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Réalisme/Historique
RzD : Du vide [concours]
 Publié le 16/12/17  -  8 commentaires  -  5558 caractères  -  61 lectures    Autres textes du même auteur

Une première nouvelle (un peu niaise) inspirée de la chanson « Dans 10 ans » de Guizmo.


Du vide [concours]


Ce texte est une participation au concours n°24 : Dix ans !

(informations sur ce concours).



Tony était assis sur un banc dans un square depuis deux heures. Les fesses sur le dossier et les pieds sur le siège au grand dam des maniaques de la propreté, il regardait le soleil disparaître derrière les nuages sans grand éclat de lumière : le ciel gris nuageux devenait progressivement gris foncé comme presque chaque soir. Cette routine apaisait Tony, il aimait ce seul moment de la journée où il n’était concentré sur rien de particulier et où son cerveau acceptait de ne traiter qu’une pensée par minute. Une fois la nuit bel et bien établie, il se leva en soupirant. En marchant il reçut un SMS lui pressant de se rendre à la place des Martyrs. Il devait s’estimer heureux : Ricardo ne l’appelait que pour des plans foireux mais au moins aujourd’hui, ce serait quelque chose de facile. Il devait juste être présent, jouer les gros bras montrer qu’on ne se moquait pas du cousin Fil sans le regretter. Évidemment ça allait dégénérer, les Marocains présenteraient leur point de vue et il serait temps pour lui de s’éclipser. Tout ce qu’il devait faire c’était montrer à Fil qu’il était venu qu’il pouvait compter sur lui et surtout qu’il méritait qu’on lui fiche la paix.


Ricardo s’était trompé : ce n’était pas un règlement de compte mais un accord entre amis. Des feuilles imprimées s’échangeaient contre des feuilles fraîches. Tony aurait voulu une bonne bagarre histoire de rentrer rapidement chez lui ou se défouler au pire. Après des salutations cordiales il fut l’heure de se quitter mais Fil retint ses gars. Tony avait déjà fumé quelques joints en plus du tabac mais il n’avait pas l’ambition d’en dealer pour autant. Ricardo essaya de le rassurer : tant qu’on est discret et qu’on ne touche pas à la marchandise, ce serait une façon comme une autre d’arrondir les fins de mois.


Tony était exaspéré : il ne vendait pas assez, l’argent partait sans qu’il sache où il était passé, et il était autant dans la dèche qu’il y a trois mois. Il avait beau dire à Fil qu’il était mauvais vendeur, que ses parents finiraient par se rendre compte, le cousin ne voulait rien savoir et lui assurait qu’il lui permettait de faire des bénéfices.


Parfois la vie se déroule comme dans un rêve : on est incapable d’en dérouler le fil, d’énumérer les faits, quels sont les liens de causes à effets qui nous ont menés là et on était spectateur de ses mouvements, paroles, actes. Le corps était automatique et savait d’instinct où se diriger : le boulot, la maison, la place, le lit. Tony s’ennuyait et fumait. Le seul avantage de travailler pour Fil, c’était qu’il savait où acheter bon marché. Après avoir fini son joint, allongé, il attendait avec un certain masochisme, le moment où il atterrirait. Il prenait de plus en plus conscience de son environnement, des quatre murs de sa chambre, du froid du mois de novembre, de l’arrière-goût sucré du cannabis et de l’odeur de renfermé. Il entendait le trafic et percuta la réalité quand il entendit des passants rire dans sa rue. Pris d’un énorme coup de pompe, il sanglota.


Après que ses parents l’avaient viré de la maison, Tony squattait chez Ricardo. Ils regardaient un match de foot sans conviction, sans se parler. Ricardo légèrement irrité par sa présence et par l’évolution du match lui posa une question incongrue :


– C’est quand que tu retournes à l’école ? Ça fait déjà une semaine, là...

– Pourquoi j’y retournerais. J’suis bien là, et avec Fil on n’a pas de problèmes de fric, répondit Tony en serrant les dents.

– Mais qu’est-ce tu crois ? Sans ton CESS, ils voudront même pas de toi comme caissier !


Tony était de plus en plus intrigué par la soudaine prise de conscience de son ami.


– T’es un peu mal placé pour me dire ça, tu crois pas ? Puis tu m’as déjà dit que Fil nous...

– Mais tu fais ch... avec Fil ! C’est un malade ce gars !


Ricardo s’était emporté faisant valser la table et tout le bordel qu’elle contenait. Cet homme si placide et nonchalant habituellement était lui-même surpris par sa propre colère. Tony le fixait du regard comme une bête curieuse. Ricardo s’affaissa et se laissa aller à sa lâcheté habituelle.


– Désolé. Ce que je veux dire c’est... N’abandonne pas l’école, d’accord ? Au moins tu fous autre chose que zoner toute la journée, en plus ça te donnera une bonne excuse pour éviter Fil.

– Mais qu’est-ce que t’as contre Fil ?


Ricardo se pencha vers ses genoux, agitait nerveusement sa jambe droite et crispa les lèvres.


– T’as déjà touché au shit grâce à Fil, non ? demanda Ricardo.

– Et alors ?

– Ne touche à rien d’autre qu’il voudra vendre.


Tony était exaspéré par son ton.


– Mais qu’est-ce que t’as à la fin ? T’es vraiment soûlant ! Tu te prends pour mon padre ou quoi ?


Le jeune homme avait réuni à la hâte ses affaires et s’apprêtait à faire un tour dehors. Ricardo le retint une dernière fois.


– Tout ce que je veux, c’est que dans dix ans, on ne te ramasse pas dans la rue.


Il était huit heures, un matin de décembre. Tony était assis sur un banc et observait le ciel lourd et chargé rechigner à laisser sa place aux couleurs et à la chaleur. Pourtant petit à petit du blanc lumineux se fraya une place tandis que des clameurs d’enfants tentaient d’étouffer la sonnerie de l’école. Soudainement inspiré, Tony en eut assez de se sentir aussi vide et décida qu’il était l’heure de se remplir.


 
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   Tadiou   
5/12/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
(Lu et commenté en EL)

C’est très succinct et comme un résumé vu de haut et de loin. On ne pénètre dans aucun personnage ; du coup je n’accroche à rien et n’ai ressenti aucune émotion.

L’écriture est fluide et facile à lire.

Nouvelle qui mériterait d’être approfondie, humanisée. La fin est tout à fait prometteuse avec une évocation forte de l’école.

Merci pour cette lecture et à vous relire.

Tadiou

   vb   
6/12/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Je suis n'accroche pas bien à cette très courte nouvelle qui, à mon avis, répond bien aux contraintes du concours puisqu'elle décrit le milieu qui est le sujet de la chanson.

Il s'agit de l'histoire de Tony qui est appelé par Ricardo pour acheter de la drogue chez Fil (la place des Martyrs est une place au centre de Bruxelles).
Revenus à la maison, Ricardo sermonne Tony et lui demande de retourner sur les bancs de l'école (le CESS est l'équivalent du Bac français). Ricardo ne semble pas réussir car Tony semble vouloir à nouveau reprendre de la drogue.

Je n'ai pas vraiment compris ce que ces évènements ont à voir les uns avec les autres.

Oui, j'ai bien vu l'étude d'un certain milieu, mais, à mon avis, elle ne débouche pas sur un récit spécialement intéressant.

Le manque de ponctuation m'a assez gêné. Par exemple dans "le ciel gris nuageux devenait progressivement gris foncé comme presque chaque soir", sans virgule après foncé, je m'attendais une comparaison du type à "gris foncé comme un matou" et pas à une expression du temps.

J'ai trébuché sur certaines formulations, p.ex. "observait le ciel lourd et chargé rechigner à laisser..." il m'a fallu quelques secondes pour comprendre que ciel est sujet de rechigner.

   GillesP   
16/12/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je suis désolé, mais je n'ai pas du tout accroché à cette courte tranche de vie, car j'ai été gêné par ce que j'ai pris comme des maladresses d'écriture. Un exemple, entre autres: "il regardait le soleil disparaître derrière les nuages sans grand éclat de lumière": la formule est redondante: si le soleil disparaît derrière les nuages, en effet, c'est qu'il n'y a pas un "grand éclat de lumière".

Par ailleurs, aucune atmosphère ne se dégage du texte: l'auteur évoque différents moments, différentes actions, sans s'attarder sur aucune, sans en mettre certaines en valeur. Certes, cela mime bien la vacuité de la vie du personnage, mais cela a aussi provoqué, chez le lecteur que je suis, un désintérêt complet face à son existence.

Par moments, l'auteur est beaucoup trop explicatif. Au lieu de laisser le lecteur tirer lui-même les interprétations qui s'impose, il assène sans finesse des explications psychologiques: "Tony était exaspéré", "Ricardo légèrement irrité", "lui posa une question incongrue", "Tony était de plus en plus intrigué", "Cet homme si placide et nonchalant habituellement était lui-même surpris par sa propre colère"... Il aurait été plus habile, à mon sens, de faire comprendre tout cela au lecteur grâce aux actes et aux paroles des personnages.

Une phrase m'a plu néanmoins, c'est la suivante: "des feuilles imprimées s’échangeaient contre des feuilles fraîches". D'où mon "un peu".

   Bidis   
17/12/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Même à la lumière des autres commentaires, je n'ai pas compris grand chose à cette histoire. Laquelle se laisse parcourir sans ennui pourtant.
"Parfois la vie se déroule comme dans un rêve"... Eh bien, en ce qui me concerne, cette lecture aussi.

   Donaldo75   
19/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Un texte minimaliste.
Est-il besoin de remplir des pages pour exprimer la misère sociale ?
Je ne crois pas.
Ici, les images suffisent, les mots les mettent bien en valeur.
Tony est largué parce qu'il ne connait qu'une partie de la donne.
Fil l'utilise.
Riccardo connait la fin de tout ça.
Le tryptique dramatique, en version banlieue.

C'est réussi à mon goût.

   hersen   
19/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Assez bien vu comme petit texte !

Par contre, sur du si court, rien ne doit être laissé au hasard et il y a quelques petits moments de flottement qui font un peu de tort.
L'idée correspond bien au thème, un cousin qui veut protéger le sien parce qu'il sait comment ça fonctionne; il sait comment il sera dans dix ans.

Donc, très bonne idée mais un peu plus d'effort sur l'écriture aurait été un plus;

Merci de cette lecture,

hersen

   Jean-Claude   
26/12/2017
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,
Un choix de chanson qui change un peu.
C'est un peu trop court.
Une tranche de vie, quelques petites tranches en fait, plus ou moins cousue entre elles par Tony et son vide à remplir.
Un peu cliché mais dans le thème de la chanson.
Pas vraiment d'histoire mais j'admets que ce n'est pas le propos.
Bonne chance

   toc-art   
27/12/2017
Bonjour,

J'ai bien aimé le choix de la chanson qui permet d'aborder des thèmes différents.

En revanche, je ne suis pas du tout séduit par l'écriture que je trouve vraiment maladroite, comme collée au bitume, et si ça convient presque au milieu évoqué, je n'ai pas le sentiment que ce soit volontaire. Mais bien sûr, je peux me tromper.

En tout cas, je vous félicite d'avoir participé au concours et d'y avoir apporté un thème original.


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