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Réalisme/Historique
Tiramisu : L’aube et le crépuscule [concours]
 Publié le 20/05/23  -  12 commentaires  -  8682 caractères  -  75 lectures    Autres textes du même auteur

À l’aube et au crépuscule, la lumière est intense et l’ombre la confronte.


L’aube et le crépuscule [concours]


Ce texte est une participation au concours n°33 : L'ombre et la lumière

(informations sur ce concours).



Je bâille, j’ouvre les yeux, je vois du rouge, des vaisseaux comme des toiles d’araignées décorent mon plafond. Je suis à l’étroit, je ne peux plus faire des galipettes comme d’habitude. Je n’aime pas ça. Je remue une épaule, j’essaye de tendre ma jambe sans succès. Le tambour tape, je l’écoute, je le laisse me bercer, parfois je danse dans son rythme. Je dirige mon pouce vers ma bouche. « Mais où est-il celui-là ? » Ma main est emberlificotée dans le cordon ombilical. Tant pis, je suce le cordon. Je me réveille à nouveau. Mon univers est différent. La paroi qui me protège a perdu son élasticité, elle est très dure. Je me bats contre elle. Tout s’est assombri, et surtout, les battements du tambour s’accélèrent. Je me sentais à l’étroit maintenant je suis écrasé. La paroi me presse, me tord, me malaxe. J’ai peur, je résiste. Puis ça se calme, il faut que je parte de là au plus vite. J’ai besoin d’air, j’ai besoin d’espace. Ma tête est rentrée dans un tunnel, il fait noir, mon crâne va exploser tellement il est serré. Je distingue une forte clarté tout au bout, qu’est-ce que c’est ? Dans mon univers tamisé tout est adouci, rien n’est cru ni brutal, ce phénomène est très nouveau et surprenant, j’ai envie d’aller voir. Je bats des jambes, je fais des mouvements de reptation pour avancer plus vite, pour aller vers cette grande lumière qui m’attend. Soudain, je jaillis du tunnel, je suis attrapé, quelque chose m’enserre, c’est comme plusieurs cordons ombilicaux qui m’agrippent, une blancheur éblouissante m’aveugle. J’ouvre la bouche toute grande, j’aspire l’air, cela me fait terriblement mal à l’intérieur. Je crie. Mon propre cri m’effraye, cela me met en colère, je crie plus fort encore. J’ai froid, on me pose sur un corps chaud. J’entends une voix connue même si maintenant elle tinte haut et clair. Je soulève la tête vers la voix. Je distingue mal un visage qui s’anime et qui me parle avec douceur et chaleur, je ne comprends rien mais je suis apaisé.


Je suis saisi à nouveau et on m’emporte ailleurs, une forme blanche me parle ; je ne comprends toujours rien mais j’aime bien. C’est une musique à mes oreilles. Des ombres passent devant toutes ces lumières étincelantes. Ce nouveau monde est immense et plein d’intérêts. Puis, on me couche dans un endroit où j’ai davantage d’espace ; je peux bouger mes jambes, mes bras, je m’en donne à cœur joie. Tout s’éteint, il fait noir, j’ai perdu la lumière rouge de mes nuits, la lumière éclatante de l’accueil, le cocon chaud et protecteur, le battement du tambour, je suis seul, j’ai peur, je suis en rage contre cet abandon soudain. Je crie. On me soulève avec délicatesse en tenant ma tête si lourde. Ma joue se colle contre une peau veloutée, je reconnais cette odeur, la voix familière murmure des paroles qui coulent cotonneuses dans mon oreille, je suis en paix.


+++


Quatre-vingt-huit ans plus tard, je revis ce moment originel alimenté par les commentaires de ma mère et imaginé par ce que j’ai appris de moi. J’étais déjà un petit être fougueux et volontaire, plein de curiosité. On naît comme on est. Pourquoi le début de ma vie me revient en mémoire alors que je vais mourir ? Le chemin ne serait pas linéaire, formerait-il plutôt une boucle ?


Allongé dans mon lit, j’attends la mort, et je me questionne encore. Toute ma vie je me suis interrogé sur cet instant de bascule. J’ai combattu à la naissance pour aller vers la vie, comment résister dans ce nouveau passage, comment me battre jusqu’au dernier souffle pour rester vivant.

Un souvenir me revient, pourquoi celui-ci ? Je ne sais pas, des lambeaux de mémoires s’emmêlent, me bousculent et me somment de faire le point sur ma vie.


À quel moment, à quel endroit ce bruit assourdissant ?

Je raidis mes jambes, je coince mes pieds, je m’accroche à l’aviron, tente de garder mon équilibre, je suis chahuté, oui c’est ça, je dévale un torrent dans un canot pneumatique. Les rochers se resserrent. Un choc brutal, je tombe à l’eau.

Je me débats contre le courant et tente de nager pour regagner la rive. À chaque mouvement de brasse, l’eau engloutit ma tête, je bois la tasse, je ne doute pas pour autant de ma réussite. J’entends l’instructeur hurler des ordres. Mes oreilles pleines d’eau, le bruit féroce du torrent, et surtout la confiance dans mes capacités personnelles me font ignorer ses conseils. Je m’acharne pour rejoindre un rocher afin de reprendre mon souffle. Je m’accroche à une pierre couverte de mousse glissante tandis que mes jambes sont aspirées par la force du courant. Maintenir mon visage hors de l’eau use mes dernières forces. La puissance du torrent finit par me faire lâcher prise. Sur le dos, les pieds en avant je me laisse porter par l’eau bouillonnante. En me laissant ainsi flotter comme une coquille de noix, je finis par rejoindre la rive en contrebas.


Qu’est-ce que je fais de ça maintenant ? Ce fut une leçon de vie que je rumine encore aujourd’hui. Ma volonté extrême m’a souvent joué des tours, je ne préjugeais jamais de mon pouvoir sauf ce jour-là. Obligé de constater que ce que je prenais pour une force déterminante chez moi pouvait être une grande faiblesse. Toute ma vie, j’ai tenté de m’améliorer, de me confronter à mon ombre. Peut-être s’agit-il de ne plus se battre mais au contraire de lâcher et de suivre le courant.


J’entrouvre les yeux. Une lumière orangée filtre entre les persiennes, des silhouettes se profilent à l’extérieur. Il y a des murmures, tout le monde parle bas. Pourquoi ? Craint-on de me déranger par la vie, moi le mourant ? Ce matin, j’ai entendu des chants d’oiseaux, je me suis perdu dans une forme d’extase en les écoutant. Je sens une présence proche de moi, je tourne la tête, ma fille préférée est là, elle se tient silencieuse assise dans l’ombre. C’est ma petite dernière, elle m’a fait père. Avec les premiers, je n’ai pas su, je n’étais qu’un adulte responsable embarrassé d’enfants. Muriel me prend la main, la sienne est chaude et douce. Sa voix un peu rauque murmure :


– Papa…


Ses yeux brillent plus que d’ordinaire et trahissent sa détermination à cacher son chagrin.


– Papa, reste, ne me laisse pas…


Ses larmes coulent comme ses paroles suppliantes, elle n’arrête plus rien. Sa peine me fait mal. Je vais l’abandonner. Mon ventre se noue, mes yeux me piquent. J’ai toujours tenté de la préserver de la souffrance. Soudain mon vieux cœur qui se croyait apaisé de toutes les peines vibre à nouveau. Qui veillera sur elle ? Je ne veux plus faire la coquille de noix, je m’accroche, je lui serre la main. Ma poigne d’habitude si vigoureuse est toute molle. Est-ce donc cela mourir, n’être plus que ce corps qui déclare forfait ?

Une petite voix intérieure m’éclaire soudain, ne suis-je pas encore en train de vouloir jouer les héros, celui qui va la sauver du monde et d’elle-même ? Vais-je lui interdire son propre torrent ? Est-ce que tout ce que je crois bien faire est finalement tout le contraire ? Cette prise de conscience lumineuse me foudroie et en même temps m’apaise.


– Ma chérie, il faut me laisser partir, je suis si fatigué…


Ma voix est devenue murmure. Muriel se ressaisit. Elle se redresse, se frotte furtivement les yeux. Sans un mot de plus, elle me caresse la main.


– Je sais que tu préfères être seul, je vais te laisser. As-tu besoin de quelque chose ?

– Ouvre la fenêtre et les volets, s’il te plaît.


D’un geste vif, elle tire les rideaux, sa silhouette forme une ombre sur le jour éclatant. Au début, je cligne des yeux, le soleil est puissant. J’ai envie de le regarder en face. Ma fille m’embrasse, sa main frôle tendrement ma joue, elle quitte la pièce d’un pas décidé.


Les nuages se font la course. Je vois un hibou, un crocodile, un lézard, toute cette ménagerie me fait sourire ; même un rire déchire mes lèvres gercées.

Et puis, les nuages s’amoncellent et voilent le soleil. Le plafond nuageux se perce à un endroit, un rayon éblouissant jaillit et forme un cône de lumière qui repeint tout le ciel en or.


Je marche dans une jungle, je n’ai pas besoin de tracer mon chemin à coups de machette, les végétaux s’écartent devant moi, un vieux lion me regarde passer, un papillon orange et violet me frôle. Toutes les couleurs sont intenses, des yeux de chat en forme de diamants éclairent les coins sombres. Mes pas s’accélèrent, ils sont aspirés par une pente naturelle. Une lumière étincelante écarte l’ombre. J’avance vers elle.


 
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   plumette   
10/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
j'ai apprécié ce texte au sujet plutôt casse gueule.
Pas simple d'être crédible quand on décrit "sa" naissance. Je n'ai eu aucun mal à me projeter dans l'imaginaire de l'auteur.et je trouve que le récit colle bien au thème, avec en plus la dimension métaphorique (vie= lumière)

le retour du souvenir me parait pertinent. Au moment du passage , le narrateur se remémore un épisode fondateur qui aurait pu lui coûter la vie; L'abandon de la lutte n'a pas eu l'effet auquel il s'attendait mais son effet contraire: c'est ce qui l'a sauvé. Leçon de vie pour un mourant. je ne sais si c'est l'effet de Pâques mais j'y vois un message à dimension spirituelle.

Il est cohérent que la nouvelle nous mène vers la mort du narrateur. Par hypothèse, on ne peut pas faire raconter sa propre mort par son personnage. Et pourtant, ça fonctionne! J'aimerai que cette approche ait quelque réalité car il n'y a ni peur, ni révolte, mais seulement des sons et des couleurs et la lumière qui est comme un appel dans une jungle qui n'a rien d'hostile. ça fait du bien!! et ne nous privons pas. C'est aussi ça le pouvoir de la littérature.

   Angieblue   
12/4/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Très bonne idée d’avoir opposé la naissance à la mort pour illustrer le thème de l’ombre et de la lumière avec, dans les deux cas, au bout du sombre passage une lumière éclatante.
La première partie est très réussie avec les phrases juxtaposées qui servent bien le point de vue interne du bébé . L'image du tambour pour évoquer les battements du cœur entendus par l'enfant est très appropriée et amène une touche de poésie.
Ensuite, très intéressante la scène avec l’accident de canot où le narrateur lutte pour survivre, puis se laisse porter par le courant comme une coquille de noix. Cela symbolise bien la vie: la lutte pour survivre car ça n'est pas un long fleuve tranquille, puis le lâcher prise dont on doit faire preuve quand la mort s’annonce. Ça ne sert plus à rien de lutter. Et, en effet, ce renoncement s'oppose à la naissance où là il faut lutter pour forcer le passage et entrer dans la lumière.
J’ai également trouvé très poétique la chute avec d’abord l’ombre qui voile le soleil, puis les couleurs et les apparitions merveilleuses, et enfin la lumière éclatante qui chasse l’ombre.
J’ai vraiment apprécié ma lecture. L’écriture est maîtrisée, c’est visuel, bien imagé avec un subtil jeu sur les oppositions, et toujours des correspondances entre les différentes parties ce qui rend le texte très harmonieux.

   jeanphi   
20/5/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Éric-Emmanuel Schmitt est mort !
À ceci près que votre nouvelle crée autant d'émotions en seulement dix mille caractères que l'auteur d'Oscar en un livre.
Je salue votre travail,

Au plaisir de vous lire

   Marite   
15/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Porte d'entrée dans la vie et porte de sortie de cette même vie ... l'écriture précise, simple et fluide nous entraîne dans le voyage que nous sommes appelés à faire depuis notre naissance et curieusement je l'ai trouvé apaisant. L'ombre et la lumière s'y retrouvent en se succédant da façon très aléatoire mais c'est normal dans le cours d'une vie. La première partie, celle de la naissance m'a fascinée tant la description semble réaliste. La plupart du temps nous ne nous en souvenons pas mais, parfois, quelques bribes peuvent s'échapper de notre inconscient et nous visiter dans les rêves nocturnes sans que nous y accordions de l'importance. La description de cette fin de vie paisible est réconfortante : un nouveau monde à découvrir ... Un très beau récit !

   Donaldo75   
17/4/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
La première partie construite sur des phrases courtes est intéressante, surtout au vu de ce qu’elle raconte. Je la trouve appropriée car elle exprime du brut, ce qui s’accorde avec la situation vécu par le narrateur. La seconde partie est plus construite mais tout autant oppressante ; c’est bien vu de raconter de cette manière après la première partie. Il y a des dialogues qui permettent d’aérer le récit, ce que n’avait pas la partie précédente et pour cause. L’articulation fonctionne bien entre les deux parties. La nouvelle en elle-même se lit bien, entraine la lecture. Au final, le pari de départ - car je pense que dès la première partie il y avait une réelle prise de risques - est réussi.

   Anonyme   
20/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Je trouve le dernier paragraphe superbe ! Très parlant par son échappée vers un ailleurs inconnaissable. Pour moi c'est comme une récompense au bout d'un chemin qui s'est révélé un peu long.
Je pense en effet que la trajectoire de votre nouvelle n'est pas assez dépouillée au vu du sujet, qu'elle a un côté sinueux qui ôte de la force à l'ensemble. Le souvenir en canot, par exemple, je n'en ai pas vu l'utilité ; l'échange avec Muriel m'a paru un poil trop étoffé aussi, de même que la naissance. C'est votre choix d'auteur ou d'autrice d'avoir suivi ce trajet, OK ; comme lectrice, même si j'apprécie l'ellipse de toute la vie du narrateur, j'aurais préféré encore plus de sécheresse, ce qui aurait selon moi mieux mis en valeur les oasis que représentent les scènes primales, naissance et mort, dans l'aridité du monde.

   Jemabi   
20/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Raconter sa naissance, puis raconter sa mort, franchement je trouve le sujet un peu bâteau. Dès le début du second paragraphe, on sait comment ça va se terminer, on sait qu'il n'y aura pas de surprise, et tout se déroule comme prévu. Reste que le texte est joliment écrit, qu'il répond on ne peut mieux au thème du concours, et je mentirais si je disais n'avoir pas ressenti de l'émotion lorsque la fille s'adresse à son père mourant.

   Vincente   
21/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J'ai cru par les premières lignes à un épisode psychédélique… et puis vient ce "cordon ombilical" ; on est en gestation dans un utérus. Et alors le surréalisme imaginé devient un descriptif assez littéral du ressenti d'un bébé entrain de naître. J'ai décroché sensiblement tant le réalisme était téléphoné, mais surtout ce bébé plein de souvenance, comme un vieux qui aurait par le fruit de son vécu repris la scientifique expérience de la vie intra-utérine et des phénomènes de l'accouchement. J'ai failli arrêter là ma lecture. Mais petit recul… oui pourquoi pas revisiter ses premiers instants en se rendant vieux bébé fort de sa grande expérience ? Je continue pourtant à avoir un peu de mal avec cette artificialité narrative…

Heureusement, dès les premiers mots de la deuxième partie, le "subterfuge" est avoué, assumé. Passons, je vais tenter d'oublier la gêne occasionnée.

La grosse frayeur de l'aventure de canyoning marque à bon escient le récit, il reste pour le locuteur une pierre angulaire, saillante, le rappelant à l'ordre, lui ramenant à l'esprit que la fin nous guette à chaque pas. Et justement, elle va prendre corps dans la fin du récit, la voici qui se présente à point nommé, conscience et fait.

La suite est touchante et délicatement exprimée. Aucune réserve avant l'épilogue.
Et j'ai beaucoup aimé le passage des derniers instants précédent la mort :

" Les nuages se font la course. Je vois un hibou, un crocodile, un lézard, toute cette ménagerie me fait sourire ; même un rire déchire mes lèvres gercées.
Et puis, les nuages s’amoncellent et voilent le soleil. Le plafond nuageux se perce à un endroit, un rayon éblouissant jaillit et forme un cône de lumière qui repeint tout le ciel en or.
"

Moins fan de la suggestion de métempsycose. Elle est une amusante échappatoire narrative évitant de se morfondre sur la dureté de la finitude, mais elle lui fait perdre par contre pas mal de l'intensité qui s'était construite au fil des lignes. C'est comme pour dire, "pas grave, on reprend le jeu !" ; pas sûr qu'elle ait été bien "nécessaire"..

La belle idée cependant vient de la riche correspondance globale avec le thème du concours. Pas forcément très originale, mais vraiment très accordée.

   Cyrill   
22/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime bien
Bonjour,
Les quatre derniers paragraphes sont réussis. L’imminence de la mort est vraiment bien amenée. Il me plairait de mourir de cette façon et je veux bien croire que c’est ainsi que ça se passe en l’absence de souffrance physique. S’éteindre en ayant cette impression d’évidence, d’inéluctable et d’un ordre des choses dont vous, auteur, réussissez à me convaincre.
J’ai eu plus de mal à entrer dans l’esprit de la naissance, étape par laquelle je suis pourtant passé, a contrario de la dernière (Ça viendra). L’éveil à la vie est exposé de manière trop précise et clinique, par une succession d’étapes que l’on reconnaît et qui ont tendance à étouffer l’expression du ressenti prêté au nourrisson.
L’agonie vient comme en contrepoint à cette première partie. Le souvenir du canot, comme allégorie d’une bataille menée pour survivre, que le narrateur abandonnera à ses derniers instants, le temps étant venu pour lui « de suivre le courant ».
L’intervention de la fille préférée ( j’ai bien apprécié ce ‘gros’ mot lâché de préférée, tel qu’on peut s’en permettre à l’article de la mort ) dans la scène vient pourtant instiller du doute, pas longtemps car elle lui ouvre les rideaux (les yeux, avant de les fermer). Pour lui permettre selon son souhait de partir en pleine lumière, éclairé.
Comme je l’ai dit, c’est le final que j’ai préféré, et où j’ai senti la nécessité de celles qui précèdent, bien que les ayant trouvé bien moins réussies en terme stylistique. Les dialogues notamment m’ont paru un peu plaqués, sans grand naturel.
C’est une nouvelle bien pensée dans ses enchaînements. De mon point de vue la partie consacrée à la naissance est un peu longue par comparaison avec celle de l’agonie, mais il y a de la matière dans l’ensemble.
Merci pour le partage.

   Asrya   
22/5/2023
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
Un ensemble plutôt intéressant.
L'idée de débuter le récit avec la naissance, de la terminer avec la mort n'a rien de très original et vient donc une difficulté supplémentaire, celle d'intéresser le lecteur d'une manière ou d'une autre.
Par le contenu, je ne suis pas certain que ce soit un franc succès où il n'y a pas vraiment un passage qui aura détonné par rapport à d'autres textes du même acabit.
En revanche il y a une certaine manière de raconter, surtout concernant la fin du récit, qui est très élégante, apaisante, et qui sembler "nager" aux côtés des mots utilisés. On peut aisément entrer en emphase avec le personnage et de ce point de vue, c'est une réussite.

Pas conquis par l'entame de la nouvelle, qui m'apparaît trop explicite et qui manque d'images, de poésies. Il y avait moyen d'en faire moins, de manière plus sobre, de sorte que le lecteur puisse s'immiscer dans l'utérus de la mère de votre personnage, sans que ne soit utilisé, tout le temps, le vocabulaire associé.
Je n'ai pas réussi pour le coup à "vibrer", à être sur la même longueur d'ondes de votre personnage.

Il y a qui plus est un décalage entre la manière de raconter et ce que pense votre personnage quatre vingt huit ans plus tard "imaginé par ce que j'ai appris" et "alimenté par les commentaires de ma mère" ; peut-être est-ce un problème de temporalité utilisé. L'utilisation du présent pour cette partie n'était peut-être pas la meilleure option, je ne sais pas.
Votre discours paraît ancré dans l'instant lors de la naissance, alors que le "jargon" utilisé ne peut être que celui d'un sachant. Cela s'apprêterait donc davantage à "l'imagination" de votre personnage, et... l'utilisation du présent ici ne me paraît pas pertinente.

L'image de l'aviron avait quelque chose à apporter, mais ce court passage apparaît assez maladroitement dans le fil narratif et le message qui s'y cache n'est pas servi de la meilleure des façons.

Concernant le respect de la thématique, il est évident qu'il n'y a rien à dire, le choix de la naissance, de la mort - qui plus est chacun serti d'ombre et de lumière -, colle évidemment au thème du concours. Certes, cela n'est pas franchement "original", mais... mieux vaut être dans le thème qu'à côté...
Ceci-dit, je suis à nouveau assez déconcerté par l'utilisation trop récurrente et fortuite des termes "ombre" et "lumière" qui n'ont, à mon sens, pas particulièrement besoin d'être mentionnés. Notamment l'ombre de sa jeune fille préférée lorsqu'elle passe devant la fenêtre, qui en plus d'être un excès de zèle pour montrer qu'on est dans le thème, peut induire une dissonance sur la manière d'interpréter le récit. La vie serait l'ombre, la mort la lumière ?
Hum... à méditer.

Merci pour le partage,
Au plaisir de vous lire à nouveau,
Bonne chance pour le concours !
Asrya.

   Vilmon   
23/5/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
n'aime pas
Bonjour, désolé, je vais un peu dans le même sens qu'Asrya. Je n'ai pas trouvé accrocheur comme lecteur ce récit d'une naissance et de la mort de cette même personne. Comme si cette personne se souviens d'être dans le ventre de sa mère, d'avoir déjà une conscience et une mémoire vive de cet instant. J'ai l'impression que la première section a été ajoutée au récit de base pour faire le contraste lumière, la naissance, avec l'ombre, la mort, mais ces deux sections sont déséquilibrées par leur différente longueur de texte. Comme si la seule lumière à contrebalancer la mort est la naissance. Une belle écriture certes, mais qui ne viens pas porter un récit au contenu original.

   JohanSchneider   
24/5/2023
trouve l'écriture
perfectible
et
n'aime pas
J'ai déjà lu des récits construits à l'identique, avec des variantes : ante partum on vous met dans la peau - si j'ose dire - d'un spermatozoïde, post mortem vous voyez par les yeux - si j'ose dire encore - de votre spectre.
On aurait du mal à imaginer une prise de risque plus minimaliste dans le traitement du thème, à plus forte raison sachant que cette trame narrative est une sorte de couteau suisse pouvant servir à illustrer tout et n'importe quoi, l'ombre et la lumière, la vie et la mort, l'avant et l'après, le je-ne-sais-quoi et le presque rien.
Le tout porté par un style qui s'évertue à dépeindre tout en expliquant, ce qui est exténuant à lire. Mais gageons que l'auteur s'est fait plaisir en empilant les adjectifs et les adverbes comme sur une pièce montée.


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