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Humour/Détente
caillouq : C'est compliqué avec l'auteur
 Publié le 05/02/15  -  13 commentaires  -  16053 caractères  -  182 lectures    Autres textes du même auteur

Je suis comblée.


C'est compliqué avec l'auteur


— Tempête de cerveau, les enfants ! J'ai besoin de votre aide !

— C'est quoi, le thème, ce coup-ci ?

— « Contradictions ». Il faut faire vite, ils ne prennent que les cent cinquante premières nouvelles qui leur parviennent. Lâchez-vous !


C'était il y a une semaine, à la fin de nos vacances de Pâques en Toscane.

Je dois reconnaître qu'ils ont essayé de jouer le jeu. On était installés en terrasse en plein soleil, gelati pour tout le monde sauf les adultes, l'été avant l'été, Philippe avait l'air tout détendu, une antichambre du paradis.

Iphigénie a proposé une nouvelle politique, où deux participants argumenteraient (« Un débat contradictoire, Mom ! ») et à la fin l'un des deux se ferait tuer par un sniper. Antigone a objecté qu'un sniper ne passerait jamais le service de sécurité d'une chaîne télé, et a suggéré plutôt une dispute. Amicale. Clytemnestre, qui n'a que sept ans, a validé : oui, une dispute amicale ce serait super, mais avec un clown qui serait à la fois très grand et très petit. Tom n'a rien dit.


— Tu vas le gagner, dis, maman, le concours de nouvelles ?


À côté de nous, il n'y a qu'un couple plus âgé, terne, et en intégrale Quechua.


— Évidemment, Clytemnestre, que je vais gagner. Tu verrais le genre de textes qui ont été récompensés jusqu'ici, j'ai largement le niveau !


D'ailleurs, c'est bien parce que j'ai toutes mes chances que je me suis lancée là-dedans. Il est devenu compliqué de se faire éditer, ces temps-ci – et une amie qui fréquente des ateliers d'écriture m'a fait réaliser que je caserais plus facilement mes trois romans en affichant un palmarès de tueuse de concours littéraire. Quand on aime, on ne compte pas : depuis deux mois, je participe à tous les concours qui pullulent sur la Toile. C'est ruineux en timbres, mais c'est un bon investissement sur l'avenir.

Philippe nous commande une deuxième grappa. On adore ça, tous les deux.


— Tom, tu n'as rien dit, tu ne veux pas m'aider ? Tu ne veux pas que maman gagne son concours ? Maman se souvient que tu as eu plein de bonnes idées, l'autre jour !


Philippe pose son verre sur la table avec un bruit sec. Il me fait remarquer que ce gamin a quand même onze ans et qu'il faudrait que j'arrête de lui parler comme à un bébé. L'espace d'un instant, son geste décidé m'a fait croire qu'il allait enfin participer à mes problématiques créatrices et me donner une idée. Avec tout ce qu'il lit, Philippe serait certainement de bon conseil, mais il refuse de jeter un œil sur ce que j'écris. Ça m'agace depuis longtemps.


— Je lui parle comme je veux, et je te rappelle que « ce gamin » a un prénom !


Iphigénie ricane :


— Un prénom ? Où ça ? Oups, pardon Tom, je l'avais pas vu, il est trop petit !

— C'est parce que je suis noir que tu me parles comme ça ?


Philippe soupire et se replonge dans sa grappa. Souvent, je me laisserais bien aller à claquer Iphigénie qui ne perd pas une occasion d'essayer d'envenimer la situation quelle qu'elle soit, mais d'un autre côté les doigts me démangent quand Tom nous ressort toujours sa même pseudo-plaisanterie éculée, en public de préférence. Je perçois en vision périphérique que la femme du couple Quechua a tourné la tête vers nous. Si ça se trouve, ils sont français. Le sourire provocant de Tom me rappelle son père, à rebours de mes envies. Il n'est pas noir, bien sûr, mais son teint mat et ses boucles sombres tranchent joliment avec les lisses cheveux blonds de ses sœurs, encore plus clairs que ceux de Philippe.

Antigone, qui aime se gargariser de son rôle d'aînée, prend un ton patelin :


— Allez, tout s'est bien passé depuis le début des vacances, on ne va pas commencer à se disputer, hein ? On aide maman, plutôt !

— On pourrait aussi la laisser se débrouiller toute seule avec ses contradictions… J'en ai marre, moi, de ces séances où on ne fait rien d'autre que parler du thème de la mother !


Quelle garce, cette Iphigénie. Parfois, je me demande comment elle peut être ma fille. Tom lui lance en ricanant :


— Toi, de toutes façons, tant qu'on parle pas de tes nibards, t'es pas contente !


Ça commence mal. Je rêve d'une journée de calme, rien qu'une, pour pouvoir écrire cette nouvelle. Une journée de vacances sans avoir à gérer les querelles des enfants, sans avoir à réfléchir à comment nourrir et occuper tout ce petit monde – ainsi que, tous les matins, l'obliger à un minimum de rangement et de propreté. Une journée rivée à mon Mac, ad libitum, sans même me lever pour aller faire pipi. Sébastien, lui, adore ce que j'écris – j'en étais sûre dès notre première rencontre, à ce café littéraire, il y a cinq mois. Il me l'a dit plusieurs fois, même si je n'ai jamais pu lui faire préciser ce qui exactement lui plaît dans…


— Arrête, t'es pas mon père !


Aïe, je me suis déconcentrée encore une fois. Qu'est-ce qui s'est passé ? Tom a sa tête des mauvais jours, et je n'ose pas regarder Philippe. D'une voix mielleuse, Antigone susurre :


— Tom chéri, c'est pas vraiment un scoop que papa n'est pas ton père, vu que tu nous le rappelles à chaque fois…


Notre voisine se penche légèrement en faisant mine de fouiller dans son sac, ce qui lui permet de rater le moins possible de ce qui se dit. D'une voix agacée, Philippe me fait un résumé de la situation :


— Pendant que tu rêvassais, je lui ai demandé d'aller faire un petit tour vers le campanile là-bas pour se calmer, parce qu'il était vraiment lourd avec les seins de sa sœur…


Satisfaite d'être prise en considération, Iphigénie les pose bien en évidence sur la table, de part et d'autre de sa coupelle amarena-stracciatella.


— … Mais il ne veut rien entendre. J'aimerais bien que tu t'en occupes, là.


Dans ce genre de situation, Philippe est extraordinaire de maîtrise. C'est une des raisons pour lesquelles je l'adore. Je ne peux pas oublier comment il m'a rouvert les bras après que j'ai quitté le père de Tom. Comment il a accepté que Tom passe un week-end sur trois et la moitié des vacances avec nous, arguant qu'il ne fallait pas qu'Antigone et Iphigénie perdent le contact avec leur jeune frère. Et comment il a tenu bon ensuite, après la naissance de Clytemnestre, pour qu'elle aussi puisse connaître Tom alors que le rythme de ses visites faiblissait. Pas de cadavre dans le placard. Philippe peut être d'une rationalité extrême pour préserver l'équilibre de ses trois filles, et j'aime sa cohérence. Bon, d'un autre côté, je ne détesterais pas un peu de fantaisie, parfois, au milieu de cette mer de sagesse raisonnée, mais on ne peut pas tout avoir. Enfin, pas en même temps. Je crois.

Je me penche vers Tom :


— Mon amour, tu ne veux pas faire un petit effort et obéir à Philippe, pour une fois ? Regarde, tout le monde est énervé, maintenant, et je suis sûre que Clytemnestre ne comprend pas pourquoi tu as dit des choses aussi absurdes à Iphigénie…


Clytemnestre proteste :


— Mais non, je m'en fiche, moi ! Et Tom il peut dire ce qu'il veut, de toutes façons, il zozote !


La réaction de Tom est immédiate :


— Toi, l'accssident, tais-toi !


Quand il est énervé, son défaut de prononciation est beaucoup plus net.

Je n'aurais jamais dû lui parler d'accident. Je voulais juste le rassurer en lui expliquant que je n'avais pas prévu de faire un autre enfant après lui, même avec Philippe. Il était un peu désorienté après l'annonce de ma dernière grossesse, lui qui se vivait tellement en petit frère. Et puis une amie m'avait dit qu'il vaut mieux toujours dire la vérité aux enfants. Surtout quand il y a de la douleur en jeu. Clytemnestre, comme à chaque fois que Tom évoque sa conception, se met à hurler. Philippe m'en veut terriblement de cette révélation, je le sais. Pourtant, c'est lui qui conspue les non-dits. Il n'est pas toujours facile à suivre.

Je prends sur les genoux ma benjamine et je la berce, tout en essayant désespérément d'imaginer un cadre à mes Contradictions. Je dois avouer qu'il m'inspire moyen, ce thème. Trop abstrait. Après ma journée d'écriture, au coucher du soleil, j'irais courir sur une crête, ensuite je boirais un verre de lait, je me doucherais et je recommencerais à ciseler mes mots. Puis je rejoindrais mon lit, un vieux lit campagnard aux draps de lin un peu raides, où deux bras solides viendraient m'enserrer…

Quand enfin Clytemnestre se calme, lâchant juste un petit hoquet nerveux de temps en temps, Philippe est en train d'exposer aux grandes les mérites comparés des régimes parlementaire et présidentiel, et Tom fait je ne sais quoi sur les marches du campanile, de l'autre côté de la place. Il aime bien se retrouver entre garçon, souvent. J'interviens :


— Finalement, l'idée du débat politique proposé par Iphigénie, c'est peut-être une bonne piste. Tu n'aurais pas une petite anecdote style Quatrième République, Philippe, que je pourrais étoffer en nouvelle ? Un truc genre Félix Faure, mais en moins connu. Grande Histoire et petites histoires, ça marche toujours, ça. Pas trop compliqué, hein, j'ai juste besoin de quinze mille signes…


Antigone lève les yeux au ciel :


— Maman, tu devrais parler moins fort. Il y a déjà la rombière d'à côté qui nous mate depuis tout à l'heure, on n'est pas obligés d'informer tous les Français de Florence de tes projets littéraires !


Antigone n'a, au fond, pas plus de délicatesse qu'Iphigénie. Parfois, je me demande si j'arriverai à transmettre quelque chose à mes enfants. J'espère que la voisine n'a pas entendu la remarque fielleuse de ma fille, la pauvre, avec la tête qu'elle a, la vie ne doit pas être folichonne tous les jours. Sans compter ces rides, ces cheveux plats et cette laine polaire d'un mauve contestable… Ça doit lui faire une sacrée distraction, de prendre un café à côté d'une famille non conventionnellement recomposée. Dont un des deux adultes, en plus, est un écrivain. Enfin, un auteur. Ou une auteure, je ne sais jamais. Qui sait, elle est peut-être en train de mémoriser les traits de mon visage pour pouvoir dire plus tard à ses connaissances, quand je serai plus connue (que mes romans s'étaleront dans les librairies, ma photo dans les rubriques littéraires et que je serai interviewée à longueur de magazine féminin), qu'elle m'a croisée une fois en Italie…

J'ai mal au dos, à soutenir la tête de Clytemnestre endormie. On entend Bang Bang sourdre de l'intérieur du café ; j'adore tellement le côté second degré de Dalida. Si Sébastien était là, il me masserait doucement les épaules, comme il sait si bien le faire… Où est-il, en ce moment ? Il me manque. Ou plutôt, il me manquerait si j'avais vraiment le temps de penser à lui. Plusieurs fois, il m'a demandé de trouver un moyen, n'importe quoi, pour que nous puissions passer quelques jours de vacances ensemble, quatre jours rien qu'à nous, voire même trois, ou seulement deux. Mais même si les quelques heures que nous pouvons arracher à ma vie par-ci par-là sont très agréables, je ne suis pas sûre que trois jours, trois jours pleins… Parfois, il est mieux de ne pas trop côtoyer les gens. Et puis, j'ai tous ces textes à écrire. Je ne peux pas lui consacrer autant de temps qu'il le souhaiterait. Sans compter que j'ai toujours peur que Philippe s'aperçoive de quelque chose.


— Merci de ta sollicitude, Antigone. Mais vous ne voulez pas vous concentrer un peu, tous les trois ? Je suis sûre que vous pourriez me dégoter une super bonne idée, comme l'autre fois, avec cette histoire d'explorateur qui est en fait un petit chien…


Iphigénie soupire :


— Le coup du petit chien, c'était pas nous, c'était Clytemnestre. Et là, tu vois, papa était en train de nous expliquer un truc super intéressant, et…


Il faut toujours insister un peu pour vaincre l'égoïsme naturel de mes aînées, j'ai l'habitude. Dont acte. Mais là, je n'en reviens pas, Philippe explose au beau milieu de mes exhortations :


— Putain, tu ne veux pas arrêter cinq minutes de gonfler tout le monde avec tes histoires de nouvelles ? Si vraiment tu étais un grand écrivain génial, ça finirait par se savoir, non ?


Réveillée en sursaut par la bourrasque de son père, Clytemnestre se remet à hurler. Je me concentre sur elle pour ne pas répliquer violemment à Philippe. Elle n'articule rien et ne fait pas un geste : elle hurle. Il est clair qu'elle reprend directement là où sa sieste l'avait interrompue. Chaque point de contact avec son petit corps grêle me crie que sa colère est dirigée contre moi, l'unique responsable, à ses yeux, de la situation.


— Et tu lui laisses te parler comme ça, à ce type ?


Je n'avais pas vu que Tom était revenu du campanile, et qu'il nous toisait de derrière mon épaule gauche. Le mépris qui sourd de ses paroles, et qui en laisse coite Clytemnestre, m'éclabousse aussi bien que Philippe. Qui, sûrement honteux de ce qu'il vient de me dire (et qui a forcément dépassé sa pensée), ne trouve pas d'autre échappatoire que de gifler Tom, en sifflant qu'on ne parle pas de lui en disant « ce type ». Pas quand il est là.

Ses trois filles le regardent avec des yeux ronds, dans un silence dont le caractère exceptionnel convainc manifestement Tom de son statut de victime. Il fait valdinguer une chaise vide d'un coup de pied qui sent le foot, crie qu'il veut rentrer chez lui, j'imagine qu'il parle de chez son père, que je suis une mère dénaturée qui ne le défend jamais tellement il n'y en a que pour cette espèce de bourreau sadique, il doit s'agir de Philippe, qu'il enjoint par ailleurs d'aller se faire foutre, et nous toutes également.

Je suis dévastée. De le voir dans cet état, de constater celui dans lequel il met Philippe et les filles, et que nous offrions ce triste spectacle aux deux Français qui, sourcils levés dans notre direction, n'arrivent même plus à faire semblant de ne rien entendre.


Le retour de vacances a été interminable.

Quinze heures de voiture pendant lesquelles Tom et les filles n'ont pas arrêté de se chipoter et Philippe de m'enjoindre aridement à les calmer, puisque c'est lui qui conduit.

Je crois que c'est là que j'ai pris ma décision : Sébastien mérite d'être heureux, à son tour.

Son deux-pièces joliment aménagé nous suffira le temps de trouver quelque chose de plus grand, on se serrera un peu quand j'aurai les enfants. Peut-être que j'alternerai Tom et les filles, pour alléger. Philippe ne sait rien encore ; j'espère qu'il saura rester digne et qu'il comprendra qu'il n'est pas assez épanouissant pour ma carrière littéraire.

Je lui parlerai ce soir – Sébastien s'impatiente. On est vendredi : j'aurai deux jours pour empaqueter mes affaires les plus indispensables, et comme ce week-end Tom doit rester chez son père, l'ambiance sera moins électrique. Les grandes ne vont pas se priver de me faire des réflexions, mais un peu plus un peu moins… Je me demande si je prends Clytemnestre avec moi, ou pas.


En attendant, il me faut prendre des forces avec un bon petit-déjeuner, agrémenté du supplément « Littératures » du journal d'hier que je n'ai pas eu le temps de lire. Ce moment de calme, pour lequel je me lève tous les matins une demi-heure avant tout le monde, c'est sacré. Le monde peut s'écrouler, mais après.


Je ne la reconnais pas tout de suite.


Il y en a quatre colonnes : l'interviewée s'étale sur ses œuvres passées, ses projets, sa vie, dont un séjour récent à Florence – je passe sans relever. Un peu plus loin, elle évoque certaines situations extrêmes et potentiellement névrogènes susceptibles de s'installer quand on commence à trop jouer avec la recomposition familiale. Là, je ne sais pas pourquoi, ça m'interpelle. Mentalement, je remplace par une polaire mauve le chic chemisier germanopratin qu'elle arbore sur sa photo noir et blanc, j'aplatis un peu ses cheveux, je la démaquille, et plus de doutes. Comme dirait Iphigénie, c'est la ieuv qui s'explosait la rétine sur nous, il y a une semaine, Piazza San Spirito.

Mince. Une écrivaine. Si ça se trouve, elle participe à des concours de nouvelles. J'espère qu'elle ne va pas me piquer mes pistes, pour Contradictions.


 
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   Neojamin   
19/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une nouvelle sympa, c’est le moins que l’on puisse dire. J’ai aimé la douce psychose de la mère qui, au fond, ne pense à rien d’autre que sa carrière littéraire. La famille recomposée m’a paru crédible. Je n’ai pas trop compris cette histoire de noms et je pense que des noms plus simples auraient simplifié la lecture.

Sur la forme, c’est très bien écrit, presque trop bien écrit par moment. J’ai noté quelques passages écrits dans un style un peu trop soutenu par rapport à d’autres. Par exemple:
«Le mépris qui sourd de ses paroles, et qui en laisse coite» avec juste après «Il fait valdinguer une chaise vide d'un coup de pied qui sent le foot»
Un petit manque de cohérence dans le style...mais c’est peut-être aussi un choix de l’auteur. On y voit bien le désir de bien écrire, de trouver le mot juste à tout moment comme si la narratrice ne pouvait s’empêcher de penser dans un style littéraire. Et par moment, elle s’oublie, et le langage devient plus simple.

Sur le fond, l’histoire est bonne. J’aime bien le petit twist final que je n’ai pas vu venir et la dernière phrase est excellente. J’ai juste été surpris par la temporalité. Combien de temps s’est écoulé entre ce séjour et le moment où elle ouvre le journal ? J’ai le sentiment qu’il manque une information pour que la surprise soit entièrement vouée à la chute.

Pour le reste du texte, une certaine confusion règne mais je peux aisément imaginer que ce genre de famille en arrive là. Plutôt réaliste dans le genre. Le personnage de Sébastien me semble juste complètement inutile. Cette histoire d’adultère provoque un sentiment d’overdose dans le récit. Il y a suffisamment d’histoires qui se croisent dans ce texte...

Le thème n’est pas des plus captivants mais c'est bien écrit et s'en est finalement agréable à lire. Merci

   David   
23/1/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

C'est très drôle, l'humour s'installe doucement et le récit gagne en intensité, je me souviens de la crise de nerf du garçon comme apogée dans le style et le fond de l'anecdote aussi :

"Il fait valdinguer une chaise vide d'un coup de pied qui sent le foot, crie qu'il veut rentrer chez lui, j'imagine qu'il parle de chez son père, que je suis une mère dénaturée qui ne le défend jamais tellement il n'y en a que pour cette espèce de bourreau sadique, il doit s'agir de Philippe, qu'il enjoint par ailleurs d'aller se faire foutre, et nous toutes également."

Mais la fin est très bien également, après le costard qu'elle s'est faite taillée, la "vraie" écrivaine, son retour est d'autant plus éclatant. La narratrice se faisait lentement un peu détestée, son rapport aux hommes, fils, mari, amant, semble pour le moins délicat, ou pas du tout délicat plutôt justement. Déjà le prénom des filles par rapport à celui du garçon (la case de l'oncle Tom contre des pseudos déesses antiques, sans doute esclavagistes notoires, lol) pose un peu le déséquilibre, peut-être la contradiction qu'elle vit de trop prêt pour bien aborder le concours. Son penchant à se servir des gens, même en les couvrant d'attention par ailleurs, éclate dès le début, ses enfants sont exactement ses petits nègres pour ses concours littéraires, c'est absolument affreux ! heureusement que j'ai pu en sourire à l'occasion de cette fiction :)

   Robot   
30/1/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je me suis régalé à la lecture de ce texte. L'humour qu'il recèle n'est jamais amené lourdement, la description des petites querelles familiales à un parfum de vérité. Et puis, les caractères de chacun sont posés en quelques mots suffisants pour avoir une image assez nette des personnages.
L'obsession de l'écrivaine, perverse jusque dans les prénoms donnés à ces enfants. Elle ne voit son entourage qu'en fonction de sa participation au concours de nouvelle et s'inscrit avec justesse dans ces "contradictions" qui traversent l'ensemble familial avec chacun ses propres envies.
Et la chute que je n'attendais pas est une friandise.

   Bidis   
5/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un moment de lecture très plaisant. Bien sûr, quand on a lu le recueil de nouvelles de Cailloucq, on est un peu frustré quelque part, celle-ci est un peu anodine, peut-être même un peu brouillonne, en comparaison. Enfin, c'est mon impression...
Mais donc, j'ai passé un bon moment. C'est vivant, drôle, enlevé et il y a une vraie chute. J'adore les nouvelles avec des enfants, je me souviens de textes de Katherine Mansfield et de Salinger qui sont des maîtres en la matière.

   Deorune   
5/2/2015
Le début me plaisais, j'ai perdu le fils des conversation, je ne savais jamais qui parlais, donc j'ai arrête de lire. Je ne sais pas si c'est moi qui n'était pas réceptif mais je n'arrivais jamais a savoir qui parlais, et c'est plutôt frustrant, je pense que j'aurais aimé ce texte et que j'aurais terminé ma lecture si il n'y aurais pas eu ce petit défaut.

   rosebud   
5/2/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
j'en étais à me demander qui de la mère ou des filles je claquerais le plus volontiers - il faut quand même avouer que madame a aussi quelques paires de beignes en retard! On imagine assez bien ce couple de bobos passant ses vacances pascales en Toscane (où ailleurs? Nous avions pensé à Venise, mais c'est devenu si vulgaire!) et madame qui est auteure, n'est-ce pas, et monsieur qui parle tout naturellement à ses enfants de droit constitutionnel. Et surtout, surtout, ces deux cons qui placent leur vanité stratosphérique jusque dans les prénoms boursouflés de bêtise de leur enfants qui n'en demandaient pas tant. Mais savent-ils seulement les turpitudes de Clytemnestre? Sans compter qu'on peut lui souhaiter bonne chance à cette petite fille lorsqu'elle aura 15 ans...
Enfin tout cela serait assez réjouissant, si le style ne laissait pas autant à désirer:
"Une amie qui fréquente les ateliers d'écriture m'a fait réaliser..." - je crois bien que ce "réaliser" est un barbarisme.
"Pourtant c'est lui qui conspue les non-dits. Il n'est pas facile à suivre." - conspuer un non-dit n'est pas facile à suivre non plus.
"Il aime bien se retrouver entre garçon (sic)" - en-dehors de la faute d'accord sur garçon, l'expression sonne étrangement avec un sujet au singulier.
"Ou une auteure, je ne sais jamais. Qui sait, ..." - ce côtoiement de deux verbes savoir me pèse sur l'estomac.
"Et tu le laisses te parler comme ça, à ce type?" - ???
"Le mépris qui sourd de ses paroles [...] en disant ce type." - encore plus indigeste.
"d'un coup de pied qui sent le foot" - j'aimerais bien connaître cette odeur! Le vestiaire d'hommes, sans doute.
"J'imagine qu'il parle de chez son père, que je suis une mère dénaturée" - pour un petit garçon, il a du vocabulaire!
Et puis le fameux "son geste décidée m'a fait croire qu'il allait enfin participer à mes problématiques créatrices". Caillouq a un peu amorti le choc en avouant qu'elle avait honte d'utiliser beaucoup "la problématique". Faute avouée est à moitié pardonnée, mais ça me pose quand même problématique!

   Anonyme   
5/2/2015
Bonsoir caillouq

Le choix des prénoms m'a fait pensé au film " Le prénom" et du coup, j'ai tout de suite compris à quel genre de famille j'avais affaire.
Le décor planté, j'ai beaucoup aimé, et j'ai même ressenti de la compassion pour cette femme qui cherche désespérément son sujet de nouvelle quand elle l'a précisément sous le nez.
C'est une belle caricature traitant non seulement de la recomposition familiale mais surtout de l'égocentrisme forcené dont souffrent à différents degrés les grands artistes comme ceux qui se considèrent comme tels. Un seul regret : ne pas avoir pu lire au moins un extrait de l'article pondu par la femme Quechua.
Beaucoup d'humour, tout en finesse, du beau travail. Très différent ce que j'ai déjà lu de l'auteur mais toujours aussi incisif.
Bonne chance pour la suite.

   laralentie   
6/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
J'ai le regret de me dire que je m'identifie quelque peu au personnage de "l'auteur" si peu sympathique dans sa quête de reconnaissance auprès de ses proches, de son souhait d'être lu, reconnu, et autres désirs inavouables, si bien décrits.
J'aime moins les problématiques de la famille recomposée, de l'infidélité, qui se greffent sur le thème initial et qui diluent l'intérêt.
J'étais perdue dans les dialogues : qui parlait à qui ?
Je me suis demandé pourquoi "rouvert" les bras et non "ouvert".
Je suis sceptique quant à l'utilisation du conditionnel et non du futur dans la phrase "Après ma journée d'écriture, au coucher du soleil, j'irais courir sur une crête, ensuite je boirais un verre de lait, je me doucherais et je recommencerais à ciseler mes mots. Puis je rejoindrais mon lit, un vieux lit campagnard aux draps de lin un peu raides, où deux bras solides viendraient m'enserrer…"
J'aime la chute, comme une claque.

   widjet   
4/3/2015
 a aimé ce texte 
Pas
Dieu que c’est poussif.

Ok, la concours de nouvelle est prétexte à ces joutes verbales et cette petite « guéguerre » sur fond de famille recomposée. Mais on attend (en vain) à ce que tout vole en éclat, que l’auteur envoie tout le politiquement correct valdinguer, la morale, la bienséance, qu’elle démystifie à la dynamite le cocon idéalisé de la famille, les relations parentales, fraternelles, amoureuses (bon, ok, y'a du cocufiage dans l’air, mais que la consolation est maigrichonne)

Trop propret, voilà ce qu’il est ce texte. Rien qui ne tâche vraiment. Il manque terriblement d’audace, de risques, pourtant l’occasion était belle pour y aller franchement (la réplique sur les nibards laissait présager quelque chose dans ce sens avec un montée crescendo, mais finalement non).

Non, non. Rien de tout ça.

Oh, c’est convenablement écrit, fluide, pas de doute, mais c’est tout. Mais voilà, ce n’est pas drôle ("coup de pied qui sent le foot", franchement, t'as pas mieux en magasin ?...), si peu divertissant. Poussif, c’est bien le mot. Cette absence de trouvaille, de rythme, de la part de cette auteur, c’est très étonnant, presque inquiétant (caillouq écrit trop ? trop vite ?). Même la fin ne peut permettre au texte de se raccrocher aux branches.

Il n’y a pas si longtemps, l’auteure nous offrait, selon moi, avec panache son meilleur texte (« Caresses de chien », même si, le sujet, genre, étaient, en effet, complètement différents), cette fois-ci, elle signe - et de loin - son plus mauvais opus, une nouvelle indigne de son talent (sérieusement, caillouq, tu en as conscience non ? Je suis certain que oui) qui semble confirmer (après "Rhéoplexie" et "Just une Bibeul") que la registre de la comédie n'est pas celui qui lui sied le mieux (ce qui peut paraitre étonnant quand on connait son sens de la répartie).

W

PS : le titre est en revanche, parfaitement de circonstance.

   Alice   
7/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
En tout cas, vous avez le don des personnages qui rendent fous! Je ne calcule pas le nombre de fois où j'ai voulu lui arranger le portrait. Le seul personnage qui me plaise pratiquement de bout en bout (disons, la gifle en moins, et encore, je ne suis pas la plus fervente défenseure des garçons de 11 ans), c'est Philippe. Le pauvre, rien qu'à voir ce qui se profile... j'espère que ça ne marchera pas pour elle et qu'elle se prendra une sacrée claque en revenant!
Voilà, je crois que j'en donne bien la preuve: vos personnages sont vivants (si vivants qu'on a envie de leur faire mal :P). Le style comporte toutefois moins de trouvailles que dans vos autres textes, selon moi, plus de lourdeur. Pas votre meilleur coup, mais c'est un point de vue extrêmement subjectif. Ce n'est peut-être pas non plus ma meilleure lecture.

Le paragraphe commençant par "ça commence mal" ne fait malheureusement pas, à mon avis, que commencer mal. Il réunit une quantité assez bof de clichés, je ne m'y attendais pas dans l'un de vos textes, et ce qui suit le paragraphe dément également le besoin d'avoir recourt à un tel raccourci. La seule explication que j'y vois est que vous posez encore davantage la mère comme une personne sans profondeur, qui copie ce qu'elle a entendu dans tous les mauvais feuilletons de la planète. Encore là, même si elle est du genre à se poser en victime, elle nous apparaît dans le reste du texte comme trop lointaine pour que le discours "que mes enfants me prennent du temps" sonne naturel. Vous n'êtes pas en mesure de faire un personnage entièrement superficiel (désolée de vous le dire si c'est une déception), il y a toujours un petit mystère à la caillouq qui traîne et c'est tout à votre honneur.

Pour le reste l'écriture est personnelle, fluide et agréable. Un seul couac très personnel dans la phrase "Le mépris qui sourd de ses paroles, et qui en laisse coite Clytemnestre, m'éclabousse aussi bien que Philippe". La fin me paraît bien, le début alourdit considérablement, tant dans la syntaxe que dans le détail, le fait que Clytemnestre soit coite est selon moi sans intérêt, contrairement à ses autres réactions plus extrêmes. Du reste le ton est incisif, presque cruel par moment, et conserve l'attention jusqu'à la fin.

Sinon, j'adoore les prénoms des enfants, ils traduisent bien le côté pédant de la mère mais ils sont également agréables à lire. La chute est bien ironique, je suis heureuse que la voyeuse de voisine soit réhabilitée, tous les écrivains doivent avoir l'air de fouineurs sans scrupules à un moment donné :P J'espère que votre héroïne ne publiera jamais, et que ses enfants lui feront bien payer. Voilà, c'est tout. Sinon, je gère bien mon agressivité, merci. ;)

Merci pour cette agréable lecture, je suis sûre que j'accrocherai plus au prochain tour,

Alice

   caillouq   
7/2/2015
Des choses en plus .

   Acratopege   
11/2/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'adore. Avec retard mais j'adore. La construction en double mise en abyme, triple peut-être si la nouvelle était destinée à un concours, c'est bluffant! Et le style incisif, canines à l'air, pas un mot de trop. L'idée des prénoms antiques est excellente, on se retrouve dans du Racine déjanté,les Atrides en forme de famille recomposée, Oedipe et sa bande sirotant des glaces sur une terrasse florentine. Bref, j'ai bien ri. Je suis heureux de ne pas avoir encore ouvert le fameux recueil de nouvelles que j'ai récemment acheté. Il doit y avoir des trésors là-dedans...

   GillesP   
22/6/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Caillouq,
Les vacances d'une famille recomposée, je connais bien. j'ai retrouvé dans votre nouvelle des tensions qui m'ont parlé et m'ont fait sourire, parce qu'elles sont bien amenées, et parce qu'elles ont fait écho, je l'avoue, à des éléments plus personnels.
J'ai bien aimé aussi cette mère écrivaine obnubilée par la nouvelle qu'elle doit écrire, et qui pourrait justement être celle que l'on est en train de lire. La mise en abyme, cela fonctionne toujours, même si ce procédé très à la mode depuis une trentaine d'années commence, du coup, à être un peu éculé et prévisible.
J'ai juste été un peu perturbée par la temporalité, à la fin; comme d'autres lecteurs, je trouve que l'ellipse manque de clarté: lorsque l'écrivaine prend son petit déjeuner, on ne comprend pas tout de suite que c'est une semaine après le retour de vacances. Et puis, dans ce cas, si son projet a abouti, elle devrait être chez son amant, non?
Au plaisir de vous lire.


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