Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Réalisme/Historique
Robot : Opération « Tir au but » [concours]
 Publié le 25/09/19  -  14 commentaires  -  14521 caractères  -  82 lectures    Autres textes du même auteur

Un groupe d'opposants à l'Allemagne nazie envisage un attentat pendant les Jeux de Berlin.

L'Histoire en sera-t-elle changée ?


Opération « Tir au but » [concours]


Ce texte est une participation au concours n°27 : L'uchronie à la sauce onirienne

(informations sur ce concours).



Une petite modification dans le calendrier et le cours de l’Histoire pourrait être changé. C’est la réflexion qui me vient à l’esprit alors que je m’apprête à écrire le récit d’événements auxquels j’ai participé.

C’est ainsi qu’à la demande des autorités allemandes le Comité international olympique avait accepté de reporter les Jeux de Berlin à l’été 1938. Pour Goebbels bien sûr le délai obtenu permettait de transformer les Jeux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen, maintenus en février 1936, en ballon d’essai pour affiner la propagande du régime. Car le moment venu des Jeux d’été, quand les populations auraient les yeux tournés vers la capitale du Reich, il conviendrait de séduire les dirigeants du monde. Le plus difficile pour le ministre de l’endoctrinement avait été de convaincre Hitler, tant était grande l’impatience du Führer d’exposer la Grande Allemagne dans la vitrine du sport international.


°°°


Juif allemand, réfugié à Paris dès l’accession d’Hitler au pouvoir en 1933, j’avais été contacté peu après mon arrivée en France par un groupe de résistance clandestin qui rassemblait des émigrés politiques venus d’outre-Rhin, d’opinions diverses, mais tous décidés à briser les projets nazis par la contre-propagande et même la lutte armée.


C’est par l’un de nos intermédiaires, introduit dans les milieux de réfugiés juifs de Berne, que nous avons appris le projet de Frank Baumfurter. Ce jeune talmudiste yougoslave, ayant découvert la qualité d’officier de réserve de notre correspondant, s’était assuré auprès de ses coreligionnaires qu’il avait affaire à un sympathisant de la cause israélite. Il l’avait approché pour obtenir la fourniture d’un revolver de l’armée helvétique. À mots couverts il lui avait fait part de son intention d’abattre un responsable du parti nazi en Suisse. Nous comprîmes rapidement l’intérêt que représentait ce partisan pour notre objectif. Convaincus de sa détermination nous avons saisi l’occasion de nous attacher un allié précieux pour la réussite de notre complot.


Je fus chargé d’entrer en contact avec Baumfurter. Il était très réticent au début estimant qu’une opération individuelle aboutirait plus sûrement. Peu à peu je le gagnai à l’idée qu’une action pendant les Jeux olympiques aurait une répercussion internationale dont l’ampleur pourrait mener à la chute du Reich. Je parvins au fil de nos échanges à le convaincre de l’intérêt de notre appui, en lui assurant que nous n’interviendrions pas dans l’exécution finale, mais en proposant de l’organiser en commun pour assurer les meilleures chances de réussite.

Grâce à un réseau de complicité organisé par des anti-nazis romands, de relais en relais dans la campagne suisse, Baumfurter passait la frontière du canton de Vaud trois jours plus tard et rejoignait les forêts enneigées du Haut-Doubs.

Nous avions préservé notre future main exécutante désormais munie d’une nouvelle identité.


Nous avions deux ans pour préparer l’opération « Schuss aufs Tor ». C’était une chance inespérée, par un « Tir au but » retentissant, de provoquer une secousse qui libérerait l’Allemagne en assurant la paix au monde !

Durant ce délai notre groupe de conspirateurs et son réseau d’observateurs et de renseignements réussirent à placer sans trop de difficultés dans les structures d’organisation des Jeux, en Allemagne et au siège du CIO, des « personnes compétentes » dont le statut réel de techniciens du sport ne pouvait pas être mis en doute. Ce sont eux qui permirent au fil des mois de mettre au point le processus devant conduire à l’éradication du nazisme.

Dans le même temps nous recevions de milieux très informés des éléments susceptibles d’améliorer notre stratégie. Nos agents implantés dans les coulisses du CIO et nos complicités militaires au sein de la Wehrmacht s’avéraient utiles alors que notre plan prenait corps, de plus en plus précis, laissant le moins de place possible aux aléas.


À l’approche de l’échéance fatidique de l’ouverture des Jeux en août 1938, le doute sur la réussite de notre action s’insinuait parfois dans l’esprit de certains de nos membres. Mais l’affaire était trop avancée pour reculer. À partir du moment où nous lancerions la machine tout reposerait sur une coordination précise de sa mise en œuvre.


Le 1er août nous nous trouvions au pied du mur.


Un fâcheux imprévu faillit remettre en cause le déroulement de notre entreprise. L’attentat devait se produire lorsque l’un des vainqueurs français d’une des compétitions serait présenté au dictateur. Or on nous annonça qu’Hitler saluerait uniquement les athlètes germaniques. Si tel était le cas, nous n’avions pas le moyen de recomposer notre stratégie. Notre interlocuteur au CIO intervint auprès des dirigeants de l’instance sportive afin de démontrer que cette attitude était contraire à l’idéal d’universalité olympique. Goebbels même fut approché pour lui demander de démontrer au chancelier que l’usage voulait qu’il salue tous les athlètes vainqueurs ou qu’il renonce à toutes les poignées de main. Le lendemain Hitler quitta la tribune avant que Jesse Owens se soit rendu au rendez-vous officiel. Notre plan semblait prendre l’eau un peu plus et, sans autres recours, nous allions devoir renoncer. Les autorités sportives déconcertées et mécontentes intervinrent à nouveau auprès du ministre de la propagande. Celui-ci, faisant montre d’une bonne volonté inaccoutumée et surprenante chez un homme aussi attaché à son mentor, parvint à persuader Hitler que son attitude pouvait avoir un effet négatif pour l’image internationale que le Reich souhaitait alors donner au monde. Il réussit à provoquer un nouveau revirement du Führer.

Nous étions soulagés pour poursuivre sur la voie que nous avions tracée.


Le sort nous favorisa. L’équipe cycliste de poursuite sur piste ayant brillamment remporté l’épreuve, ce ne serait pas un, mais trois athlètes, qui se présenteraient devant Hitler. Il devenait donc plus simple pour nous de substituer Baumfurter à l’un d’eux ou de l’introduire dans la délégation.


Voici les faits tels qu’il les a présentés pour rendre compte de sa mission :

Il nous était apparu plus simple plutôt que de compromettre un des athlètes de me substituer au responsable qui devait conduire le groupe jusqu’à la tribune officielle. Des complices en mesure de me fournir un insigne officiel furent chargés de retenir et de retarder le véritable commissaire sportif sous un prétexte quelconque. À l’heure prévue, je m’avançai à la tête des trois athlètes, une arme légère dissimulée dans mon veston. L’approche m’apparaissait un peu trop aisée car de tout le trajet aucun militaire, aucun policier, ne vint à notre hauteur. Certains même nous saluèrent avec le respect dû semble-t-il aux vainqueurs. Parvenu au bas de la tribune officielle, j’aperçus le gros (sic) Goering qui s’effaçait devant Hitler. Bizarrement, rompant avec les consignes habituelles en débordant le cordon de miliciens censé interdire l’accès à la tribune officielle, une masse de spectateurs semblait se diriger vers nous, nous couvrant d’acclamations.

Goebbels présent au pied des marches de l’estrade paraissait nous attendre. Ma cible se trouvait à quelques pas. C’est lui qui donna l’ordre au soldat posté là de s’écarter pour laisser le passage au Führer qui descendait lentement, la tête haute. Nous toisant il s’approchait la main tendue plutôt négligemment, comme s’il assumait une corvée. J’avais pris place derrière un membre de la Fédération cycliste internationale qui me masquait aux yeux de Goebbels. À quelques pas en arrière Hitler s’était arrêté. Je sortis mon arme et tirai trois fois (peut-être quatre), en criant aux autres : « Couchez-vous ! » Dans le moment de stupeur qui suivit je fus happé par la foule de spectateurs dont je compris qu’ils avaient été recrutés pour semer la confusion et favoriser mon retrait. Nos complices avaient préparé un leurre, un homme vêtu comme moi et qu’ils retinrent en criant : « Il est là, il est là ». Ils se jetèrent sur lui pour accentuer le désordre afin d’attirer policiers et militaires. Aucun autre coup de feu que les miens ne fut entendu. Je n’ai pas de souvenir précis de la façon dont on m’a exfiltré hors du stade, cela m’est apparu a posteriori étrangement facile. Mais la situation était tellement chaotique. Une bonne partie du public pris de panique avait quitté les gradins dans une ruée désordonnée. L’affaire avait été plus que hasardeuse, mais je connaissais les risques et j’étais prêt à sacrifier ma vie.


L’essentiel était accompli ! Hitler était mort, il gisait au pied du podium !


Les Jeux olympiques furent suspendus immédiatement. Comme il était impossible aux autorités allemandes, en fermant totalement les frontières, d’empêcher les délégations sportives de regagner leurs nations nous avions la possibilité de tirer profit de cette opportunité en nous mêlant à tous ceux qui souhaitaient quitter précipitamment le Reich. La nouvelle de l’assassinat d’Hitler fit le tour des agences de presse du monde entier. Il y eut même quelques chefs d’État pour s’apitoyer peut-être avec une certaine hypocrisie sur son sort. Quant à l’Allemagne elle entra dans une période aussi trouble que celle qui avait précédé l’arrivée des nazis au pouvoir à l’époque du chancelier Hindenburg. En septembre et en octobre les grandes villes connurent des affrontements violents entre des groupes partisans de diverses tendances, alors qu’à l’inverse les pays annexés précédemment semblaient être encore tenus d’une main de fer par les dirigeants nazis mis en place par Hitler et ses comparses. Le chaos que nous attendions et que nous avions espéré paraissait curieusement contenu, comme si une tête invisible avait fixé un cadre et des limites à l’anarchie, avec pour corollaire une énorme difficulté pour nos partisans à prendre la main sur les événements. Plusieurs furent d’ailleurs victimes de meurtres comme s’ils avaient été reconnus comme instigateurs.


Le 7 novembre 1938, Herschel Grynszpan un jeune juif polonais assassinait d’une balle de revolver Ernst vom Rath 3e secrétaire de l’ambassade d’Allemagne à Paris. L’exécution donnait le prétexte pour déclencher dans la nuit du 9 au 10 novembre un terrible pogrom soutenu par une propagande démesurée pour désigner les juifs à la vindicte populaire en s’appuyant sur la Gestapo et les jeunesses hitlériennes : la Nuit de cristal.


Puis des troupes venues d’Autriche convergèrent vers Berlin pour rétablir l’ordre avec une brutalité sans retenue, appuyées par les éléments de la Gestapo et de la SS. C’est alors qu’on vit réapparaître Goebbels dont les propos virulents rassemblèrent à nouveau autour des structures du national-socialisme ce que l’Allemagne recelait d’antisémites, et de revanchards, de pangermanistes et d’opportunistes. Le ministre de la propagande secondé par les anciens dignitaires du régime organisa pour son ancien maître des funérailles d’ampleur inégalée qui ressoudèrent la population dans une communion nationale fervente. Puis il se coula dans les habits du Führer.


Des informations venues de nos sources précédentes nous apportèrent alors une révélation qui nous laissa effondrés et ébahis. Depuis le début, Goebbels était informé de notre complot. Nous croyions avoir pénétré certaines structures nazies alors que c’était lui qui avait infiltré notre appareil. Notre projet d’assassinat d’Hitler allait dans le sens de ses ambitions et si la mise en œuvre finale avait paru étrangement aisée, il avait largement contribué par des manigances à ce que nous parvenions à des fins qui finalement le servaient. Il n’en était pas à sa première trahison pour gravir les marches menant au pouvoir. Son amitié et son admiration pour Hitler avaient une limite, celle de sa propre mégalomanie.


La politique nazie que nous avions contribué à retarder en éliminant Hitler se remit en marche avec sa suite d’exactions, de reniements, de ruptures d’engagement, de conquêtes territoriales. Goebbels nous avait bien leurrés en tenant notre conjuration secrètement dans sa main. Ce même mois de novembre Anglais et Français s’aplatirent à Munich, acceptant ce que Churchill dénonça en ces termes : « Ils avaient à choisir entre la guerre et le déshonneur, ils ont choisi le déshonneur et ils auront la guerre ! »


À se demander si les artistes manqués ne portent pas en eux les germes qui génèrent les tyrans : devenu le nouveau Führer du Reich Goebbels, le tragédien raté se révéla encore pire que son prédécesseur le peintre au piètre talent. Il est certain que nous avions contribué au remplacement d’un dément criminel par un fou monstrueux dont l’obsession antisémite, et les rêves de domination, conduisirent au plus grand carnage de l’Histoire dont chacun connaît les tragédies. Les millions de morts, l’horreur de la déportation, l’élimination de populations entières, juifs et tziganes, et de tous ceux qui ne rentraient pas dans la norme. La Grande-Bretagne envahie, la destruction de Rome, la bombe atomique soviétique sur Dresde pour accélérer la fin de la guerre qui déclencha la révolte anti-nazie de la Wehrmacht et les premières capitulations. Puis la victoire finale des Alliés après la prise par les troupes de la 2e division blindée de Leclerc du bunker de Berchtesgaden où le tyran se donna la mort par empoisonnement avec sa femme et ses six enfants.


Il faut croire que l’Histoire était écrite ! Nous avons été impuissants à en changer le cours. Mais alors, sommes-nous à l’abri de l’ambition de quelques va-t-en-guerre qui nous ramèneraient au nom d’idéologies criminelles et de religions fanatiques vers les sombres heures d’une réalité qui, même différente, répéterait dans des circonstances identiques les mêmes horreurs ?




Pour ce récit je me suis aligné sur un genre particulier de récit uchronique qui postule que si une cause vient modifier le cours de l’Histoire, celle-ci a un moment donné va se rétablir suite à un autre événement, pas forcément dans le détail, mais dans sa ligne générale.

Ici, le report inventé des Jeux olympiques conduit à modifier le cours historique, mais l’exécution de vom Rath (réelle historiquement) remet les événements dans leur sens initial.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   poldutor   
2/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour, superbe, j'ai adoré cette nouvelle, on croirait le récit de l'Histoire vraie...
Tout y est : les événements, le report des JO qui rendent plausibles l'attentat. Après coup, on s'étonne de la facilité avec laquelle il se serait déroulé, mais sur le moment on " marche", car c'est très bien emmené.
Que ce serait-il passé, si cet attentat réussi avait réellement existé ? Il n'est pas sûr que Goebbels ait eu les épaules de mener le Reich, d'autre part, les appétits des dirigeants nazis se seraient sans doute révélés mortifères pour l'Allemagne, et alors...

Bravo pour ce bijou de texte, merci pour ce moment magique.
Cordialement.
poldutor en E.L

   wancyrs   
10/8/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Salut à vous,

Je suis resté très en dehors du récit ; on dirait un documentaire. C'est sans doute due à la narration... Je dois néanmoins saluer le travail de documentation, mais je trouve l'ensemble froid, survolé et sans beaucoup de profondeur. On trouve dans le texte beaucoup d'anti-nazi sans allusion aux raisons de cette aversion au nazisme ; cela fait des personnages sans véritable profondeur... À la fin de ma lecture je suis un peu déçu car l'histoire de Goebbels est identique à celle du dictateur assassiné. J'avais espéré une toute autre fin, mais bon !

   ours   
25/9/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour

Quel travail ! Voici un texte vraiment bien étayé, on sent l'esprit du résistant dans ce récit où le narrateur/acteur nous place au coeur de son action. J'ai trouvé cela particulièrement maîtrisé et tellement détaillé qu'on s'y croirait. Un très agréable moment de lecture, Merci et Bravo !

PS : Un petit bémol cependant sur le dernier paragraphe "Il faut croire que l’Histoire était écrite ! Nous avons été impuissants à en changer le cours. Mais alors, sommes-nous à l’abri de l’ambition de quelques va-t-en-guerre qui nous ramèneraient au nom d’idéologies criminelles et de religions fanatiques vers les sombres heures d’une réalité qui, même différente, répéterait dans des circonstances identiques les mêmes horreurs ?"

... qui nous donne l'impression que le narrateur compare la réalité qu'il a vécue avec celle que nous connaissons en tant que lecteur. Hors il ne la connaît pas. C'est le seul reproche que je ferai à ce texte que je trouve particulièrement bien mené.

   Alcirion   
25/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Les hommes font l'histoire mais il ne savent pas qu'ils la font, pour reprendre l'idée marxiste. Sa matière, le réel, peut être influencé par les idées, les actions mais une dans certaine mesure seulement. Ce ne sont pas les révolutionnaires qui font les révolutions, en quelque sorte. Le cours de l'histoire n'est pas pré-établi et je ne pense pas non plus qu'un mouvement en cours soit inexorable, trop de facteurs politiques, économiques, démographiques interviennent.

C'est ce qui me dérange dans votre histoire. La disparition d'Hitler n'aurait en aucun cas résolu la crise que traversait l'Allemagne depuis la fin de la première guerre mondiale. Les Etats-Nations européens se seraient déchirés d'une manière différente sans doute mais les racines de la crise n'auraient pas disparues avec le Führer. Le Nazisme est le résultat de plusieurs aléas mais lui non plus n'était pas inexorable. La crise aurait pu trouver d'autres solutions, surtout dans le climat révolutionnaire mondial de l'époque.

Sur la forme, le texte est agréable, bien écrit, sans fioritures. C'est cohérent et bien amené. Le fond historique semble bien connu et se prête tout à fait à cette uchronie.

   thierry   
25/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Un récit bien mené et plaisant à lire.
Toutefois, l'envergure de la question (déjà traitée de nombreuses fois bien sûr) mérite de grands reliefs et je trouve la narration plate, sans image, purement factuelle. On est dans la description, le témoignage brut.
J'aurais aimé en savoir plus sur ce personnage "juif allemand" est trop court. On pouvait aussi par extension resituer la construction du groupe, etc.
La relation des évènements est finalement peu claire : " Nos complices avaient préparé un leurre, un homme vêtu comme moi et qu’ils retinrent en criant : « Il est là, il est là »." juste pour semer plus de chaos ? Un évènement aussi organisé, précis se retrouve soudain aux mains de gens inconnus ? J'ai un peu de mal à suivre mais sans doute n'ai-je pas fait assez attention.
Justement, si un lecteur ne fait pas assez attention, c'est peut-être une question de rythme dans la narration. Les faits qui surviennent tiennent relativement peu de place (une partie de la lettre de Baumfurter) au milieu d'autres considérations, générales ou accessoires.
Je trouve deux points forts, très bien amenés : la chute de l'histoire par la manipulation de Goebbels. De ce que l'on sait du personnage, encore plus lâche que fourbe, je ne sais pas si c'est très crédible mais ce retournement est très subtil. Faire de cette manipulation l'instrument qui fera rentrer l'Histoire dans ses rails ne l'est pas moins.
Merci pour cette construction et le plaisir de vous lire

   GillesP   
26/9/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,
Votre nouvelle me paraît cohérente à quelques détails près, les événements historiques réels sont habilement insérés dans le tissu de la fiction. Les contraintes du concours sont respectées, avec une certaine malice puisque vous prenez le contre-pied d'une uchronie habituelle : "le nez de Cleopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé", écrivait Pascal. Vous vous inspirez de ce propos célèbre, au début de la nouvelle, pour le retourner complètement. Vous montrez en effet clairement que l'histoire est retombée sur ses monstrueuses pattes, le remplacement d'un fou furieux par un autre provoquant les mêmes horreurs.

Il n'en demeure pas moins que je suis resté un peu extérieur à cette histoire. Quand j'ai terminé ma lecture, je me suis demandé pourquoi. Et j'ai fini par trouver plusieurs raisons:
- la narration, tout d'abord: l'écriture est académique, elle m'a donné l'impression d'un article de presse, correctement écrit mais dénué de surprise, sans un seul pas de côté venant accrocher le lecteur. C'est sans doute voulu, vous avez voulu vous situer du côté de la chronique, mais du coup vous frustrez un lecteur qui attendrait un style particulier.
- l'histoire, finalement, se résume en une ligne: on tue Hitler mais Goebbels prend sa place. L'effet de surprise intervient quand on comprend que c'est ce dernier qui a favorisé l'attentat, mais cela fait trop peu pour maintenir mon intérêt.
- il n'y a quasiment aucune scène vivante. On a l'impression d'assister à un résumé de divers événements. Ce n'est pas inintéressant, mais cela donne un caractère froid, non incarné, au texte.
- les personnages existent à peine: on ne sait pas grand chose du narrateur, encore moins de l'exécutant de l'attentat. Cela contribue à la froideur évoquée ci-dessus.
- le choix de la période est à mon sens très- trop- prévisible. En effet, dès qu'on pense "uchronie", on pense à Hitler et au nazisme, il me semble.
- il y a une incohérence entre le début de la nouvelle (le narrateur clairement qu'une modification d'un événement change le cours de l'histoire) et la fin (rien n'a changé, finalement. A moins de considérer que le narrateur soit ironique au début, mais la suite de la narration montre qu'il n'est pas particulièrement porté sur le second degré.

Bonne chance pour le concours.

GillesP.

   maria   
26/9/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

L'histoire est bien imaginée et racontée clairement, trop peut-être.
Je déplore une écriture plate, à la limite du manuel scolaire mais je salue le travail de documentation.

Le choix de tuer Hitller dans cet exercice d'uchronie me gêne.

J'imagine ce que peut dire une personne qui"aime" Hitler, après la lecture : Vous avez vu (lu), Hitler est mort et ça s'est quand même passé, tout ça !
J'ai peur que ça conforte ceux qui veulent réhabiliter certains monstres de notre histoire.

Je demande pardon à l'auteur(e) d'avoir de telles idées. Car ce texte n'invite absolument pas à cela.
Je suis maladroite en le disant, j'ai osé quand même.

Merci pour le partage et bonne chance.

   Tiramisu   
26/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

L'idée est interessante, réussir un attentat contre Hitler, et malgré tout le destin de l'Allemagne reste le même avec un Goebbels qui devient le Führer et qui a donc laissé faire l'attentat à son profit. Nous sommes donc dans la logique du concours puisque c'est un changement dans la grande Histoire. Le fond est donc au rendez vous.

Je reconnais que l'idée n'était pas facile à traiter en nouvelle car beaucoup d'informations étaient de fait à donner. Malgré tout, je trouve le traitement trop descriptif et explicatif et éloigné du narrateur ce qui rend la narration assez indigeste. Dommage.

Bonne chance pour le concours.

   hersen   
27/9/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Choisir cette période, ce personnage, est en quelque sorte attendu, tant on se dit que toutes ces horreurs auraient pu être évitées...et puis non, vous nous replongez dans l'âme humaine bien noire.

c'est un point de vue avec lequel je suis assez d'accord. s'il y a pression, il faudra que d'une façon ou d'une autre ça éclate. Et dans le cas présent, le terreau socio-économique de toute façon ne présageait rien de bon.

Donc une uchronie bien "bricolée", plausible si on reste dans les grandes lignes.

Et c'est là que le bât blesse. Que ce soit plausible ne couvre qu'une part de l'oeuvre. Malheureusement ici, je trouve la narration si froide que je reste très distante, je ne ressens rien pour les personnages, c'est beaucoup trop factuel du début à la fin. Tout est sur le même ton, c'est métallique. Le mot qui me vient en fin de lecture.

mais il est possible que ce soit ce que l'auteur a voulu, rester dans un cadre désincarné.

merci de la lecture.

   Donaldo75   
11/10/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

L'uchronie est bien documentée et la fin nous amène encore plus loin que la réalité, avec cette bombe atomique soviétique sur Dresde - je ne me souviens pas que l'URSS était aussi avancée dans la recherche sur cette technologie car les efforts de guerre accaparaient ses moyens - qui ajoute de l'uchronie à l'uchronie.

Je regrette le style employé, assez classique, pour ne pas dire daté, au départ puis documentaire. Peut-être aurait-il fallu carrément adopter une posture journalistique, du genre un journaliste raconte cette incroyable histoire, ce qui aurait permis de changer la perspective sans dénaturer la nouvelle de sa matière principale. En l'état, elle apparaît assez désincarnée, ce qui est dommage car ce sont des héros qui ont réussi cet assassinat en pleine Allemagne nazie, dans le temple du Troisième Reich.

Cependant, la nouvelle se lit bien et reste prenante.

   JPMahe   
1/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Merci pour cette nouvelle, qui se lit. Dépouillé de tout artifice, elle peut manquer d'un peu de relief mais pas d'efficacité. Faire de Goebbels un leader est osé tant on sait qu'il était l'image même d'un lieutenant, assujetti à son furher. D'un point de vue historique, en l'année 1938, les généraux de l'armée n'était, quant à eux, pas encore totalement soumis à Hitler, et il est probable qu'ils n'auraient pas suivi Goebbels. Sur l'assassinat lui même, on aurait pu refaire l'attentat de la Brasserie en 1933, qui échoua car Hitler quitta la Brasserie avant l'heure prévue. Sur le style, je pense qu'un style journalistique d'époque aurait pu rendre plus crédibles certains passages. en tout cas un bel exercice d'uchronie.

   JPMahe   
2/11/2019
Modéré : Commentaire hors charte (se référer au point 6 de la charte.

   papipoete   
2/11/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour Robot
Assassiner Hitler ne put que changer la face de l'histoire ; tant de courageux se lancèrent dans cette mission qui, si elle venait à louper, leur coûterait tortures, mort assurée la plus abjecte qui soit, à eux et les leurs ! Toutes ces tentatives échouèrent, comme celle du lieutenant von Stauffenberg lors de l'opération Walkirie.
Mais un jour enfin, l'une d'elle se déroulant lors des " JO ", non sans risque aboutit à la mort du Führer, grâce à l'opération " tir au but " ! Enfin Hitler éliminé le cours de l'histoire allait changer...
NB l'auteur traite un sujet idéal pour une uchronie, la guerre de 39/45 dont la fin viendra forcément, avec l'élimination de son Dieu tout puissant, qui galvanisait les foules malgré ce qu'elle endurait ! Enfin, une opération coupait le Chêne qui régnait sur des millions d'allemands, et sur le monde entier bientôt si rien ne l'arrêtât !
Nous vivons, au coeur de ce complot qui se trame, et chaque instant, en particulier l'approche de la cible à abattre ( cette main qui serre des autres comme une corvée ) est palpitant ! on sent que le rouage va se gripper sous un grain de sable, un petit grain de sable au milieu d'une dune ! mais non, tout fonctionne à la perfection !
Tout pourrait changer enfin ! mais est pris qui croyait prendre, avec cette vision de l'auteur sur Goebbels, taupe au milieu des résistants même, qui n'attendait que ce fameux " Schuss aufs Tor " pour prendre la place inespérée de son idole moustachue !
La face du monde ne serait pas changée, et l'histoire déroulera son tapis d'horreurs, et la guerre cessera non point avec le suicide d'Hitler et son Eva, mais avec celui du nouveau Maître Goebbels et toute sa famille !
L'auteur ( fort instruit de cette terrible page de l'histoire ) trouve là une idée bien originale, en tournant presque en " fable " la ruse de ce chancelier du Reich " par intérim " qui savait tout de ce qui se préparait pour ces jeux olympiques...
L'ensemble du récit est captivant, et l'on sent monter la tension de bout en bout !
Cette uchronie ( terme dont j'ignorais le sens jusqu'au concours ) est bien menée, et l'on y croit sans l'ombre d'un doute !
Mais même avec cette idée de mort du Tyran, la guerre continuera...
Bravo à l'auteur pour la maestria, avec laquelle il sut traiter sa vision d'une " autre fin de cette guerre " !

   Robot   
2/11/2019


Oniris Copyright © 2007-2023