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Sentimental/Romanesque
ecritvain : Philippe
 Publié le 07/06/20  -  10 commentaires  -  15438 caractères  -  108 lectures    Autres textes du même auteur

« L'occasion a des ailes et s'envole. » Victor Cherbuliez (1880)

Il l'aurait bien saisie, l'occasion, Philippe, si seulement il en avait eu l'occasion.


Philippe


Le dernier de la bande, celui qui est toujours en retard, arrive enfin à la table du bar. Ils s’exclament tous, trop fort, pour montrer qu’ils ont pas peur, qu’ils s’en fichent d’attirer l’attention, qu’ils ont confiance en eux. Il était encore avec une gonzesse c’est sûr, regardez-le avec son petit sourire ! L'intéressé pose ses fesses sur la même banquette que d’habitude, tiens, aujourd’hui elle colle pas, c’est une amélioration, on va laisser un pourboire à Bébert. Philippe lui colle un coup de poing dans l’épaule, t’en as encore ramené une à la maison hein ? L’autre ne répond pas, et commande sa pinte en souriant.


C’est sûr que c’est pas Philippe qui sourirait comme ça. Béat, heureux, suintant encore le sexe par tous les pores. Pour ça, il faudrait déjà qu’il baise. Son sourire à lui, il est figé. Il regarde sa pinte, fait semblant d’être content pour son pote, boit une gorgée et fuit le regard des autres pour éviter la conversation habituelle, celle qui demande combien de temps ça fait pour lui, celle qui demande pourquoi, celle qui demande ce qu’il attend pour se remettre en selle, celle qui demande beaucoup de choses mais qui blesse plus qu’elle ne guérit.


Il s’empresse de lancer un autre sujet, à la volée, un homme politique, une chanteuse, le maire, un voisin, peu importe, il sait qu’ils vont tous l'attraper au vol et se le balancer autour de la table à coups de piques et de saillies. Ils sont comme ça, dans son groupe de potes : ils aiment bien se moquer. C’est pas méchant, hein, c’est juste que bon, y a tellement de cons partout, autant en rigoler. Philippe, c’est pas le dernier pour ça, il aime bien, ça lui donne le sentiment de s’élever un peu, ça lui permet de montrer qu’il est pas juste un employé de banque comme ses cons de collègues. Il pourrait être ailleurs, lui, il est plus intelligent. C’est juste que des fois dans la vie bah, l’occasion se présente pas, on peut rien y faire, écoute. Alors on se lève le matin et on va au boulot, parce que faut bien vivre. Même si ça rend pas heureux. Il a ses potes au moins, à défaut d’avoir une madame Philippe qui l’attend à la maison.


C’est sûr que ça a fait vide au début, quand elle est partie, Élise. C’est la seule qu’il ait jamais appelée sa « copine ». Au bout de deux ans, on s’habitue à la présence de l’autre, même sans faire attention. Il a peut-être pas assez fait attention justement, parce que quand elle s’est barrée avec l’autre con, elle lui a lâché un truc qu’il a pas trop compris, mais Philippe t’es bête ou quoi ? Bah ouais, il doit être bête, parce que trois ans après il a toujours pas compris. Les gonzesses, ça lui échappe, de toute façon. La preuve : rien depuis. Trois ans de disette. Ses potes s’amusent à compter les mois d’abstinence, « les points peanuts » qu’ils appellent ça, mais bon ça fait longtemps qu’ils ont changé le barème pour lui, ils comptent en années, plus en mois. Ça fait chier, mais bon c’est pas pire que quand il se le dit tout seul dans sa tête, et au moins avec ses potes il peut faire semblant d’en rire, de s’en foutre. Et puis de toute façon c’est pas sa faute, c’est les occasions qui se présentent pas, c’est tout. La calvitie qui lui mange le front aide pas aussi, putain trente-deux ans c’est tôt pour perdre ses cheveux non ? Tout se ligue contre lui, même l’embonpoint qui touche la table du bar, là, il existerait pas si l’autre pétasse était pas partie, le laissant se faire la bouffe tout seul, alors qu’il déprimait. Foutue Élise. Et foutu connard qui lui avait piqué.


Il reconnecte avec la conversation, lâche deux ou trois vannes sur le vendeur arabe de l’épicerie du coin, c’est à son tour de se faire balancer à droite à gauche, tant pis pour lui, ça lui fera les pieds, il a qu’à vendre son alcool moins cher, 12 balles la vodka dégueulasse, c’est scandaleux. Philippe s’envoie une grande lampée dans le gosier, ça lui fait du bien, les bulles, la chaleur qui se répand et qui rend tout plus doux, tout plus drôle. Même son ventre paraît plus léger et ses cheveux plus présents sur son front. Il éructe et tousse dans sa main, deux fois, trois fois, et merde quelle connerie ce truc. Des mois qu’il a ces quintes de toux récurrentes, mais il va pas aller chez le médecin pour si peu, ça finit toujours par passer.


Celle qui s’en ira pas toute seule, par contre, c’est cette envie de pisser, alors à tout à l’heure ! Une grande claque sur la table en bois et il se traîne jusqu’aux chiottes pour se soulager. En revenant, sa bedaine devant lui, son front dégarni au-dessus, il aperçoit un petit bout de femme assis au comptoir. En reposant ses fesses sur la banquette, fais-moi la place enfoiré sérieux, casse-toi, il la voit toujours, commander un cocktail, rire avec sa pote, fort, comme si elle s’en foutait qu’on l’entende, sauf que pour elle c’est sûrement vrai. Elle est jolie, mais pas jolie comme dans les pubs ou dans les pornos. Elle a des yeux clairs et des cheveux ondulés. Il sait jamais les couleurs, il dirait châtain, ou blond foncé. Elle s’est bien préparée, ça par contre il sait le remarquer, le maquillage autour des yeux, le rouge à lèvres, le petit haut court qui laisse voir le nombril. Ça fait jeune, mais il aime bien. Elle doit avoir quoi, deux, trois ans de moins que lui ? À peine. Toute façon à son âge ça a plus tant d’importance.


Trente-deux ans, ça commence à faire beaucoup de discussions chiantes avec les parents, avec le frère cadet qui a déjà trouvé la femme de sa vie, avec les collègues qui se sont mariés, divorcés, puis remariés, avec soi-même aussi. On se dit qu’il serait temps. Alors les standards baissent, forcément, mais bon c’est pas pour ça qu’il continue à regarder la petite blonde, ou châtain clair, peu importe. Pas que pour ça. Y a aussi ce petit truc, ce truc qu’il avait déjà vu chez Élise, et chez d’autres femmes qui avaient pas voulu de lui mais dont il garde un souvenir vivace. C’est cette étincelle, cette fraîcheur, ce pétillement dans le sourire et cette espèce de vibration de l’air autour d’elle. Comme une aura de désir. Sauf que le désir, il vient pas d’elle, il le sait, il vient de lui, de quelque part en dessous sa bedaine plus exactement. Il suit plus trop la conversation, mais peu importe, ses potes ont l’habitude de le voir sombrer un peu après la deuxième pinte, ils vont pas le faire chier. C’est pas qu’il tienne pas l’alcool, non, mais ça lui fait toujours remonter des idées pas toutes roses.


Cette fois, il pense à sa passion pour la photo. Trouver un sujet, raconter une histoire, trouver le bon angle, la bonne lumière, tous ces plaisirs qu’il laisse peu à peu mourir, faute de les avoir jamais assumés devant quiconque. Ses potes se foutraient de sa gueule, la seule passion qu’ils lui autorisent, c’est le FC Metz, et pourquoi pas la bière brune, à la limite. Ses parents lui jetteraient un regard méprisant, une lubie d’ado, c’est pas avec ça que tu vas te sortir de ton boulot de merde à la banque, si tu te bougeais un peu, comme ton frère. En général, après la troisième pinte ça va mieux. Ça le motive pour prendre une grande gorgée, autant passer le mauvais stade vite, tout en continuant à zyeuter la demoiselle.


Elle est assez proche pour qu’il puisse voir un léger duvet de transpiration fleurir au-dessus de sa lèvre supérieure, c’est qu’il fait une chaleur à crever dans ce bar, et elle s’agite tellement, à force de rire et de parler avec ses mains. Il détaille aussi sa mâchoire fine, ovale, qui se termine sur un petit menton, presque enfantin. Il s'en veut d'avoir pensé ça, il est pas comme ces enculés de pédophiles, merde. Il met enfin le doigt sur ce qu’il aime le plus dans ce visage angélique : le nez. Il est pas parfait, non, loin de là, mais justement. Il est trop fin, trop arqué, trop saillant. Il s’échappe, il se tend vers le monde dans un élan figé. Nul doute qu’elle le déteste, qu’elle l’a maudit des milliers de fois devant le miroir, qu’elle a cherché à lui faire un sort avec la chirurgie esthétique, avant de se raviser devant le prix. Mais Philippe, il l’adore, ce nez. D’abord parce qu’il est mignon, en soi, ça lui donne un air inquisiteur et coquin, à la petite dame, alors ça l’excite encore plus sous la bedaine, à Philippe. Et puis aussi, parce que ça la rend accessible. Il a pas l’impression de la regarder depuis un autre monde, derrière un écran ou depuis des gradins. Non, elle est juste là, avec son nez pointu, à quelques mètres de lui. Elle est pas entourée de prétendants prêts à tout donner : sourires, regards, je te paie un verre, tu viens souvent ici, tu fais quoi dans la vie, et tout le tralala. Non, Philippe est peut-être même le seul dans le bar à la regarder comme il le fait, au-dessus de son verre, et il pourrait aller la voir qu’elle le renverrait sûrement même pas chier.


À peine a-t-il pensé ça qu’il voit qu’il a fini sa bière, à force de s’envoyer des grandes lampées pour passer le stade des idées-pas-roses. Il faut vite qu’il en chope un autre, sinon tous ces efforts auront servi à que dalle. Il gueulerait bien à Bébert à travers la pièce, mais il se connaît, il va hésiter, se lancer au pire moment, se prendre un vent et se faire railler par ses potes. Alors il se prépare à se lever, mais marque un temps d’arrêt. S’il va commander au comptoir, il se trouvera à quelques centimètres de la fille. Juste à côté même, c’est le seul endroit libre. Il pourrait lui parler. Juste quelques mots. Pour voir s’il sait toujours comment faire. S’il en est capable. Et puis si ça se passe bien, l’un dans l’autre, il habite pas loin, on sait jamais. Après tout, les coups de pot ça marche bien pour les autres, alors pourquoi pas lui ? Mais non, il le sait, il se ment à lui-même, c’est la bière qui lui tord les idées, jamais il le fera. C’est pas qu’il ose pas, mais c’est pas le bon moment, pas le bon endroit, les femmes aiment pas être abordées dans les bars, il le sait. Et puis elle parle à sa pote, elle rigole, ça se fait pas de déranger les gens comme ça. Elle rigole beaucoup, d’ailleurs. Il regarde son cocktail : descendu de moitié, déjà. Elle est sûrement soûle.


Et le voilà qui repart à l’assaut : si elle est soûle, il peut bien tenter sa chance, qu’est-ce qu’il risque ? Les gens soûls aiment les gens soûls, c’est bien connu, tout le monde veut parler au premier venu après quelques pintes. Oui mais là c’est pas pareil, c’est une fille, et lui est un mec, avec trente-deux ans, une bedaine et un début de calvitie, qui plus est. Et puis, y a bien un risque : le rejet. Le regard méprisant, la tête qui se détourne, le « non, ça va » sec et froid qui glisse dans le cœur comme une lame. Qui fait se sentir comme une merde. Il peut pas endurer ça. Il a déjà du mal à se regarder dans une glace, alors avec ça il serait abattu, il s’en remettrait pas. Et puis ses potes se foutraient de sa gueule, une bonne heure, jusqu’à ce qu’ils réalisent qu’il a mal et qu’ils arrêtent par pitié. La pitié est encore plus blessante, au final. Non, il peut pas. Il se lève, nouvelle claque sur la table en bois, je recharge qui ? Celui qui est arrivé en retard, le tchatcheur, qui tend son verre, toujours tout sourire. Philippe marche, le pas lourd, la langue pâteuse, jusqu’au comptoir et y pose ses avant-bras. Il fait le type décontracté. En vérité, il ressent sur chaque pore de sa peau l’aura de désir qui enveloppe la femme, à quelques centimètres de son bras droit. Il entend sa voix qui se dégage clairement du brouhaha ambiant, rieuse, claire, imbibée aussi, l’élocution se traîne, mais l’accent chantant fait vibrer la poitrine de Philippe, qui ressent chaque mot. Elle vit ce qu’elle dit, avec les mains, avec le buste, avec le cœur, j’avais pris rendez-vous, par mail, puis je l’ai appelée, je lui ai bien dit pour l’heure et le lieu, 20 heures au parc, c’est là que la lumière est meilleure, pas de nudité, pas besoin d’expérience, je lui ai envoyé les papiers à signer, tout, tout, tout, et tu sais pas ce qu’elle me répond ? Qu’elle abandonne parce qu’elle est trop timide, elle a peur, elle se sent pas capable, mais j’avais envie de lui dire bordel, si tu t’en sens pas capable fonce, fais-le, rentre dedans, tu verras bien, c’est pas en restant dans ton petit confort que tu vas évoluer, il faut s’ouvrir à l’expérience, se donner la chance de se tromper ! C’est pas grave de se tromper, merde !


Elle est passionnée, elle respire l’émotion réelle et à peine contenue, comme si le verre de cocktail vidé devant elle lui avait permis de se remplir, à elle, d’une autre forme d’ivresse, celle des sentiments, celle qui pousse à dire des choses profondes alors qu’on veut juste faire comprendre un truc simple, évident, mais tellement important, merde. Philippe comprend qu’elle parle d’un shooting photo, et c’est reparti, moi aussi je fais de la photo, voilà ce qu’il pourrait dire, non c’est nul comme entrée en matière, il faut quelque chose de drôle, qui la fasse rire, peut-être qu’il peut juste être honnête, genre salut, moi aussi je suis timide, mais j’ai envie de te parler, et tant pis si je me trompe ? Non, c’est nul, c’est hésitant, les femmes aiment pas les hommes qui hésitent, il le sait, en plus il faudrait quelque chose à la hauteur de ce qu’elle dit, quelque chose qui justifie qu’il la coupe dans cet élan si beau et si intense. Deux pintes, comme d’hab', c’est tout ce qu’il arrive à sortir de sa bouche, et encore, sa voix reste coincée dans sa gorge, tant pis, c’était pour Bébert, toute façon, pas pour la jolie blonde, et pas besoin d’être drôle, intéressant, ou courageux pour parler à Bébert, il vous comprend, surtout quand vous lui tendez deux verres vides. Les bières se remplissent, un peu penchées, puis se redressent avec la mousse et atterrissent devant Philippe. Sans contact ? Comme d’habitude, merci Bébert. Il repart s’asseoir.


C’est lui, ou la blonde s’est retournée au moment où il est parti ? Putain, s’il était resté une seconde de plus, si Bébert avait pas trente-cinq ans d’expérience dans le remplissage de binouzes à la tireuse… Bref, c’était pas le moment de toute façon. Tant pis. Il aurait pu, s’il l’avait vraiment voulu, mais il l’avait pas senti, bon, voilà, c’est comme ça, il faut pas s’en faire tout un plat, il a sûrement évité un moment gênant de toute façon. Et puis, si elle l’avait remarqué, elle lui aurait fait un signe, il l’aurait vu. Là, rien, pas un regard, alors à quoi bon s’entêter. Ah, le tchatcheur a lancé un sujet foot, l’occasion pour Philippe de retrouver du poil de la bête, il a des avis sur tout, dans le foot, alors il se gêne pas pour les exprimer. Du coin de l’œil, il la voit se lever, il lui semble apercevoir une dernière fois son nez poindre vers lui, comme une ultime provocation, puis elle disparaît dans un tourbillon de cheveux, emportée vers la piste de danse, par sa copine, ou plus probablement par un mec en chien, qui vaut pas la moitié de ce que vaut Philippe, mais qui a insisté pour qu’elle vienne danser, parce que quand même, ça serait dommage de laisser un si beau corps assis sur ce tabouret, hein mademoiselle ? Tant pis, il se répète, c’était pas son jour, c’était pas sa nuit, enfin peu importe c’était pas pour lui quoi, une fois de plus. De toute façon, c’est jamais pour lui. Les gens disent qu’il faut saisir les occasions, mais c’est stupide, si aucune occasion se présente, comment on fait pour la saisir ? Il y a vraiment des cons partout, hein.


 
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   maria   
24/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

L'homme sera ce qu'il aura fait, disait Sartre (je crois). Philippe a fait le choix de ne pas aborder "la petite dame". Par son acte, il aurait pu faire naitre des sentiments et briser sa vie monotone d'employé de banque trentenaire, célibataire bedonnant et bientôt chauve.
Son existence ne lui convient pas, mais il n'agit pas et en souffre, forcément.

L’absence de situation temporelle ou géographique donne au texte une portée universelle, et le style parlé convient à cette introspection à la troisième personne.
Mais pour moi, l'écriture manque de musicalité. Pas assez fluide.
Remarquez, ça se comprend, Philippe a trop bu !

Merci du partage et à bientôt.
Maria en E.L.

   ANIMAL   
24/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Voilà une nouvelle affreuse de réalisme. Cet homme perdu, qui descend marche après marche vers la dépression, d'hésitation en renoncement, est pathétique.

Je m'attendais à un drame sur la fin, pourquoi pas le meurtre de cette pauvre fille qui aurait eu le tort de le rembarrer, mais non. La descente en enfer continue pour lui seul.

Les gens comme ça font peur. Ils se noient et on ne sait jamais à quel moment ils vont soit se tuer, soit péter un câble et tuer quelqu'un d'autre.

L'atmosphère pessimiste est très bien rendue, et que dire de ces "copains" qui se sentent mieux dans leur peau en le dévalorisant car au fond ils se sentent aussi minables que lui.

Aucun espoir, aucune issue, rien que l'échec dans cette vie alors qu'il suffirait d'une petite étincelle pour relancer la machine. Il ne manque plus qu'il perde son travail pour l'achever.

C'est ce que je reprocherai à ce texte bien trop sombre pour mon goût car je suis plutôt adepte des happy end même si ce n'est plus la mode.

Une nouvelle néanmoins intéressante qui témoigne d'une réalité sans doute plus courante qu'on l'imagine derrière le paraître.

en EL

   Donaldo75   
24/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce Philippe a l’air d’un bon loser. J’aime bien cette phrase : « Il pourrait être ailleurs, lui, il est plus intelligent. C’est juste que des fois dans la vie bah, l’occasion se présente pas, on peut rien y faire, écoute. » A mon goût, elle définit bien le loser, même pas magnifique juste pitoyable et enfermé dans sa médiocrité. Je pense que certains lecteurs vont crier aux clichés en lisant toutes les situations décrites dans cette nouvelle ; pourtant, c’est ça la vie des losers et ils enchaînent les clichés dans leur vie de merde parce qu’ils n’ont que ça en magasin. De ce fait, la nouvelle est réaliste.

« Philippe s’envoie une grande lampée dans le gosier, ça lui fait du bien, les bulles, la chaleur qui se répand et qui rend tout plus doux, tout plus drôle. Même son ventre paraît plus léger et ses cheveux plus présents sur son front. »

Un pur délice de réalisme social sur pourquoi des gars seuls boivent chez eux, avec leurs potes, devant la télé, avant de se coucher le soir j’en passe et d’autres occasions. Mais ils affirment ne pas être alcooliques, juste boire un petit coup de temps en temps.

Cette nouvelle décrit bien le mécanisme de la lose, celle envers son cercle d’amis – ou de losers collatéraux qualifiés comme tels pour ne pas se sentir vraiment seul – et des représentants de l’autre sexe – parce que, comme Freud nous l’a expliqué en long en large et en travers, le sexe explique beaucoup de nos actes les plus incompréhensibles – ce qui donne l’équation ALCOOL + POTES DANS LE COIN + JOLIE FILLE = PLUS DE LOSE. Un cercle infini et infernal pour ces pauvres losers.

Bravo !

   Tiramisu   
7/6/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

La narration est fluide et même si il se passe peu de choses, cela se lit bien.

L'observation fine des micro gestes rend vivante la situation.
La description psychologique du narrateur est très bien menée, le doute de soi, la dévalorisation jusqu'à un état dépressif, le ressassement, l'oubli dans l'alcool qui l'entraine dans un état dépressif jusqu'à sans doute la dépression véritable, tout ceci est bien montré.

Il me manque, pour moi, un sursaut. Je lis le début, je lis la fin, c'est idem. Cela tourne un peu en boucle (comme le narrateur), ou bien cela glisse sur la même pente, j'aurais aimé un caillou qui fasse dériver ailleurs qui apporte un mouvement ou un changement de direction.

Merci pour cette lecture.

   raphaelHarran   
7/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai retrouvé énormément de choses vraies dans ce Philippe. (Pas chez moi, chez des amis bien sûr ;))

Le texte est très agréable à lire, j'aime beaucoup la manière dont vous résumez des dialogues en une seule ligne. Là où ces échanges de tous les jours auraient pu casser le rythme, ici, ils accélèrent le texte avec humour.

Enfin, j'ai apprécié cette chute. Pour moi, elle explique ce mécanisme de confiance dans la séduction. Mécanisme où les succès créent des "séducteurs nés" et où l'inaction confirme les "losers" dans leur idée.

Merci pour le partage !

   Anonyme   
7/6/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour ecritvain,

Vous auriez dû appeller votre personnage Dugenou, ça aurait fait encore plus réaliste. Oui, je suis votre personnage... sauf pour les cheveux, le foot et le boulot !

Merci d'avoir écrit un texte à la gloire des perdants et perdus !

Dugenou.

Edit : non, sérieusement, la liberté c'est génial, ça serait plutot ceux qui sont en couple qu'il faut plaindre. Je vous l'assure ! Faut pas tout ramener à des histoires de zizi panpan.

   Anonyme   
7/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,


Si j'excepte les idées toutes faites sur l'importance que peut recouvrer la calvitie ou les kilos superflus dans la séduction surtout chez un garçon présenté comme intelligent, je trouve le déroulé de cette non-histoire (car il ne se passe rien ici) bien mené et crédible.

Tout se passe dans la tête du personnage.

En réalité s'il fallait filmer ce récit ce serait vite fait.

—des potes assis à une table parlant de tout mais surtout de rien,
—deux femmes au comptoir en train de s'alcooliser,
—un aller-retour du héros aux toilettes de l'établissement
—un ratage magistral en allant chercher les "binouzes" au comptoir.

J'aime beaucoup ce final où la femme convoitée laisse tout de même un indice sur l'intérêt que Philippe a suscité.

"il lui semble apercevoir une dernière fois son nez poindre vers lui, comme une ultime provocation, puis elle disparaît dans un tourbillon de cheveux" fin de citation

C'est ténu mais c'est mieux que rien, c'est une note d'espoir sur ses capacités à susciter l'intérêt chez une femme.


PS: je soupçonne l'auteur de prendre des notes de conversations entendues dans les bistrots. :)

   Anonyme   
8/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup cette observation finement menée d'un profil comme il en existe mille. Le manque de confiance en soi qui ne fait que se renforcer au fil des déconvenues, entraînant la mésestime de soi, qui à son tour pèsera encore davantage dans ce manque . Et c'est ainsi, de Charybde en Scylla dans cette boucle infernale, la dégringolade assurée si la victime est trop faible, trop peu courageuse pour affronter le risque d'un nouvel échec.

Fine aussi, l'observation de ce petit je-ne-sais-quoi qui fait que l'on flashe sur une personne et pas sur une autre. Cette alchimie entre deux être qui attire plus fort que tout.

La plume glisse bien, et restitue un bel esprit de synthèse pour animer les scènes et l'introspection des personnages.

Dommage que Philippe n'ait pas attendu suffisamment longtemps pour voir s'allumer la réciproque chez cette fille qui lui a tapé dans l’œil. Mais c'est bien cet épisode, pour moi, qui donne toute sa force vive à cette histoire. Il redore le blason de l'espoir et, qui sait, même si Philippe retourne cette fois-là encore à sa dive chopine, en tant que lectrice je me prends à rêver qu'une prochaine fois, peut-être, qui sait ?... ^^

Merci à l'auteur pour ce partage.


Cat

   plumette   
9/6/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
je sors de cette lecture un peu déprimée!

Ce Philippe a le mode d'emploi mais ne sait pas, ne veut pas, n'arrive pas à l'utiliser pour sortir ce son cercle vicieux.

fausse amitié avec les potes, rigolade forcée, et pinte sur pinte pour oublier l'abandon d'Elise, le look qui se dégrade, la calvitie, le bide, et l'immobilité.

la forme est intéressante, ce sont les pensées de Philippe, lucide, qui se déroulent pour le lecteur. Il y a une tension intéressante car on se demande s'il ne va pas y avoir un drame, toute cette frustration ravalée, ça va bien finir par exploser.

Mais que c'est plombant! Alors qu'il y a la photo comme une petite percée de soleil, et puis cette attention très subtile au nez de la demoiselle, Philippe a de la finesse, et il n'en fait rien. Désespérant!

C'est donc un bon texte, car il m'a embarquée même si, perso, j'aurai mis un peu de lumière dans ce destin.

   Babefaon   
12/6/2020
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime beaucoup lire en écoutant de la musique.La touche en plus et indispensable aussi parfois ! Est-ce le hasard qui m'a permis de découvrir votre nouvelle sur "The Nearness of You", interprétée par Steal ? Possible ! Je vous la conseille, car je trouve qu'elle colle parfaitement à votre ambiance; une ambiance que j'ai beaucoup aimée. Tentera-t-il, ne tentera-t-il pas ? Ah timidité et manque de confiance en soi, quand vous nous tenez !!! Bon , allez, ce sera pour la prochaine fois, rien n'est jamais perdu... Et puis si ça ne s'est pas fait, c'est que ça ne devait pas se faire cette fois-ci. Une tranche de vie bien dépeinte, et une écriture très visuelle qui rend ce tableau de potes vivant !
Au plaisir...


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