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Réflexions/Dissertations
Flupke : 11 conseils aux charlatans
 Publié le 11/08/10  -  23 commentaires  -  8214 caractères  -  260 lectures    Autres textes du même auteur

Exploitez la crédulité galopante de vos congénères. Soignez-les avec originalité et gagnez une fortune.
(Merci de ne pas prendre ce texte au premier degré, mais d’y décrypter l’intention sous-jacente de sensibilisation à l’auto-défense intellectuelle.)


11 conseils aux charlatans


En ces temps où la protection de l’environnement et les économies d’énergie sont à l’honneur, n’avez-vous jamais songé à vous recycler sans trop d’effort ? Voici quelques conseils à l’intention des charlatans désireux d’impressionner les individus naïfs et de les convaincre que leur cauchemar est presque terminé.


1 - Attrait de la nouveauté.

Plutôt que de vous embourber dans les ornières d’une pseudoscience universellement répandue, optez pour l’innovation extrême, afin de désarçonner les rationalistes chevauchant par pure paresse des arguments préformatés.


2 - Racine grecque.

Pour votre science ou votre art - la santé par les ongles, par exemple - envisagez une étymologie grecque, plus percutante qu’une racine latine. Tout le monde pourrait orthographier correctement ongulothérapie, alors qu’onychothérapie effraierait quelques cruciverbistes force 3. Les individus lettrés tenteront de mémoriser la graphie correcte, premier pas vers l’effondrement de leur vigilance rationnelle. Attention : le « ch » dur rappellera aux profanes leur inculture classique. Au lieu de prononcer oniko, ils bafouilleront onisho. Point de moquerie. Un sourire condescendant, tout au plus.


3 - Assassinez vos confrères.

Au contre-instar des charlatans notoires, annoncez que par professionnalisme, vous refusez les requêtes farfelues : traitements par téléphone ou par courriel. Ce gage de sérieux impressionnera plus d’un gobeur de mouche et vous distinguera de la masse des imposteurs. Par contre, offrez l’alternative astucieuse du traitement par correspondance sur des rognures d’ongles. Elles se glissent facilement dans une enveloppe.


4 - Torpillez vos ennemis.

Crachez tout le mal que vous pensez de la médecine officielle : « Lors du dernier congrès européen d’onychothérapie à Bourgougnague dans le Lot-et-Garonne, Jean-Claude Van Damme et Plastic Bertrand ont confirmé dans une déclaration conjointe que les médicaments vendus en pharmacie ne soignent pas le mal. Ils éliminent juste les symptômes de la maladie, sans plus. Ils ne rétablissent jamais les déséquilibres onychologiques ».


Donnez des indications statistiques sur le nombre de décès annuels dans les hôpitaux de votre région - service des urgences inclus - afin de démontrer l’inanité de la médecine traditionnelle.


5 - Vomissez des valises de néologismes.

Onychothérapeute, onycholaire et onychal sont introuvables sur Google. Coupez l’herbe sous le pied des sceptiques à tête de fouine. L’explorateur le plus audacieux se sentira perdu dans une jungle de mots savants, d’expressions capillotractées* et acceptera la main secourable que vous lui tendrez pour le guider vers votre labyrinthe.


6 - Offrez des comparaisons alléchantes.

Expliquez que votre science est nouvelle, qu’elle vient d’ailleurs. Mais comparez de manière avantageuse. Soyez positif. Ne dites pas : « En Moldavie, au Burkina-Faso, en Mongolie, les individus non scolarisés ou ayant un Q.I. inférieur à 100 ont recours à l’onychotérapie. Malgré leur mort subite, Saddam Hussein et Pol Pot décédèrent en parfaite santé, grâce à leur propre onychothérapeute ».


Dites plutôt : « En Suède, au Japon, aux États-Unis, l’onychothérapie offre aux classes supérieures une alternative douce aux médecines dures. Barack Obama, Céline Dion et Madonna ne voyagent jamais sans leur onychothérapeute attitré ».


7 - Citez vos sources avec un certain aplomb.

La manière de vous exprimer doit primer le contenu de votre bagou : « Le rapport sur les attentats du 11 septembre semble suggérer que l’onychothérapie puisse contribuer à une guérison du cancer dans 80 % des cas ». Si certains patients haussent les sourcils en s’exclamant ne percevoir aucune relation entre attentat et cancer, rayez-les de votre liste. L’onychothérapie agit par osmose instincto-intuitive ; elle est inefficace sur les personnes exerçant un jugement critique, car l’hyper-rationalisation génère des ondes de formes interférant avec les vibrations subonychales. Votre déontologie vous interdit de poursuivre le traitement. N’oubliez pas que votre clientèle primaire doit être constituée en majeure partie de sujets ne vérifiant jamais ce qu’ils entendent (et si possible le répétant toujours, car le bouche à oreille agit parfois de manière exponentielle). Feu Goebbels, le regretté ministre nazi de la propagande, était d’opinion qu’un mensonge répété plusieurs fois restait un mensonge, alors que martelé des millions de fois il devenait une vérité.


8 - Maîtrisez votre art.

À partir d’un certain degré de pratique, l’onychothérapie débouche sur l’onychomancie. Laissez parler vos patients, instruisez-vous de leurs soucis, de leurs envies. Soyez alchimiste et resservez-leur ces mêmes confidences sous une autre forme : ils en seront étonnés : « Ces stries parallèloïdes sur l’ongle de votre majeur droit indiquent que vous avez subi plusieurs changements majeurs dans ce que vous appelez pompeusement, votre « vie ». Je vais vous proposer un petit traitement de vingt-cinq séances de stabilisation symbioönychale afin que vous puissiez conjuguer le verbe vivre sous toutes ses formes ».


9 - Songez à la règle des 80-20.

80 % de vos revenus seront générés par 20 % de vos patients. Étirez la longueur de certains traitements en utilisant un ton théâtral. « La surface onychale de vos auriculaires est moins interfaçante que celles des autres appendices digitaux. Deux cent douze séances n’augmenteront que peu leur superficie osmotique, mais suffiront en principe à rétablir le déficit onycholaire. Mais bon, soit vous vous contentez de votre vie misérablement ridicule et étriquée de petit percepteur provincial fouineur, soit vous désirez vraiment actualiser les potentialités du grand albatros qui sommeille en vous, afin de vous épanouir en menant une vie longue et prospère, loin des gouffres amers. Mais, c’est à vous de choisir, car mon éthique déontologique m’interdit de vous influencer ».


10 - Créez une gamme de produits.

Vernis onychal à spécificité hyper-ciblée (spécial pour combattre la somnolence durant les discours politiques) ou brosse à ongles professionnelle 100 % bio (bois : ronce de noyer ; poils : moustache de phoque austral, arrachée humainement, sur place, près d’Ushuaïa ; prix : 239 euros seulement).


Le produit phare de votre gamme étant bien sûr le patch onychal amaigrissant. Pour ce dernier, perforez la partie adhésive de quelques « Post-it » vert fluo. Collez les confettis obtenus sur une feuille en papier glacé. Glissez-la dans une enveloppe cellophane transparente, scellez avec de la cire rouge fondue où vous appliquerez une pression moyenne pour laisser la trace floue, côté face d’une pièce d’un euro cent préalablement surpergluée à l’embout plat d’un stylo de diamètre inférieur. Apposez en son milieu une étiquette courrier portant une mise en garde solennelle, imprimée en rouge : « Attention, si vous maigrissez trop rapidement, ne portez votre patch onychal qu’un jour sur deux ! » Disposez-les dans un présentoir cristal sur votre bureau. Effet marketing foudroyant. Aucune personne en surcharge pondérale n’y résiste. Aucune.


11 - Créez votre propre fédération nationale.

Devenez membre fondateur de la fédération française d’onychologie. Décernez-vous à l’unanimité un diplôme national d’onychologue assermenté, imprimez-le en format A3 et confiez-le à un encadreur discret. Derrière votre bureau en acajou, suspendez sur le mur ce halo de respectabilité confirmée ; il doit apparaître quelques centimètres au-dessus de votre tête lorsque vous êtes assis et que vous annoncez vos honoraires.


Si vous maîtrisez la langue de bois avec un certain degré d’opacité, dispensez des séminaires de formation dans un charabia xyloglossique complexifié, truffé de néologismes pléonasmatiques. Envisagez des tarifs généreux et attrayants, 2 000 euros la demi-journée, par participant, ou tout autre prix trompétant au minimum trois zéros sur sa droite. Formalisez la vacuité pour mieux la dissiper : n’oubliez pas qu’à l’instar du prix de certaines peintures abstraites monochromes, le sérieux se mesure parfois à l’aune du nombre de zéros.



---


* capillotractées : tirées par les cheveux.


 
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   silene   
30/7/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Délectable ! Ce n'est pas exactement ce que j'appelle une nouvelle, mais ce mémento condensé et remarquablement synthétique est en train d'infléchir le cours de ma vie : je viens d'avoir la révélation qui va me conduire à créer la Fédération Nationale de Gypsophilie Analytique, discipline scientifique révolutionnaire qui à partir de l'étude des plâtres de maintien suite à une fracture, définit les lignes de force qui permettront à tout un chacun - payant, bien sûr, les pauvres étant invités à se contenter des gribouillis de leurs amis, aux coeurs transpercés de flèches s'ils veulent - de réinfléchir le cours de sa destinée.
Encore merci, cher prophète !

   florilange   
6/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce n'est pas une nouvelle mais ce texte est savoureux et bourré de recettes toutes plus utiles les unes que les autres pour qui souhaite rebâtir le cours de sa vie de manière plus gratifiante. En tout cas de façon sonnante et trébuchante.
Apprécié les phrases et le choix du vocabulaire, particulièrement choisi.

   Maëlle   
31/7/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je suis a peu près certaine que les deux tiers de ces conseils figurent (sans doute de manière moins lisible), dans les guides des recruteurs des sectes...

Ce qui n'empèche pas d'en sourire: sans être le plus efficace, l'humour pourrait éventuellement être un vaccin.

   jaimme   
31/7/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Excellent! Je me suis régalé de bout en bout! Et le plus fort c'est que l'humour est crescendo!
Un seul bémol: la fin n'est pas assez apocalyptique. Il aurait fallu finir par un éclat de rire somptueux.
Mais franchement, je vais relire, juste pour le plaisir!

PS: en revanche fait plus snob que "par contre", alors, hein!

   wancyrs   
11/8/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce petit opus matinal m'a fait plus sourire que réfléchir... je l'aurais vu en catégorie "humour", mais au vu de la recherche poussée des termes, il serait préférable qu'il reste là.

Ce texte m'a rappelé un autre, Chat noir, Chat blanc d'un des auteurs du site.

Merci pour ce moment de détente.

Wan

   Anonyme   
11/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Salut Flupke et merci pour ce texte plein d'humour ; je n'ai pas retrouvé dans ces termes grandiloquents les mots qu'emploie mon médecin référent et ça me rassure... Une lecture sympa et désopilante mais avec un fond de vérité car dieu sait que la gent "charlatans" ne s'est jamais mieux portée !
Amicalement. Alex

   doianM   
12/8/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bien pensé, bien rendu, j'ai eu du plaisir à lire.
Escrocs et charlatans, domaine qui excite des réactions diverses, souvent paradoxales.
D'une part l'indignation, citoyenne ou authentique. Mais aussi l'admiration pour l'intelligence, l'imagination, la mise en scène.
Et aussi la connaissance de la nature humaine: on attrape les mouches avec du miel, on séduit les "clients" souvent par l'appât du gain ou l'espoir de bénéficier de performances hors normes.

Une seule remarque, qui ne vise pas l'écrit ni les idées exposées mais plutôt le thème et...son extension.
Beaucoup de ces astuces font partie...de la promotion des produits de large consommation, faite non pas par des pauvres amateurs mais issues de grands fabricants et distributeurs.
Combien de fois on ne se laisse pas bercer dans les publicités par des composants mystérieux de crèmes de beauté ou d'aliments, dont le sens profond "on le pige pas" mais qui font "sérieux" ?.
Récemment j'entendais parler de l'influence d'un produit sur notre ADN.

Merci pour la lecture

   Anonyme   
12/8/2010
La lecture de cet "opus" ne m'a en aucune façon détendu. Je me suis lacéré le visage avec le peu d'ongles qui me restaient. En examinant les rognures je n'ai pourtant décelé aucune carence humoristique. Je dois avouer que ton énergie conceptuelle m'a court-circuitée au niveau du cervelet (tiens, ça me rappelle le livre de R. Beauvais : l'hexagonal tel qu'on le parle). J'en suis tout déséquilibré (mais ça n'est pas nouveau diront certains).

Je crois que je vais demander un bilan onychoscopique.

Bon, voilà encore un com qui n'apporte rien à l'auteur sinon la traduction du plaisir de l'avoir lu.

   brabant   
14/8/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Flupke,

Bon, je ne reconnais pas mon Flupke (pardonne-moi de m'approprier ta personne par pseudo interposé, les lecteurs/admirateurs, inconditionnels prennent de ces libertés et ont de ces exigences !) là-dedans.

C'est qu'il disserte aussi le bougre...

Et avec quel ton ! Savant, documenté, onomastiquement emberlificoté, étymologiquement exhaustif. Je m'y suis laissé prendre. Du second degré ? Ben oui, je sais... Il m'avait prévenu. Il n'aurait peut-être pas dû. A la rigueur c'était au lecteur de le deviner, c'est un adulte, enfin supposé tel (car il est vrai que, in irl, ...) il devait y avoir un autre moyen s'il voulait absolument l'accompagner : une petite bébête par exemple... (voir la fin du com)

Championne la phrase de Goebbels : "...un mensonge répété plusieurs fois rest(e) un mensonge... martelé des millions de fois il (devient) une vérité." Appliquée à une escroquerie ? Glaçant !... Second degré ? Ouf !... Excuse l'amertume, Flupke, c'est toi qui as raison. Mais fais gaffe, à trop avoir raison on peut finir sur une croix. Je vois des onychothérapeutes qui te guettent.(lol)

Merci pour le rappel des 80-20 que j'avais découverts sur Oniris. Intéressant.

Texte cynique pour qui se contente du premier degré, je sais que c'est du second degré. Pourquoi est-ce que j'ai froid dans le dos ?

Je n'arrive pas à me faire à l'image de ce Flupke moralisateur, car c'est au premier degré qu'il faut lire la morale de ce texte.

Inquiétant !

Pas drôle finalement...

Je me suis brûlé à jouer avec ces degrés. Il aurait fallu ajouter une coccinelle quelque part pour accompagner chacun des "conseils" (plutôt que l'avertissement en exergue), absurde, mystificatrice/démystificatrice, une coccinelle flupkinette, comme Gotlieb ajoute un doryphore à ses dessins... et des brocolis/ belges fried... humour oblige !

Bravo Flupke, mon com est bien sûr à prendre au quatrième degré car le troisième degré équivaudrait à revenir au premier, merci pour ce constat et cette leçon drôles, pas drôles, mais sacrément édifiants !

   Narbah   
14/8/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'espère évidemment qu'il ne s'agit aucunement d'humour.
Ces précieux conseils pouvant s'appliquer avec bonheur — en remplaçant seulement ici et là quelques mots par d'autres — à la pratique de l'écriture, nous pouvons tous, ici et ailleurs, les mettre à profit. Merci !

   FORTUNETTE   
16/8/2010
Je suis l'exception qui confirme la règle. J'ai pas du tout accroché. Vocabulaire très recherché, mais peu ludique à lire. J'ai eu du mal a rentrer dans la finalité du texte. J'aime pas trop!!! Désolée!!! (mais promis j'ai tout lu)

   blanchette   
24/8/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Texte vraiment savoureux à lire et surtout à relire...c'est très drôle bien sûr, et effrayant aussi car cela renvoie à tellement de livres, de prospectus, de sites internet, de conversations avec les uns et les autres (parfois même avec des gens intelligents si si !)qu'il faut admettre qu'il ne s'agit même pas d'une caricature !

Merci pour ce texte salutaire !

   Anonyme   
29/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Vraiment agréable, je regrette la préface - mais je peux la comprendre - mais j'ai bien rigolé.
J'm qu'on puisse adapter les conseils aux charlatans en fonction du type de charlatan.
Une sorte de mise en garde contre la PNL, ou quelque chose d'approchant. Très dans l'air du temps.
Bien analysé, bien que manquant peut-être encore de longueur, je suis persuadé qu'on pourrait en faire encore des pages et des pages.

   Zinaza   
2/9/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Trop hilarant! Mais en y réfléchissant un peu, c'est aussi comme cela qu'agissent les charlatans. Je classerai pourtant ce texte dans "humour et détente", n'eut été le relent de cynisme que je perçois un peu trop fort.
Dis, Flupke, tu n'en ferais pas une nouvelle? Avec comme personnage central un charlatan ou , mieux, un client mordu d'onychothérapie?
C'est fluide et facile à lire. J'ai beaucoup aimé.

   marogne   
6/9/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bon d’abord, et pour ce qui concerne les Onychothérapeutes, bravo. C’est hilarant (et pourtant normalement je suis imperméable à ce type d’humour).

Et puis en rationologue patenté je me suis demandé pourquoi cela m’avait fait sourire. Simplement sans doute par l’aspect universel de la critique. Quel que soit le domaine d’activité on retrouve les mêmes charlatans : management, Human Ressources, communication, marketing, R&D, … et les conseils donnés ici sont un bon outil pour décrypter derrière leurs discours facturés ce qui n’est que vent et façade, ou plutôt boniment.

Merci donc à Flupke pour cet « essai » farce.

   Anonyme   
11/9/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Pas mal ! Vu que ce texte a été classé par son auteur dans la rubrique "réflexions/Dissertations" (plutôt que "Humour/détente" par exemple) je me permettrai un commentaire dans ce même registre. Ce genre de parodie d'abus de toute sorte, exploitant la crédibilité excessive de certains ne touchent cependant que ceux qui d'une façon ou l'autre y "échappent" (par leur culture, éducation, intelligence, scepticisme, etc). Je veux dire que si le but est de "déniaiser" les victimes potentielles, et bien c'est difficile, tant le besoin de croire, de se rassurer, l'impact de l'argument d'autorité (que vous montrez bien), le souci de donner du sens à son existence sont prégnants. Par contre, si une fianlité est de montrer du doigt ces charlatans de tout acabit, effectivement, il y a matière à d'inépuisables parodies dénonciatrices. Ceci dit, il me semble aussi que nombre de ces charlatans croient (ou ont fini par croire eux-mêmes) à leurs discours et/ou pratiques. Dans ce cas, ils sont (ou deviennent) moins des "charlatans" que des... disons des "illuminés" ? N'y aurait-il pas là matière à une nouvelle (ou roman) intéressant, du genre "dans la peau d'un gourou" ? Lisez un René Guénon par exemple et vous verrez le trouble induit par ce genre de "mystique sincère"...

   Nils   
27/9/2010
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Alors pourquoi est-je mis exceptionnel? Tout simplement parce-que pour moi ce texte, qui n'est certes pas une nouvelle, sort de l'ordinaire et j'aimes ça. L'idée est excellente, et c'est également bien écrit. Au lieu de critiquer ouvertement les charlatans, il se met à leur place en quelques sortes et utilise de l'humour satyrique mais également très subtile.
Un texte qui pour moi à été mené à la perfection. Et qui d'ailleurs aurait sa place dans Charlie Hebdo...! En fait c'est un peu à la Stéphane Guillon aussi...

   David   
30/10/2010
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Flupke,

1 - Attrait de la nouveauté.

Un texte d'humour en humour/détente aurait été plus banal et nécessiterait sans doute de travailler les enchainement pour dissimuler cette aspect de liste, qui me semble communément admise comme une fainéantise, ou au mois un brouillon, en littératule.

2 - Racine grecque.

Il vaut mieux parler d'une mystérieuse et riante onychothérapie que d'une ébauche à grands traits.

3 - Assassinez vos confrères.

Sur Oniris et sans doute ailleurs, de nombreux auteurs travaillent âprement leurs enchainements, concordances des temps pour mettre en place des successions d'évènement, architectures du suspens, etc. Ils offrent malheureux un mur de lettres dénués du guide de la numérotation propre à un manuel de montage de meuble scandinave qui fit la ruine de tant d'ébénistes.

4 - Torpillez vos ennemis.

Dans le préambule, le narrateur affirme outrageusement que la lecture de son "oeuvre" pourrait résoudre les conflits écologiques émergents, c'est bien une concurrence déloyale.

5 - Vomissez des valises de néologismes.

"Si vous maîtrisez la langue de bois avec un certain degré d’opacité, dispensez des séminaires de formation dans un charabia xyloglossique complexifié, truffé de néologismes pléonasmatiques."

Cette phrase de fin ne contient-elle pas en elle-même l'aveu du forfait qui se perpétue sous les yeux du lecteur ?

6 - Offrez des comparaisons alléchantes.

La naîveté telle qu'elle est présentée en introduction passe sur la vertu qu'elle peut avoir : ne pas s'engager dans quoi que ce soit, comme un texte de Flupke par exemple, avec des préjugés reposant sur le profil digne d'un général soviétique tel que celui de l'auteur : Flupke, 31 plumes sur Oniris

http://www.oniris.be/auteur/flupke-967.html

Un inconnu aurait sans doute porté les plumes... collées sur lui par du goudron.

7 - Citez vos sources avec un certain aplomb.

C'est vraiment malhonnête de mettre une note en bas de page pour "capillotractées" qui contient la même racine que le mot tracteur, et pas à "néologisme" qui est de racine grec, alors même que vous mettait en garde le lecteur contre cette langue zombie dans le tiret 2. je ne peux que soupçonner une maneuvre afin de confirmer le lecteur dans sa toute puissance illusoire : il ne pourrait être victime d'un charlatan puisqu'il a put reconnaître ce mot conçu par assemblage, alors qu'il est à ce moment au coeur de vos griffes, pas moins.

8 - Maîtrisez votre art.

L'art de subjuguer les foules bien sûr, et de surfer sur l'actualité. "charlatan", "onze" n'est-ce pas pour évoquer le triste sort de l'équipe de France de Football lors de la dernière coupe du monde en préparant par cette allégorie la seule sortie honorable de cette bien funeste affaire : désigner un bouc émissaire.

Je n'ose imaginer si c'est la médecine chinoise ou bien la balnéothérapie qui sera promise au pugilat par ce brûlot, à moins que ce ne soit Raymond Domenech, ancien joueur de l'olympique lyonnais. Olympique ? Voilà peut-être la clef de cette acrimonie contre la langue de Platon.

9 - Songez à la règle des 80-20.

Ce patch de littérature est bien la preuve du faux stakhanovisme qui semble débuter ici, ne lirons-nous pas bientôt "dix bonnes raisons d'en finir avec les mots de plus de deux syllabes", "Quatre cent coups à faire sans vraiment faire des chapitres", "Les milles et une fois où j'ai eu raison sans avoir à dire plus que quelques mots", et ainsi de suite !

10 - Créez une gamme de produits.

Ce manuel pourrait bien augurer d'une lugubre ère de lecture didactique flattant faussement la perspicacité du lecteur en lui démontrant par A plus B qu'il ne tombera pas dans le piège que sa lecture enjoué tend pourtant à mettre en place.

Imaginons une publication sur un emballage de confiserie que les chers tête blondes, telle que cette couleur de cheveux caricature malheureusement la non-vigilance supposée de pourtant bien braves citoyennes, s'échangeraient à la recherche, qui du Huit, qui du onze, de cette martingale démoniaque.

11 - Créez votre propre fédération nationale.

La conquête du pouvoir absolu, à peine dissimulé ici, ne pouvait qu'être à la source de cette forfanterie.


Sans rire, c'est parce que j'ai bien peur d'être quelques fois tombé dans des pièges que j'aurais vu se présenter aussi largement qu'un éléphant dans un couloir, si je n'y avais pas été immergé, comme dans une lecture, que j'ai pris le texte de cette façon-là. Je ne me crois pas toujours plus malin que ceux qui tombent sous le coup d'escrocs d'apparence grossière, et je ne suis pas sûr que ce ne soit pas l'intention de l'auteur avec ce "manuel pour ne pas se faire avoir" conçu comme un second degré, il y en a peut-être trois ?

   Anonyme   
31/10/2010
Bonjour, Flupke,

J'ai lu avec un sourire votre texte. Un sourire seulement, car un petit détour du côté de la programmation neurolinguistique, une introduction au monde du marketing lors de mes études (un grand souvenir... on nous a même balancé un Rorschach ce jour-là...), le fait de m'être frottée au monde de la vente et la fréquentation délectable de http://www.charlatans.info/index.php m'ont appris que tout cela est loin de n'être que de l'humour, et qu'une reconversion en gourou permet souvent de faire fortune, même avec 20% d'adeptes réellement utiles.

Je suis sans doute très blasée car j'ai aussi pas mal fréquenté les racines grecques et latines dans leur plus grand rôle, celui de préfixation et suffixation scientifique. Je n'ai donc pas eu d'effet de surprise, ce que je regrette (dommage, à ce sujet, d'avoir traduit "capillotracté").
C'est pourquoi je ne vous note pas, ce que je vous prie de me pardonner.

Mais peut-être puis-je vous faire un compliment : desprogesque.

   emi   
14/1/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte m'a ravi par son humour pince sans rire. Une remarque : si Flupke rédigeait " 11 conseils aux hommes politiques arrivistes ", n'y aurait-il pas des paragraphes communs?

   victhis0   
15/1/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Vraiment rigolo et comme toujours truffé de mots enthousiasmants et savants sans pédanterie. Le thème onguleux (?) est original, aucun des conseils ne démérite...j aurais mis ce texte dans la rubrique humour mais bon, on va pas chicaner. Toujours en forme le père flupke!

   Anonyme   
12/9/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Flupke !

Que dire sinon un grand bravo pour ton comique ! J'ai vraiment adoré. D'abord plutôt sceptique, tu m'as pourtant convaincue en trois arguments de finir ta courte nouvelle, que j'ai ensuite appréciée jusqu'au bout ! Le ton est léger mais sonne très professionnel, on pourrait lire cela dans "la charte du bon étudiant" ou que sais-je encore ! Et surtout, la critique de fond est quand même exceptionnelle. J'ai d'ailleurs reconnu sans trop de problèmes quelques uns de mes compatriotes dans tes descriptions...

Seul bémol : un sujet peut être pas très original dans le sens où il n'y a pas de réelle découverte dans ton texte (je ne sais pas si je me fais bien comprendre...) : tous ces archétypes sont archi rebattus, le mérite qu'il te reste est seulement l'usage que tu en as fait : un très bon comique.

Au plaisir de te lire à nouveau !

Caelan

   Anonyme   
12/9/2011
 a aimé ce texte 
Passionnément
Certes ce n'est pas une nouvelle classique, et c'est tant mieux. Un texte aussi délectable que fondé. Un vrai régal, humour grinçant, vérité dérangeante... Un commentaire ni très original, ni très argumenté mais merci pour ce texte que je relirais avec grand plaisir.


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