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Réalisme/Historique
audreydom : Dans les marges
 Publié le 23/05/11  -  15 commentaires  -  3222 caractères  -  164 lectures    Autres textes du même auteur

Comme chaque matin, parce que c'est sa mère, elle se rend chez elle.
La situation est haïssable.


Dans les marges


La fenêtre s’ouvre. 8 h 17. Le bus me dépose devant son immeuble. Elle aère sa chambre. Elle m’attend pour se préparer, ponctuelle, alors qu’elle ne sortira pas de son appartement. Une nouvelle journée commence pour ma mère, la même qu’hier.


8 h 17. Je descends les marches. La même ponctualité, haïssable. Lui rendre visite avant d’aller au travail parce que c’est ma mère. Franchir le pas de la porte. Ne pas appuyer sur l’interrupteur. L’obscurité diminue l’envergure de mes pas. L’accompagner jusque dans la douche. Veiller à ce que ses pieds passent bien au-dessus de la marche. Se munir du gant et s’efforcer de passer partout. Donner l’odeur du thym à ce corps qui se replie sur lui-même. Son ventre creusant vers l’intérieur, oubliant qu’il a porté ma chair avant de l’expulser. Affronter sa poitrine vidée, étirée.


L’odeur vanillée du salon imprègnera mes vêtements pour la journée. Le biscuit qu’elle me tendra aura du mal à passer. Depuis qu’elle se fait livrer les repas dans cet appartement, je maigris. Nous boirons notre café. Je ne la regarderai pas.


- Tu as bien dormi ?

- Tu as bien mangé ?


Je ne dirai rien d’autre. Je la quitterai vingt minutes plus tard. Elle me glissera dans mon sac le journal que je ne lis jamais. Installée dans son fauteuil, je ne la toucherai pas. On ne s’embrasse plus.


Parce que c’est ma mère, je lui ai trouvé cet appartement en centre-ville. Une bonne fille n’aurait pas laissé sa mère dans une petite maison isolée à la campagne.


À 8 h 17, devant l’immeuble, j’espère que la fenêtre reste fermée.


- Vous avez oublié votre veste, madame, me lance un passager du bus.

- Non, je remonte, je me suis trompée d’arrêt.


Le paysage défile. Le nœud dans mon ventre se serre, se desserre, remonte dans ma gorge. Je ne sais pas où aller. Le visage de ma mère. Son corps nu, figé dans la salle de bain. Elle m’attend. Ses joues se creusent. Ses rides s’étalent dans son cou. Il suffirait que mes mains serrent. Très fort. Affronter son regard terrifié.


Je descends du bus, la nausée monte. Les allées de la fête foraine sont désertées. Quelques forains bricolent leurs machines. Des coups de marteaux résonnent. Les sursauts heurtent mes pas. Marcher encore quand celle qui m’a mise au monde se dégrade. Les vomissements me soulagent.


Maman me fait une surprise, j’ai 6 ou 7 ans… La musique vibre sous mes pieds. Les lumières flashent dans mes yeux. Ma main dans celle de maman. Son souffle lorsqu’elle me parle.

« On va approcher les étoiles… »

La grande roue nous soulève. Je serre ses doigts.

Je me perds dans la foule absente, ma paume vide.


- Ne restez pas ici, madame !


Je fuis. Mes jambes me font mal. Sortir de ce corps. Il me rattrape. Épuisée, j’aurais voulu chuter.


Appuyée contre un mur de béton, je sors le journal resté depuis la veille dans mon sac.

Le renifler, chercher l’odeur de ma mère. Je l’ouvre. Des mots écrits dans les marges : « Parle avec moi », « Regarde-moi ». Les mêmes phrases sur toutes les pages. Des mots tremblants. Un cri silencieux depuis des mois. Mes doigts se noircissent. Le journal tache.


Je refais le chemin à l’envers. Le bus me dépose devant son immeuble.


La fenêtre est restée fermée.


 
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   Anonyme   
12/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une écriture épurée comme j'aime. Le sujet et son traitement me gênent, ce qui est sans doute bon signe pour l'histoire...
Le passage par la fête foraine, avec le flash-back, n'est pas forcément utile pour moi, j'ai l'impression qu'il détourne de la ligne directrice (en ajoutant du pathos, en plus) et, pour ce texte, la sécheresse, la concentration me paraissent essentielles ; simple idée, bien sûr, vous en faites ce que vous voulez.

   Pascal31   
17/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un tout petit texte pour beaucoup d'émotion.
Un récit terrible, presque violent, sur un sujet mille fois abordé mais qui est ici, je trouve, très bien traité.
J'ai reçu une claque en lisant, et ce n'est pas si souvent.
Mon seul reproche ? Une ou deux lectures supplémentaires auraient probablement permis de nettoyer le texte de quelques coquilles, d'améliorer quelques détails, mais rien de bien méchant.
C'est un texte que j'ai beaucoup apprécié et qui m'a ému.

   Anonyme   
23/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le style, par moment fort télégraphique, m'a d'abord dérangé, mais je trouve finalement qu'outre le fait de permettre la concision en vue d'obtenir une nouvelle très courte, il permet aussi de rendre limpression de contrainte que subit la fille.

Je n'arrives pas à me décider sur le sens de cette phrase, qui est pourtant essentielle : "A 8 h 17, devant l'imeuble, j'espère que la fenêtre reste fermée". Certes, la fille espère la mort de sa mère. Ca, ça me semble assez clair, mais pourquoi ? Parce qu'elle lui en veut, ou parce qu'elle ne veut pas de cette déchéance pour sa mère ? A la première lecture, c'était la première explication qui m'était venue spontanément à l'esprit, mais après deux relectures, j'opterais plutôt pour la seconde.

Je regrette vraiment certaines tournures un peu trop elliptiques, trop ambigues pour que je puisse me faire une compréhension totalement claire de la situation, à moins que ce ne soit voulu par l'auteur. Il n'aurait pas forcément fallu en écrire plus. Peut-être être un peu plus précis, moins ambigu sur certaines phrases essentielles. Exemples : "parce que c'est ma mère" qui revient plusieurs fois; "une bonne fille" qui me parait fort cynique. C'est sans doute le cynisme de cette formule qui m'a fait croire à de la rancoeur de la part de la fille.

En relisant encore deux fois, il me semble de plus en plus clair que la fille ne supporte pas la déchéance de sa mère, mais si j'avais pu avoir cette impression dès la première lecture, j'aurais trouvé alors que le pari d'écrire une nouvelle très courte aurait été totalement tenu.

Le message dans les marges du journal est une très bonne idée. Mais j'y pense, au fait, pourquoi écrit-elle ce message dans le journal, plutôt que de le dire à sa fille ? Par peur ? Par pudeur ? Parce qu'elle ne sait plus parler ?

Après lecture, ce désir de reconnaisance de la mère, ignoré par la fille, est très poignant.

Si le texte était remanié très légèrement en fonction de ce que j'ai écrit ci-dessus, je le trouverais vraiment très bon. Il ne manque vraiment pas grand chose, donc.

   placebo   
19/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Un texte fort qui arrive presque (ça ne tient à pas grand chose) à faire passer en peu de mots un sentiment puissant, celui de l'abandon de ceux qui ont donné tant de temps et d'amour pour nous.

Les personnages sont effleurés, mais ça suffit. La maison à la campagne est devenue un appartement en ville, c'est dit et le reste est laissé aux lecteurs.

Si problème il y a, pour moi, c'est à cause de certains passages peu clairs.

''La fenêtre s’ouvre. 8 h 17. Le bus me dépose devant son immeuble. Elle aère sa chambre. '' j'ai survolé le texte la première fois tant cette phrase m'a dérouté et fait craindre des passages incompréhensibles. J'ai bien fait de revenir.
Le problème, ici, est le point de vue. ''me dépose'' indique une focalisation interne, donc le passage ''la fenêtre s'ouvre'' ne peut pas être vu de la narratrice puisque le bus ne l'a pas encore déposé. première possibilité : il s'agit d'une habitude très ancrée dans la vie de la narratrice, ce que le texte confirme par la suite, et donc d'un élargissement de point de vue. Oui, mais il faut que l'écriture l'indique et ça pêche ici. ''Sa fenêtre'', peut-être, mais ce ne sera pas suffisant.
Je ne sais pas si l'auteur me comprend bien, mais entre la première et la troisième phrase, on a vraiment l'impression d'avoir deux points de vue (deuxième possibilité), ce qui pourrait être très bien (mise en regard de la mère et de la fille) par la suite mais n'est plus réutilisé dans le texte.

''L’obscurité diminue l’envergure de mes pas.'' peut-être à lier avec la phrase précédente ? 
''passer, donner'' ce passage est bon, je pense que d'autres verbes pourraient mieux marquer le dégout ou le détachement cependant. Les deux dernières phrases sont bien plus violentes.
''Depuis qu’elle se fait livrer les repas dans cet appartement, je maigris'' pas bien compris la causalité.

Le passage où elle décide de ne pas rendre visite à sa mère est peu clair. ''j’espère que la fenêtre reste fermée.'' j'ai pensé à un présent de vérité générale, dans la continuité de la description d'avant. Et puis non, c'est une action, et le ''reste'' est imprécis.

La fin du texte est un peu confuse, entre la fête foraine qui survient sans être annoncée, de même que le souvenir (très bon), qui pourrait être rappelé à la mémoire par une roue ou un truc du genre… les derniers mots ne sont plus dans la même légèreté, ''je refais le chemin à l'envers''.

Un gros potentiel pour ce texte qui, je le répète, arrive presque à dire beaucoup avec peu. Je fais confiance à l'auteur pour ôter ce presque.
Bonne continuation,
placebo

   caillouq   
19/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un bon coup de poing que ce texte court. Un sujet inépuisable, bien rythmé par des fragments de dialogue à l'efficacité concentrée. Une écriture à la fois provocante et pudique. Le bémol, c'est que dans un texte aussi court, chaque mot, chaque signe doit avoir clairement son rôle, et je trouve que le passage au journal n'est pas assez clair. Plus exactement, il ne colle pas à l'image que je me fais de l'ensemble (oui, OK, c'est très subjectif mais après tout c'est moi le lecteur, hein). Est-ce que le problème est un manque de communication entre la mère et sa fille ? Dans ce cas-là, pourquoi la mère pense-t-elle qu'écrire sur un journal (et pourquoi un journal ? Pourquoi pas un bête papier ? Il n'y a pas beaucoup de place pour écrire sur un journal) peut résoudre le problème ?
Et si le problème est que la mère ne peut pas parler pour une raison physiologique, j'ai du mal à croire qu'elle puisse écrire (une aphasie temporaire, oui, mais sur du long terme ?!). Bref, ce passage m'a gêné, parce qu'il disperse les interrogations au lieu de les rassembler.
Mais sinon, un texte très prometteur. J'avais beaucoup aimé "Définitions", l'auteur devrait nous donner de ses nouvelles plus souvent.

   chronicroqueuse   
23/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une belle écriture toute en retenue et en puissance.
Le passage sur le journal me semble traité un peu rapidement

   Anonyme   
23/5/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Un style de qualité, c’est vif, incisif, bien écrit. Pour cela rien à dire.

mais je n'ai pas d aimé ce texte qui fonctionne sur une chose: le pathos qu'on semblerait devoir éprouver à la vue des personnages âgées et de leurs souffrances. Pour ma part et je rejoins un peu l'héroïne: la mort me semble plus claire, meilleure dans ces cas, plus qu'une souffrance totalement inutile et sans fin. Or, le texte n'est pas assez clair je trouve, point de vue interne de la narratrice sur la culpabilité à éprouver ou non, en filigrane. J'aurai aimé justement une vraie prise de position, pas quelque chose qui soulève le débat, mais sans oser le faire complétement: oui la vieillesse c'est laid (et de ce point de vue le texte n'insiste pas assez!), c'est pire qu'un naufrage etc...

On peut me rétorquer que on doit le respect à nos aînés peut être...Dans ce cas le texte aurait du montrer l'aspect totalement artificiel de cette relation.

Bref, pas convaincu par le fond.

   Anonyme   
23/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je me suis laissée attrapée. C'est une émotion qui monte doucement, une écriture qui ne heurte pas, un texte qui est fait pour l'écran : par sa matière, par sa longueur, par l'histoire dite. C'est idéal. Alors audreydom nous emporte dans les marges et depuis le titre jusqu'à la dernière phrase, rien n'est déplaisant et puis il y a cet amour raconté.

   widjet   
23/5/2011
 a aimé ce texte 
Pas
Je vais (encore) prendre le contre pied de certains, mais je n’ai pas accroché.

Moi qui affectionne pourtant les phrases courtes, j’ai été gêné par ce style « ultra cutté », l’auteur en use et abuse, c’est trop pour moi et à la longue ça tue l’émotion dans l’œuf mais en revanche retranscrit bien cette violence sourde et intérieure de l’héroïne.
Je trouve aussi que cela manque parfois de clarté (que ce soit le flash back final ou la scène du bus – la veste oubliée - dont je ne comprends pas l’intérêt ou encore les deux lignes de dialogues « Tu as bien dormi ? « Tu as bien mangé ? » qui sont superposées et donnent l’impression que ce sont deux personnes qui échangent).

Je suis peut-être stupide, mais pourquoi 8h17 est-il figé quelque soit l’action entreprise ?

C’est sans doute voulu, mais j’ai eu du mal à « sentir » l’état d’esprit de la jeune fille vis-à-vis de sa mère. Certaines phrase sous entendent qu’elle est en empathie, qu’elle est pleine de précaution (« Veiller à ce que ses pieds passent bien au-dessus de la marche. Se munir du gant et s’efforcer de passer partout. Donner l’odeur du thym à ce corps qui se replie sur lui-même », « Le renifler, chercher l’odeur de ma mère », - j’en profite pour dire qu’il y avait plus « poétique » comme procédé que de renifler un journal pour retrouver une odeur maternelle, mais bon, c’est un choix) et d’autres démontrent une certaine froideur, presque du mépris.

Écriture incertaine, traitement trop froid, trop clinique pour m’émouvoir.

W

   Selenim   
23/5/2011
 a aimé ce texte 
Pas
Quelle impressionnante économie de moyen.

J'ai eu l'impression de lire le plan d'une nouvelle et non un résultat fini. Les phrases se suivent rythmées par une monotonie lancinante. Bizarrement, j'ai trouvé le texte plus hypnotique que répulsif.

Comme écouter le balancier d'une vieille horloge Comtoise. C'est soporifique, inintéressant mais on reste rivé.

C'est d'autant plus dommage que le thème abordé est riche et pourrait permettre de très belles choses. Mais pas traité de cette manière. L'auteur veut exprimer une pensée : dommage qu'elle soit muette.

Selenim

   Anonyme   
24/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte fort, qui me parle beaucoup. J'apprécie ce traitement court, presque lapidaire, pour rendre compte d'une situation cruelle.
Tu exprimes avec des mots justes, sans tomber dans un pathos larmoyant, la détresse qui empoigne chacun de nous devant la déchéance inéluctable de ses parents.
L'abnégation, la fuite, l'envie coupable que ça se termine sont autant de sentiments que tu as su correctement exprimés.
Certains passages restent obscurs mais ne nuisent pas à la compréhension générale du texte.

   Perle-Hingaud   
24/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une approche des thèmes toujours aussi sensible. J'aime beaucoup l'effleurement du drame, ce qui est laissé deviner. La complexité des sentiments, amour, rancune, tendresse, dégoût, lassitude. Je trouve ce texte profondément humain, et les mots pour raconter bien choisis dans leur sobriété. Un seul bémol: un peu court pour mon goût, j'aimerais vous lire sur du plus long, insérer cette capacité à décrire les sentiments dans une intrigue plus vaste. Mais c'est une envie très égoiste, je le reconnais...^^^
Merci !

   toc-art   
24/5/2011
Bonjour,

un texte minimaliste mais très évocateur pour moi, et sûrement pas soporifique.

l'économie de mots et de pensée traduit bien, selon moi, l'enfermement psychologique de la narratrice comme de sa mère, incapables de communiquer entre elles.

les sentiments divers et confus de la fille sont bien rendus, cette rage venue de l'obligation d'être une bonne fille, de faire ce qu'il faut, la culpabilité et, malgré tout aussi, la tendresse qu'on croyait éteinte alors qu'elle est seulement étouffée.

deux ou trois petites choses :

j'aurais opté pour le présent dans le passage "le parfum vanillé..." jusqu'à "je ne la toucherai pas". A mon avis, cela renforcerait l'usure de l'habitude.

pour l'ouverture de la fenêtre. je pense qu'elle devrait intervenir après l'arrivée de la fille devant l'immeuble et pas juste au même moment. Là, c'est un peu confus, si la fenêtre s'ouvre quand la fille arrive, elle devrait voir la fenêtre s'ouvrir quand elle manque descendre du bus. ça a l'air de rien, mais comme vous tablez vachement sur l'horaire, dans ce cas, je pense qu'il faut être méga précis.

En plus, pour la phrase de fin, ben, moi j'aurais laissé le suspense justement, une phrase en forme d'interrogation de la fille ou une reprise de la phrase terrible "j'espère que la fenêtre reste fermée" en la transformant, genre "j'espère que la fenêtre..."

Sinon, pas convaincu par "j'aurais voulu chuter" et "renifler le journal, chercher l'odeur de ma mère" / ça me parait un peu moyen et pourrait être amélioré selon moi.

Mais ce sont des détails. J'ai bien aimé ce texte.
bonne continuation

   beth   
26/5/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Pour moi, le texte ne fonctionne pas, émotionnellement. Il manque peu de chose : une justesse des sentiments ? : veut-elle la tuer ? Souhaite-t-elle sa mort ? Déteste-t-elle sa mère ? Est-ce la déchéance de la vieillesse qu’elle haït ? Bien sur, la jeune femme doit osciller entre plusieurs états d’âme mais ici c’est trop confus ou diffus pour émouvoir et la « bonne fille » me laisse de marbre si le thème par contre m’émeut.
Quelques petites questions :
La mère est-elle en chaise roulante ? Pourquoi ne se lave-t-elle pas seule si elle peut se lever, ouvrir ses fenêtres ? Procéder, seule à sa toilette, surtout intime est certainement la dernière dignité que préserve jusqu’au bout une femme âgée.
C’est le journal de la veille qui est dans son sac, comment sait-elle que ce cri (silencieux) dure depuis des mois ? Peut- être seulement depuis hier ? Il aurait fallu qu’elle déplie et lise les autres journaux pour le savoir.
Comment peut-elle chercher « l’odeur de sa mère » dans le journal alors qu’elle vient de vomir après une nausée ? Généralement on fuit les odeurs après vomissement.
Quelques petites idées:
Son ventre, creusant vers l’intérieur… (mal dit à mon avis, puisque creuser est toujours à l’intérieur)
Elle me glissera dans mon sac (redondance)
Les sursauts heurtent mes pas (cela me parait maladroit)
…marcher encore quand celle qui m’a mise au monde se dégrade (marcher encore : m’éloigner d’elle ? Continuer à vivre ? Finalement que veut dire cette phrase ?)
épuisée j’aurais voulu chuter (le verbe chuter n’explique rien à mon sens)
appuyée contre un mur de béton (pourquoi préciser dans un tel moment le matériau de composition du mur ?)
Sinon le titre: « Dans les marges » est bien trouvé (peut être aurait-il pu être aussi décliné vers la piste : mise en marge de la société de ses anciens ? L’idée du journal comme objet de transfert affectif et pudique me paraît excellente et vraie.
Le pointage de l’heure et de la régularité poignante des actions « inutiles » aussi. L’écriture concise me plait, mais elle se doit du coup d’être parfaitement juste. Tout ceci pour tenter d’apporter mon propre ressenti à votre texte et vous permettre des retouches ??. La critique est facile et l’art est difficile…on ne châtie bien que ce que l’on aime…Je suis allée lire vos autres textes, et ils sont loin d’être anodins!
Dans celui là il manque juste, à mon avis, l’expression émotionnelle. Mais quel beau sujet !
A plus de vous lire.

   Anonyme   
2/6/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bien, bien, bien écrit, ça, il faut l'avouer. En ma qualité de fan des phrases courtes comme des phrases longues et des phrases moyennes, je salue chapeau bas la qualité de l'expression.
Le sujet ? bof, battu et rebattu, me fait penser à un chewing-gum mâché mis à l'écart sur un mouchoir en papier et récupéré et utilisé par tous ceux qui passent par là, trompés qu'ils sont par la blancheur virginale du mouchoir.
Mais, ici, on devrait surtout noter, je pense, la pertinence du traitement d'un sujet, aussi planplan soit-il.
Dont acte. Sans regret.


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