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Réalisme/Historique
Evarista : Le dortoir des Chinois
 Publié le 01/01/18  -  10 commentaires  -  8976 caractères  -  130 lectures    Autres textes du même auteur

Mark Wang, un Taïwanais, est envoyé dans une usine en Chine.


Le dortoir des Chinois


Xiao Yu est un prénom féminin et aussitôt que je le prononce, un océan étincelle à la surface de mon cœur, un océan à la teinte infinie et céleste, où de vagues remous me font ondoyer. Subitement, je ne me sens plus destiné à rien, sinon à cet amour, fini et qui n’a jamais commencé.

Xiao Yu est dans le dortoir, à l’extrême opposé de l’entreprise. Probablement deux bons kilomètres nous séparent.

Au moment, où je raconte tout ceci, je me trouve à Dongguan et je suis en train de parler au téléphone avec ma maman, qui elle, est perchée dans un immeuble de Taipei, où mes parents ont récemment acquis leur plus grand appartement. Si ma maman se trouve à la cuisine, elle doit pouvoir apercevoir la tour 101. Qui a été le plus haut bâtiment d’Asie pendant un ou deux ans. Alors, c’est une immense fierté, et pour ma maman, et pour le pays. La fierté est un sentiment qu’on a envie de garder au fond de sa poche, pour toujours. Malheureusement, elle s’évapore facilement, et se déplace en un clin d’œil dans le cœur d’autrui.

Personnellement, je suis assis à mon bureau, au premier étage de ma maison de fonction, ce n’est pas particulièrement exotique, ni fascinant, comme description. Et je dois avoir l’air d’être un bouseux de première, à parler avec ma maman, le cul posé sur une chaise, dans cette ville de province chinoise. Mes camarades de lycée pourraient en tout cas en plaisanter.

Dongguan, je le précise, ne ressemble pas à New York, ni à Paris, ni même en aucune façon à Taipei. À titre d’exemple, il n’y a pas la moindre librairie où acheter des mangas érotiques, pas de restaurants à spaghettis et il est impossible de se connecter à Facebook, à moins d’en savoir quelque chose sur les réseaux. Ce qui n’est pas mon cas.

Dongguan est une ville nouvelle, qui a été érigée autour de centaines de fabriques. Des fabriques à objets, destinés aux bons consommateurs de la planète, alors dans le jargon occidental, on peut dire que Dongguan est « un atelier du monde ». Mais cette ville-industrie ne ressemble pas à la Metropolis de Fritz Lang pour autant : parce que ses rues et ses trottoirs sont bien plus sales et cacophoniques que ceux du film. Les poubelles occupent une bonne partie du trottoir, par exemple. La réalité des ouvriers est bien moins esthétique que celle qu’on doit inventer pour laisser un nom dans l’histoire du cinéma.

Dans le centre-ville de Dongguan par contre, il y a un McDonald's et un KFC. Là-bas, un menu coûte à peu près 30 RNB, et il est rare d’y croiser des ouvriers, mais ça m’est arrivé.

Mais de toute façon, Dongguan n’a pas besoin d’être propre ou intéressante puisqu’en dehors du week-end, il est strictement interdit de sortir de l’usine. Le fait est qu’à la nuit tombée, les employés, pour éviter de frissonner de solitude et pour ressusciter la sève de leur vie – cette sève qui n’existe plus que dans leur nostalgie – n’ont qu’une idée : se rendre au centre-ville et trouver l’ivresse. Cet état qui inspire tant les cœurs desséchés et aliénés.

Juste avant que je ne vienne travailler à Dongguan, trop d’employés ont exagéré avec l’alcool ; conséquemment à des accidents à répétition, les expéditions durant la semaine au centre-ville sont désormais prohibées. Les soirs de semaine, on est ainsi contraint de rester dans l’enceinte de la fabrique.

À moins bien sûr d’offrir aux portiers un pot-de-vin vraiment substantiel, et encore.

Personnellement, je préfère payer les gardes pour qu’ils deviennent mes amis et qu’ils me racontent tous les ragots des employés. Connaître les passions de mes collègues – même si elles sont parfois un peu vicieuses et dégueulasses – ça me donne encore l’impression d’habiter dans un endroit où il y a de la vie, et ça me rappelle mes études à l’université, et Taipei.

Face à ma tête, c’est-à-dire, ce visage rebondi de Taïwanais qui inspire confiance aux blancs, il y a la fenêtre de ma chambre. Sa vitre est parfaitement transparente et les poussières ne s’y font pas concurrence. Parce que nous avons des femmes de ménage très dévouées, les vitres sont lavées hebdomadairement, à l’aide d’un produit efficace et odorant, mais qui atteint un peu les yeux. Il va sans dire qu’il est de fabrication chinoise. J’espère qu’il ne me rendra pas aveugle à terme.

Heureusement, j’ai des lunettes. Précision inutile pour ce qu’il en est de cette histoire mais il se trouve que je les redresse souvent, parce que mon nez – très chinois – n’est pas assez relevé pour atteindre l’embranchement entre les verres, ce qui fait que la monture glisse, doucement, suivant la pente de mes joues. Je suis fier de mon nez.

Sur les vitres, mon visage reflète discrètement, et il me donne l’impression d’être ma propre hallucination. Mais, à travers mon image, il y a l’entreprise et ses bâtiments qui s’étendent, sur peut-être deux kilomètres. Jusqu’au dortoir.

Comme je téléphone à maman, le micro posé sur mon oreille gauche, j’observe les entrepôts en tôle de l’usine ; quelqu’un a eu la bonne idée de peindre leur toit, d’une couleur verte et pas naturelle, qui rappelle les pâtes dentifrices.

Vert-pâte-dentifrice.

Au fait, je m’appelle Mark Wang et si je n’étais pas passionné par National Geographic, je n’aurais jamais corrompu les gardiens du dortoir.

Car si, Nous, les Taiwanais, Nous, les cols blancs, nous n’y avons pas accès, c’est qu’il y a une bonne raison à ça.

C’est que psychologiquement, ce n’est pas supportable.

Qui – parmi mes collègues – voudrait voir ça ?

Moi, je suis différent, je suis la personne la plus intéressante que je connaisse et au risque de me répéter, j’aime la géographie, l’histoire et par-dessus tout, National Geographic. Je suis intéressant et curieux.

C’est pour cette raison que j’ai donné ce pot-de-vin au gardien, celui qui est posté toute la journée devant les détecteurs à métaux. Il s’appelle Zhang. Zhang a la peau bronzée et à sa surface se dessinent de très nombreuses rides. Ses plis se rencontrent au centre de son front et à la manière de montagnes, forment des sommets. Avec ses dix ans de sentinelles devant les détecteurs à métaux, à s’exposer à tous les temps et en particulier à la lumière brutale et directe du soleil, Zhang est devenu un peu délavé. Alors, il rappelle les vieilles estampes chinoises, où s’esquissent l’immense et antique vieille Chine, et ses paysages infinis qui caressent votre corps de multiples sensibilités.

Pour rentrer dans le dortoir, les ouvriers doivent bien sûr passer dans le détecteur à métaux, pour être certains qu’ils ne récupèrent pas de morceaux d’acier. Ainsi, ils ne sont pas tentés de se spécialiser dans le recel de matières premières, et ne peuvent pas nourrir leur propre richesse.

C’est parce que je suis curieux que j’ai tout visité du dortoir.

Parce que, sinon moi, qui voudrait voir ça ?

6000 Chinois, emmagasinés dans un unique bâtiment, de 5 étages, à raison de 8 par chambres.

Ma mère, lorsque je lui ai raconté ça, m’a fait remarquer que c’est fichtrement dangereux, 6000 personnes qui dorment dans le même bâtiment.


Mais en réalité, lorsqu’on met vraiment les pieds dans les lieux, ce n’est pas à la sécurité qu’on pense. Seulement à l’inconfort, à la saleté et bien sûr, à l’anonymat.

Lorsque les gens me voient, ils pensent sans doute que je suis un Taïwanais tout ce qu’il y a de plus normal, mais tout ça, c’est des bêtises, car moi, contrairement à tous ceux que j’ai pu rencontrer jusqu’à présent, je passe beaucoup de temps à lire des sites de sciences, d’histoire et de géographie. Je suis intéressant et je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui soit aussi intéressant que moi. Lorsque je me couche avec la sensation d’avoir appris un nouveau fait, je suis heureux.

C’est la raison pour laquelle, je n’ai pas rechigné à aller en Chine, juste après avoir obtenu mon diplôme de business.


À l’époque, mon patron actuel m’a fait passer un entretien téléphonique de dix minutes, au terme duquel, il m’a dit t’es embauché, rends-toi là-bas (c’est une adresse qui semble sortie de nulle part, près de la station Zhongshan Fuxing à Taipei) y recueillir un billet d’avion, Taipei-Gongguan, sans escale.

Dans l’heure qui a suivi mon entretien, j’ai eu mon billet.

À l’époque, je n’ai pas réfléchi une seule seconde ; je me suis dit, je vais découvrir le monde, connaître un peu mieux le morceau de planète sur laquelle je suis né, et puis, j’ai eu l’impression que la Terre est devenue subitement plus accessible pour le petit humain que je suis, plus ronde, plus lisse. Et puis, j’ai fait le calcul : il s’agit d’une entreprise qui fait affaire avec les États-Unis et l’Europe exclusivement et alors là, je me suis dit, exactement ce que tout le monde se dit est habitué à se dire à Taipei : être en contact direct avec des blancs, ça ne peut pas être une mauvaise chose.

C’est ainsi que moi, Mark Wang, je suis arrivé à Dongguan, je suis resté, un mois, puis deux, à croire que je vais mourir, finalement je me suis habitué.

Et j’ai vu le dortoir des Chinois.


 
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   Tadiou   
4/12/2017
 a aimé ce texte 
Pas
(Lu et commenté en EL)

Je me suis ennuyé à cette lecture qui m’apparaît aride, technique et descriptive. Il se passe rien, ni surprise, ni rebondissement…

Aucune émotion…

Je suis heureux pour lui que le narrateur répète à plusieurs reprises qu’il se trouve intéressant.

« Xiao Yu » : ce sont les premiers mots du texte, mais où est la suite ? Cet amour « fini et qui n’a jamais commencé. » : pas trace ensuite dans tout le récit.

Je trouve le style globalement lourd et maladroit.

Je donne quelques exemples de phrases, dont l’écriture, serait, selon moi, à reprendre:

« Personnellement, je suis assis à mon bureau, au premier étage de ma maison de fonction, ce n’est pas particulièrement exotique, ni fascinant, comme description » : phrase lourde avec ce
« personnellement ». Un point-virgule (ou un point) eût été bienvenu après « fonction ».

« pour éviter de frissonner de solitude et pour ressusciter la sève de leur vie »

« Cet état qui inspire tant les cœurs desséchés et aliénés. »

« ses paysages infinis qui caressent votre corps de multiples sensibilités. »

« ne peuvent pas nourrir leur propre richesse. »

« un menu coûte à peu près 30 RNB » : cela aurait été sympa de préciser…. (équivalent en euros).

En tout état de cause, merci pour cette lecture et à vous relire.

Tadiou

   Asrya   
5/12/2017
 a aimé ce texte 
Pas
Il me semble avoir compris le message sous-jacent mais je pense qu'il n'est pas assez flagrant. Trop de subtilité.
En tout cas, on ne comprend pas bien cette histoire de "DOrtoir" des chinois, ce qu'il s'y passe, à quoi est-ce que cela correspond.
Je sens une intention louable mais une manière un peu malhabile de l'amener. C'est dommage car le sujet est intéressant, l'écriture est plutôt de qualité mais je dois dire qu'elle m'apparaît gâcher par un texte qui ne la sert pas.
C'est dommage.
Je n'ai pas saisi le lien entre Xiao Yu et votre personnage, la relation qui les unit ; je n'ai pas cerné l'intérêt de l'évoquer dans la nouvelle.
Bon... je suis resté un peu (beaucoup) distant face à votre écrit mais... je ne doute pas qu'il puisse intéresser et être mis devant les projecteurs.
A retravailler selon moi, pour que le message, fort, mais trop discret, prenne son élan, son envole et éclate plus sereinement au grand jour.

Merci pour ce partage,
Au plaisir de vous lire à nouveau,
Asrya.

   Jean-Claude   
9/1/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour.

Le ton est assez descriptif, sous une forme assez statique et certaines formulations donnent à penser qu'elles sont originaires d'une culture non francophone.
Il y a des petits détails à corriger, comme pour tout le monde. Certaines remarques concernent l'usage.

Les questions qui suivent sont celles que peut se poser un lecteur quelconque.
Pourquoi parler de Xiao Yu au début alors qu'on n'en reparle plus ?
Pourquoi le narrateur se considère-t-il comme intéressant ?
Pourquoi centrer l'histoire sur le dortoir ? Le narrateur raconte ses états d'âme, ses observations, sa situation et comment il va pouvoir visiter le dortoir. On parle aussi de la condition des ouvriers.Mais le texte n'est pas centré sur les ouvriers ni le dortoir mais sur Mark Wang.
Est-ce vraiment sa passion pour National Geographic qui amène Mark Wang à enfreindre certaines règles pour aller visiter le dortoir ?

----------

Quelques remarques entre {}...
"Au moment,{pas de virgule} où je raconte tout ceci, je me trouve à Dongguan et je suis en train de parler au téléphone avec ma maman{on écrit plutôt "mère" mais ce peut être un choix},{pas de virgule} qui{virgule} elle, est perchée dans un immeuble de Taipei, où mes parents ont récemment acquis leur plus grand appartement."
"Qui{Celle-ci} a été le plus haut bâtiment"
"Malheureusement, elle s’évapore facilement,{pas de virgule} et se déplace en un clin d’œil dans le coeur d’autri{autrui}."
"il est impossible de se connecter à facebook{Facebook}"
"Dongguan est une ville nouvelle{pas de virgule} qui a été érigée autour de centaines de fabriques."
"planète,{point} alors{Alors}{virgule} dans le jargon occidental, on peut dire que Dongguan est « un atelier du monde »."
"Dans le centre-ville de Dongguan{virgule} par contre, il y a un MacDonald"
"Mais{virgule} de toute façon, Dongguan n’a pas bedoin{besoin} d’être propre ou intéressante puisqu’en{puisque, en} dehors du weekend, il est strictement interdit de sortir de l’usine. Le fait est{virgule} qu’à la nuit tombée, les employés, pour éviter de frissonner de solitude"
"Face à ma tête{ce n'est pas une expression usuelle en français, on dit plutôt "face à moi" mais cela implique d'introduire le visage autrement}, c’est-à-dire, ce visage rebondi de taïwanais qui inspire confiance aux blancs"
"Sur les vitres, mon visage reflète{se reflète} discrètement," {Note : là, on peut parler du visage rebondi}
"Jusqu’au DOrtoir{la graphie "DOrtoir est-elle volontaire ? Sinon "dortoir"}."
"Au fait, je m’appelle Mark Wang et{virgule} si je n’étais pas passionné par National Geographic, je n’aurais jamais corrompu les gardiens du DOrtoir."
"C’est que{virgule} psychologiquement, ce n’est pas supportable."
"Moi, je suis différent, je suis la personne la plus intéressante que je connaisse et{virgule} au risque de me répéter, j’aime la géographie, l’histoire et{virgule} par dessus tout, National Geographic."
"Ses plis se rencontrent au centre de son front et{virgule} à la manière de montagnes, forment des sommets."
"Avec ses dix ans de sentinelles{d'abord, ce devrait être au singulier (pas de s à la fin) mais ce n'est pas une formulation usuelle (garde ou surveillance, par exemple) devant le{les} détecteurs à métaux,"
"antique vieille{vieille est inutile} Chine"
"le recèle{recel}"
"Seulement à l’inconfort, à la saleté et{virgule} bien sûr, à l’anonymat."
"il s’agit d’une entreprise qui fait affaire avec les Etats-Unis et l’Europe exclusivement et{virgule} alors là, je me suis dit,{pas de virgule} exactement ce que tout le monde se dit et habitué à se dire à Taipei "
"C’est ainsi que moi, Mark Wang, je suis arrivé à Dongguan, je suis resté, un mois, puis deux, à croire que je vais{j'allais} mourir {mais}, finalement je me suis habitué.
Etc.

----------

Au plaisir de vous (re)lire
JC

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EDIT j'ai remplacé supérieur et inférieur par { et } pour éviter les disparitions de commentaires

   Thimul   
1/1/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Deux possibilités :
Soit ce texte est trop subtile pour moi (et c'est tout à fait possible )
Soit le propos est peu clair.
Outre l'écriture qui semble se chercher elle même avec certaines maladresses ("hebdomadairement" franchement je ne m'y fais pas) il se passe peu de choses, le héros n'est même pas sympathique à se dire toujours intéressant.
Bref au niveau de l'émotion je n'ai rien ressenti et pourtant j'aurais bien aimé respirer une atmosphère dans ce dortoir gigantesque.
On a l'impression que le narrateur tente de poser le décor d'une histoire plus longue.
Une autre fois peut-être.

   hersen   
1/1/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Un texte extraordinaire.
j'ai déjà apprécié d'autres textes de l'auteur mais là, c'est d'une ironie, d'un cynisme !
Mark sait qu'il est parmi les privilégiés qui peuvent se documenter, bouger librement, contrairement à ceux qui travaillent dans les "ateliers du monde"
Le voilà parti dans un trou du cul innommable de la planète, où aucun cadre ne veut aller travailler. Il a été naïf de croire que travailler pour une entreprise qui ne vend qu'à des américains lui ouvrirait les portes. tant qu'il travaillera là, il sera prisonnier de l'endroit qui n'offre aucune possibilité. Il comprend, lui, ce qu'est le dortoir des chinois. Il le comprend bien sûr car c'est dans ce trou du cul du monde qu'il rencontre celle qu'il aime. Qui travaille dans les "Ateliers du monde"

C'est un texte qui donne à lire à travers les lignes exactement ce que veut nous livrer l'auteur; c'est un texte sur l'horreur de vie de ceux qui fabriquent nos objets dans des conditions épouvantables, c'est un texte qui sait utiliser la poésie pour dire une horreur indicible.

C'est exactement ce que je cherche sur oniris : des textes qui sortent des sentiers battus, des textes forts, en bref, des textes improbables, ni plus ni moins. Des textes qui demandent au lecteur d'une part de l'empathie, mais pas seulement; aussi la volonté de découvrir des horizons neufs, soit par le sujet, soit par l'expression.
je suis ici aux abords de ma plaines immense dont l'inconnu me terrorise. Et l'auteur me force à franchir le pas.

Merci Evarista pour cette lecture que j'ai hautement appréciée.

hersen

   Anonyme   
3/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Evarista,
Votre histoire est terrible, elle est terrible car elle est la nôtre, à tous, partout sur la planète. C'est une vision de l'avenir. Les esclaves sont déjà là, leurs cervelles formatées depuis l'enfance pour qu'ils deviennent ce que vous décrivez, des ouvriers, entassés, prisonniers, sans plus aucune autre raison d'exister que leur travail et l'alcool hebdomadaire pour les assommer. C'est terrible car bien peu ne voit cela ainsi. Pourquoi s’embarrasser de droits, de règles, de tant de ces contraintes qui freinent la productivité si les pires conditions de travail sont acceptées, par la manipulation psychologique, par le lavage de cervelle permanent. Nos médias jouent aujourd'hui parfaitement leur rôle, et le futur de nos descendants est sombre.
J'ai aimé votre nouvelle, dans laquelle bien sûr, il semble ne pas se passer grand chose, pas de rebondissements, d'histoires romantiques ou érotiques, pas de maquillages, de couleurs pimpantes, pas d'explosions à l'américaine, les personnages ne sont pas des mannequins défilant sans un poil qui dépasse, non c'est juste la description d'un monde horrible. Ce héros qui se prend pour quelqu'un d'intéressant parce qu'il a un chouia de culture, ce peu de savoir qu'il n'a vu chez personne autour de lui...
L'écriture est légère, sans accroc, avec quelques petites touches poétiques. C'est ce ton qui est vraiment déroutant quand on sait ce qui peut se lire sous ces mots faciles. Léger comme une page de pub où tout est "presque" beau, sans que ne se voient jamais les fils gluants de l'immense toile de cette araignée qui viendra un jour ou l'autre nous dévorer... J'ai l'impression de me retrouver parfois dans "1984" et la nausée me vient quand je prends conscience que c'est une description de la réalité.
Merci en tous cas pour nous avoir ouvert un peu cette fenêtre sur une des réalités de notre "merveilleux" monde.
A vous relire.

   Anonyme   
3/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Superbe description du quotidien du chinois ordinaire, dans une ville ordinaire, dans un immeuble ordinaire (où habite 6000 personnes)...
La Chine des empereurs maoïstes c'est ça. Gris sur gris. Gris fourmi.
L'écriture est à la hauteur du sujet. Elle ressemble à la calligraphie chinoise, toute en finesse et en harmonie.
Les détails sont si réalistes qu'on croirait que l'auteur les a vraiment connus.
Il n'y a que l'évasion par l'humour et National Geographic pour sortir de la grisaille et de la puanteur de ce quotidien.
Je me promets de relire bientôt tellement j'ai été époustouflé par ce récit.
Merci Evarista.

   plumette   
3/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
j'avais lu ce texte en EL et il m'avait laissé une impression durable mais étrange, un peu décousue. J'y reviens aujourd'hui et je comprends mieux ce que j'ai lu!Un texte d'Evarista dont l'univers me capte à chaque fois et me fait voyager dans l'espace mais aussi dans l'imaginaire.
Avec beaucoup de douceur, le narrateur nous décrit une forme d'horreur. tout est raconté avec une distance extrême et c'est le lecteur qui se glisse dans les interstices du non dit.
Ce qui me plait dans cette histoire, c'est la juxtaposition de faits intimes ( il est amoureux, il appelle sa mère, il nous donne quelques éléments sur ses goûts, il nous parle de son nez) et de faits extérieurs et généraux terribles sur les conditions de vie de ces chinois au service de l'hyper consommation mondiale.

j'ai un souhait pour 2018: qu' Evarista engage une discussion avec ses admirateurs pour nous dire un peu d'où viennent ses textes à la tonalité si singulière!

Plumette

   Bidis   
4/1/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très curieux texte. Je ne sais pas quel est l'accent de Taipei, mais j'ai lu avec dans l'oreille un accent chinois (ou japonais, pour moi c'est du pareil au même). Rarement j'ai été transportée comme cela dans un exotisme charmant. Et cependant, ce qu'il raconte n'est pas drôle, cela présuppose une vie extrêmement dure dans un environnement exempt de confort.
La première phrase est une poésie à elle seule. Et la dernière, une infinie résignation. Entre les deux, des petites phrases-trouvailles que j'adore, par exemple : "La fierté est un sentiment qu'on a envie de garder au fond de sa poche, pour toujours. Malheureusement, elle s'évapore facilement, et se déplace en un clin d'oeil dans le coeur d'autrui." Ou encore : "Sur les vitres, mon visage reflète discrètement, et il me donne l’impression d’être ma propre hallucination." Et : "Moi, je suis différent, je suis la personne la plus intéressante que je connaisse" ¨Par contre, un peu plus loin, il se répète ("Je suis intéressant et je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui soit aussi intéressant que moi") Je ne sais pas si c'est voulu, mais pour moi, cela en enlève beaucoup de son sel.
En définitive, un texte à côté duquel il eût été dommage de passer.

   Anonyme   
12/1/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un texte qui décrit d'une manière un peu froide la réalité des performances économiques chinoises. C'est bien relaté mais ça manque d'âme, d'émotion, peut-être la conséquence d'un format trop court. Il aurait été judicieux de placer un semblant d'intrigue dans ce portrait de la Chine laborieuse pour donner davantage de consistance à la masse des employés. Tel quel, aussitôt lu, aussitôt oublié !


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