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Fantastique/Merveilleux
Eskisse : Mange ou meurs
 Publié le 09/10/22  -  15 commentaires  -  6840 caractères  -  100 lectures    Autres textes du même auteur

Écrit à partir du tableau de Robert Indiana, The Green Diamond Eat The Red Diamond Die.


Mange ou meurs


Un roi vivait seul avec sa petite fille. Sa femme avait disparu trois ans plus tôt dans les replis d’une maladie rare. Chaque année, pour son anniversaire, il emmenait sa petite au marché du royaume. Pour ses sept ans, il s’arrêta devant le marchand de félins et lui dit :


– Lequel te ferait plaisir ? Choisis !


Elle regarda les minois des félins pour finir par pointer du doigt un chat abyssin au poil roux dont les yeux amande lui lançaient des regards implorants. Le marchand en demandait dix mille pièces d’or. Le roi, surpris, lui demanda de justifier ce prix exorbitant. Le marchand répondit que l’animal avait autrefois été un prince égyptien et qu’il ne le céderait pas à moins. Le roi, qui voyait briller les yeux de sa petite devant l’élégance du chat, ne put se résoudre à ne pas l’acheter. Il vendit ses terres, réduisit les frais de son armée, amassa la somme demandée et l’apporta au marchand.

Mais lorsque des ennemis attaquèrent le royaume, le roi ne put se défendre : le royaume était trop affaibli par la réduction des dépenses faites pour l’achat du petit félin. Le roi combattit bravement néanmoins, mais il fut encerclé par les troupes adverses et tomba sous leurs assauts. La petite, sachant son père en danger, déjoua la surveillance de sa nourrice, et accourut sur le champ de bataille. Elle vit le corps ensanglanté de son père, elle vit les plaies ouvertes et entendit le râle qui sourdait de son corps meurtri. La voyant à ses côtés, il parvint à lui glisser dans un dernier souffle : « Sois le vent qui jamais ne faiblit, sois les mousses des forêts à la vitalité infinie, ne laisse personne marcher sur ton chemin et auréole-le de la lumière qui émane de tes yeux. »

Mais à partir de ce jour, les yeux pétillants de la fillette ne lancèrent plus leurs salves adamantines. Elle sombra dans une profonde mélancolie. Elle oublia le bonheur qu’elle avait vécu avec son père comme on ferme une porte. Elle oublia jusqu’à son visage. À chacune de ses larmes, un des chambranles des portes des appartements du roi se recouvrait d’un lierre inextricable. La porte du mausolée aussi disparut sous la végétation et la petite ne pouvait plus y accéder. Seul son chat la réconfortait, lui lançant des regards compatissants.

Sa nourrice la forçait à manger. Mais dès que la fillette touchait du poisson ou une orange, ceux-ci se recouvraient d’une épaisse pellicule d’or qui durcissait aussitôt. Il en fut de la sorte pour tous les aliments qu’elle approchait. Elle ne se nourrissait plus que d’herbes et d’algues, seules denrées qui restaient intactes à son toucher.

Au fil des jours, sa silhouette s’amenuisa. On eût dit un sablier ambulant. Ses bras tenaient dans son poignet, ses jambes perdirent leurs muscles et purent à peine la porter. On voyait une libellule. Mais elle finit par s’habituer à ces quasi-jeûnes et même à ressentir un sentiment de toute-puissance à l’idée de maîtriser ce qu’elle ingérait. Malgré son corps malingre, elle restait belle : dans les yeux noirs de son visage émacié, c’était comme l’âme à la dérive.

Au bout d’un an, le gardien du château, un vieillard au cœur tendre, pris de pitié, la rejoignit et lui souffla à l’oreille :


– Tes membres fondent et ta vie s’effondre. Qu’est-ce qui a fait disparaître ton corps ? Un abandon, une violence ou ton inconscience ?

– Je ne sais plus, souffla la jeunette.

– Un parjure ou une brisure ?

– Je ne sais plus, j’ai oublié.

– As-tu un animal préféré ?


L’enfant, toujours épuisée, acquiesça.


– L’animal l’a-t-il entendu ?

– Non, dit l’enfant.

– Va le lui dire.


La fillette se rendit compte qu’elle ne parlait plus à son chat depuis la mort de son père. Elle mit son corps gracile mais lourd en mouvement, retrouva l’animal auquel elle s’adressa pour lui dire sa tendresse. Le chat abyssin, touché, prononça cette énigme, d’une voix complice :


– Je suis une cavité sombre aussi profonde que les rivières. Je donne la vie quand je suis ouverte. Qui suis-je ?


Il y eut un long silence. La fillette réfléchissait.


– La bouche, lança-t-elle.

– Fillette, la mort perfide rôde autour de toi, elle s’insinue dans le moindre de tes membres. Tu trouveras dans le parc du château sept diamants cachés. Cherche-les et répartis-les aux pieds des framboisiers.


Elle parcourut le parc du château avec une grande avidité, malgré son manque d’énergie. Elle examina scrupuleusement la roseraie, où elle trouva, avec une joie indicible, le premier diamant. Dès qu’elle l’eut touché, la dernière image qu’elle avait de son père refit surface et s’imprima sur sa rétine. Elle revoyait dans une plaine le corps inerte du roi couvert de plaies et son visage sanguinolent. Cette vision la fit presque défaillir. Elle dut s’aliter. Six mois après, elle poursuivit ses recherches et descendit dans la serre où elle vit deux autres diamants entre les choux. À ce moment, elle se revit au marché où son père lui avait fait présent du chat. Le soleil était doux. On entendait les harangues des vendeurs. Les étoffes et étalages de fruits emplissaient ses yeux de couleurs vives et le chat l’attendait dans sa cage de jonc. Ce souvenir l’apaisa comme si elle s'était transformée en désert de sable. Au bout d’un an, elle finit par trouver, sur le piédestal des quatre statues de la terrasse, quatre diamants étincelants. Alors, l’éclat des sept pierres réunies fut si éblouissant que la jeune fille fut prise de vertige. Ses forces la quittèrent. Son corps grêle ne la soutenait plus. Elle s’affaissa sur la pelouse et perdit connaissance, la main bien refermée sur les diamants.

C’est le chat abyssin qui la réveilla, à coups de langue rêche. La jeune fille, revenue à elle et déployant toute l’énergie qui lui restait, fit ce qu’il avait indiqué.

Aussitôt que les diamants furent au sol, aux pieds des framboisiers qui avaient été palissés par les jardiniers, surgit une silhouette blanche, évanescente. La fillette la regarda fixement. Elle vit alors dans les yeux de la forme étrange quelque chose qui se précisait : un regard doux qu’elle connaissait bien. Celui de son père. Elle entendit alors une voix grave :


– Mange ou meurs.


La forme blanche disparut aussitôt cette sentence prononcée. La jeune fille s’approcha alors des framboisiers et cueillit un fruit. Quelle ne fut pas sa surprise de voir que celui-ci ne se recouvrait plus d’or !

Dès lors, la jeune fille reprit des forces, le soleil la caressait, le verger lui souriait. Elle ne craignait plus ni l’abandon aux doigts brûlants, ni la mort aux lunes froides, ni la culpabilité aux dents noires.

Le lierre s’effaça du chambranle des portes et elle put se recueillir dans le mausolée de son père.

Elle portait ses diamants dans un petit sac en bandoulière. Le chat abyssin devint son précepteur. Le royaume, enrichi par toutes les pellicules d’or, prospérait.


 
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   Anonyme   
18/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je me rappelle avoir lu il y a peu un récit portant le même titre, un conte aussi, moins accompli ; une trame moins serrée, avec d'étranges ellipses narratives. Cette histoire-ci, dans laquelle je reconnais en filigrane les thèmes de la version précédente, m'apparaît plus aboutie, un peu moins mystérieuse. Intéressante en tout cas, dépaysante, mais avec un « happy end » nettement plus classique pour un conte que, pour autant que je me rappelle, la version précédente.

   Ingles   
19/9/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Le choix d'un récit à partir d'une oeuvre est intéressant, crée une contrainte pour le texte et propose une interprétation de l'oeuvre.

Vous ne proposez pas réellement une interprétation de l'oeuvre, on reste dans le titre du texte, Mange ou meurs, à la place du -ou- (qui n'apparaît pas dans l'oeuvre) on pourrait aussi imaginer -et-, une inversion des deux termes voire une égalité entre eux.

Vous intégrez quelques éléments de l'oeuvre dans le récit, la fille ne mange pas et va mourir, elle doit chercher des diamants. C'est tout, peu sur les couleurs (si l'or renvoie au jaune du tableau ou les légumes au vert, les framboises au rouge, insistez davantage sur ces aspects), rien sur l'injonction que ces mots créent dans l'oeuvre (ressort que vous auriez pu utiliser dans le récit). Surtout vous rajoutez beaucoup d'éléments pour construire votre récit mais qui ne sont pas dans le tableau (l'oeuvre évoque-t-elle deux yeux de chat ?)

Justement, le récit que vous proposez prend la forme d'un conte, genre riche et nourrit d'une multitude de traditions et autres détournements. J'aime beaucoup les contes, ils bercent et proposent un réflexion. Votre conte manque de charpente, vous optez pour des raccourcis qui vous permettent de rebondir sur vos pattes (de chat abyssin). La fin semble trop rapide.

Mais il a un véritable travail d'écriture pour mettre en forme votre récit, la structure, le choix du vocabulaire, l'intégration de dialogues montrent des qualités indéniables !

Au plaisir,

Inglès

   Donaldo75   
27/9/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Cette deuxième mouture reste un joli conte et vu que les deux tableaux de Robert Indiana font partie de mes favoris, j'ai relu cette nouvelle avec intérêt, surtout au vu du contexte dans lequel ils ont été peints, celui du pop art critiquant la société de consommation américaine. Je dis ça mais cela ne signifie pas – on ne sait jamais, d’aucuns (pas l’auteure) pourraient lire ce commentaire au premier degré et se poser des questions qui n’ont pas lieu d’être – que c’est le sujet du récit. Et comme je le disais dans mon commentaire précédent, celui rédigé sur la première version de la nouvelle, l'inspiration née de ces deux œuvres visuelles - et encore, il faut les voir de près, en vrai, chance que j'ai eu - m'a surpris car je ne voyais pas un conte sortir de ces deux tableaux. Et cette deuxième version est très clairement modifiée en termes d’exposition de l’histoire, d’éclairage, que ce soit dans le découpage ou dans la mise en profondeur de certains thèmes. Ceci étant dit et toutes choses étant égales par ailleurs, c’est une histoire bien menée, poétique en diable, avec une belle fin et une belle morale. Le style d’écriture ne souffre pas du manque de relief que l’on retrouve parfois dans ce type de récit aux allures de conte où parfois l’auteur a besoin – mais pour quelle raison, sincèrement ? – de tout bien expliquer au lecteur, parfois même sous forme de curriculum vitae des personnages, comme si ce dernier était trop tarte (ou trop pomme) pour interpréter à sa façon. L’histoire progresse bien et pas de manière linéaire. Les dialogues ne pèsent pas des tonnes en ne sentent pas la vieille bougie fatiguée. Et ce n’est pas trop long. Et vu que je ne compte pas me la péter à expliquer comment cette histoire aurait dû être écrite, tout simplement parce que c'est inutile ici et au-delà, je conclus naturellement sur ce simple mot.

Bravo !

   Anonyme   
9/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Hola, gente ménestrelle Eskisse !


Once upon a time…


Un roi qui avait perdu sa femme dans des replis. Il avait une petite fille à qui il aimait bien faire prendre l’air le vendredi parce que c’était jour de marché.
- Papa ze veut un minou !
- Qu’à cela ne tienne, ma tendre enfant, mais dix-mille pièces d’or pour un sac à puces, ça me fait mal au…
- Papa !!!
Et la petite de se faire chattemite : « C’est un chat égyptien, il peut marcher de côté et se transformer en scarabée d’or les nuits de pleine lune !
Et papa s’endetta chez Cofidis mais le matou revint de droit à la petite maligne.

Hélas des méchants attaquèrent le royaume affaibli par les dépenses somptuaires de papa gâteux qui expire dans les bras de la princesse éplorée. La môme part dans la neurasthénie et l’aboulie anorexique, puis punie par où elle avait pêché, l’attrait du fric, sa nourriture se transforme en or, comme l’antique Midas, celui qui aujourd’hui change les pneu sur la N4. Pour la coup, princesse est obligée d’aller becqueter chez Naturalia. Misère. Elle maigrit, la pauvrette, elle rentre dans du 34, cependant elle accède à la sagesse de Gandhi, sans les sandalettes. Un jour, un vieux vient lui prendre la tête et lui baver dans les étagères : « Pourquoi tu prends plus ton Benco ? » Puis il lui conseille de se confier au chat qu’elle avait un peu délaissé entre ses Barbie et son album de vignettes de Taylor Swift. Et là, le matou de chausser ses lunettes et de poser des énigmes comme Jean-Claude Vandamme avant de lui révéler l’endroit où il avait planquer la verroterie de son dernier hold-up. Des diamants psychotropes et la môme part dans un speedtrip que n’aurait pas renié l'ensemble des Rolling Stones. Heureusement chevalier chat la sauve de l’overdose en lui léchant la pomme. C’est le choc qu’il lui fallait parce que papa d’outretombe lui intime l’ordre sépulcral de finir désormais ses tartines de saindoux sans quoi ça risque de barder pour ses cotillons ! Elle opine et se remet à baffrer. Tout redevient beau et sain au pays. Happy end.

Un joli petit conte à l’ancienne que j’ai trouvé frais, bien torché et en plus il y a un chat.

Merci pour la lecture gratuite et le temps que tu as passé dessus


Damoiselle Anna, fille de salle au château

   wancyrs   
9/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Salut Eskisse,

Ce conte est un peu confus pour moi. Déjà qu'un roi qui va au marché avec sa fille, ça fait un peu décalé. Puis la narration est trop... comment dire... didactique ? Ensuite, au milieu du conte ça s'emballe et on se sent dérouté. Bref, si les ingrédients du contes sont là, enchantement, personnages, animaux mystiques... etc, l'ensemble ne tient pas la route pour moi. Reste que l'écriture est correcte.

À une autre fois !

Wan

   senglar   
9/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Eskisse,


En premier lieu je ne comprends pas la signification du "tableau"... La (sur)vie d'une personne et de son entourage serait subordonnée à la réussite d'un restaurant ? Sibyllin. Il y a d'autres activités que la restauration.
EAT DIE mange meurs
mange ou meurs. trop évident. A moins de se situer dans la tradition de Midas.
mange et meurs. Selon la façon dont on mange on meurt prématurément ou non. Dans notre société de malbouffe je m'en tiendrais plutôt à cette signification-là.

Ici on s'en va plutôt dans quelque chose de l'époque des Mille et Une Nuits mais je me dis que ce royaume est bien faiblard si sa survie tient à 10000 pièces d'or. Ho ! Ali Baba !
Quelle est la signification de ce chat abyssin (il emmêle la trame et me pose un lapin), cause de la ruine du royaume, de la mort du roi et de la malédiction de la fillette qui semble soudain un vieux sage ou une espèce de sphinx qui possède la clef de l'énigme ?
Qu'est-ce que ce conte où le soi-disant Happy End ne ressuscite pas le roi et où la récompense de la fillette est de survivre pour pouvoir fréquenter un tombeau ?

Je reste sur ma faim "EAT° mais n'irai pas en mourir pour autant "not Die".
Dommage ! Le style est là ! Quant au tableau... Bof ! Je préfère encore Andy Warhol. Son logo des Rolling Stones n'envoie pas dire ce qu'il pense du pop art.
(Faux ! J'aime beaucoup le Pop Art.)

   Angieblue   
9/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est très bien écrit, mais j'aurais aimé encore plus de magie et d'ensorcellement surtout autour de cette figure du chat.
Au début, son achat est un peu rapide. le roi se laisse trop vite convaincre, je trouve. On sait juste qu'il a été un prince égyptien. C'est trop succinct, et puis, moi, je l'aurais plutôt vu comme une figure maléfique, c'est quand même sa présence qui est responsable de la mort du roi en raison de l'appauvrissement du royaume. ça ne m'a donc pas semblé vraisemblable que ce soit lui, tout gentillet et comme si de rien, qui sauve la jeune fille qui se laissait mourir de chagrin. De plus, je n'ai pas été, non plus, convaincu par cette histoire de sept diamants.
Par contre, j'ai bien aimé le passage des portes qui disparaissent sous du lierre inextricable.
J'ai trouvé également bien construit et écrit le passage où petit à petit, suite à la découverte des diamants, elle recouvre la mémoire en remontant le temps.
Très poétique aussi ce passage : « Sois le vent qui jamais ne faiblit, sois les mousses des forêts à la vitalité infinie, ne laisse personne marcher sur ton chemin et auréole-le de la lumière qui émane de tes yeux. »
Mais, il y a quelques images qui ne m'ont pas envoûtée.
je n'ai pas été convaincue par l'énigme dont la réponse est "bouche". je n'ai pas compris le "Je donne la vie quand je suis ouverte".
Pas fan, non plus, de cette comparaison : "Ce souvenir l’apaisa comme si elle s'était transformée en désert de sable".
Le passage suivant est un peu mal tourné : "dans les yeux noirs de son visage émacié, c’était comme l’âme à la dérive."
J'aurais plutôt dit : "on pouvait voir son âme à la dérive".
Et puis, globalement, pas fan, non plus, de trop de bling bling : L'or qui apparaît sur les aliments et la chasse aux diamants.

En somme, une belle écriture bien maîtrisée, du travail, de belles images riches et poétiques, de la recherche dans les idées et la narration, mais il m'a manqué un tout petit truc en plus pour totalement me charmer.

   hersen   
9/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↓
... Où quand la culpabilité d'avoir endetté son père au-delà du raisonnable, au point qu'il perd tout, y compris la vie, mène à l'anorexie.
Je suppose que c'est le thème traité.
Je regrette de n'en être pas si sure que ça, et qu'il y ait bien des chemins fausse piste qui me font douter.
Si la forme de conte est plutôt bien vue, je crois que ce qui nuit à l'histoire est d'avoir justement vouloir reprendre tous les critères d'un conte sans innover, sans apporter une touche qui surprendrait.
Au vu du sujet que je suppose, j'ai été surprise par la fin. En revenir à l'argent ne fait pas trop sens pour moi. Qu quelque chose m'échappe de ce point de vue.

Merci de na lecture.

   Anonyme   
9/10/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Dès la première phrase il y a cette image bizarre pour une maladie < dans les replis de la maladie > qui m'empêche de plonger immédiatement dans l'histoire !

De fait, s'il est honorable de vouloir rendre hommage à une œuvre, il faut encore la faire resplendir dans sa plénitude ! L'histoire souffre d'un chemin mal tracé ! On peine à saisir le thème évoqué par le titre et le tableau, et l'on rebondit d'une situation à une autre sans vraiment comprendre où tout ça nous mène !

On se surprend à penser qu'un roi qui se ruine pour le caprice exorbitant de sa fille n'est pas digne d'être roi, et que la morale ne va pas tarder à surgir dans ce sens ! Que nenni, c'est la fille dudit roi, mort d'avoir été trop bête, qui va se faire manger toute crue par l'or (anorexie?) avant que le chat aux yeux amande ne lui délivre le message libérateur autant qu'obscur pour une lectrice qui s'est perdue depuis pas mal de lignes !

Même si tout est fait pour et qu'il y a du travail dans le ton et le vocabulaire pour les adapter au genre, on ne retrouve pas vraiment le merveilleux qui accompagne habituellement les contes. L'happy end ne suffit pas !

   Corto   
10/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Puisqu'on est dans le registre fantastique, laissons aller les interprétations.
N'étant plus fan des "contes des mille et une nuits" (depuis un certain temps) je préfère interpréter ce texte sur le plan psychanalytique. La petite fille a perdu sa mère il y a 3 ans: gros choc émotionnel. Le papa gâte sa fille ce qui est logique. Il s'endette au delà du raisonnable pour satisfaire un caprice de la dite fille, ce qui entraînera sa chute et sa mort. Drame émotionnel à nouveau pour l'enfant avec culpabilité maxi.
Comment vivre avec un tel paquet sur le dos ? Impossible ! donc l'enfant ne peut plus manger et dépérit: Anorexie mentale caractérisée.

L'intervention du jardinier ressemble à un coup de pouce thérapeutique qui renvoie l'enfant vers la cause réelle mais inconsciente du drame: le chat qui a ruiné son père:
"– L’animal l’a-t-il entendu ?
– Non, dit l’enfant.
– Va le lui dire."

L'enfant suit alors un cheminement ardu mais sauveur. "Dès lors, la jeune fille reprit des forces".

Aux Oniriens qui liront ce commentaire et diront: "Psychologie de bazar".
Ben oui, tant qu'à faire du fantastique je me fais plaisir.

Merci à l'auteur.
Bises à la petite fille riche...

   Vilmon   
12/10/2022
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,
J’avais lu la première version et je trouve très habile dans celle-ci d’avoir lié le chat (qui apparaissait par surprise dans la première version) avec l’introduction du récit et d’avoir accru la relation entre les personnages du roi et de la princesse. Malheureusement, je partage un peu le commentaire de Zoé, il reste quelques éléments qui semblent un peu débridés, qui demeurent difficiles à intégrer ensemble. Il y a de bonnes idées, l’énigme, le sortilège avec les diamants et le framboisier, mais il me semble qu’il manque un petit quelque chose pour nous convaincre que tout ceci fait un baume à son coeur pour la perte de son père et qui explique qu’elle retrouve la joie de vivre malgré ce triste événement. J’apprécie le ton du texte qui prend bien celui d’un conte et la lecture se fait bien.

   Louis   
13/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Sous la forme du conte, et par la mise en pratique de ses codes, c’est un joli récit qui nous offert, dans lequel l’auteure nous livre avec sensibilité et perspicacité un chemin initiatique libérateur.
À l’instar des deux tableaux de Robert Indiana, dont il s’inspire, si semblables à deux panneaux de signalisation, il montre la route qui délivre d’une situation douloureuse et mortelle.

Tout commence par un « achat ».
Il s’effectue dans un « marché » : lieu du commerce, lieu de l’échange entre l’argent ou l’or ( « équivalent universel », comme dirait Marx) et une marchandise ; lieu de la consommation.
Nous sommes dans un conte, il s’agit donc d’un marché traditionnel, mais il a son équivalent dans "l’hypermarché’’ d’aujourd’hui ou en tout lieu où se vendent des "marchandises’’ ; il peut du moins ainsi s’entendre pour un enfant contemporain.

Cet achat aura de multiples conséquences dramatiques.
Mais d’abord l’achat lui-même présente quelques particularités. L’objet de l’achat est un « chat ».
Ce n’est pas l’achat d’un objet d’usage quotidien : un chat ne s’use pas, il n’est pas un produit d’usage, n’est pas un objet de consommation au sens de ce qui est usé et jeté ; il ne se "consume’’ pas.
Cet achat est réalisé en vue d’un cadeau d’anniversaire :
« Chaque année, pour son anniversaire, il emmenait sa petite fille au marché du royaume ».
Il est acheté pour être offert, soustrait donc au monde de l’échange économique, de l’échange marchand. Le chat n’est plus alors une marchandise, mais s’insère dans un autre échange : celui du don. Don du cadeau contre don d’amour filial.

L’objet de l’achat a donc une valeur symbolique. Il témoigne de l’amour du père pour sa fille. Le cadeau signifie l’amour porté par le père à sa fille.
Le choix du cadeau est laissé à l’enfant, à ses désirs, mais parmi un ensemble de « félins » indiqué par le père. ( L’usage du terme « félin» renvoie à l’animal sauvage, que rappelle d’ailleurs la couleur et l’origine du chat « abyssin », si bien qu’un rapprochement serait possible avec le conte La belle et la bête, dans lequel le père encourage le rapprochement entre sa fille et la Bête, animal sauvage à apprivoiser, mais qui cache un prince)
Le père offre plus encore que l’amour : la possibilité d’une séparation du lien entre lui et sa fille ("oedipien" diraient certains psychanalystes), l’ autonomie de la princesse dans la possibilité d’un autre lien, celui avec un prince, que le chat représente. Un amour "consommé’’ donc, de la part du père dans le don du futur prince.

L’objet de ce don a une valeur financière élevée. Sa valeur symbolique suivrait sa valeur financière.
Il représente une somme importante. S’il ne se consume pas, il se con-somme en ce qu’il représente une somme considérable, d’or et d’amour. En ce qu’il totalise pourtant une telle somme,
il est "hors de prix", hors du simple prix d’une marchandise. Il indique, étant très cher, combien pour le père, sa fille lui est "chère’’.
Il est hors de prix encore, dans la mesure où l’animal n’est pas seulement animal, il est symboliquement « un prince » : « l’animal avait autrefois été un prince égyptien »
Or et amour semblent ici se lier l’un à l’autre, pour indiquer une valeur.
Le don se fait à un prix d’or.


L’achat, comme acquisition, va s’avérer pourtant une perte. Perte du royaume. Perte de la vie d’un père.
La séparation envisagée, que symbolise le chat-prince, est comprise comme une perte et s’avère une perte effective et définitive, une mort.

La réaction de la jeune fille à toutes ces conséquences douloureuses se situe dans l’oralité, là où se joue en quelque sorte la question de l’or : elle ne parle plus au chat, d’une part ; elle ne se nourrit plus d’autre part.
Une bouche bouchée, d’où rien ne rentre, d’où rien, nulle parole pour le chat, ne sort.
La princesse met sa vie en péril dans une forme d’anorexie, dont elle souffre.
Les aliments, pour elle, ne semblent plus comestibles.
Ils se couvrent d’or : « Dès que la fillette touchait du poisson ou une orange, ceux-ci se recouvraient d’une épaisse pellicule d’or qui durcissait aussitôt »
Couverts d’or, ils ne sont pourtant pas appétissants. Ils ne sont plus désirés.

L’or d’abord associé à l’amour se trouve désormais associé à la mort.
L’or est associé à la perte du père ( l’or dépensé par le père a provoqué sa mort)
Se nourrir, c’est donc à nouveau symboliquement faire mourir le père.
La nourriture, par l’intermédiaire de l’or, n’est pas un enrichissement, mais une perte, et d’abord celle du père.
Ne pas se nourrir, c’est perdre encore, mais c’est perdre du poids, c’est perdre de soi, c’est disparaître, - « Qu’est-ce qui a fait disparaître ton corps ? » : lui demande le vieil homme ; c’est disparaître, n’être plus qu’un fantôme ou une « libellule » pour faire réapparaître le père absent.
Ne pas manger la nourriture, ne pas avaler l’or, dans une oralité refusée, l’or du « m’ort », c’est refuser le deuil, c’est faire revivre le mort.
Ainsi donc :
Ne pas manger : revient à faire revivre le mort.
Manger : c’est faire mourir à nouveau le mort.

La petite princesse ne veut donc plus rien de ce qui est d’or, de ce qui s’achète à prix d’or, et plus aucun aliment elle ne mord ; car le plus grand don, c’était la présence du père, et du royaume (substitut de la famille, dont la mère était déjà manquante).
L’achat était un substitut de l’amour du père, mais il ne peut remplacer la présence aimante du père.
Le plus grand des cadeaux, le "présent’’ le plus grand est celui du père présent.

La perte du père, à laquelle elle a assisté, a provoqué chez la jeune fille un véritable traumatisme :
« elle vit le corps ensanglanté de son père, elle vit les plaies ouvertes et entendit le râle qui sourdait de son corps meurtri. »
S’en est suivi une "dépression’’ : « Elle sombra dans une profonde mélancolie », puis une forme d’anorexie.
Elle ne survit que par un « oubli », c’est-à-dire un "refoulement’’ (au sens psychanalytique) de l’événement traumatique, mais aussi de son enfance heureuse : « Elle oublia le bonheur qu’elle avait vécu avec son père comme on ferme une porte. Elle oublia jusqu’à son visage »
Une porte s’est fermée sur son passé : belle image du refoulement.
Cette porte se ferme aussi probablement sur son sentiment de culpabilité, qu’un enfant éprouve dans ce genre de situation.
Dans une sorte de prostration, tout s’est fermé en elle : bouche fermée, porte close derrière soi.

Parvenue à ce point crucial où sa vie est en danger : manger ou mourir, il lui faudra s’ouvrir, ouvrir ce qui la tient recluse.

C’est le « gardien du château » qui initie l’ouverture.
Que ce soit lui n’est pas indifférent.
On peut lui faire confiance : le titre qui le nomme fait de lui celui qui assure la survie du foyer familial ( le château où elle a vécu avec son père), une forteresse de vie contre les assauts de la mort.

Le gardien, « vieillard au cœur tendre », vieux sage, n’affirme rien. Il ne prétend pas détenir une vérité sur la jeune fille. Il questionne. Il pratique une maïeutique. Il amène par ses interrogations la jeune fille à se tourner vers elle-même et trouver les réponses qu’elle détient ; il stimule sa pensée en l’amenant à prendre conscience de ce qu’elle sait implicitement ; à entrouvrir donc la porte.
Elle prend ainsi conscience qu’elle aime son chat, qu’il n’est coupable de rien, et l’oralité se "débouche’’ un peu ; elle parle au félin « pour lui dire sa tendresse ».
Le chat à son tour se fait interrogateur, il énonce une énigme.
Il se transforme en sphinx.
Mais l’énigme du sphinx n’est pas un pur jeu intellectuel, elle est une question cruciale de vie ou de mort.
Dans la mythologie antique, le sphinx dévore, mange celui qui ne sait pas répondre à sa question ; mais ici le chat-sphinx n’est pas une telle menace, il ajoute à son énigme : « la mort perfide rôde autour de toi, elle s’insinue dans le moindre de tes membres »
Si l’énigme n’est pas résolue, alors la mort pénétrera en elle ; elle sera envahie et détruite par la mort. Mais ce n’est pas par la bouche que la mort pénètre en elle. Le lien qu’elle a noué entre l’oralité et la mort doit être défait. D’autant que la mort n’a pas de bouche ; la mort "dévore’’ mais ne mange pas.
L’énigme porte justement sur la « bouche » : elle est la révélation qu’elle « donne la vie » quand elle est « ouverte ». C’est l’inverse de ce qu’elle avait admis inconsciemment : manger, c’est faire mourir ; c'est jeter de l’or, c’est perdre une présence, irrémédiablement.
Le chat, antique sage ( tout autant que jeune prince ; tout autant que sphinx) lui indique alors la voie de la délivrance.

Elle passe par la recherche de sept diamants.
Ce n’est pas de l’or qui est à rechercher, mais plus précieux encore, et moins ambigus : des diamants.
Pourquoi sept diamants ? Sept comme les sept années qu’elle a vécues, heureuses, avant la perte du père.
Ces diamants sont donc ceux du souvenir et de la prise de conscience.
Souvenir d’abord de l’événement traumatique refoulé : après la découverte du 1er diamant : « Elle revoyait dans une plaine le corps inerte du roi couvert de plaies et son visage sanguinolent »
Les diamants ont un côté ‘’magique’’, mais ils n’agissent pas instantanément. Il lui faudra six mois à la princesse avant de découvrir deux nouveaux diamants : alors « elle se revit au marché où son père lui avait fait présent du chat ».
Elle revit enfin son père, dans une « silhouette blanche, évanescente»
Elle retrouve ainsi la mémoire de son histoire, la conscience de ce qui s’est passé et la possibilité de faire son deuil, c’est-à-dire d’accepter la mort du père, ne plus la considérer comme une perte, mais conserver le père dans le présent du souvenir, accepter la vie, qui est le "présent’’ du père, le don qu’il lui a fait. Accepter d’aimer ailleurs et un autre que lui, accepter d’aimer un prince-chat.
Et se conformer ainsi à ses paroles, à son ultime désir, qui est celui d’une ouverture à la vie :
« Sois le vent qui jamais ne faiblit, sois les mousses de la forêt à la vitalité infinie »

Il lui faut comprendre que le « « sentiment de toute puissance à l’idée de maîtriser ce qu’elle ingérait », au cours de son anorexie, et qui se ramenait à des herbes et algues, est trompeur.
La puissance d’exister est dans la force du vent, la vitalité des mousses. L’ouverture au monde, et la maîtrise du monde environnant.

L’alternative « mange ou meurs », qu’énonce le père, correspond aux deux tableaux de Robert Indiana. « Manger » ou « mourir » : il y a là une disjonction forte, une dissociation nette. Deux processus qui ne s’associent pas, ne s’entremêlent pas.

Les deux œuvres de l’artiste du Pop Art séparent « manger » et «mourir » en deux cercles distincts, inclus dans deux formes qui évoquent l’éclat cristallin du diamant.
Les deux tableaux sont associés, constituent une sorte de diptyque, mais ne se confondent pas dans ce qu’ils indiquent, qui est nettement dissocié.
Manger n’est pas mourir, et faire mourir. Mourir n’est pas l’équivalent de manger, et de faire vivre. La petite princesse anorexique les avait conjoints, quand il faut les disjoindre.
Deux panneaux comme deux signaux de l’existence, deux indicateurs vitaux.

   virevolte   
14/10/2022
 a aimé ce texte 
Bien
Après ces nombreux commentaires je ne vois pa ce que je peux ajouter. Je trouve que le chat est trop peu utilisé . L'allusion à Midas un peu trop évidente. Mais le récit n'en reste pas moins intéressant. Merci.

   Anonyme   
4/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai lu ce joli conte avec plaisir parce qu'il est très bien écrit. Je pense seulement qu'il manque ce côté un peu merveilleux qui sied tellement a ce genre qui est un peu délaissé de nos jours. Bravo !

   Anonyme   
12/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour, Eskisse,
Le titre m'a attirée... Plus que la critique de la société de consommation à laquelle semble faire référence l'œuvre qui a inspiré le texte, j'y ai vu comme beaucoup la description d'une anorexie mentale. Passer par le conte pour parler de cette pathologie est intéressant. Mais le chat ? Médiation animale, tuteur de résilience, ou manière de chat botté ? Ou les deux ?
Il y a des flottements dans la narration et la fin est bien trop lapidaire, mais l'ensemble est joliment écrit. Merci pour cette lecture.


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