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Brèves littéraires
Donaldo75 : Ich bin gemacht wie ein Camembert
 Publié le 19/07/25  -  3 commentaires  -  1993 caractères  -  28 lectures    Autres textes du même auteur

L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde.
(Albert Camus)


Ich bin gemacht wie ein Camembert


Ils ont refermé le couvercle sans un mot, sans même un regard, le genre de silence qui pue la trahison. Mon nom est K, grenouille de formation, rêveuse de vocation. Aujourd’hui, lamelles à la carte du restaurant étoilé Castel. Je vais finir au fond d’une assiette, décorée d’un trait de vinaigre balsamique et pleine de mes regrets.


Mon histoire s’affiche d’une banalité consternante. Je suis née batracien en Bavière, un pays où l'on ne rigole pas avec la mécanique, où l’ordre s’érige en religion, où le verbe se met à la fin. Là-bas, je me sentais l’anomalie, le cheveu dans la soupe, alors que moi je rêvais simplement de ronds-points rétrogrades et d’alexandrins à treize pieds. Un jour, lassée de mon présent trop gris, j’ai décidé de sauter le pas, prenant mon baluchon et traversant le Rhin. Mon choix s’est naturellement porté sur la France, la patrie des penseurs, le havre des artistes, là où la lumière domine le monde. J’ai quand même sué mon latin pour passer leurs foutus tests d’intégration avec la dictée de Pivot, les chants du Paris Saint-Germain, les dégustations de beaujolais nouveau, les blagues des « 12 coups de midi ». Je suis allée à Beaubourg écouter des gars à grosses lunettes s’extasier devant une croûte peinte par la queue d’un baudet. J’étais fin prête. Déclarée verte et intégrée. Et je suis rentrée chez Castel, l’icône de la culture locale, un phare dans la nuit, du moins selon mon recruteur.


Je ne le savais pas encore mais la France a un goût étrange pour l’ironie culinaire, le genre qui commence par l'accueil et finit en court-bouillon. Un second de cuisine m’a émincée proprement, froidement, méthodiquement, avec un petit sourire en coin. J’ai néanmoins déposé un recours auprès de l’Union européenne, une lettre tapée sur une feuille humide mais je sais comment ça se passe. Les dossiers comme le mien se perdent dans des couloirs plus longs qu’un hiver ukrainien. J’aurais dû choisir l’Angleterre. Là-bas, même les cygnes ont des avocats.


 
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   Lau   
19/7/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime un peu
Bonjour,
L'objectif de l'auteur est difficilement compréhensible. Peut-être souhaitait-il prendre la défense des petites bêtes et des plus grosses, qui finissent dans une assiette mais il ne convainc pas, n'évoquant pas les conditions d'élevage ni d'abattage, ne se rebiffant pas davantage contre la culture culinaire française, même quand il la qualifie d'ironique. Ce terme inapproprié aurait pu être remplacé par les mot cruel ou indifférent. Le texte n'adopte aucun ton, ni pamphlétaire ni ironique. Il ne dénonce pas la culture française, laissant croire qu'elle est la seule patrie des artistes et des philosophes, alors que le titre allemand sous-entend une préférence pour la culture allemande, peut-être plus écologique et végétarienne que les autres. Confronter ces deux cultures dans un développement aurait peut-être été plus percutant...

   papipoete   
19/7/2025
trouve l'écriture
convenable
et
aime un peu
bonjour Donaldo
Ta plume ne connait pas la crise...
" je suis faite comme un fromage "
J'ai trouvé qu'on ne s'était pas comporté en gentleman, avec moi et pourtant j'allais depuis ma Bavière natale, de chic à grand-chic des plus grandes tables parisiennes...
je suis une grenouille, une simple grenouille, mon ordinaire en somme...
NB il doit y avoir une subtilité de langage, ( une histoire de cuisses ? ) qui ne me sauta pas aux yeux. Mais ce doit être haut-perché, un peu comme les toiles aux cimaises de Beaubourg ; mais je n'ai pas les lunettes appropriées...

   Ornicar   
19/7/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Don,

C'est sobre, clair, efficace et comique.
Bonne idée que de commencer la narration par la fin de l'histoire avant de revenir en arrière à la façon d'un film. L'entame ("Ils ont refermé le couvercle sans un mot, sans même un regard, le genre de silence qui pue la trahison") accroche immédiatement l'intérêt du lecteur et augure bien de la suite. Non seulement l'écriture est fluide mais je la trouve vive et alerte. Je ne me suis pas ennuyé à la lecture. Pas le temps ! Tout va très vite dans ce récit, un peu comme la projection d'un film en accéléré, quitte à prendre quelques "raccourcis", au sens propre comme figuré. Résultat ? Pas de longueur inutile à déplorer. Voilà pour le coté sobre, clair, efficace, bref, un peu "qualité allemande", histoire de prolonger le plaisir.

Coté comique, c'est également réussi. D'une part, parce que le narrateur est ce "batracien" d'outre Rhin auquel l'auteur a eu la bonne idée de prêter la parole. Plutôt que main forte pour le tirer d'un mauvais pas. Ensuite, parce que tout le texte repose sur une succession de clichés, de "raccourcis" - nous y voilà - sur "les uns" et "les autres"; les "autres" étant toujours définis comme ces chers voisins originaires de pays limitrophes au notre. En gros, les allemands aiment "l'ordre" tandis que les français sont tous des mangeurs de grenouilles. Bien entendu, ce ne sont pas là les pensées de l'auteur, mais celles qu'il prête par jeu à sa créature. Le second degré devient alors manifeste et patent.
La petite note absurde ou surréaliste ("J’ai néanmoins déposé un recours auprès de l’Union européenne, une lettre tapée sur une feuille humide") en rajoute une couche. Bref, c'est le bon texte au bon endroit.


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