Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Sentimental/Romanesque
Bidis : Chez Ousmane
 Publié le 11/10/18  -  8 commentaires  -  16932 caractères  -  70 lectures    Autres textes du même auteur

Plaie d'argent n'est pas mortelle.


Chez Ousmane


« Paulette pourrait tout de même faire attention à ne pas faire tout tomber quand elle vient ranger ses affaires ». Fanny bougonne et ramasse un chiffon tombé sur le sol. Elle le replie soigneusement et le replace sur la pile. C'est avec un chiffon semblable qu'elle a un jour dépoussiéré un petit Christ sur le bureau de l'aumônier du collège. Le Jésus d'ivoire s'était tout à coup détaché de la croix et c'est avec mille précautions qu'elle l'avait remis en place. Ç’avait été un moment plein de douceur... Avant de refermer la porte du placard, d'un coup d’œil machinal, elle inspecte les rayonnages tout débordants d'éponges, serviettes, brosses, ramassettes et produits divers, cette petite armée d'alliés dans la dure besogne de nettoyage. Son regard accroche un autre torchon, encore humide et qui sèche à califourchon sur un seau. Celui-là sert à récurer les pissotières des garçons et des professeurs. Cette simple évocation lui donne la nausée. Il lui était arrivé de rêver qu'on l'enfermait dans ce local glacé, puant la pisse et la crasse incrustée. Des rats couraient sur le sol jonché de mégots de cigarettes écrasés et elle se réveillait en sursaut...

Elle pousse un gros soupir. Allons, c'est terminé ! Elle en a fini avec ce boulot, bien fini ! D'un pas plein d'allégresse, elle se dirige vers le bureau du responsable du personnel de maintenance.

Une voix lui dit d'entrer lorsqu'elle frappe à la porte. Au fond d'une pièce accueillante, assis derrière sa table de travail, un homme encore jeune lève la tête de dessus ses dossiers. Il considère Fanny d'un air amène :


– Eh bien, c'est donc votre dernier jour, aujourd'hui. Pas fâchée d'en avoir fini ?


Fanny ne trouve pas judicieux de montrer trop de soulagement et se contente d'esquisser un sourire timide.


– Et vous attendez votre paie ?

– Oui, monsieur Fabry.


Lui tendant une enveloppe :


– Voici vos trois mois. Si jamais vous vouliez réitérer cette expérience, téléphonez-moi. Je vous avertirai dès qu'une nouvelle opportunité se présente. Il y aura peut-être du travail pour un mois, ou trois, ou cinq, mais toujours selon le même principe, comme convenu entre nous : nous ne vous payons qu'à la fin de votre engagement, de façon à être certains que vous ne nous ferez pas faux bond après quelques semaines.


Dans les vestiaires, devant la glace, Paulette, déjà prête à partir, met du Rimmel sur ses faux cils et du rose pâle sur les lèvres. Dix-huit ans à peine, petite et mince, toute en jambes et court vêtue dans une mini-robe style princesse, elle a les cheveux d'un blond presque blanc à force de décolorations. Avec de petits gestes précis et gracieux, elle ramène constamment des mèches sur les joues parce qu'elle trouve celles-ci trop larges, ce qui est vrai. De sorte qu'on ne lui voit du visage que deux grands yeux charbonneux sous un casque blond-blond-blanc. Dans cette farouche volonté de séduire, on sent une sorte de résignation lucide et joyeuse. Fanny, brune et naturelle, se sent toute terne à ses côtés. Paulette la fascine. En même temps qu'elle l'envie, elle juge sévèrement, mais à part soi, cette allure superficielle et beaucoup trop provocante.


– T'as fini-fini, alors ? Quelle chanceuse tu fais !

– Oui, répond Fanny tandis qu'elle récupère son sac dans le casier qui lui a été attribué, mais pour moi, ce n'est pas comme pour toi, il s'agit d'un travail en plus, après ma journée à la Compagnie d'Assurances... Enfin, maintenant j'ai les sous pour pouvoir le passer, mon permis ! Comme cela, je trouverai peut-être quelque chose de mieux payé et de plus excitant que mon boulot actuel...

– Faut fêter ça. Je vais au bar-resto d'Ousmane, mon ami sénégalais. Viens, tu verras, c'est quelqu'un d'hyper sympa.

– Je n'sais pas... Il est déjà 21 heures...

– C'est samedi demain, tu ne dois pas te lever tôt. Et il faut te détendre quand même ! Tu verras, la cuisine d'Ousmane est vraiment divine.


Et Fanny, qui ne sait jamais dire non, se laisse convaincre.


***


Pour la jeune fille, c'est un éblouissement : dans la pénombre, les lumières des appliques, des petites lampes et des bougies font danser des étincelles sur l'acajou luisant du bar, des tables et des chaises et sous cette caresse dorée, le pourpre du velours des banquettes et des fauteuils se fait tendre et profond.

Il n'y a plus grand monde. Deux hommes assis au bar sirotent des alcools. Ils sont jeunes et minces, extrêmement beaux et discutent avec le barman.


– Ce sont des travelos, dit Paulette, tu verras, ils sont adorables.


Un instant subjuguée par les gestes efféminés des jeunes gens, le regard de Fanny glisse vers l'homme derrière le comptoir. C'est un métis. Il lui rappelle un personnage d'Indien dans l'une de ses lectures d'adolescente et elle éprouve l'agréable impression qu'il la remarque d'une façon spéciale.

Un grand Noir, haut de près de deux mètres sort de la cuisine. Il arbore un sourire éclatant, se dirige vivement vers les jeunes filles, se plie presque en deux pour embrasser Paulette et salue Fanny de façon cérémonieuse.


– Venez, je nous ai choisi une table un peu à l'écart. Il est tard, vous devez avoir faim ?


À peine sont-elles installées qu'il s'esquive et c'est le barman qui vient s'enquérir de ce qu'elles ont envie de boire comme apéritif.


– Je te présente Amar. Amar, voici ma collègue de travail, Fanny.

– Je suis ravi de faire votre connaissance, dit-il, le sourire ravageur.


La jeune fille bredouille. Elle aussi est, heu..., ravie.


– Alors, cet apéritif ?


On est entre copains, il ne prend pas note.


***


On avait eu des acras de crevettes en entrée suivis d'un savoureux plat de mouton grillé. Amar s'était précipité vingt fois pour aller chercher les plats et les boissons en cuisine, servir en outre un couple de dîneurs survenus entre-temps et qui s'étaient attardés, bref, le beau métis avait eu l'œil à tout et s'était gentiment occupé de chacun.

Comme le repas est à présent terminé, les deux jeunes hommes, que Paulette avait dit être des travestis, prennent des chaises et viennent s'asseoir auprès d'eux. Fanny, que le vin a légèrement grisée, caresse le velours de la banquette et s'émerveille de la douceur du tissu.


– Désolé, pour le dessert, dit Ousmane, mais il ne reste plus rien.

– Pas grave, on a encore quelques mangues, dit Amar. Et il file vers la cuisine.


Il en revient bientôt avec un immense saladier rempli d'un breuvage doré où nagent des morceaux de fruits. Ce punch s'avère exquis, l'on passe et l'on repasse le saladier et chacun se sert et se ressert encore. Fanny se trouve soudain complètement ivre.


– Qu'est-ce que c'est qu'cette boisson ? demande Paulette. On dirait d'la limonade, mais j'ai l'impression de n'avoir jamais été si pompette.

– Oh c'est tout bête, dit Amar. Seulement du mousseux avec du Grand Marnier...


Des blagues fusent et le rire homérique d'Ousmane résonne dans tout le restaurant. Puis l'on égrène des souvenirs...


– Comme la fois où nous avons fait cette partie de poker chez Michou et qu'on s'est tous disputés parce qu'il prétendait qu'on lui avait volé ses gains.

– Mais on m'avait volé ! crie l'un des travelos avec véhémence.

– Absolument pas ! C'est toi qui n'savais plus où t'avais rangé ton fric.

– Ah oui ? Et comment se fait-il que je ne l'ai jamais retrouvé ?

– T'es bien capable de l'avoir balancé dans les poubelles, bourré comme t'étais, réplique Paulette.


Elle pouffe.


– Répète ça ! Si ça s'trouve, c'est toi qui me l'as piqué, mon fric !

– Du calme, les enfants, dit Amar, encore un peu de punch ?


En se levant pour remplir les verres, il tombe à moitié sur Fanny qui s'est mise à chanter « O when the saints » avec Ousmane. Paulette se joint à eux, chante faux et bat des mains. On est trop nombreux autour de la petite table. Et beaucoup trop turbulents : des verres sont renversés, des objets tombent à terre. Mais jamais la jeune fille n'a passé une aussi bonne soirée.


***


Le lendemain, au réveil, fort tôt comme elle en a l'habitude, Fanny émerge peu à peu. Elle baigne encore quelques instants dans une sorte de brouillard et se souvient vaguement que Paulette l'a conduite jusqu'à son lit.

Elle se lève, prend une douche et s'habille. Son sac se trouve sur la table de la cuisine. Elle l'ouvre pour prendre l'enveloppe contenant son argent.

Plus d'enveloppe !

« Non ! » pense-t-elle. « Non ! »

Elle fouille dans son sac puis, fébrile, le retourne sur la table, tout en criant à présent : « Non ! Non ! Ce n'est pas POSSIBLE ! » Porte-monnaie, rouge à lèvres, clefs, téléphone portable, mouchoirs..., tout un bric-à-brac se trouve là, étalé. En vain.

Ses jambes ne la portent plus, elle s'assied, demeure un moment anéantie, prostrée. Puis, elle se met à réfléchir.

Quand a-t-elle vu l'enveloppe pour la dernière fois ? Elle se voit la recevoir du chef du personnel, la mettre dans son sac mais après... ? Le sac, elle l'a gardé tout près d'elle jusqu'à ce que l'on serve le punch à la mangue, de cela elle est certaine. Elle se souvient qu'à un moment, Amar l'a bousculée mais impossible de se rappeler quoi que ce soit d'autre.

Elle décide de retourner là-bas, peut-être l'enveloppe est-elle tombée sous la table...


***


Elle prie pendant tout le trajet : « Faites que je la retrouve, faites que je la retrouve ! ». Le souvenir du petit Christ de l'aumônier lui revient et c'est vers Lui qu'elle adresse ses prières. Il doit être bien plus fort que saint Antoine qu'elle évoque habituellement quand elle a perdu quelque chose. Et tout à coup, elle a l'impression d'être écoutée. Quand elle a ce genre d'intuition, généralement tout se passe bien pour elle et elle se rassérène un peu.


L'établissement est fermé. Elle appuie longuement sur la sonnette, puis tape sur la porte vitrée. Au bout d'un moment, Amar apparaît.


– Ah, c'est toi ? Qu'est-ce que tu veux ?


Il n'est pas agressif, mais pas trop content non plus.


– J'ai perdu... j'ai perdu...


Elle n'arrive pas à dire « mon argent ». Elle veut d'abord expliquer les choses. Finalement, il la fait entrer et la laisse raconter ce qui lui est arrivé.

Tout de suite, il lui propose de chercher l'enveloppe avec elle.

Ils fouillent partout, dans tous les coins, à quatre pattes sous les tables et surtout bien entendu à l'endroit qu'elle avait occupé. Mais rien. Ils ne trouvent rien.

Elle se met à pleurer et répète sa litanie :


– Ce n'est PAS possible... ce n'est PAS possible...


Il lui fait un café et semble désolé pour elle, totalement désolé. Même, il monte réveiller Ousmane. Peut-être avait-il, lui, trouvé l'enveloppe ?

Quand elle voit Amar revenir dans la salle du restaurant, Fanny comprend qu'il n'y a plus d'espoir... Elle ne le montre pas mais elle se met à soupçonner tout le monde : Paulette, Ousmane, Amar et les travelos, tout en sachant que cela ne sert à rien.


***


Le retour au bureau s'est avéré plus pénible que jamais. Encoder des chiffres toute la journée en devant se concentrer pour ne pas commettre d'erreur, c'est tout à la fois inintéressant, fastidieux et lourd. Distraite, elle s'est trompée et s'est vue infliger des heures supplémentaires pour rectifier l'erreur. Tout est devenu si fatigant, maintenant ! C'était déjà bien déprimant avant la perte de son argent, c'est pour cela d'ailleurs qu'elle rêve d'un autre emploi depuis longtemps. Mais dans toutes les annonces qu'elle trouve, on exige un permis de conduire. Beaucoup trop cher pour elle...

Elle se laisse envahir par un désespoir morne. Les gestes les plus quotidiens lui pèsent. Puis, peu à peu, elle refait surface. Et un jour, elle se décide et téléphone à monsieur Fabry. Une semaine plus tard, le voilà qui rappelle : elle peut reprendre son job de nettoyage, pendant cinq mois cette fois. Elle voudrait refuser. Cinq mois !!! Le souvenir des immondes toilettes des garçons l'obsède. Elle hésite. Monsieur Fabry s'impatiente. Alors, comme on se lance dans une eau que l'on sait glacée, elle accepte.


***


De ce jour, il lui prend une rage d'économies. Elle rogne sur tout, ne se permet plus aucune sortie, ne va même plus prendre un café le matin au petit zinc du coin. Ce qui lui manque le plus, outre le croissant tout chaud et croustillant, c'est cette atmosphère de solidarité entre les travailleurs qui s'offrent un moment de répit avant de se rendre au boulot... Car elle se sent isolée, loin de sa famille et de sa petite ville, où elle ne retourne que pendant les vacances ! Depuis la disparition de l'enveloppe, elle entretient avec Paulette des relations courtoises mais sans chaleur.

Un soir, elle rencontre Amar dans le métro. Elle hésite à répondre à son salut. Seulement, de nouveau, cette attraction qu'elle avait éprouvée la première fois qu'elle l'avait vu, derrière son bar...

Amar voit bien qu'elle hésite et ne se départ pas de son sourire engageant.


– Tu rentres chez toi ?

– Ben... oui.

– Cela te dirait d'aller boire un verre ?

– Non, vraiment non. Il est tard et je suis un peu fatiguée.


Elle a envie de parler de ses deux boulots, de lui donner des remords au cas où il aurait quelque chose à se reprocher. Puis, aussitôt, elle regrette son attitude. Elle nage en pleine contradiction.


– Après tout, demain c'est samedi, je n'vais pas travailler. Alors un verre... Eh bien, d'accord. Où va-t-on ?


***


Ils ont pris le pli de se retrouver le vendredi soir autour d'un hamburger-frites ou d'un simple Coca, car Fanny ne veut plus toucher à l'alcool. Bien entendu, elle le soupçonne toujours au sujet de l'enveloppe. Sans doute ne saura-t-elle jamais ce qu'il en est. Mais leurs discussions lui plaisent tellement, elle se sent tellement sur la même longueur d'ondes, qu'elle n'aurait plus pu renoncer à ces petits rendez-vous hebdomadaires. Après tout, si c'est lui qui a pris son enveloppe, il avait peut-être des excuses, traversait peut-être une mauvaise passe, quelque chose comme cela...

En tout cas, elle ne désire plus jamais se rendre dans le restaurant d'Ousmane. Amar ne l'y incite d'ailleurs pas.

Un soir, alors qu'il la reconduit, comme d'habitude, jusque devant l'immeuble où elle habite, au lieu du baiser habituel sur la joue, il la serre contre lui et l'embrasse vraiment. Elle se rend aussitôt compte qu'elle n'avait attendu que cela depuis longtemps. Et c'est dans un élan naturel et commun qu'ils montent ensemble, enlacés, vers son appartement...


***


Au bout de cinq mois, elle reçoit à nouveau une enveloppe avec la rétribution de son travail. Cela, joint à ses économies forcenées, lui constitue un très joli magot, bien plus que ce dont elle a besoin pour passer son permis de conduire.

Ce soir-là, c'est avec une toute nouvelle confiance en elle-même, qu'elle revient chez elle. Obtenir son permis lui semble tout à fait à sa portée. De là, à trouver un nouvel emploi... Plus rien ne lui semble impossible.

Et quand, quelque temps après, Amar parla mariage, elle ne dit pas non. Elle était également devenue capable de prendre tous les risques.


***


Une semaine après la disparition de l'enveloppe, une vieille Noire, ivrogne, malheureuse et désargentée, passait l'aspirateur dans le bar-restaurant d'Ousmane. La femme d'ouvrage habituelle venait de lui faire faux bond, il se trouvait embarrassé et avait engagé celle-ci faute de mieux.

En passant le suceur de l'aspirateur sur le velours d'une banquette, elle remarqua, entre l'assise et le dossier, une sorte de vilain pli. Elle voulut défroisser le velours et s'aperçut qu'en fait, celui-ci était décousu sur une bonne vingtaine de centimètres. Elle se dit que peut-être une bague, une chaînette, quelque chose d'intéressant avait pu glisser par cette échancrure et, au risque de d'agrandir celle-ci, y introduisit la main puis le bras. Elle allait renoncer car elle ne trouvait rien quand soudain ses doigts touchèrent une sorte de papier sur le sol. Elle se servit de l'index et du majeur comme d'une pince et, après quelques échecs et beaucoup d'efforts, ramena à la surface une enveloppe qui se déchirait.

Quand elle vit les billets, elle regarda tout autour d'elle avec effroi. Elle était bel et bien toute seule dans la salle : Amar était occupé à la cuisine et le patron se trouvait à l'étage. Elle ne compta pas la somme, fourra le tout dans la poche de son tablier et se remit à aspirer de-ci de-là, avec fougue, en jetant des regards inquiets autour d'elle.

Quand Ousmane descendit une heure plus tard, il sourit parce que la vieille femme chantonnait en lavant les verres derrière le comptoir. Il se rappelait combien elle était malheureuse quand elle était venue quémander du travail et se félicita de l'avoir engagée d'autant que cela l'arrangeait tout à fait.

De sorte qu'il fut très étonné de ne plus la revoir après ce jour-là…


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   izabouille   
22/9/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Je n'ai pas trop apprécié cette nouvelle. L'histoire est un peu brouillonne et n'est pas très fluide. Il y a également des problèmes de temps. Par exemple:
"On avait eu des acras de crevettes en entrée suivis d'un savoureux plat de mouton grillé. Amar s'était précipité vingt fois pour aller chercher les plats et les boissons en cuisine, servir en outre un couple de dîneurs survenus entre-temps et qui s'étaient attardés, bref, le beau métis avait eu l'œil à tout et s'était gentiment occupé de chacun.
Comme le repas est à présent terminé, les deux jeunes hommes que Paulette avait dit être des travestis, prennent des chaises et viennent s'asseoir auprès d'eux. Fanny, que le vin a légèrement grisée, caresse le velours de la banquette et s'émerveille de la douceur du tissu." Le paragraphe commence à l'imparfait puis on repasse au présent, ce n'est pas très cohérent.
"...que deux grands yeux charbonneux sous un casque blond-blond-blanc..." : je trouve que c'est un peu trop appuyé "blond-blond-blanc".

Je pense que vous devriez retravailler cette nouvelle, l'alléger, il y a parfois trop de détails pas forcément utiles au déroulement de l'histoire et le lecteur s'y perd un peu.

Bonne continuation

   Anonyme   
11/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Je lis des nouvelles, de temps en temps, mais je m'exprime rarement, considérant que je suis loin d'être un habitué du genre donc j'évite de commenter après lecture.

Ici, même si le sujet n'est pas nouveau, l'action est bien conduite de façon à nous amener à certaines suspicions - pour ma part je pensais à Paulette -

Un dénouement tout simple mais réaliste...

Et puis, si " plaie d'argent n'est pas mortelle ", Pour Fanny la guérison fut bénéfique.

   plumette   
11/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Bidis,

j'ai vraiment pris du plaisir à la lecture de cette nouvelle. Vous avez de la sympathie et même de l'empathie pour Fanny, cela se sent, ce qui est plaisant c'est justement le chemin parcouru par cette jeune femme, le regard qu'elle porte sur le monde, son envie d'ouverture cruellement coupée net après ce vol.
Et après cette période de méfiance tous azimuts, la confiance qui revient petit à petit vis à vis d'Amar.

Une réserve pour le dénouement. Avait-on besoin d'une explication à propos de la perte de l'argent? D'autant que j'ai vraiment eu du mal à comprendre où se trouve exactement l'enveloppe: au sol ? Si oui, pourquoi ne l'at-telle pas trouvée lorsqu'elle est revenue le lendemain? dans la banquette? Si oui, comment a-t-elle pu arriver à cet endroit là?

Globalement , un bon moment de lecture, même si j'ai pu accrocher par moment sur les temps utilisés.

Plumette

   jfmoods   
11/10/2018
L'analepse qui clôt le récit ouvre un questionnement...

Quelle main particulièrement malicieuse a oeuvré dans l'ombre ?

L'interprétation la plus riche de sens est sans doute la moins prosaïque, la plus symbolique : elle repose sur le fantastique.

C'est la main du destin qui a rebattu les cartes.

Elle a offert à une femme âgée, usée par la vie ("une vieille Noire, ivrogne, malheureuse et désargentée"), un bonheur inespéré.

Elle a amené une jeune femme au demeurant peu épanouie ("Fanny, brune et naturelle, se sent toute terne à ses côtés") à surmonter l'épreuve douloureuse de la frustration ("- Ce n'est PAS possible... ce n'est PAS possible...", "Elle se laisse envahir par un désespoir morne."), à aller chercher au fond d'elle-même des ressources insoupçonnées ("Alors, comme on se lance dans une eau que l'on sait glacée, elle accepte.", "De ce jour, il lui prend une rage d'économies."). Elle l'a rendue apte à affronter, en pleine conscience des enjeux, les défis de l'existence ("Et quand, quelque temps après, Amar parla mariage, elle ne dit pas non. Elle était également devenue capable de prendre tous les risques.").

Merci pour ce partage !

   hersen   
11/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Le sujet de la nouvelle n'est pas nouveau mais les personnages sont attachants.
La façon dont Fanny passe de la perte de son enveloppe à l'amour fait effectivement relativiser les problèmes d'argent, mais, bien qu'elle s'en défende, il reste le soupçon. Il sera là longtemps je crois, tapi.

le fait que la femme de ménage trouve l'enveloppe apporte au lecteur un renseignement, certes, mais je me demande s'il est utile. Je sais, moi, qu'aucun des amis de Fanny ne l'a volée, cette enveloppe, et j'en sais donc plus qu'elle !

Bien écrit, y a pas à dire, bravo à toi !

   Anonyme   
12/10/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Il me paraît évident que vous n'avez pas "arrêter" le scénario, avant d'écrire cette nouvelle.
La plume hésite, par instants à choisir la suite, ce qui nuit quelque peu à sa fluidité. Pourtant l'histoire est tangible, les descriptions utiles pour entrer dans le contexte et détailler les personnages.

   Pepito   
13/10/2018
Coucou Bidis !

Quelques remarques de "forme" :
- "tout tomber quand elle vient ranger ses affaires ». Fanny bougonne et ramasse un chiffon tombé" ... tombé là, tombé ! ^^
- "tout débordants"... "tout" me semble en trop
- "une mini-robe style princesse" ... Walt Disney peut aller se rhabiller. ^^
- "qu'elle récupère son sac dans le casier qui lui a été attribué" ... casier qui est le sien le temps de son CDD et dont elle a l'usufruit, tout en pouvant l'utiliser quand elle veut. > "son casier"
- "que mon boulot actuel" ... "que ce boulot" ("de merde" en option ? ;-)
- "des banquettes et des fauteuils"... "des sièges" nous suffira.
- "se fait tendre et profond."... bien vu
- "sirotent des alcools"... ça se voit à quoi ?
- "je nous ai choisi une table"... il savait qu'elles venaient à deux ?
- "le barman qui vient s'enquérir de ce qu'elles ont envie de boire comme apéritif."... Ouch ! "viens leur proposer un apéro", non ?
- "On avait eu des acras..." " les deux jeunes hommes... prennent des chaises"... rien de plus fluctuant que le temps. ^^
- "Fanny, s'émerveille de la douceur du tissu."... et bè, elle est pas sortie souvent la pôvrette.
- "Fanny se trouve soudain complètement ivre." ... bon, si elle "se trouve" encore, tout n'est pas perdu. ;-)
- "crie l'un des travelos"... attention, là, on est dans la narration, pas dans le dialogue... gaffe aux termes.
- " Mais jamais la jeune fille n'a passé une aussi bonne soirée."... et en plus elle découvert la douceur du... velours ! ;-))
- "Ses jambes ne la portent plus"... 12 millions de pages sur Google !!!
- " Et tout à coup, elle a l'impression d'être écoutée."... ho, tu m'entends, là ?!
- "un désespoir morne"... perso, j'ai le désespoir joyeux, mais j'avoue, c'est plutôt rare. ;-))
- " Elle ... ne va même plus prendre un café le matin au petit zinc du coin. " ... ou les lumières ne sont pas top et je parle même pas du velours des sièges.... ;-))
- " qu'elle n'avait attendu que cela depuis longtemps. " ... depuis le début. OU "elle attendait ça depuis longtemps"
- " qu'ils montent ensemble"... tous les deux, dans le même élan... ^^
- "une vieille Noire, ivrogne, malheureuse et désargentée"... important de garder les qualificatifs sur le même niveau. ;-(
"Elle se servit de l'index et du majeur comme d'une pince"... sans commentaire ;-)))
...

Fond :

- "Le Jésus d'ivoire s'était tout à coup détaché de la croix" ... faut reconnaître que, vue sa positon, la tentation doit être grande de vouloir faire l'avion.
- "Voici vos trois mois."... elle est payée au trimestre ?
- "nous ne vous payons qu'à la fin de votre engagement" ... ;-) OK, pas de problème. C'est dans quel pays ? Sinon, je peux faire 3 CDD d'affilée de un mois ?
- "et s'est vue infliger des heures supplémentaires pour rectifier l'erreur."... la vache, la Corée du Nord c'est pas top, quand même...

Haha, sacrée Bidis, il y a quelque temps que tu n'as pas cherché un boulot on dirait ;-). Un gars qui ose te payer au bout de 5 mois, cela ne se fait plus depuis un ou deux siècles. Le gag, c'est que sans être payée, Fanny arrive à économiser. Trop forte ! ;-)
Puis tu sais, le Permis à Paris, c'est pas le truc le plus utile.

Bon, si on laisse tomber le profil de la "méchante" un peu trop téléphoné à mon gout, nous avons là un gentil compte de faits.

Merci pour la lectoure et à plouche !

Pepito

   matcauth   
16/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Bidis,

j'ai eu le plaisir de vous lire, sur ce texte que je trouve tout à fait intemporel. Seul le métro me donne un indice sur une histoire contemporaine, mais de toutes façons, je pense que c'était le but.

L'ensemble est agréable à lire, c'est, comme toujours, très structuré, la progression est toujours harmonieuse dans l'histoire.

Mais, finalement, je trouve l'ensemble trop convenu et je ne parviens pas à faire le lien entre la fin du récit et son rapport avec l'ensemble. Si l'héroïne a des doutes, jusqu'où iront-ils ? seront-ils oubliés, auquel cas l'histoire n'a plus lieu d'être. Ou seront-ils source de conflit futur, auquel cas on aimerait le savoir, et cela donnerait un but à l'ensemble.

Mais comme tout est cohérent, se lit bien et avec une écriture efficace et légère, c'est ce que je retiendrai en premier.


Oniris Copyright © 2007-2023