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Science-fiction
Cologik : Les pieds dans l'eau
 Publié le 28/03/19  -  16 commentaires  -  4501 caractères  -  101 lectures    Autres textes du même auteur

Il paraît que ça pourrait arriver.


Les pieds dans l'eau


— C’est toi chéri ?

— Qui que tu veux que ce soit ?

— Oh là là, t’es encore de bonne humeur toi.


Ça me fait le coup à chaque fois que je rentre chez moi. La bonne humeur, je peux pas l’avoir au milieu de toute cette eau. Je ne m’y ferai jamais, c’est tout. J’aurais pu prévoir, j’aurais dû… c’est peut-être ça qui me chiffonne au fond, j’aurais pu l’anticiper. Là, c’est trop tard. On ne peut pas reconstruire la maison, et même si on avait le fric, on la ferait où ? Le voisin n’a pas été idiot sur le coup avec ses pilotis. Au début, je croyais que c’était pour faire le malin, un truc à la mode chez les architectes. Il s’est bien gardé de me le dire, je suis sûr qu’il était déjà au courant, qu’il savait que ça venait.


— Y a quoi à la télé ce soir ?

— Je sais pas.

— Ben t’as pas ramené le journal ?


Marjolaine est allongée dans le canapé, la lumière du jour se reflète sur l’eau, on dirait qu’elle flotte dans de la lumière. C’est joli. Je lui balance le canard, mais je me loupe.


— Oh Jean-Marc, tu peux pas faire attention ?


Elle se penche en avant pour le ramasser, elle l’égoutte un peu et ouvre la page du mercredi.


— Y a pas grand-chose.


Elle fait comme si de rien n’était et elle n’a pas tort. Qu’est-ce qu’on peut y faire de toute façon ? À la télé, le journal de dix-neuf heures commence. Machin truc chose, j’ai oublié son nom, a la mine grave des grands jours. Qu’est-ce qu’il va nous annoncer ce coup-ci ? Un tsunami sur les côtes du Japon, un tremblement de terre en Afrique, une éruption volcanique, un typhon ? Eux, au moins, n’ont pas à se plaindre. Il y a du boulot dans le monde des médias, il s’en passe tous les jours des trucs à raconter. Et puis, ils sont bien confortables dans leurs grandes tours de verre, avec les pieds au sec. C’est pénible de devoir porter des bottes en caoutchouc dans son salon, mais bon, c’est comme tout, on s’y fait.


— Tu peux me ramener du chocolat ?


J’ai envie de lui répondre que ce n’est pas écolo, mais je me retiens. Elle a pas l’air d’humeur ce soir. Moi non plus d’ailleurs.

Sur la table de la cuisine, il y a le fascicule des témoins de Jéhovah avec écrit en gros caractères sur la couverture : « Pourquoi l’apocalypse ? Et comment s’y préparer ». Je me dis qu’eux aussi doivent être bien contents, depuis le temps qu’ils annoncent la fin du monde.

L’eau a encore monté. Presque un centimètre depuis la veille. Je prends un seau et je vide quelques litres dans l’évier, juste assez pour qu’il n’y ait pas d’eau qui rentre dans le frigidaire. Je prends le chocolat dans le freezer, elle l’aime comme ça, glacé, et une bière pour moi.

Faut juste savoir s’organiser, mais quand même, si j’avais su. Ce n’est pas bête cette histoire de pilotis. C’est plus efficace que la digue en sac de ciment qui laisse quand même filtrer l’eau. Le problème, c’est la porte, c’est de là que tout rentre. L’autre voisin d’en face l’a murée et il rentre par la fenêtre du salon. C’est une idée, mais avec mon dos, je ne suis pas sûr qu’on pourrait le faire chez nous. Il y a aussi l’idée de construire un étage, ou juste une mezzanine. Mais bon, on avait choisi le plain-pied pour justement ne pas avoir d’escalier à monter.

Je retourne dans le salon, le paquet de chocolat dans une main et la bière dans l’autre. La télé est éteinte et mimine tire la tronche.


— Ils disent que ça va pas s’améliorer…

— Qu’est-ce que tu croyais, tu veux qu’elle aille où l’eau ?

— Je sais pas, je pensais que… On pourrait partir à la montagne non ? Il paraît que…

— Avec quels sous ? Personne va nous la racheter la baraque.

— On pourrait louer.

— Avec ma retraite ? Et on mangera quoi ? Des cailloux ?

— Oh, soit pas si méchant, je demande, c’est tout.

— C’est juste pas possible, on en a discuté plein de fois, ça m’énerve que tu ramènes toujours le sujet.

— C’est que Martine elle est partie… et elle dit que…

— Oh, c’est bon hein. En plus, j’ai le vertige, tu le sais bien.


Je m’assois sur le fauteuil, j’enlève mes bottes et je demande à ma femme de rallumer la télé.


— Et mon chocolat ?

— Ah, oui tiens.


Décidément, je ne suis pas doué ce soir. Je l’ai mal lancé. Elle a pris la mine de celle qui va chialer en regardant la tablette de chocolat couler jusqu’au fond. Dix centimètres, ce n’est pas grand-chose, mais c’est vrai que dans le salon, ça fait désordre.


— Bon, je dis finalement, si tu veux on peut regarder les offres, ça coûte pas plus cher, et puis le vertige ça disparaît avec l’âge y paraît.


 
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   Louison   
13/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Mon esprit cartésien mis de côté (l'eau avec la télé allumée, le frigo, l'électricité, tout ça, tout ça), j'ai trouvé ce texte sympathique. Le réchauffement climatique, l'eau envahissante et la vie qui continue, vaille que vaille.
Ce texte mériterait peut-être d'être un peu étoffé (par exemple je n'ai pas compris qui était Martine) mais j'ai aimé tout de même.

Louison en EL

   Corto   
13/3/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
On n'a pas vraiment envie de participer au vécu qui nous est présenté, mais bon, c'est bien écrit et on se laisse prendre.

L'histoire est quand même un peu mince.

Des inondations, des maisons dans l'eau on a vu tout ça à la TV.
Que nous apporte de plus cette nouvelle ? Un peu de réalisme ménager, une petite interrogation sur le quotidien ?

Un histoire un peu fade au total.

A vous relire.

   vb   
14/3/2019
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour,

Ce texte soulève la question qui se poserait en cas de montée des eaux; mais cette question se pose régulièrement à de nombreuses personnes vivant à proximité de fleuves (et ce de manière en général dramatique). Lors de crues, les gens qui n'ont pas construit sur pilotis (en même ceux qui l'ont fait) ont des problèmes concrets qu'ils ne traitent en général pas en regardant la télévision les pieds dans l'eau mais, par exemple, en attendant le secours des pompiers ou en déménageant les meubles à l'étage.

Ce récit semble donc être une sorte de vision futuriste nous permettant de nous rendre mieux compte de ce qui se passerait en cas d'une montée des eaux due au réchauffement climatique. Mais je trouve personnelement que ca ne fonctionne pas. Cette situation ne m'apparaît pas réaliste.

L'écriture neutre et plus ou moins monotone, des dialogues banals, l'absence de chute particulièrement instructive, a fait que ce récit est resté bien loin de moi. Dommage.

   plumette   
28/3/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
zone inondable aurait pu être un autre titre pour cette petite nouvelle un peu mince.

on a envie de savoir où cela mène, l'organisation au quotidien "les pieds dans l'eau" ne me parait pas très réaliste ( dans mon esprit la flotte et l'électricité ne font pas bon ménage.

On a tous vu à la télé des personnes inondées réhaussant leurs meubles sur des blocs de béton ou des palettes, on peut gagner 30 cm ainsi.

il n'est pas dit non plus si le niveau va baisser et quelles sont les causes de cette inondation. cela m'a manqué.

quant à ne pas vouloir aller habiter à la montagne parce qu'on a le vertige, là aussi cela me parait un peu léger... comme si le mot montagne était synonyme de vertigineux ?

   CerberusXt   
28/3/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J’ai aimé le côté un peu absurde de cette nouvelle qui illustre de manière amusante l’apathie face aux changements climatiques. Je regrette juste que, quitte à jouer sur l’absurde de la situation, le texte n’aille pas plus loin dans l’illustration de leur quotidien (comme pourquoi pas, dormir avec un tuba, ce genre d’aberrations).

Il est également dommage que le texte n’ait finalement pas de chute vu que la réalité de la situation est connue dès le premier paragraphe et ne change pas. Sur un récit court comme celui là, ça laisse sur sa faim.

Pour le reste, c’est fluide et la lecture coule toute seule.

   hersen   
28/3/2019
 a aimé ce texte 
Pas
Je trouve à cette nouvelle un fond un peu trop léger.

j'ai du mal à cerner le vrai propos, même si on se doute qu'il y a en fond le réchauffement climatique et ses promesses.

On ne peut guère avoir d'empathie pour ces deux personnages, décidément trop cons. Et je me demande si l'auteur a basé son texte sur eux à dessein.

Cette histoire d'inondation, avec télé et frigo allumés, ne fonctionne pas trop pour moi.
Désolée.

   Perle-Hingaud   
28/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime bien ce petit texte drôle et cynique à souhait, avec des personnages aussi stupides qu'attachants.

Caricature de notre propre société, les pieds dans l'eau, la catastrophe annoncée, mais continuant comme si de rien n'était ou presque.
Les détails des préoccupations sont bien trouvés, comme la totale futilité des solutions: "Je prends un seau et je vide quelques litres dans l’évier, juste assez pour qu’il n’y ait pas d’eau qui rentre dans le frigidaire. ": ça, par exemple, c'est très drôle. Enfin, bien noir, mais très drôle.

L'écriture est bonne, les dialogues très "réalistes" collent bien aux personnages.

Réjouissant, merci pour cette page d'humour noir !

   senglar   
28/3/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour hé Cologik,


C'est un peu fou comme texte non ? Une apocalypse un peu futile, un peu débile (lol).

- bien aimé le canard en papier
- pas trop d'accord avec les vertiges qui disparaîtraient avec l'âge, enfin le gars se berce sans doute sciemment d'illusions
- les témoins de Jehovah mais oui ils sont entrés chez nous mais déguisés en écolos
- du chocolat pour madame, une bière pour monsieur, une tranche de vie à deux quoi, bien rétrograde lol

Et finalement l'entente, le compromis (Attention : Con promis Chose due Oui je sais...) Ceux-là termineront leur vie ensemble

Et s'ils imaginaient qu'ils vivent à Venise, le pied dans l'eau quoi, ils pourraient même être heureux et en profiter pour élever des anguilles.


Je me dis finalement qu'il n'y a pas assez d'eau pour que le sujet soit conséquent ; vais ajouter une pellâtre dans mon poêle à charbon pour faire fondre un morceau de banquise. lol.


Senglar le bienheureux :)

   Eva-Naissante   
29/3/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Le thème est très intéressant. Il est d'actualité. Mis en lumière par ce côté un peu absurde que j'apprécie beaucoup et qui accroche.

On le visualise bien ce couple résigné, en ce sens les descriptions ainsi que le ton des dialogues fonctionnent.

L'instillation de notes d'humour, tout à la fois déstabilise et rassure lorsqu'à lecture de votre texte, des images de pareilles situations (dramatiques dans la réalité) s'imposent à l'esprit en illustration de cette scène.

Toutefois il me semble, peut-être à tort d'ailleurs, que vous décrivez une scène, un tableau, qui retient l'attention mais qui ne déroule pas vraiment ou pas complétement une histoire.

Enfin, l'absence de chute interroge dans une nouvelle. Elle manque, a fortiori dans un texte court. Une chute absurde, décalée, qui arriverait comme un cheveu sur la soupe, peu importe finalement au regard de la catégorie choisie...je ne doute pas qu'elle aurait emporté ma conviction. Sans doute une prochaine fois,

Merci pour ce partage,
A vous relire,

Eva.

   GillesP   
29/3/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
La situation de départ, pourquoi pas ? Les deux personnages bien passifs face au dérèglement climatiques, soit, ça donne une touche d'humour. Mais ça ne suffit pas, à mon sens, pour faire une histoire. Je trouve l'ensemble un peu trop fade et l'écriture trop sage, alors même que la situation aurait pu donner lieu à davantage d'éléments joyeusement absurdes. Bref, je pense qu'en développant davantage les brèches ouvertes par la situation de départ, cela pourrait donner un texte réjouissant et rafraîchissant. Mais en l'état, c'est un peu trop peu pour moi.
Au plaisir de vous relire, ou de relire ce texte dans une version plus déjantée.

   Anonyme   
30/3/2019
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Une bonne idée de départ mais sous-exploitée et traitée de manière vraiment expéditive.

On a du mal à croire à la vraisemblance de la situation et le contexte est exposé d'une façon beaucoup trop superficielle.

La "tranche de vie", même d'anticipation, est un exercice difficile à maîtriser : ici la tentative est peu convaincante.

   Anonyme   
30/3/2019
J'aime bien ce type de science-fiction : un instantané qui en dit peu mais laisse beaucoup deviner, dans le genre apocalypse cheap, à bas bruit. C'est efficace, le style neutre convient bien à mon avis. Du bon boulot !

   Donaldo75   
31/3/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Cologik,

Le dialogue est efficace, la voix-off également. Cette très courte nouvelle est une façon habile, astucieuse, d'aborder un thème aussi grave que le réchauffement climatique, en le traitant sous l'angle pratique, une forme de résilience de la part d'une humanité qui a laissé l'environnement se dégrader.

C'est réussi et ça change des histoires que je lis ici d'habitude.

Bravo !

Donaldo.

   Malitorne   
2/4/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Une fois de plus je regrette le format trop court d'une nouvelle qui, certes, va attirer nombre de lecteurs peu enclins à lire du long mais désoler d'autres plus exigeants. Vous teniez un excellent scénario, on ne peut plus d'actualité, hélas bien trop rapidement traité ! À peine on rentre dans l'histoire, on s'y intéresse, qu'elle est déjà terminée. Ma critique sera donc aussi brève, que voulez-vous que je dise de plus ? Même sur le style je n'ai pas assez d'éléments pour juger.

   boutros   
5/12/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Du futurisme en chambre, très amusant et qui me rappelle ces photos d'inondation en Indochine, où justement les maisons sont sur pilotis et les enfants ravis quand ils peuvent aller en bateau chez leurs amis du bout de la rue.
Cela sonne comme le début d'une longue histoire palpitante, ou le premier d'une série d'épisodes avec la montée des eaux (fonde des pôles? nouveau déluge?) en arrière plan.

   cherbiacuespe   
26/11/2022
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Ou c'est trop court, ou c'est inexploité. En tous cas, ce n'est pas convaincant. le pilotis du voisin, la condamnation de la porte du voisin d'en face, et ce pauvre couple au milieu... Invraisemblable de ne pas prévoir le coup, à moins de nager (si je peux dire) en plein gag. Un texte et un sujet mal pensé et mal élaboré à mes yeux.


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