Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Réalisme/Historique
alpy : Le train
 Publié le 11/06/10  -  14 commentaires  -  9997 caractères  -  108 lectures    Autres textes du même auteur

En 1941 les troupes allemandes avancent sur la Moldavie. Voici l'histoire de Leizer et sa famille...


Le train


La vieille bique avançait lourdement sur la rive gauche du Dniestr, traînant derrière elle charrette et conducteur. Malgré le bruit des sabots contre la terre du chemin, l’homme pouvait entendre clairement le tonnerre des canons allemands et roumains tirant sur la capitale, Kichinev, à seulement 30 kilomètres. Un rictus amer poussa les rides de son visage un peu plus profondément dans sa peau tannée.

Leizer, comme tant d’autres Juifs dans ces parages, était habitué à la violence. Il avait survécu à la guerre de 14 à 18, à la révolution russe et à tellement de pogroms qu’il en avait perdu le compte. Cette fois pourtant la situation paraissait bien plus grave. À croire les rumeurs qui arrivaient à la ville, là où passaient les Allemands, les Juifs étaient emprisonnés et déportés.


L’attelage s’arrêta devant une petite maison blanche non loin de la rivière. Leizer mit le cheval dans l'écurie et entra. La journée avait été dure. Son corps ne supportait plus, comme par le passé, ces longues journées sur les routes à distribuer des vivres.


Le salon était petit mais joliment agencé ; la table prête à accueillir le Shabbat. La radio jouait une pièce de Tchaïkovski.


- Ita ! s’écria-t-il, je suis arrivé.

- Les enfants ! appela Ita depuis la cuisine, à table !


Leizer se dirigea vers la chambre, se lava rapidement et changea ses vêtements de travail pour des habits plus appropriés.

Ita et les deux filles étaient déjà assises à leur place quand Leizer revint au salon. Il regarda avec un mélange de fierté et d'inquiétude ces jeunes femmes, que leur mère appelait encore « les enfants », aux cheveux noirs et beaux visages.

Minglia, l'aînée, était la seule à être née avant la Grande Guerre. À 31 ans elle n'était pas encore mariée, mais avait récemment rencontré Jacob qui travaillait comme boucher chez Goldstein et, apparemment, la relation avançait sur la bonne voie. À sa gauche, Dashka rayonnait de ses jeunes vingt ans.

Mordko et Leib, les deux autres enfants du couple, se trouvaient à ce moment précis sur la ligne du front russe défendant la capitale.


Leizer se rappela du jour où les soldats étaient venus pour les enrôler de force dans l'Armée Rouge. Ils avaient eu à peine le temps de s'habiller et de dire au revoir, que les soldats les poussaient déjà vers l'extérieur pour rejoindre le groupe qui attendait dans la rue. Qu’ils faisaient pitié à voir, ces malheureux ! Jeunes et moins jeunes, certains encore en pyjama. Des paysans, des étudiants de la yeshiva (1), leur Talmud sous le bras. Un groupe hétérogène dont le seul point commun était l'expression de terreur pendant que les soldats les faisaient avancer de maison en maison, rajoutant à chaque porte un nouvel infortuné.

Mordko, vingt-quatre ans, était le second fils du couple. Il avait commencé comme apprenti cordonnier et pensait déjà à ouvrir sa propre boutique quand on l’avait emmené. Leib, de deux ans son cadet, était barbier.

C’était à peine hier, se remémora Leizer d’un demi-sourire, qu’il les avait amenés au bord de la rivière leur apprendre à pêcher.

Et voilà maintenant quinze jours qu’ils étaient partis vers le front. La dernière lettre reçue du front datait de trois jours et cela semblait bien une éternité. C'est curieux les tours que peut nous jouer l’esprit dans la perception du temps, réfléchit-il.


Ita entra avec une soupière pleine de bortsch et la plaça au centre de la table.


- Leizer, éteins la radio, lui demanda-t-elle le sortant de sa rêverie, nous allons allumer les bougies.

- Attends un moment, c’est bientôt le bulletin d’information. Je veux entendre les nouvelles du front.


À ce moment, la musique s’arrêta et une voix profonde annonça :


« Les troupes roumaines et allemandes ont traversé la rivière Prut cet après-midi, et sont entrées à Kichinev tuant des milliers de citoyens dans la rue ou dans leurs habitations. Le général Molotov a promis une réponse rapide et fulminante. »


En entendant cela, Ita s’évanouit et tomba bruyamment sur le sol.


- Dashka, s’écria Leizer, va à la cuisine et ramène un peu d'eau. Ita, susurra-t-il se penchant sur sa femme et lui soulevant doucement la tête.


Elle rouvrit les yeux tremblante et fondit en un pleur silencieux : « Mordko, Leib... »


- Nous devons quitter Tighina, décréta avec gravité Leizer, les Allemands ne tarderont pas à arriver. Après le dîner, nous emballerons tout ce que nous pourrons emporter. Demain, nous prendrons le premier train qui partira vers l'est.

Les filles, éteignez la radio, il n'y a rien de plus à écouter. Ita, allume les bougies.


Ils récitèrent les bénédictions rituelles avec morosité. Le mutisme régna lors du repas. La joie qui accompagnait généralement la famille pour le dîner du Shabbat était absente ce soir-là. On n'entendait que le bruit des couverts contre la vaisselle.

Après le dessert, sans prononcer un mot, ils se levèrent de table. Alors que les femmes s’affairaient à débarrasser et à laver la vaisselle, Leizer commença à préparer les quelques biens qu'ils pourraient emporter dans le voyage. Les habits de fête, le trousseau de mariage, la vaisselle et les chandeliers de shabbat, les photos de la famille et le samovar, leur bien le plus précieux, s’entassèrent peu à peu dans le salon.

La nuit était déjà bien avancée quand tout fut prêt et ils purent enfin se coucher. Malgré la fatigue ils eurent du mal à s’endormir.


Très tôt le matin, le coq venait de chanter, ils se levèrent. Leur sommeil avait été agité et guère réparateur. Tant de choses fermentaient dans leurs âmes, tant de craintes, tant de chagrins. Toujours en silence, ils chargèrent la charrette avec leurs biens les plus chers et partirent. Le fracas furieux de l’artillerie de la veille avait laissé place au chant des grillons et des oiseaux, signe de la tombée de Kichinev. Ce calme n’était pas, néanmoins, synonyme de sécurité. Combien de temps nous reste-t-il, se demandait Leizer, avant que les Allemands arrivent à Tighina ?


Ils rejoignirent la marée silencieuse qui coulait lourdement, à pied, à cheval, en char ou en automobile, vers la gare du centre-ville. Des milliers d'autres s’enlisaient sur les routes orientales. Il semblait que toute la population cherchait à partir. Au milieu de cette foule grouillante, Leizer marchait devant la charrette tirant les rênes du cheval. Ita avançait à ses côtés, le regard angoissé, pendant que Dashka et Minglia gardaient les flancs pour protéger la charge.

À peine avaient-ils parcouru quelques dizaines de mètres qu’Ita, incapable de se retenir davantage, demanda :


- Leizer, penses-tu que les garçons vont bien ?

- Je ne sais pas, ma femme, répondit-il affectueusement. Je prie Dieu pour qu’il en soit ainsi.

- Et s’ils rentrent à la maison ? Comment vont-ils nous trouver ?

- Tu as bien raison. Nous devons leur laisser un message.


Il réfléchit un moment puis continua :


- Je cours au bureau de poste pour leur envoyer un télégramme au front. Continue à avancer avec la charrette et les filles. Je vous retrouve à la station.


Avant qu'elle ne puisse répondre, Leizer avait disparu parmi la multitude.


Dans la gare, c'était le chaos complet. Les wagons étaient pleins, les gens se battaient pour une place. Après beaucoup d'efforts, les trois femmes réussirent à monter sur un train de marchandises en partance pour l'Ouzbékistan. La voiture, conçue et habituellement utilisée pour le transport du bétail, était un grand espace vide, puant et sans aucun mobilier. Êtres humains, bagages et même des volailles s’entassaient comme ils pouvaient, alors que d’autres luttaient pour embarquer.


Ita, debout près de la porte, scrutait la foule à la recherche de celui qui partageait sa vie depuis bientôt quatre décennies.

Deux ou trois fois, la femme pensa découvrir parmi l’océan de visages celui de son Leizer et lui fit des signes. Deux ou trois fois, elle fut déçue de découvrir à l'approche, un visage étranger.


La chef de gare siffla annonçant le départ imminent. Ita regarda désespérément vers l'endroit où son mari devait apparaître. Encore une fois, elle crut voir sa figure avançant parmi cette fourmilière humaine. Encore une fois, elle lui fit signe. Le coup de sifflet retentit à nouveau et la locomotive se mit en mouvement. Ita agitait ses bras frénétiquement pour être vue. Était-ce Leizer ? Elle n'en n’était pas sûre. Le train prenait de la vitesse. Certains essayaient encore de grimper tant bien que mal dans les voitures. D’autres regardaient avec résignation leur départ. Finalement, le convoi quitta la station. Ita resta encore longtemps à la porte, le regard toujours fixé sur la multitude qui s’éloignait. Une mèche de cheveux s’était échappée du foulard et ondoyait dans le vent. Des larmes épaisses descendaient sur ses joues.


La ville n’était qu’une petite tache dans l’horizon quand elle rejoignit ses deux filles à l'intérieur du wagon. Elles ne surent jamais plus rien, ni de Leizer, ni de Mordko, ni de Leib.


(1) Note historique : Leizer Iona P. et sa famille vivaient à Tighina. Pendant la guerre, ses fils Leib et Mordko périrent au front en combattant avec l’armée russe. Ita et ses filles Dashka et Minglia purent s’échapper à Boukhara, Ouzbékistan où elles vécurent jusqu’à la fin de la guerre. Ita décéda à Boukhara. Dashka et Minglia rentrèrent à Tighina en 1946 et y habitèrent jusqu’aux années 1990 quand elles émigrèrent en Israël. Leizer Iona rata le train et elles ne le virent jamais plus. Les noms de Leizer, Leib, Mordko et Ita sont enregistrés dans la page de témoignages de Yad Vashem à Jérusalem (Musée de la Shoah).


Les troupes allemandes et roumaines entrèrent à Kichinev le 17 juillet 1941 après plus de deux semaines de bombardements (La Bessarabie était depuis 1940 aux mains des Soviétiques). Quand les troupes de l’Armée Rouge reprirent la région en 1944, il n’y restait presque plus de Juifs. On estime que rien qu’à Kichinev 10 000 Juifs furent assassinés.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
7/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Mis à part ces points de détail qui auraient pu être corrigé par une relecture encore plus attentive :

« C’était à peine hier, remémora Leizer d’un demi-sourire, » se remémora...
« les photos de la famille et le samovar, leur bien le plus précieux, » « leurs biens les plus précieux » eut mieux valu à moins qu'il s'agisse du samovar uniquement ce qui n'est pas évident.

Je suis particulièrement heureux que vous ayez pris en compte les quelques suggestions que j'ai pu vous faire. Vous êtes bien plus à l'aise dans les phrases courtes. En général, elles gagnent en cohérence et on voit plus facilement les erreurs commises.

Félicitations. C'est un texte émouvant.

   Anonyme   
11/6/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour alpy ! Peu m'importe les quelques maladresses relevées ça et là au cours de cette lecture, l'importance de ce texte est qu'il est un témoignage de ce qu'ont enduré des millions d'hommes et de femmes, toutes nationalités et religions confondues, au cours de cette guerre qui mit le monde et surtout l'Europe à feu et à sang... Un grand merci pour cet émouvant récit ! Amicalement. Alex

   Chiffon   
11/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je trouve que ça se tient dans l'ensemble : l'histoire et les personnages émergent tant bien que mal.
Je dis tant bien que mal parce-que la lecture est souvent dérangée par des approximations :
- répétition du mot "journée" dès le troisième paragraphe;
- "aux cheveux noirs et beaux visages" sonne étrangement;
- une phrase plutôt mal tournée : "Ils avaient eu à peine le temps de s'habiller et de dire au revoir, que les soldats les poussaient déjà vers l'extérieur pour rejoindre le groupe qui attendait dans la rue.";
- "que peut nous jouer l’esprit dans la perception du temps, réfléchit-il.", pourquoi pas "pensa-t-il" ?
- "Très tôt le matin, le coq venait de chanter, ils se levèrent.", "le coq venait de chanter" est amené comme dans une parenthèse.

Bref, ce sont des petits morceaux retenus pour illustrer des obstacles dans la lecture, il y en a d'autres.

A propos du thème : Malgré une surexploitation littéraire du destin tragique des juifs pendant la guerre, je n'ai pas soupiré ni senti de lassitude, c'est bien amené, assez objectivé pour me toucher.
Pour l'intrigue, c'est assez plat, linéaire, et dénué d'humour ou de poésie, mais justement, ça sonne sonne comme un "destin", on en perçoit la force tragique et inéluctable.

Bref, c'est lisible et susceptible de nous tenir et nous émouvoir, mais le texte doit être relu et retravaillé pour éviter le genre d'écueils cités.
Chiffon

   littlej   
11/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Un témoignage de plus.

C'est écrit avec beaucoup de simplicité et surtout de sensibilité. Le texte est court mais l'effet bien rendu. La construction est judicieuse.

Toutefois, et c'est purement personnel, j'aurais aimé un récit au présent, plus vivant, plus émouvant du coup. Aussi, je trouve les personnages mal campés. On a une suite d'actions, d'informations, de descriptions, mais jamais sur la personnalité des personnages.
Je relève le portrait de Leizer :
Leizer, comme tant d’autres Juifs dans ces parages, était habitué à la violence. Il avait survécu à la guerre de 14 à 18, à la révolution russe et à tellement de pogroms qu’il en avait perdu le compte.
Voilà, c'est une suite d'informations sans véritable saveur. C'est dommage, car le reste est comme ça.

Merci tout de même pour cette lecture sympathique.

A la prochaine.

j

   florilange   
11/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Me semble avoir déjà lu ce texte.
La forme est assez correcte sans plus; des détails, notamment :
- "... ces jeunes femmes, que leur mère appelait encore « les enfants », aux cheveux noirs et beaux visages." Pour la logique, j'aurais écrit : "ces jeunes femmes, aux beaux visages et cheveux noirs, que leur mère appelait encore « les enfants »".
- "Mordko et Leib, les deux autres enfants du couple,..." : j'aurais préféré : "Mordko et Leib, les deux fils du couple,..."
- à "rajoutant", je préférerais simplement : "ajoutant".
L'histoire est évidemment touchante et se borne aux faits. Les personnages sont traités comme ils le sont par "l'Histoire", c'est à dire comme des pions sur un échiquier. On ne sait rien d'eux, de leur caractère, de ce qu'ils ont vécu avant.

   brabant   
11/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour alpy,

Ce texte me fait penser à un tableau naïf tel qu'on en peint du côté des pays de l'Est. Bien délimités, bien léchés, avec des couleurs franches et tranchées. Des tableaux comme des coloriages d'enfant soigneux. Où tout est répertorié, où il ne manque rien de ce qu'il faut savoir. Documentaires en quelque sorte. Sans perspective. Avec des aplats juxtaposés.
Ceci n'a rien de péjoratif en soi. La peinture naïve a produit et produit toujours des chefs-d'oeuvre.

Les clichés ne sont pas absents ici ("Un rictus amer poussa les rides de son visage..."), les scènes stéréotypées abondent...

Ce texte est méticuleux, mais pas dans le détail piquant ou pittoresque, dans le sens de l'accumulation et de la narration. On n'oublie rien: pas un geste, pas une action, pas un métier; on a cependant du mal à rendre l'émotion, que l'on dit, mais qui ne vibre pas. Tout cela fait inventaire d'où rien ne ressort vraiment, on a l'impression que tout est placé sur le même plan, celui du constat, parfois accablé certes, mais constat tout de même: les métiers, les prières, les souvenirs, la radio, l'inquiétude,... . Tout cela fait catalogue. Même l'évanouissement d'Ita est simplement relaté, sans affolement marqué... Un certain fatalisme parcourt ce texte d'une lumière inerte. Peut-être y manque-t-il de la chair et du sang. On regarde derrière un glacis et on n'est pas glacé d'horreur. Les tableaux naïfs donnent cette impression de figé.

Cette apparente froideur est sans doute voulue par l'auteur. C'est le récit de quelqu'un qui semble trop abasourdi pour faire partager son émotion (sortant de la visite d'un funérarium par exemple) ou qui veut se montrer objectif, ne pas en rajouter bien qu'en disant... car on ne peut pas ne pas dire.

Texte trop "objectivé" à mon avis, d'une écriture trop sereine.

   widjet   
12/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Un texte court injustement évalué selon moi. Il faut dire que le thème et le vocabulaire « yiddish » (plat, tradition…) me parlent un peu.

Voilà un récit émouvant qui évite surtout la surenchère dans l’émotion, l’auteur ayant bien compris que le contenu se suffit à lui-même et que le meilleur moyen de faire mouche était de rester mesuré dans le ton. Certes, la forme est perfectible (manque de fluidité par instants, quelques répétitions comme « vaisselle » 3 fois en deux phrases, des lourdeurs comme la dernière phrase sensée être marquante « Elles ne surent jamais plus rien, ni de Leizer, ni de Mordko, ni de Leib » est maladroite et rate son effet), mais l’écriture est globalement honnête et encore une fois, le pathos a déserté ces lignes.

J’ai surtout aimé l’intention et l’humilité du traitement.
« Un témoignage de plus » ai-je lu plus haut avec un certain scepticisme. Je dirai juste, un témoignage, une histoire simple qui n’assène rien et qui relate un évènement qui sonne vrai (et qui doit l’être probablement).

Grâce au ton, à la retenue sur un sujet pas toujours simple à traiter, l’auteur a atteint son objectif.

Merci à lui

W

   Selenim   
13/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je me souviens avoir lu ce texte en espace lecture il y a déjà quelques temps. Il ne m'avait guère emballé, surtout au niveau de l'écriture.

Je vois avec plaisir que l'auteur a pris en compte les remarques des lecteurs pour améliorer son écrit. Le style est plus fluide, l'histoire et les personnages mieux rendus. Cette anecdote qui vient s'inscrire dans l'histoire affiche un agréable parfum authenticité.

Dommage que l'auteur n'ait pas été plus ambitieux, l'ossature est bonne mais manque de chair. 10.000 signes supplémentaires n'auraient pas été du luxe.

Ma lecture a été un peu trop souvent heurtée par l'emploi à outrance d'adverbes :
lourdement, clairement, seulement, profondément, joliment, rapidement, récemment
Et j'en passe.

Selenim

   Anonyme   
14/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour alpy

J'ai lu et relu ce texte plusieurs fois. J'aime beaucoup Leizer, je le connais, je l'ai rencontré dans d'autres lectures, je l'ai vu dans bien des films. Il est émouvant, un peu bourru, mais attachant. Il me plait beaucoup.
A mon sens, ce n'est pas le texte qui est trop court, c'est la fin qui arrive trop vite, mais c'est la fin, en cette période la fin arrivait toujours trop abruptement. Donc il n'y a rien à faire, qu'entrer dans cette famille et partager ce moment avec eux.
Un peu trop d'adverbes, d'accord étant donné la courtitude et une ou deux phrases à réarranger, rien de grave.
Là où je me suis arrêtée :
"Un rictus amer poussa les rides..."
"Le général Molotov a promis une réponse rapide et fulminante. »
"tomba bruyamment sur le sol."
"Très tôt le matin, le coq venait de chanter, ils se levèrent."
Une lecture agréable
Merci alpy et bonne continuation

   Anonyme   
14/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
Quand je lis ce genre de témoignage, j'aimerais une forme quasi exemplaire, qui soit à la mesure de l'intention d'auteur. C'est ce qui me gêne beaucoup ici, la forme.
Elle m'a hélas empêché de ressentir la moindre empathie pour les personnages (je ne me souviens même pas de leurs noms), je ne sais pas qui ils étaient, à part qu'ils étaient Juifs. Alors peut être était ce l'intention de l'auteur, de montrer le destin de juifs anonymes dans cette période mais moi ça me gêne.

Donc je pense que le récit aurait gagné à être plus long de façon qu'on s'attache à ces personnes (il n'y avait pas besoin d'en faire trop non plus).

La forme est correcte mais j'ai relevé des répétitions assez nombreuses (vaisselle, bien, charrette, cheval, maison etc...), des adverbes inutiles.

Enfin pour cette fois je suis passée à côté.

Xrys

   Anonyme   
15/6/2010
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Cela manque de souffle pour moi.
Cette part d'histoire, que l'on commence vraiment à bien connaître, et même si elle reste toujours intéressante, n'aurait pas souffert d'un peu plus d'effusions, de cris.
Pour moi loin de desservir l'histoire et l'Histoire, j'aurais aimé ressentir un peu plus l'intériorité des personnages, leur perte de contrôle.
Il faut trouver un juste milieu entre trop de dignité et pas assez, je sais, c'est compliqué ^^

   Flupke   
18/6/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Alpy,

Un texte très intéressant, presque documentaire, vu qu’il semble basé sur des personnages réels.
Le vocabulaire et la sobriété du ton vont bien avec l’époque.

Quelques remarques :

À la guerre de 14 à 18. Pas très familier avec cette expression. Je dirais plutôt la grande guerre, ou bien la guerre de 14-18.
Ces jeunes femmes, que leurs mère appelait encore « les enfants », au cheveux noirs et beaux visages.
Une inversion améliorerait la fluidité : le beau visage de ces jeunes femmes aux cheveux noirs, que leurs mère appelait encore « les enfants ».

Bonne continuation sur Oniris.
Amicalement,

Flupke

   Bidis   
2/10/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Récit poignant qu'on ne lâche pas avant la fin et qui remet en mémoire de terribles évocations .

Je trouve que le texte est bien écrit, avec force et simplicité. J’ai néanmoins relevé deux ou trois petites choses, surtout des répétitions, qui ne mettent pas en cause la qualité du style, lequel est pour moi parfaitement adapté à ce qui est relaté, mais c’est dommage :

- « Un rictus amer poussa les rides » : j’aurais préféré « creusa les rides »
- « Leizer se dirigea vers la chambre, se lava rapidement et changea ses vêtements de travail pour des habits plus appropriés.
Ita et les deux filles étaient déjà assises à leur place quand Leizer revint au salon. » :
Pour ne pas répéter Leizer, ici j’aurais mis le mot « père »
- « aux cheveux noirs et beaux visages. » : J’aurais préféré « aux cheveux noirs et aux beaux visages » mais je ne peux pas dire pourquoi.
- « On n'entendait que le bruit des couverts contre la vaisselle.
Après le dessert, sans prononcer un mot, ils se levèrent de table. Alors que les femmes s’affairaient à débarrasser et à laver la vaisselle »
Répétition du mot « vaisselle »
- «Et voilà maintenant quinze jours qu’ils étaient partis vers le front. La dernière lettre reçue du front datait de trois jours et... »
Répétition du mot « front » d’autant qu’on retrouve ce mot un peu plus loin (« Je veux entendre les nouvelles du front »)

   Anonyme   
4/11/2010
Bonsoir, Alpy,

Je mets à part les remarques stylistiques, il me semble que les commentateurs précédents vous ont laissé du grain à moudre ; je serais redondante.

Il est bizarre, ce texte. On le dirait écrit par un archéologue qui aurait découvert des photos, un vieux film... c'est très clinique, comme approche. Il y a une mise en retrait du narrateur qui me perturbe : je ne parviens pas à savoir si elle me plaît ou pas (vous le prendrez comme vous voulez, le dernier qui m'a fait ça, c'est Houellebecq, je ne sais pas quoi penser de ce qu'il écrit).

En bref, j'hésite entre considérer ce texte comme un exercice de style "racontez les dernières heures d'une famille juive dans sa ville natale" ou un témoignage volontairement hyper-retenu. Je ne parviens pas à faire la part des choses entre la maladresse et le volontaire. J'aurais tendance à penser que tout est maîtrisé dans le "regard"... mais il manque alors, à mon goût, un souffle stylistique, qui pourrait passer par encore plus de froideur, de laconisme, d'ellipse.
Je me hasarde à en faire l'essai : "Leizer avait l'habitude de la violence. Il était juif. Il avait survécu à une guerre mondiale, à une révolution, à des pogroms. Cette fois pourtant, la situation l'inquiétait encore plus. La rumeur disait que là où passaient les Allemands..." etc. A l'image de la dernière phrase, que j'aime beaucoup.


Oniris Copyright © 2007-2023