâche pas. D’accord, je n’aime pas trop les phrases sans verbes, mais ici, j’ai mis ça derrière l’intérêt du texte.

Un seul détail, je n’ai pas trop aimé le « je remonte …. Piétonne » ; mais bon, ça n’est pas bien grave.

   Anonyme   
17/4/2010
« j’ai perdu les pédales » et suis tombé dans les « Verdoyante. Apaisante. Propice » VAPs. Après une chute de vélo, peut-être ?
« Obscurité. Brûlures. Piqûres. » : d'où les croutes.
Un bon travail d'écriture un peu foutraque. Mais cette quête identitaire ne m'a pas emballée probablement parce que je l'ai pas lue au bon moment.

   Bidis   
24/9/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte est extrêmement amusant, mais par endroits un rien brouillon tout de même. De la haute voltige mais aussi quelques petits ratés à mon avis. C’est bien dommage.
- « Je mesure petit à petit l’étendue des dégâts causés par ma chute : le cou tordu, un bras pendouille, un genou claudique… Mais l’essentiel c’est le vélo : le tube horizontal est tordu, une poignée pendouille, la jante déformée de la roue avant claudique… »
Je me permets de ne pas partager l’amour immodéré de l’auteur pour le verbe « pendouiller » qui tout seul me paraît déjà assez peu esthétique mais dont la répétition me semble définitivement rédhibitoire.
- « Je monte dessus précautionneusement » : Heu... on vient de parler de la jante et j’ose supposer que c’est sur le vélo que le personnage (re)monte.
- « je crains qu’il ne s’abîme s’il va y avoir du grabuge »: Je proteste violemment : après un « si » on ne met pas un futur tout de même ! Je voudrais donc lire « s’il y a » ou « s’il doit y avoir » (du grabuge) pour que ma lecture coule plus fluidement derrière mon amusement.

De « - Vélo, vélo, et toi, sais-tu qui tu es ? » jusqu’à « Je sors de ma phase contemplative. Je suis mûr pour passer à l’action. » j’ai survolé le texte plus que je ne l’ai lu. J’aime bien réfléchir et mine de rien ce texte a un petit côté où l’on se pose quelques questions, mais ici c’est trop touffu, cela me demandait un petit effort et j’aurais voulu, pour le faire, être certaine que cela valait bien la peine de fatiguer mes neurones qui ne sont plus tout jeunes.


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