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Calioh : Ne pas faire confiance au lapin blanc
 Publié le 27/08/11  -  8 commentaires  -  5182 caractères  -  159 lectures    Autres textes du même auteur

Je suis destiné à écrire au lieu de vivre.


Ne pas faire confiance au lapin blanc


Ne surtout pas faire confiance au lapin. Je savais que je n’aurais pas dû aller boire le thé avec lui, c’est nul et pourtant j'adore boire le thé. Je sais que la coccinelle en fait du vraiment meilleur, elle en a, au moins, 400 sortes différentes. Une vraie boutique ! La prochaine fois, je n’écouterai pas ce méchant lapin, je suis en retard !

Il faut que je cherche la sortie pour rentrer chez moi !


- C'est simple : c'est à droite, dit une toute petite voix.

- Oui, mais quelle droite ?

- Ah ! oui, c’est la partie la plus difficile, remarque, tu as une chance sur trois.

- Je vais tenter par-là. Je crois que je vais me promener un petit moment encore dans ce monde. Si encore la brume sentait la barbe à papa, mais même pas... Elle a comme une odeur de rose et de vanille.


J’aurais dû écouter ma mère. Pour une fois dans ma vie, j’aurais dû l’écouter. Et travailler à l’école, au lieu de vouloir faire « auteur ». Tout le monde de nos jours se prétend auteur à partir du moment où chacun a Word sur son ordinateur et que trois mots s’y alignent.

Ce n’est pas si simple, il faut le concept, la plume, la chance. Et au final, moi, de la chance, je n’en ai jamais vraiment eu.

Je ne parle pas de la chance que vous avez quand vous trouvez une place pour vous garer juste devant le bureau, ni de celle que vous avez lorsque vous trouvez une pièce par terre.


Moi, je parle de la vraie chance. Celle qu’on n’a qu’une fois dans sa vie. Celle qui nous consacre !

Personnellement, j’y croyais, je me voyais érigé au rang de Baudelaire, Verlaine, Rimbaud et autres dieux de la poésie, un être maudit et adulé. Je me voyais avoir une vie misérable qui serait compensée par la beauté de mes écrits. Au lieu de ça, je me vois contraint d’écrire des histoires de drogués avec des lapins roses et des arbres qui « fleurent » bon le caramel pour des gosses de trois ans qui ne savent même pas lire.


« Jade continuait de marcher dans les bois, quand la petite voix lui dit alors :

- As-tu croisé le papillon multicolore ?

- Qu’est-ce que c’est ?

- Un papillon ? C’est un animal très coloré qui vole dans le ciel. Il est léger comme l’air et coloré comme l’arc-en-ciel ! Il saura t’aider à retrouver le chemin que tu as perdu.

Oh ! regarde là-bas ! C’est une licorne !

- Ce n’est qu’un cheval blanc !

- Oui, mais celui-ci a une corne en or sur la tête. »


Mon portable sonne. L’éditeur. Évidemment, ça fait une semaine que j’aurais dû en finir avec « Jade sur l’île des étoiles », mais cette Jade m’exaspère. Je m’allume une cigarette et ne réponds pas. Qu’il aille au diable. Je souffle cette fumée qui me détend, les yeux perdus dans le vide.


Je me retrouve seul avec elle.

Jade.

Et me prends à l’imaginer dans la vraie vie. Qui serait-elle ?

(Je veux dire une fois sevrée, une fois qu’elle ne verrait plus des lapins de couleur et des fleurs en forme de chapeau). Elle serait grande probablement… les cheveux bruns, et longs aussi…

Elle aurait les yeux verts et me regarderait souvent malicieusement. Le matin, elle mettrait un temps fou pour se préparer, je grognerais… Mais en entrant dans la salle de bain derrière elle, je sentirais son parfum, qui embaumerait la pièce. Elle serait celle que j’attends depuis toujours. Nous vivrions des moments magiques dans leur simplicité ; simples et beaux comme les dimanches après-midi, tendres et doux comme les matins d’avril.

Elle m’aimerait. Et moi aussi. Tout serait parfait, beau, grandiose comme dans les livres les plus magnifiques !


Jusqu’à ce que je sombre. Car je sombre toujours.


Le bonheur n’est pas fait pour tout le monde. Surtout pas pour moi.


- Va-t'en ! Va-t'en ! lui cracherais-je. Je gâche ta vie.


Elle ne doit pas rester avec moi, je ne vois pas pourquoi elle le ferait, elle est trop belle, trop attentionnée, trop tout.


- Je suis désolé. Tellement désolé de ne pas te donner ce que tu mérites.


Je verrais ses larmes, couler sur ses joues que j’aurais tant embrassées, ses yeux rougis qui m’avaient regardé amoureusement. Je verrais ses lèvres trembler, ses bras, inertes de désarroi, qui autrefois m’avaient tant étreint.

La porte claquerait. Fin de notre histoire.


Je me retrouverais seul. Encore. Un verre à la main, une cigarette dans l’autre.



La lumière crue de ce matin bave sur les murs de cette chambre aseptisée et le clapotement des gouttes sur la vitre sale me déprime et me donne envie de vomir. Je suis attablé à ce bureau laid dans sa simplicité, sur cette chaise tristement banale. Au-dehors les gens courent se mettre à l’abri. Comme ils sont laids eux aussi.

Je regarde ces murs blancs. Je les fixe, ne vois en eux que du vide. Une surface plane. Bêtement plane et uniforme. Craquelée un peu sur le dessus.

Craquelé comme moi. Juste prêt à céder.


Je suis auteur sans succès, sans avenir. Mon seul don : celui de rêver. Mon malheur à moi est que je n’en ai pas. Je ne serai jamais maudit, ni touché par la Beauté. Je suis condamné à être moyen toute ma vie, aucun sommet, aucun gouffre. Le Karma probablement.


Mais revenons sur terre. Jade doit encore traverser la « Vallée des biscuits ».


 
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   Pascal31   
8/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un petit texte pas trop mal fichu. L'écriture tient la route, ne serait-ce un certain cafouillage dans les temps, vers la fin du récit. ("Je verrai ses larmes, couler sur ses joues que j’aurai tant embrassées (...) La porte claquerait." Soit tout est au conditionnel, soit tout au futur, sinon, ça fait un peu bizarre, je trouve).
Peut-être le texte aurait-il pu être plus touffu, en donnant de l'épaisseur à cet écrivain "tiède", car en l'état, je n'ai pas ressenti beaucoup d'empathie pour lui, même si sa situation sent le vécu et est partagée par de nombreux écrivains "amateurs".
Un texte intéressant à lire, mais qui aurait gagné, je pense, à développer la psychologie du personnage principal.

   Anonyme   
8/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Oui, j'aime bien ce désarroi résigné de celui qui a du mal à se résoudre à sa médiocrité... Un flash efficace, à mon avis, quoique trop appuyé ; le texte plus subtil n'en serait que plus fort, je pense.

"la chance que vous avez quand vous trouvez une place pour vous garer juste devant le bureau, ni de celle que vous avez lorsque vous trouvez une pièce par terre." : je trouve la phrase alourdie par sa construction répétitive.

   monlokiana   
15/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bien apprécié. On ne s’ennuie pas trop quand c’est court, fluide, rythmé, bien écrit.
En relisant, j’ai adoré le début. Le paragraphe sur la chance :

« Ce n’est pas si simple, il faut le concept, la plume, la chance. Et au final, moi de la chance je n’en ai jamais vraiment eu.
Je ne parle pas de la chance que vous avez quand vous trouvez une place pour vous garer juste devant le bureau, ni de celle que vous avez lorsque vous trouvez une pièce par terre.
Moi, je parle de la vraie chance. Celle qu’on n’a qu’une fois dans sa vie. Celle qui nous consacre ! »
A la fin de cette phrase, j’aurai préféré un point d’interrogation pour marquer peut-être de l’émotion ou pour appuyer les regrets de l’auteur…

J’ai bien aimé ce personnage, qui regrette d’avoir pris un chemin qu’il n’aurait pas dû prendre, qui s’ennuie à raconter et à écrire des histoires pour enfants (d’après ce que j’ai cru comprendre hein)

Sur la fin, j’ai adoré le paragraphe de la fin même si je trouve que parfois, le narrateur en fait des tonnes et se plaint trop :

« Je suis auteur sans succès, sans avenir. Mon seul don : celui de rêver. Mon malheur à moi, est que je n’en ai pas. Je ne serai jamais maudit, ni touché par la Beauté. Je suis condamné à être moyen toute ma vie, aucun sommet, aucun gouffre. Le Karma probablement. »

Merci bien…Bonne continuation.

Monlokiana.

   oxoyoz   
18/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Ça m'a plu. C'est drôle et désabusé, ça me parle. Le style, autant celui du narrateur que celui de l'histoire de Jade sont cohérent et bien mené. C'est écrit comme parlerai quelqu'un qui en a marre mais qui a du vocabulaire. Il n'y a pas vraiment d'histoire, mais ça va puisque c'est posté en Réflexion/Dissertation. Un poil bref cependant.

   brabant   
28/8/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonsoir Calioh,

ça commence comme du Lewis Carroll et ça rebondit pareil (passages en italiques) La magie de ce récit est que son héros est un homme très ordinaire. L'autre magie est qu'il vit de sa plume. ça n'est pas donné à tout le monde. Assurer son ordinaire avec sa plume est extraordinaire. Les écrivains ratés sont magiques.

D'ailleurs celui-ci ne s'apprête-t-il pas à "traverser la vallée des biscuits" ?


Style égal.
Texte qui se laisse lire.
J'aurais peut-être mis quelques mots rares ici et là - des appellations de thés, des noms de chimères - histoire de prouver que cet écrivain"moyen" l'est vraiment !...

   alvinabec   
29/8/2011
Début prometteur, on suivrait volontiers le lapin blanc.
La suite du texte gagnerait à plus de densité ou à qqe chose de plus enlevé sur la dite médiocrité du narrateur.
Qqes remarques sur la stylistique: je m'allume une cigarette, le (m') inutile; maudit, adulé, l'antinomie est très forte; ...bras inertes de désarroi...étreint, la construction me semble à revoir; enfin vous prenez de grandes libertés avec les temps du récit.
A vous lire...

   widjet   
1/9/2011
 a aimé ce texte 
Pas
Retour en douceur dans les commentaires avec ce texte court, le premier de son auteur.

Dommage que les différents sujets abordés (la création, la place de l'imaginaire dans nos vies, la relation auteur-personnage...) ne soient pas davantage developpés.

Pourtant l'idée principale (écrire à défaut de vivre) est en soi intéressante, mais il aurait fallu un texte plus long ou une écriture de meilleure tenue.

L'écriture demeure fluide (c'est déjà ça), mais manque tout de même un brin d'originalité, un peu trop "plan-plan" dans les formules, les trouvailles font cruellement défaut.

Au final, il ne m'en restera pas grand chose.

Widjet

   Anonyme   
12/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour Calioh !

J'ai tout simplement adoré le concept mis en oeuvre ! Cela sonne très vrai : le bonheur, la chance, le don... Et c'est je pense une réflexion que tout jeune auteur a du se faire un jour de déprime !

Quand à cette personnalisation du personnage (pardon pour le barbarisme...), que dire ? C'est exactement ça. Ou presque. Ce que j'aime ici, c'est l'idée d'un personnage VIVANT.

Enfin, avant de me perdre dans des considérations philosophiques, je tiens juste à mettre un petit bémol sur le style qui dénote du coup derrière cette idée originale. Pas de fautes de goût, mais simplement quelque chose de banal, sans vraiment de voix ou de coeur. On ne sent pas ta trace, et c'est ce qui est dommage !

Sur ce, je te souhaite bonne continuation !

Caelan


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