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Sentimental/Romanesque
Alice : Identités Inc.
 Publié le 26/11/14  -  13 commentaires  -  11207 caractères  -  132 lectures    Autres textes du même auteur

Ma conviction d'écrivaine la plus folle : je gérerais ma vie dix fois mieux si je recevais le droit de traiter les gens comme des personnages en chantier.


Identités Inc.


– Comment je m’appelle aujourd’hui ?


Elle m’a piégé de ses yeux nus, couleur météorite. Je l’ai jaugée un moment avant de suggérer :


– Elizabeth. Ça t’irait bien, non ?

– Ça dépend. Avec un Z ?

– Oui.

– Tu me surnommerais pas « Beth » ni « Lizzie » ?

– Non.

– Ça marche.

– Enchanté, Elizabeth.

– Oui, ça me plaît bien.

– Tant mieux, Beth.

– T’avais promis.

– J’avais rien promis, mais je vais essayer de résister à la tentation.


Son sourire s’est crispé.


– De toute façon, c’est seulement pour aujourd’hui, pas vrai ?

– Oui.


Elle m’a fixé, de ses yeux qui vous résumaient en une fraction de seconde.


– Raconte, a-t-elle exigé d’une voix égale.


Chaque jour, je regardais ces yeux béants, ouverts sur le royaume infini des possibles. Chaque jour, un nouveau monde à orchestrer.


Je me suis lancé. J’ai figé la nouvelle Elizabeth dans un temps, une profession, une famille. J’ai fait naître ses amis, ses enseignants, ses parents, son poisson et son livre préféré. J’ai resserré sur ce cou gracile l’écharpe chaleureuse du souvenir. Pour la quatre-vingtième fois, j’ai inventé une vie humaine. Pour la quatre-vingtième fois, elle m’a écouté sans mot dire, non pas religieusement, mais à la manière qu’ont les gens saouls d’observer leur propre main bouger. Fascination et langueur. « Vas-y, qu’elles disaient, les météorites, invente-nous. Encore. »


La vie d’Elizabeth était plutôt belle. Poétique. Un parfum altier y flottait, renforcé par la sonorité régalienne du prénom. On est un bon raconteur d’existence ou on ne l’est pas.


Je l’étais.


Je ne l’aurais jamais su si je n’avais pas rencontré Elizabeth, alias Kim, alias Marianne, alias Jennifer, alias soixante-seize autres personnes extraites des mêmes yeux.


J’ai regardé les cheveux de ma protégée et j’ai entrevu les doigts de sa mère se frayer un chemin dans leur couleur indéfinissable. Sans lâcher ce filon, j’ai brodé à propos de ce tic qu’Elizabeth avait toujours eu, en ma présence, de placer ses cheveux derrière ses oreilles. J’ai vu la mère, une femme aux longs cheveux prématurément gris, faire naître cette obsession en la coiffant tous les matins, insistant pour qu’aucune mèche ne dépasse. « Je ne veux pas que tu attrapes de poux », qu’elle disait. Et Elizabeth soupirait.


Face à la toute-puissance maternelle, Elizabeth n’avait jamais osé faire ses tresses elle-même, d’où le dédain systématique d’aujourd’hui pour les coiffures plus élaborées. De toute façon, elle adorait quand ses amies, et plus tard ses deux seuls petits amis, passaient leurs mains dans ses cheveux. Déjà toute petite, elle faisait semblant d’être ennuyée de leurs attentions pour en recevoir davantage, car ainsi allait le monde tel qu’Elizabeth l’avait compris.


Le premier petit ami d’Elizabeth, comme nombre de premiers petits amis, avait été une perte de temps mais un gain de confiance.


Le deuxième petit ami faisait de l’insomnie. La nuit, il finissait par se lever pour ne pas la réveiller et il allait s’asseoir sur l’îlot de la cuisine, rêvant, dans ses pantalons de flanelle. Invariablement, Elizabeth sentait son absence : se réveillait la chair toute frémissante du manque d’expiration dans sa nuque, et se levait à son tour. Sans parler, elle lui préparait une tasse de tisane et le regardait boire, à la fois dégoûtée et émoustillée par le roulement de sa pomme d’Adam. Il finissait, elle lui prenait la main, le tirait jusqu’à la chambre puis le poussait jusqu’au lit. Il faisait mine de résister pour la sentir sourire contre son torse. C’était à qui tomberait sur le matelas par-dessus l’autre ; il la laissait gagner une fois sur deux.


Elle l’avait vraiment aimé, avec ses pantalons de flanelle, son sommeil entrecoupé, ses gorgées interminables et sa galanterie adorablement arbitraire, qui la laissait gagner la nuit sans lui tenir la porte ouverte le lendemain. Elle l’avait vraiment aimé. Il avait été le seul à être jamais autorisé à l’appeler Beth. Ça ne s’invente pas.


Le jour où Elizabeth était retrouvée grelottante, grand oiseau sans bagages, plumes râpées sur le ciment fumeux du plancher de la gare, l’amoureux dégrisé venait de l’y abandonner. Les parents passaient toujours tout l’hiver en Floride et ne se rendraient compte de la disparition qu’au printemps. Ils s’inquiétaient cependant, avaient laissé plus de quarante messages sur le répondeur. Ils ne savaient pas que leur fille avait abouti ici. Ici, dans cet hôpital, section soins psychiatriques.


Je l’avais gavée de soixante-dix-neuf vies à ce jour pour compenser la perte d’une seule. Depuis que j’étais tombé sur elle au détour d’un couloir, en novembre dernier, je n’avais pas manqué une seule de mes visites quotidiennes. De quinze à dix-huit heures, chaque jour, je lui fabriquais une vie à la démesure de l’amnésie. Je tricotais des faits à partir d’un visage dépossédé de lui-même.


L’amnésie a de merveilleux qu’elle permet le bénéfice du doute. Le point de départ des vies que j’offrais à cette jeune femme n’était autre que « pourquoi pas ». Pourquoi pas née une année bissextile ? Pourquoi pas une sainte horreur des lasagnes ?


– Il est dix-huit heures, a-t-elle dit comme à son habitude.


J’ai souri, moins essoufflé qu’auparavant. La créativité, c’est comme le cardio : ça se renforce avec l’exercice.


– On se voit demain, Elizabeth.

– Contente d’avoir fait ma connaissance, a-t-elle ânonné platement, complétant notre rituel.


Je l’ai regardée avant de sortir. Elle était belle. D’une beauté qui ne se connaissait pas elle-même, c’était le cas de le dire.


***


Une semaine plus tard


– Raconte.

– Eh bien, pour t’appeler Alice, il faut bien que tes parents aiment Alice au pays des merveilles.

– Je vois pas le rapport.

– Moi je le vois.

– Mes parents sont cons.

– Arrête ou ils vont te baptiser Martine en l’honneur d’une mioche qui allait à la ferme.

– J’arrête.

– Bon. Tes parents sont surprotecteurs, t’es enfant unique et tu te confies pas facilement.

– Les logements étudiants, ça existe quand on veut la paix.

– Exactement. Tu pars avec ta meilleure amie Caroline sur le campus de l’Université Laval. T’étudies en traduction et elle en design. Ça t’énerve de répondre une fois par semaine aux coups de téléphone de ta mère. Tu réponds pas la majorité du temps. Tu faisais déjà ça quand t’étais petite. T’enfermer dans ta chambre et pas répondre quand on t’appelait pour manger. Tes parents croyaient que t’étais endormie et ils te laissaient manger plus tard. Sans eux. T’aimais ça. Ça et le son de la neige.

– C’est vrai que c’est un beau son.

– Tu l’aimes je te dis. Tu sortais toujours te promener seule quand il neigeait, encore plus longtemps quand il ventait pas et que tu pouvais vraiment entendre.

– Je suis une solitaire.

– T’es une solitaire, t’aimes le silence, le temps qui passe sans qu’on le sente. C’est pour ça que t’apprécies Caro. Votre record de temps sans prononcer un mot, c’est trente heures vingt minutes. Sans que vous vous soyez concertées.


Alice l’asociale prenait vie ; les yeux nus, purgés de leurs personnalités antérieures, revêtaient progressivement leurs atours. Je les ai peaufinés pendant trois heures.


Les autres patients avaient disparu. Déjà racontés. Pauvres, pauvres d’histoires, enfermés dans une seule trame ; des yeux pleins, gorgés, des yeux habités d’obligations, d’endroits vus et à voir, de gens nus tâtés et fantasmés, d’une mère aux mêmes iris qui les réclamait.


Et au beau milieu, l’évadée. La désancrée. Le deux-points. Le segment de vent ramassé sur le sol d’une gare.


Des milliers d’imaginaires à dépoussiérer.


Je passerais ma vie à faire ça.


***


Trois jours plus tard


Lorsque je suis retourné dans la chambre, après un court passage à la salle de bain, elle avait de la compagnie. Un homme gris.


Dans ses mains, une mallette couleur acajou. Dans celles de la Solange presque mise au propre du jour, un épais dossier.


Un dossier avec pour couverture une photo.


J’ai eu du mal à la reconnaître dessus, avec ses yeux déjà pleins. Avec son histoire déjà imprimée sur la bouche, comme une évidence : une évidence de nuage qui nous touche les pieds au sommet d’une montagne ; logique mais saugrenue.


J’ai eu encore plus de mal à reconnaître sa voix lorsqu’elle s’est adressée à ses genoux.


– Maggie. C’était mon prénom il y a cinquante-quatre jours.


L’homme la regardait, en périphérie, immunisé, arraché de la scène par l’écran du déjà-vu. Est-ce que c’était vraiment son métier, venir foutre sous le nez des amnésiques leurs vies cartonnées ?


– Maggie, a-t-elle répété avec prudence, comme si son prénom avait pu lui mordre la langue.


Le type s’est mis à parler, lentement, d’un ton monocorde, comme s’il s’attendait à ce qu’on prenne des notes, ou à ce qu’on ait besoin d’un bruit de fond.


Gare où on vous a retrouvée très loin de chez vous, plus de quatre cents kilomètres.


Foutiez quoi là-bas.


Ramassée en convulsions près d’un banc, crise de tétanie qui a vraiment mal tourné. Probablement un peu de médocs aussi. Mauvaise chute. Résultat perte de mémoire.


Saviez déjà ça.


Z’aviez aucun sac, aucune pièce d’identité, peut-être volés.


Juste un vingt dans votre poche, aucun billet de train, s’est dit que vous viviez dans le secteur. Commencé les recherches là.


Saviez déjà ça.


Recherches dans la mauvaise ville. Quatre cents kilomètres, je vous dis.


Pas d’avis de recherche. Vivez plus avec vos parents, colocataire partie pour un mois à Gaspé, disparition pas signalée avant trente-cinq jours. À quatre cents kilomètres.


C’est ça que ça donne de prendre l’habitude de jamais donner de nouvelles.


Vos parents. À la réception.


Grâce au ciel, elle n’écoutait pas. Elle serrait sa vie dans ses mains.


Je l’ai observée, trop ému pour ressentir, ausculter son propre trouble : regarder ses mains tremblantes ; toucher son visage comme on tâte un masque ; inspecter son être comme pour y trouver une étiquette. Elle a laissé tomber quatre larmes avant de balayer la cinquième avec douceur.


L’autre savourait, ou était obligé, ou prenait racine :


Vos parents.


Ta gueule.


Ma pensée avait résonné dans la pièce.


Elle a rivé ses yeux sur moi, et pour la première fois ils m’ont paru non pas nus mais saturés, étouffés par des dizaines d’univers périmés. Sous tous leurs habits superposés, les météorites cherchaient leur air.


Jusqu’à ce que leurs paupières les oxygènent d’un battement.


– Je vois pas. Je vois vraiment pas quelle différence ça fait. J’essaye, mais je vois pas.


Pendant qu’elle me fixait, j’anticipais plusieurs scénarios. Des cris, des larmes surtout. Des ordres, des insultes, beaucoup. Des écrasements de météorites en mots. Des rires hystériques trop coupants qui, mieux que les asiles, éloignent les gens pour toujours.


Mais je ne me suis figuré rien de ce qu’elle m’a finalement dit, avec la voix taquine de l’évidence ; la voix d’une folle qui a raison.


– Il est dix-huit heures passées. Manu, va penser à mon prénom pour demain.


 
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   Asrya   
13/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Quelle douceur.
"Ta gueule."
Ok je retire.

Ce texte est écrit avec tendresse ; c'est une caresse, une étreinte amicale qu'il me plairait de partager. Un échange sain, sans larmoiement, sans apitoiement, sans surplus ; de la justesse.
L'idée est brillante, belle, sereine, utopique ? Qu'importe.
Cette succession de personnalités, jour après jour, je trouve cela grandiose. Cette envie d'échanger, un contact, un discours, une vie. Une vie oubliée pour cent retrouvées.
Cette conception est si séduisante que je me suis laissé emporter sans la moindre résistance. J'aurais aimé connaître Kim, Marianne, Jennifer, Maggie, Solange, toutes ; il y a de la magie dans ce récit.

Une réserve malgré tout, une réserve qui a malheureusement perturbé ce havre de paix.
Cet homme en gris, ce dossier, cette vie, finalement rattrapée, pourquoi l'amener de cette manière ? Ces phrases grossières, disjointes, "Saviez déjà ça." abruptes !
Ce passage noircit le tableau que je m'étais représenté, non pas par l'idée, mais par sa manière d'être racontée.
Ceci n'engage que moi évidemment.

J'ai passé un excellent moment à vous lire et souhaite avoir l'opportunité de vous lire à nouveau,
Au plaisir.

   Perle-Hingaud   
26/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Une bonne maitrise de l'intrigue (on est embarqué dans la poésie du récit), du rythme (l'alternance entre récit et dialogues est très dynamique), du sens de la narration. Je regrette un peu le personnage de l'enquêteur dans la dernière partie, il me semble moins fin, trop dans la caricature. Pas compris la phrase "Dans celles de la Solange presque mise au propre du jour, un épais dossier". Pas compris non plus "Saviez déjà ça. ", si elle est amnésique ?
Merci pour cette lecture agréable.

   Anonyme   
26/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quand les personnages prennent le pouvoir !
Une belle idée de mise en abyme, l'auteur mettant en scène un auteur mettant en scène des personnages féminins qui pourraient bien être... l'auteur. Un effet Vache Qui Rit, crémeux à souhait.

Quatrième degré. Vertige. Virtuosité !

L'écriture de ce dialogue entre la vie intérieure de l'auteur (l'artiste) et son environnement est délicate. Les métaphores, une dizaine, la rendent poétique. Un aphorisme "La créativité, c’est comme le cardio : ça se renforce avec l’exercice" pour la caution didactique. Un trait d'humour "Contente d’avoir fait ma connaissance" pour le détachement. Un abandon soudain et tragique dans un hall de gare, direction la folie, pour le coup de théâtre (bien vu la flanelle et les tisanes pour mettre notre poul à 40 juste avant cette tragédie !). Encore un peu de trash avec une Alice autiste Asperger, pour être sûr(e) de ne pas faire dans le cliché.

Finalement, un alliage subtil de produits de qualité. Saupoudrez avec une pincée de psy (introspective ?) sur les rapports mère/fille et les rapports de couple. C'est fin, c'est très fin.

Le méchant aurait dit "Une histoire qui, à force de se vouloir subtile, frôle l'embrouillé". Un jaloux. Oubliez.

Je note que J'aime BEAUCOUP.
Pour le "PASSIONNÉMENT"... je ne vous connais pas assez.
Si ça se passe vraiment mal avec Manu, passez me voir, nous ferons connaissance. Je cuisinerai des l̶a̶s̶a̶g̶n̶e̶s̶ crêpes.

   odkali   
26/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

J'aime les images ou les envolées poétiques. Ma ligne préférée est celle de la désancrée. Récit puis dialogue : très vivant. Puis, une histoire sans fin, où l'on peut poursuivre cette étendue de prénoms, sensation agréable.

Juste, peut-être une incohérence dans un passage :
« Il finissait par se lever pour ne pas la réveiller » et puis « invariablement, Elizabeth...se réveillait »
donc quand il se levait. Il aurait dû alors justement ne pas se lever pour éviter de la réveiller. Non ?

Et dans ce même passage : « il finissait, elle lui prenait la main... » j'ai relu le paragraphe car je ne me souvenais pas d'un début d'action : il buvait sa tasse de thé. Bon, d'accord, j'ai la mémoire très courte ! Je le conçois !

« D'une beauté qui ne se connaissait pas elle-même, c'était le cas de le dire . »
'c'était le cas de le dire' n'est pas très beau par rapport au début de la phrase. Mais la beauté est subjective, alors ce que je dis n'est pas forcément unanime.

Merci pour cette lecture.

   Anonyme   
27/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Alice

Très beau texte, belle écriture à deux petits détails près (goût personnel)

- L'amnésie a de merveilleux : l'amnésie à cela de merveilleux
- Juste un vingt : j'ai supposé que c'était un billet de vingt. (pas très clair)

J'ai beaucoup aimé l'écriture. Poétique, sensible, émouvante.
Bien aimé l'histoire aussi.
Juste une question - je ne connais pas la réponse, mais je pense que c'est possible, quoi qu'il en soit ça fait bizarre :
Beth est en psychiatrie donc elle est bien, bien malade, et amnésique... peut-elle se souvenir avec une telle précision que 54 jours plus tôt elle avait très exactement un prénom et pas un autre ?
Je pense que oui, la mémoire actuelle n'est pas touchée, mais d'un autre côté cette précision me gêne parce qu'on parle ici d'amnésie et donc de mémoire et que la sienne semble très efficace.
Il y a un truc - pour moi, lectrice - une sorte de décalage entre ce fait là et le fait que par ailleurs elle ne se souvienne de rien. En résumé : comment les médecins peuvent-ils déclarer qu'elle est "vraiment" amnésique ? Est-ce qu'ils ne seraient pas amenés à penser qu'elle préfère ne pas se souvenir et que dans ce cas, ces discussions avec trente six mille personnages différents peuvent ajouter à sa confusion ?

Je ne sais pas, je demande. J'ai peut-être mal perçu l'histoire.
Pour le reste, tout me va.
Merci pour cette lecture

   Anonyme   
27/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Pas de surprise, on comprend directement le subterfuge, dommage. J'aurais aimé moins d'ébahissements de l'auteur qui construit son personnage mais plus d'habitude de le faire, de professionnalisme, de mettre de l'inattendue dès le début, un personnage rebelle, désobéissant, ce qui nous tiendrait plus en haleine. Pas d'originalité chez Elisabeth, pas de folie, pas d'intrigue. Et on passe à la mère, tout se confond. Le manque d'expiration dans sa nuque nous ramène à une histoire à l'eau de rose qui, certes, a son public, mais je n'en suis pas. Citer "pantalons de flanelle" deux fois, c'est peut-être une de trop. Le thème de la psychiatrie apparaît puis disparaît, dommage, le texte devenait fou, mais on passe à Alice, sans avoir connu Elisabeth, morte à peine née. Maggie relève le plat, elle est épicée. Les dernières lignes ramènent l'histoire à l'intérêt de cette idée de l'auteur qui invente ses personnages. Superbe idée qui, je suis sûr, peut être développée de façon plus efficace, avec cette même trame et en ajoutant plus de fantaisie. L'idée de départ me plait beaucoup.

   wyarly   
28/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai été séduite par la proposition d'une relation pas tout à fait comme les autres. La composition, le rythme, le passage d'un personnage à un autre fonctionnent bien.
Quelques questions/réflexions : la posture du narrateur est particulièrement intéressante parce qu'il nous apparaît d'abord comme un amant (plus ou moins platonique, peut-être) et que le fil du récit le transforme peu à peu en une figure paternelle, fraternelle, mais rien n'est complètement sûr. Il faudrait peut être préciser davantage, avec une modalisation plus évidente, si Maggie est une patiente un peu spéciale, mais simplement une patiente, ou s'il est amoureux d'elle et donc - peut-être ? - incarner davantage cet amour.

J'ai beaucoup aimé le personnage en gris, et je trouve que le style syncopé marche très bien pour montrer cette brutalité du réel. Pour ma part, je l'ai trouvé presque comique, tout en étant inquiétant. En revanche, il me semble que le texte doit rassembler davantage les paroles qui viennent de lui, ou les distinguer du corps du texte, parce que cela peut être plus déroutant que prévu pour le lecteur. C'est d'auttant plus problématique que vous utilisez les marqueurs du discours pour le dialogue entre le narrateur et Maggie. Par exemple, ne faire qu'un seul paragraphe de l'ensemble du discours, en mettant entre chaque morceau de discours des points de suspension, et en qualifiant le discours par une périphrase verbale.
Par ailleurs, je comprends la démarche de fragmenter le texte en phrases éclatées, mais je crois que certains passages gagneraient à être rassemblés en paragraphe. Vos images et vos idées sont suffisamment fortes et visuelles pour que la lecture les isolent les unes des autres au rythme de la lecture, et cela permettra de donner à votre texte un aspect plus cohérent et plus abouti.
Deux choses encore : Les dialogues sont ou trop ou pas assez encadrés par la narration/description. Votre texte oscille alors entre du discours "brut", effet entretenu par le côté didascalie de "trois jours plus tard", et des passages descriptifs/narratifs assez délicieux qui mettent le lecteur face aux perceptions du narrateur fasciné par Maggie. Il me semble qu'il faudrait lier davantage le sens de structure de votre texte, notamment par des phrases qui enveloppent davantage les dialogues. D'ailleurs, je ne sais pas à quoi ressemble Maggie physiquement, et j'aurais aimé pouvoir la recomposer, au fil des personnages proposés à son imagination, par un détail par-ci, par-là.

Et enfin, peut-être que l'univers sensoriel qui les entoure, qui est particulier, pourrait être un peu plus abondamment décrit au moment de l'arrivée du personnage en gris, pour relayer l'ambiance et la détresse de la jeune femme, par exemple.

Vous avez en tout cas une idée et un style vraiment très agréables, inventifs et accrocheurs.

   Anonyme   
29/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je lis et une grande tendresse m’envahie. Puis au point final, je glisse sur les premiers mots du premier commentaire. Asrya écrit « quelle douceur », comme un prolongement à mon état de lecture.

Tout ça pour dire combien j’ai aimé cette nouvelle.

Comme d’habitude, dans les textes où il me plaît de vagabonder l’âme conquise, les petites maladresses et autres imperfections ne gâchent rien à mon plaisir tant leur importance est riquiqui.

Désolée, mais tu devras t’appuyer sur d’autres commentaires que les miens pour redresser ce qui te semblera bon de redresser.

L’histoire que tu nous racontes est originale et pleine de poésie et d’humanité. J’ai juste un peu de mal à croire qu’un soignant puisse accorder chaque jour trois heures de son temps à un(e) patient(e). Mais dans une fiction, chacun a le droit de broder le prolongement de son choix autour des événements qui lui sont proposés. C’est ça le propre et le but de la lecture, non ? Profiter du bon grain donné à moudre par l’auteur(e) pour faire tourner son propre moulin.

Ici, encore, j’ai retrouvé ce qui semble être un de tes thèmes récurrent : la relation mère/coiffure/chevelure – et cela m’a fait sourire de constater que déjà tu deviens pour moi un style familier.

Je reste toujours impressionnée par la relation entre ton âge à ton écriture sensible et profonde des choses de la vie.

Merci, vraiment.

Cat
fan de tes personnages en chantier^^

   Pepito   
29/11/2014
Coucou Alice,

Forme : vous avez appelé le 12 sur ce coup, non ? ;=)
"...ouverts sur le royaume infini des possibles." Tatataritatata !!
"Un parfum altier y flottait, renforcé par la sonorité régalienne du prénom." un parfum "fier" une sonorité "dépendant d'un pouvoir central" ouais, ouais, ouais
"autres personnes extraites des mêmes yeux. " hiiii !
"visage dépossédé de lui-même" oups !!
"arraché de la scène par l’écran du déjà-vu" Pin-pon !
"son prénom avait pu lui mordre la langue." > "allait lui mordre la..." plus simple non ;=) et jolie l'image !
"avait été une perte de temps mais un gain de confiance" humm, c'est bon ça
"une évidence de nuage qui nous touche les pieds au sommet d’une montagne" ça aussi
"Juste un vingt dans votre poche" j'ai pas compris "vingt"

Fond : pas mal du tout, j'ai pas compris le rôle du narrateur. Toubib, patient, autre ?
Inventer un passé a une personne qui n'en a plus, idée intéressante. De là à ce qu'elle soit appréciée par la malade, hummm j'ai un doute...

La "forme" compliquée a faillit avoir raison de ma ténacité. Le début est particulièrement pénible à lire. Mais j'ai bien fait de rester jusqu'à la fin.

Bonne journée.

Pepito

   widjet   
30/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Je retiendrais pour ma part l'élégance et le raffinement de l'écriture qui enrobent le texte d'un mystère diffus et entretiennent l'intêret. J'ai noté beaucoup de jolies formules. Le lecteur, comme les personnages, restera avec cette sensation (qui n'est pas désagréable du reste) d'un manque de repères, de n'avoir plus aucune prise sur rien, de glisser...Les dialogues très cuttés renforcent cette impression de mystère et de froideur clinique, mais l'humour, en filigrane, empêche le texte de sombrer dans le misérabilisme. Je suis d'ailleurs convaincu qu'Alice pourrait exceller dans la comédie.

Dommage que vers la fin l'auteur se sente obligé de sur-expliquer.

Ai quand même bien aimé.

Texte après texte, Alice confirme. A suivre donc.


W

   Francis   
3/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai particulièrement aimé cette nouvelle qui m'a plongé dans un univers poétique emprunt de douceur et de sensibilité. Élisabeth, Alice étaient devenues les sœurs du petit prince et Manu, le renard. De l'amnésie au désert, j'ai franchi la porte. J'ai pensé aussi à Jade, ma petite fille rêveuse, constamment dans sa bulle. Elle baptise chaque jour sa poupée et lui invente une vie antérieure comme un auteur le ferait avec ses personnages. Merci pour ce beau moment de lecture.

   caillouq   
26/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Une jolie version inversée du thème de Shehrazade. Les dialogues sont entraînants et vivants - la touche Alice. Je me passerais bien des deux disdascalies temporelles qui sont totalement inutiles et, heu, rajoutent de la lourdeur à la narration. L'excès de retours à la ligne (effet toujours un peu facile) du début de la troisième partie ne me convainc pas trop non plus, mais la fin est émouvante, typique des débuts de relations où les jeunes amoureux préfèrent leur huis-clos à la confrontation avec le monde extérieur et la vraie vie. Le style est toujours aussi limpide et l'ensemble se lit très bien !

   jaimme   
21/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une histoire prenante, celle d'une immense douleur et de l'impossibilité (ici, là, pour l'instant) de lui donner le baume de l'oubli partiel.
Car l'oubli de soi est le seul remède (pour l'instant_ j'insiste car je suis optimiste_).
Une écriture adaptée, très bien adaptée au propos. On aime cette jeune femme, on souffre avec elle.
Juste deux phrases qui m'ont arrêté:
"Le jour où Elizabeth était retrouvée grelottante...". Grammaticalement rien à dire, juste qu'elle arrête le lecteur, enfin moi. La compréhension n'a pas été immédiate.
Et "Mais je ne me suis figuré rien de ce qu’elle m’a finalement dit": idem. Enfin, un manque de fluidité.
Le reste, c'est empreint de vivant. De réel et de poésie.
Belle histoire, dans le sens où la beauté est dans la souffrance suprême.
Merci!
Beaucoup.


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