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Policier/Noir/Thriller
Benjoui : Le massacre : L'assassin - Ali
 Publié le 19/06/07  -  8 commentaires  -  5480 caractères  -  37 lectures    Autres textes du même auteur

La violence des groupes extrémistes : histoire à deux voix.


Le massacre : L'assassin - Ali


J’arrive dans le quartier. Je vois des visages apparaître aux fenêtres, des portes s’entrouvrir, des yeux me regarder par les nombreux trous percés dans les murs. Ils m’inspectent de la tête aux pieds. Les blancs ne se promènent jamais dans ce coin de la ville. Ils ont trop peur. Trop de bagarres se sont déclenchées à cause de ces pourritures d’Arabes. Il faut nettoyer le pays, éloigner les parasites. C’est pour cette raison que je suis là. Je fais partie d’un groupe - jugé extrémiste par quelques personnes n’essayant même pas de comprendre nos motivations - qui se réunit chaque semaine pour trouver une solution à notre problème. Nous sommes atteints de la peste métissée et nous n’avons trouvé aucun remède, pas un sérum n’existe. Nous devons donc éliminer les virus, sans pouvoir arrêter l’hémorragie.


Deux jeunes beurs s’approchent de moi. Ils brandissent des lames vers moi. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je sors mon neuf millimètres et les descend. Des cris retentissent.


Un massacre s’ensuit. Je tire sur tout ce qui bouge : les femmes, les enfants, les chats. Il faut extirper les mauvaises herbes. La vermine doit disparaître. Un coup de feu retentit. Une douleur indicible transperce mon poignet et mon arme s’en va valdinguer à quelques mètres. Si le but était de me désarmer, c’est un coup de maître. Je pense plutôt que l’on voulait ma peau. Mais ces saletés de musulmans ne sont bons à rien. Je me dirige vers mon flingue. Un enfant passe à vive allure et ramasse le fusil. Derrière moi, un homme l’appelle. Il s’appelle Ali, et il vient de signer son arrêt de mort.


Je me tourne et aperçois l’homme qui m’a tiré dessus. Je me dirige, tranquillement, vers lui. Il ne me remarque pas. En fait, ma présence l’indiffère. Il cherche désespérément celui qui semble être son fils du regard. Je lève mon pied et lui donne un coup violent à la figure. Il se retrouve par terre. Je lui arrache son arme à feu des mains et la pointe vers son visage. Nos regards se croisent. Il est totalement apeuré et m’implore. Je tire : c’en est fini de ses jérémiades.


J’entends un cri. L’enfant a vu son père mourir. Je me retourne vivement ; il se met à courir. Je le suis en marchant : mes jambes sont deux fois plus longues que les siennes. Nous arrivons dans une impasse. Je le vois se cacher dans une poubelle. Il croit être passé inaperçu. Je m’avance vers sa cachette. J’ouvre brusquement le container. Il pointe son arme vers moi, je fais de même. Ce sera lui ou moi, tout dépendra d’une seconde.




* * *



Je m’appelle Ali et j’ai treize ans. Je suis assis à table avec le reste de ma famille. C’est l’anniversaire de ma mère et, pour l’occasion, même mes cousins sont venus dîner avec nous. C’est l’euphorie. On ne se retrouve pas souvent tous ensemble. Les petits jouent dans le salon. Moi, j’essaie de m’introduire dans le groupe des adultes en prenant part à leurs discussions. Je ne me débrouille pas trop mal. Il n’y a que la politique qui coince : ça ne m’a jamais intéressé et je ne comprends pas tout. Enfin, je pense qu’une bonne soirée s’annonce.


Mon grand-père raconte encore la période où il a aidé à sauver la France, pendant la seconde guerre mondiale. Il s’arrête soudainement de parler et se lève, plissant les yeux pour regarder par la fenêtre du salon. Il semble intrigué. Nous tournons tous la tête vers le point qu’il fixe. Un blanc. Aucun de nous ne cache sa surprise. Mon grand-père regarde dehors en s’appuyant sur le rebord de la fenêtre. Ses mains tremblent.


- Il est armé !


Deux coups de feu retentissent dans l’air. On n’arrive pas à réaliser. On ne comprend pas ce qu’il se passe ; enfin, on ne veut pas. L’homme tire de nouveau. Mon grand-père tombe par terre. La balle l’a atteint à l’endroit où se croisent ses sourcils. Ma mère crie. On est tous effrayés. Mon père se dirige vers un tiroir et en sort une boîte. Je regarde par-dessus son épaule et je vois un revolver.


- Tu ne vas pas le tuer ?

- Ne t’inquiète pas, je vais juste essayer de le désarmer.


Il ouvre la porte d’entrée et tire. Je le rejoins et aperçois l’arme de l’homme par terre. Je cours pour la ramasser.


- Ali !


Mon père s’inquiète. Je le regarde et, juste au moment où je veux lever le pouce, le tueur s’approche de lui et l’attaque. Il l’abat. Je me mets à courir. Il ne doit pas m’attraper. Des tas de questions se bousculent dans ma tête. Je ne comprends pas pourquoi on nous en veut, pourquoi il a choisi mon quartier. Je ne comprends rien. Je cours, je ne m’arrête pas. Je jette un rapide coup d’œil par-dessus mon épaule : il me suit. Moi qui connais si bien le lieu où je vis, je perds tous mes repères. Je me retrouve dans un cul-de-sac. Il me faut une cachette, et vite ! Je m’approche d’une poubelle et me glisse à l’intérieur. J’espère qu’il ne m’a pas vu. Je n’entends que ma respiration. C’est plutôt bon signe. J’essaie de regarder par un minuscule trou creusé par la pluie. Je ne vois rien. Brusquement, le couvercle se soulève. La lumière m’aveugle.


Il est devant moi. Par réflexe, je lève l’arme de mon père vers lui. Il pointe la sienne sur mon front. J’ai peur, je crains ne pas être assez rapide.



***



Ali est décédé après avoir tenté de tirer sur l’assassin. À cause de sa jeunesse et de son manque d’expérience, il n’a pas su tirer assez précisément pour tuer son "adversaire". Comme quoi, la vie n’est pas toujours juste.



 
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   Cyberalx   
19/6/2007
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'aime beaucoup le fait qu'il y ait deux façon de voir les choses : deux angles de vues différents pour la même scène, c'est quelque chose que j'expérimente de temps à autre, mais je dois dire que là, c'est réussi.

Seuls petits reproches qui sont peut être dus à mes gouts personnels, je trouve que le petit épilogue à la fin est inutile et nuit à l'histoire : laisser un status quo au moment où les deux protagonistes se braquent mutuellement aurait été plutôt pas mal, il n'y a pas besoin de morale du genre "la vie n'est pas toujours juste", il faut compter sur le lecteur pour tirer une morale, car tu lui a déjà brillamment fourni tous les éléments qui conduisent à penser que l'absurde côtoie le réel au quotidien.

Et dans la première partie, je pense que tu aurais pu nuancer un peu plus la façon de penser du tireur fou, sans trop évoquer une "race" ou une ethnie en particulier (tu pouvais par exemple mettre l'accent sur sa xénophobie-qui est une véritable peur de l'étranger quel qu'il soit- sur sa haine de la différence.), parfois en voulant être trop précis dans un récit, on risque de heurter certaines personnes même si le but était ailleurs (ce qui est visiblement le cas ici.) et l'histoire s'en trouve desservie.

Voilà, sorti de ces deux détails, j'ai suivi l'histoire et j'ai aimé.

   Tchollos   
20/6/2007
Sur le coup, je suis totalement d'accord avec Cyber. D'abord, je dois dire Benjoui que tu es très fort pour ton âge, non seulement parce que tu choisis un thème difficile, mais aussi parce que tu essayes de structurer ton texte comme un vraie suspense. Ca a super bien marché avec moi. Je voulais vraiment connaître le dénouement, j'étais bien dedans.

Donc, comme cyber le dit, le début est très brutal, cela mériterait un peu plus de développement, faudrait que, d'une manière ou d'une autre, on arrive a s'attacher un peu à cette crapule, pour qu'on soit encore plus troublé par la tension de la fusillade.

Sur la forme, quelques phrases sont trop longues. On peut exprimer le même message mais en faisant plus dynamique, enfin, je crois. Si tu essayes d'aller droit au but, tu vas voir que ton texte gagne en intensité.

ex.:

"À cause de sa jeunesse et de son manque d’expérience, il n’a pas su tirer assez précisément pour tuer son "adversaire". Comme quoi, la vie n’est pas toujours juste."

il y a des milliers de façon d'écrire cette phrase mais je pense que tu vas comprendre ce que je veux dire...

Ca pourrait devenir :

Si jeune, si inexpérimenté, son tir est passé à quelques centimètres de son adversaire...la vie n'est pas toujours juste.

ou

Il tira en fermant les yeux et la balle manqua sa cible. La vie n'est pas toujours juste.

ou

Il n'avait jamais fait ça, bien sûr, il était si jeune, si innocent. Ses mains tremblaient quand il appuya sur la détente. La balle ne trouva pas la chair attendue. La vie n'est pas toujours juste.

etc.

En tout cas :Bravo. C'est impressionant. Continue comme ça.

   Anonyme   
21/6/2007
J'aime beaucoup l'idée de la même histoire vue par deux personnages différents. Le récit est bien mené et imagé, on visualise bien la scène.
Je rejoins les commentaires précédents pour le reste : j'aurais aimé en savoir plus sur la psychologie du tueur, mais aussi sur le vécu d'Ali. Je trouve aussi l'épilogue et la morale superflus.
Au plaisir de te lire à nouveau.

   Anonyme   
30/6/2007
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Le texte se lit bien. J'aurai préféré que les points de vue des deux protagonistes soient alternés. Il y a dans cette présentation un côté scolaire que l'on peut regretter. Dommage que la fin soit torpillée par la conclusion. Le mot "décédé est dans ce contexte trop formel. Le manque d'expérience du au jeune âge d'Ali transpire dans le texte. Pourquoi le répéter? A quelle date s'est déroulée cette histoire, on aimerait savoir? De même qu'une présentation des personnages plus approfondie serait la bienvenue.

   fatou95   
6/8/2007
 a aimé ce texte 
Bien
Tu écris vraiment très bien! L'histoire est excellente, il y a un bon rythme, on ne s'ennuie pas. J'ai adoré lire ta nouvelle.
Seul petit "reproche" (on te l'a déjà dit, mais je le répète) la morale à la fin est inutile.
Et je crois que tu as fait une petite erreur d'inattention à la fin de ton récit. Ali dit qu'il tire avec l'arme de son père. Or, il s'agit de l'arme de son "adversaire" puisqu'il l'a ramassée par terre. C'est donc l'autre qui tire avec l'arme du père d'Ali et Ali avec celle de son "adversaire"
Voila. En tout cas continue, t'as du talent ;)

   Lariviere   
19/7/2007
Très bon récit.
D'accord avec le commentaire de Cyberalx, et avec les autres sur la morale superflu à la fin.
Sur la psychologie du "facho" à étoffer... Peut être...
En revanche, de l'autre côté du miroir, le père d'Ali me parait suspect d'être trop gentil... Quand son fils lui demande, effrayé par l'idée, s'il va tuer l'homme qui leur tire dessus, il répond qu'il va juste essayer de le désarmer... Je n'aime pas ce tempérament modéré, sage, "gentil"... Je l'ai dis sur un autre texte à l'occasion d'un thème traité à l'inverse de celui-ci, sur le terrorisme, mais je n'aime pas le côté manichéen, le côté bon et méchant..
La réaction de tout homme, qui vient de voir sa famille se faire massacrer, est, il me semble, de réagir avec haine et violence... Le but du père d'Ali puisque le fait d'être armé (?) lui en laisse la possibilité, doit être à mon avis et de façon claire, de tuer le salopard... Ne serait ce d'ailleurs que pour protéger son fils.
Pour ce qui est du style, je ne changerai rien. Tes phrases sont les tiennes et elles sont parfaites.

   teeth   
2/8/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↑
L'idée est bien. Après, je suis entièrement d'accord avec ce qu'ont dit les autres.
La morale est inutile, le style n'est pas tujours parfait et la psychologie des personnages n'est pas assez poussée ou trop lisse. Enfin, la nouvelle demeure appréciable

   Maëlle   
28/8/2007
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je vais pas répéter ce qu'a dit Cyberalx, je suis plutôt d'accrod avec lui. Je trouve le ton de la première partie et l'épilogue trop neutres: on se croirait dans un commentaire de journal télé (et soudain, c'est le drame).

Au vu du massacre qui est décrit, c'est en fait trés froid, trés impresonnel, j'ai pas été touchée du tout. Celà dit ça pourrait être un atout dans un récit plus long: j'imagine qu'une victime d'un acte pareil sur le moment ne comprend rien.


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