Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Humour/Détente
hectorludo : Moi
 Publié le 23/03/14  -  12 commentaires  -  10480 caractères  -  139 lectures    Autres textes du même auteur

Un jour, j'ai voulu visiter mon moi. Quelle aventure !


Moi


Je me souviens parfaitement du moment où cette terrible histoire a commencé. Ma femme était prête à retourner au travail après la coupure du midi. Elle passait son manteau, quand soudain, elle s’arrêta net. Elle me regarda d’une drôle de façon et dit cette phrase curieuse :


– Tu devrais trouver en toi la force de t’en sortir.


Je me demande encore ce qui avait pu lui passer par la tête à cet instant-là.

J’ai été surpris pour deux raisons, d’abord, ce n’était pas le genre de phrase qu’elle employait d’habitude à mon intention. Son style ressemblait beaucoup plus à ça : « Pourrais-tu te bouger, espèce de fainéant ! » Ou bien : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour épouser un bon à rien pareil ! »

Vous voyez le genre. À la réflexion, je suis persuadé qu’elle avait dû le lire que dans un de ses romans-photos habituels ou l’entendre dans « Amour, gloire et beauté ». Je ne pouvais imaginer d’autres possibilités.

La deuxième raison pour laquelle je m’étonnais, c’est que cette phrase m’interpella. Allez savoir pourquoi !

J’étais détendu, avachi confortablement sur le canapé du salon. Je portais le maillot vert olive à rayures orange des supporters de l’Olympique. Mes pieds nus étaient posés sur la table basse et dépassaient de mon pantalon de pyjama bleu. J’étudiais sereinement les pronostics du tiercé en buvant de la bière à même la cannette et en grignotant quelques chips.

J’étais bien, « heureux ! » Dirais-je.

Et puis voilà que cette citation me tombe sur le coin de la figure et commence à tourner en boucle dans ma tête.

Foutue ! Ma zen attitude ! Je commençais à me poser des questions. Une chose qui ne m’était pas arrivée depuis belle lurette.

Trouver en moi la force de m’en sortir ? Déjà, je ne voyais pas de quoi je devais m’extraire. J’étais bien comme ça. Au chômage, depuis plus de trois ans, je touchais mes allocations régulièrement. Je prolongeais l’histoire en proposant au docteur une bonne déprime de temps à autre, la sécurité sociale prenait le relais pour quelques mois et ainsi de suite.

C’est plutôt le trouver en moi qui me titillait. Je me connaissais par cœur, si je devais trouver quelque chose en moi, je m’en serais aperçu depuis longtemps.

Quoique, à bien réfléchir, jamais je n’avais été voir en moi. Ce n’était pas une pensée qui m’avait traversé l’esprit. Elle ne me semblait pas présenter un quelconque intérêt.

C’était une drôle d’expression quand même ! Je ne comprenais pas pourquoi j’aurais pu trouver de la force à cet endroit. Du fond de mon canapé, j’essayais d’oublier cette phrase idiote.

Rien à faire, elle revenait me titiller sans cesse, allant jusqu’à m’empêcher de comprendre l’intrigue de « Derrick ».

D’un seul coup, je cédais et décidais d’aller voir en moi.

Au début, je n’y arrivais pas. C’était une première, je n’avais pas la méthode. Je fermais les yeux et essayais de regarder vers l’intérieur. Je pensais, peut-être à tort, qu’il fallait voir une sorte de chemin. Je finis par loucher.

Je tentais ensuite une approche différente. Toujours les yeux fermés, je m’imaginais en train de tomber en moi. J’attendis un bon bout de temps et soudain je me sentis partir. J’avais trouvé la porte de mon moi intérieur.

Étrangement, derrière la porte, c’était le vide. Emporté par mon élan, je chutais. Une chute interminable. En moi, il n’y avait rien !

Je me dis avec angoisse, mais optimisme, que je finirais bien par arriver quelque part. Au fond de mon estomac ou plus bas encore ce qui m’inquiétait un peu.

Cela dura un bon bout de temps, puis soudain j’atterris en douceur sur quelque chose de moelleux.

Un peu étourdi, je jetais un œil vers l’endroit d’où j’arrivais. J’aperçus tout là-haut, petite comme une étoile dans le ciel, la porte de sortie de moi.

Jamais je ne pourrais remonter. Je maudis ma femme pour avoir lancé cette phrase sans réfléchir et surtout sans en mesurer les terribles conséquences.

En tâtant le doux revêtement qui m’avait reçu, je pris conscience, d’un seul coup, que j’étais dans un canapé identique à celui de mon salon. Devant une table basse et une télé dont l’écran brillait sans image ni son. À part ces objets, le désert. Il n’y avait autour de ces meubles qu’une sorte de plaine toute blanche sans horizon ni fin. Le plus surprenant, c’était le silence absolu qui régnait à l’intérieur de moi. Pour meubler un peu l’espace, je sifflais un petit air. La sonorité me surprit, mon moi résonnait comme un tambour.

Si l’intérieur de moi se limitait à si peu de chose, c’était vraiment inutile de faire le voyage. En plus, la télé ne fonctionnait pas, j’allais louper mon feuilleton journalier.

Bien, j’étais venu, j’avais vu, j’étais déçu. Je n’avais plus qu’à trouver le moyen de sortir de ce trou.

Je m’extrayais du canapé, la porte était toujours aussi inaccessible. Je partis de l’idée que mon moi ne devait pas être plus bête qu’un autre et qu’il avait prévu une sortie de secours ou une entrée de service. Je n’avais qu’à chercher.

Je commençais à parcourir le sol blanc, dans la lumière blanche. Mes pas résonnaient dans le silence de mon moi. Au bout d’un moment, je me retournais. Les trois meubles étaient déjà très éloignés, très petits. Je continuais, persuadé d’arriver tôt ou tard au bout du sol blanc devant un mur sûrement blanc avec dedans une porte évidemment blanche. Des endroits sans fin cela n’existe pas.

J’arpentais la plaine depuis un certain temps lorsqu’au loin, très loin, j’aperçus un point foncé. Rassuré, j’avançais d’un pas plus rapide. Au fur et à mesure, la tache se précisait. Soudain, je reconnus le canapé, la table basse et la télé.

J’étais revenu à mon point de départ. Je pensais aller tout droit et en fin de compte je tournais en rond. Je m’étais mal débrouillé, mais je ne me décourageais pas.

Je repartis aussi sec en me retournant souvent pour ne pas perdre de vue les meubles et marcher ainsi en ligne droite. À l’instant où ils devinrent si petits qu’ils disparurent, je fis volte-face et aperçus un point à l’opposé. Cette fois, j’avais trouvé !

Joie de courte durée, un doute m’assaillit aussitôt. Dans la plaine blanche, c’était mon seul repère. J’avançais en écarquillant les yeux, devant moi réapparaissaient le canapé, la table basse et la télé.

En moi, il n’y avait que ça et le silence. Je m’assis devant la télé sans image. Je déprimais un peu.

D’un seul coup, une idée me vint. Si je décidais de rentrer en moi de nouveau, peut-être sortirais-je en fin de compte. Je conçois que l’idée pouvait sembler bizarre, mais sur le moment elle me parut excellente.

Je fermais les yeux et je m’imaginais tombant vers mon intérieur. Ce fut plus rapide que la première fois. Je partis en vol plané dans un autre vide, me demandant immédiatement si je n’avais pas fait une erreur. J’avais chuté la première fois, je chutais encore, logiquement, cela ne pouvait pas me porter vers le haut d’où je venais.

L’atterrissage s’avéra aussi agréable. Je crus un instant avoir réussi. Le canapé et la table basse étaient semblables aux miens, mais la télé ne fonctionnait toujours pas ! Une nouvelle plaine s’étendait à perte de vue et le bruit feutré de mon atterrissage résonnait encore dans mon deuxième moi.

Est-ce que je ressemblais à une poupée russe ? Combien de mois s’empilaient les uns sur les autres ? Vides, blancs et silencieux.

Peut-être mes mois étaient-ils sans fond ! Étais-je condamné à errer sans fin de moi en moi, de chute en chute, de vide en vide, de silence en silence.

J’avais un début de migraine, jamais je n’avais réfléchi autant. Je levais la tête pour apercevoir la porte lointaine et inaccessible. Une échelle, il me fallait une échelle, une immense échelle.

Je ne sais pourquoi, la peur, sûrement, car je criais tout haut comme dans les jeux à la télé que je regardais assidûment, « une échelle ! Une échelle ! Une échelle ! Une échelle ! »

C’était idiot évidemment. Les mots revenaient en échos et m’assourdissaient, je me bouchais les oreilles et fermais les yeux.

Lorsque je les ouvris, une échelle était devant moi, droite. Elle montait vers le ciel, jusqu’à la porte.

En fin de compte, il suffisait que je demande à mon moi intérieur et il me fournissait ce que je désirais. C’était trop tentant, je criais : « Une bière, une bière. »

Sur la table basse, une bière attendait. Entre deux gorgées, j’exigeais des chips que j’obtins immédiatement. La belle vie.

Je changeais la couleur du sol, passais au rouge, au bleu, au jaune. Je transformais la télé en home cinéma et regardais ma série habituelle.

C’est à la fin du film que je me posais la question. Pourquoi sortir de mon moi ? J’avais tout ce que je voulais ici. Je demandais, j’étais exaucé.

Dehors, je devais me lever pour prendre ma bière dans le frigo, la télé était toute petite et ma femme me râlait dessus sans arrêt.

Franchement, je me demandais si cela valait le coup de revenir !

Un truc me gênait quand même. Le fait que ma femme ignore que j’avais trouvé un endroit où elle ne pouvait plus me casser les pieds. Une retraite où je n’avais plus besoin d’elle, où je faisais ce qui me plaisait.

J’allais lui balancer toutes mes rancunes au visage et repartir en moi. Ça lui servirait de leçon.

Je grimpais sur le premier barreau de l’échelle et m’arrêtais net. Pourquoi escalader ces centaines de marches ? Je criais « ascenseur ».

J’appuyais sur la touche la plus haute et en quelques instants je me retrouvais chez mon premier moi.

Je répétais l’opération et me présentais devant la porte de mon dehors.

Elle était transparente, je voyais la télé et le papier à fleurs derrière. J’étais revenu.

Je poussais sur la porte, elle résista. Je forçais, cela ne servit à rien, elle était fermée.

Soudain, j’entendis du bruit à l’extérieur de moi. Je reconnus la voix de ma femme.


– Il est là docteur, je l’ai trouvé comme ça en rentrant du travail.


Un type que je ne connaissais pas se pencha sur moi. Il avait un truc pour écouter qu’il me posa sur la poitrine. Je le regardais faire sans comprendre.

Il se releva et se poussa sur le côté, j’étais content parce qu’« Une famille en or » commençait à la télé.


– Je suis désolé, madame, il n’y a plus rien à faire. Votre mari est mort.


Quoi ? Qu’est-ce qu’il raconte, ce toubib ? Je suis vivant, je suis en moi, la porte est bloquée, il suffit que je trouve le moyen d’ouvrir.

C’est à ce moment qu’il posa sa main sur mon front et me ferma les paupières.

Je n’ai jamais pu voir la fin de l’émission.



 
Inscrivez-vous pour commenter cette nouvelle sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Robot   
2/3/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
L'histoire aurait pu me passionner, mais tout au long du récit j'ai été rebuté par la répétition des verbes être et avoir conjugués en "j'avais, j'ai, c'était, c'est". Lassé aussi par le relatif "que" surabondant. et les négations manquées comme "je suis persuadé qu’elle avait du le lire que dans un de ses romans-photos" La fin coule un peu mieux. Je pense qu'une relecture permettrait des allégements de style afin d'améliorer ce texte. Un bon sujet un peu gâché par l'écriture.

   Coline-Dé   
2/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Nom d'un chien, faut que ce soit un vraiment
sale coup pour ne plus comprendre l'intrigue de Derrick !
L'idée des "moi" gigognes m'a parue très adaptée : les poupées gigognes sont forcément vides.
La description de ce moi intérieur limité à un canapé, une table basse et une télé fait " pleurire" !
J'ai bien aimé cet humour faussement naïf et vraiment grinçant.
Je trouve toutefois que cet individu ne mérite pas de se retrouver au paradis - à moins que voir tout ses souhaits réalisés ne soit en réalité l'enfer ...
Mais non, il ne s'agit pas du paradis, puisqu'il n'a jamais pu voir la fin de l'émission !

En revanche la forme laisse un peu à désirer : l'emploi de l'imparfait et du passé simple s'organise de façon anarchique.
Le côté un peu plat de la narration convient bien puisque l'histoire est racontée par ce personnage creux et il est compensé par les petites pointes d'humour :
* l'intrigue de Derrick,
*Au fond de mon estomac ou plus bas encore ce qui m’inquiétait un peu.
*Bien, j’étais venu, j’avais vu, j’étais déçu.
*J’appuyais sur la touche la plus haute et en quelques instants je me retrouvais chez mon premier moi.
Je répétais l’opération et me présentais devant la porte de mon dehors.
*Je n’ai jamais pu voir la fin de l’émission.

Un texte qui fait sourire un peu jaune , finalement pas si anodin !

   Anonyme   
8/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

C'est rare de lire un texte de cette catégorie et de garder le sourire tout au long de cette descente extraordinaire. J'ai beaucoup, beaucoup aimé. Le deuxième voyage est-il vraiment utile ? J'ai senti l'ennui me picoter mais j'étais très curieux de savoir comment vous alliez vous en sortir. Vous savez ce qu'on dit dans ce cas là : contrairement à ce qui se passe dans la vie, la première idée qui vient à l'esprit n'est pas la bonne. Je suis certain qu'il y aurait pu y avoir une fin plus déjantée. Je ne vais pas bouder mon plaisir, j'ai aimé cette histoire.
Gaffe aussi, excès de virgules nuit gravement à la santé du lecteur.
Merci.

   fergas   
23/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Hectorludo,
J’ai bien aimé cette recherche du Moi intérieur. Dire qu’on paie très cher des psys pour essayer d’entrevoir un intérieur aussi morne !
Dans le cours du récit, à cause de l’imbrication des « Moi », j’ai cru que le héros s’acheminait vers une forme d’autisme, et ne pourrait plus s’extraire de son Moi. J’avoue que la mort finale m’a surpris. C’est peut être la seule faiblesse, relative, du récit.

Quelques corrections :
« J’étais bien, « heureux ! » Dirais-je. » La majuscule de Dirais est inopportune, et peut-être aussi les parenthèses autour de «heureux».

« c’était plutôt le trouver en moi qui me titillait » Là par contre, les parenthèses manquent autour de « trouver en moi ».

Sinon on remarque le très bienvenu « j’étais venu, j’avais vu, j’étais déçu », emprunté au grand Jules.

Un bon moment passé grâce à cette lecture.

   Pepito   
23/3/2014
Un texte sympa, les erreurs d'écriture ont déjà été pointées par les commentateurs précédents.
La mise en forme pas top aussi, pour une lecture sur ordi.

Je me suis bien marré à cette lecture. Merci.

Pepito

   Anonyme   
23/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ah quand on décide de partir à la découverte de son moi intérieur !

Je ne cache pas ma surprise et ma déception en apprenant la mort du narrateur.

Sinon j'aime l'idée de ce voyage et de ces mois les uns dans les autres.

Au plaisir :)

   Aveta   
23/3/2014
et bien "Moi", j'ai adoré ! je me suis laissée emporter par le voyage du narrateur, bien malin et très affûté sous des dehors faussement absurdes. Curieusement, cette nouvelle rejoint la poésie publiée par Bipol ce même jour, à la St Victorien, nos auteurs ont-ils là remportés une victoire sur eux mêmes ??
Je ne suis pas déçue par la fin, après tout, notre homme est remonté (ou redescendu) dans son moi intérieur, il reviendra au prochain voyage de la vie..
C'est un texte léger par sa forme, et dense par le fond, bref, un régal pour un dimanche pluvieux à la campagne !

   Bidis   
23/3/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Délectable ! Tout ce que j'aime... Sauf la chute qui, comme le héros d'ailleurs, m'a complètement refroidie.
Je n'ai pas vu les erreurs d'écriture, quand je m'amuse vraiment, je ne chipote pas. Donc exceptionnel de chez magnifique mais avec un gros moins pour la fin parce qu'elle est triste et parce que je la trouve moins inventive que le reste.

   Anonyme   
24/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Hectorludo,

Le personnage/narrateur est un mort… Ou plutôt un mort-vivant. Son enveloppe corporelle est morte (dixit le toubib), mais son Moi est bien vivant. Je suis déjà un peu largué, mais bon, pourquoi pas ? J’essaie malgré tout de trouver une cohérence à ce récit fantastico-philosophico-ésotérico-rococo.

1. A la fin il semble que le Moi du type soit toujours vivant, sinon il ne pourrait pas raconter l’histoire ni prononcer la dernière phrase : « Je n’ai jamais pu voir la fin de l’émission. »
2. Mais alors, Si le Moi est toujours vivant, pourquoi n’a-t-il « jamais pu voir la fin de l’émission » ?

Il y a là une incohérence narrative. A moins que le geste du toubib (la clôture des paupières) n’ait entraîné un refoulement du Moi, qui se retrouverait alors aveugle et coupé du monde réel. Et là je suis vraiment largué, comme à chaque fois que je fais confiance à un auteur de science-fiction.

Si j’ajoute à ça que le voyage intérieur se limite au même canapé, au même poste de télé, et au même paquet de chips, ça fait pas bézef à se mettre sous la dent. Tout ça pour nous dire que le Moi souterrain est aussi ennuyeux que le Surmoi de la surface.
En fait, le texte manque surtout de fantaisie et d’une certaine imagination. J’aime les récits déjantés. Ce héros fainéant et tristounet avait l’occasion de faire un voyage fantastique à l’intérieur de lui-même. Puisque l’angle choisi était l’humour, ce voyage aurait dû être quelque chose de jubilatoire, de caustique, d’extravagant.

Côté écriture, la narration est un peu pauvrette. Les phrases de certains passages commencent toutes par « Je ». Ce style routinier devient vite monotone et fastidieux. En se banalisant, le rythme finit par s’épuiser. Je relève aussi plusieurs confusions de temps dans la conjugaison, comme par exemple :

« En fin de compte, il suffisait que je demande à mon moi intérieur et il me fournissait ce que je désirais. C’était trop tentant, je criais : « Une bière, une bière. » Sur la table basse, une bière attendait. Entre deux gorgées, j’exigeais des chips que j’obtins immédiatement.»

Le verbe « obtenir » ne peut ici se conjuguer qu’à l’imparfait, et non au passé simple. Cette erreur est assez fréquente dans le récit.

Voilà quelques idées qui me viennent à la lecture de votre texte. En fait, je l’ai commenté parce que je trouve que l’accroche (le déclencheur) et le sujet de vos textes sont toujours très intéressants. Mais le traitement est trop approximatif à mon goût, ça manque un peu d’épaisseur.
C’est vraiment dommage, parce que de temps en temps, votre style est au top :

« J’étais détendu, avachi confortablement sur le canapé du salon. Je portais le maillot vert olive à rayures orange des supporters de l’Olympique. Mes pieds nus étaient posés sur la table basse et dépassaient de mon pantalon de pyjama bleu. J’étudiais sereinement les pronostics du tiercé en buvant de la bière à même la canette et en grignotant quelques chips. »

Ce passage est très bon (attention toutefois aux adverbes, qui gagneraient à être remplacés par une rapide description comique). J’apprécie beaucoup ce portrait du héros et votre sens de l’humour. Pour moi, l’humour est l’artifice de la littérature le plus difficile à manier.

Je trouve parfaitement injuste qu’aucun de vos textes jusqu’à présent n’ait obtenu de plume (j’en aperçois enfin une pour celui-ci). En même temps je ne suis pas sûr que ma note vous aide à vous remplumer. C’est un peu le paradoxe que j’éprouve en vous lisant : je ne suis pas convaincu, mais j’ai envie que d’autres le soient, et je peux comprendre leur enthousiasme.

Ludi,
en mode Surmoi

   Anonyme   
27/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai beaucoup aimé cette histoire. C'est un genre de texte que j'adore, qui ne se prend pas au sérieux mais qui divertit intelligemment.

   in-flight   
10/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour,

C'est vrai qu'il y a beaucoup de "Je" dans ce texte. En même temps quand on parle de "moi", de "toi", enfin de "soi"... c'est un peu inévitable.

Je me suis bien marré à lire ce texte. Sans rentrer dans les considérations métaphysiques de Ludi , je reconnais qu'on s'y perd un peu au niveau de la logique et de la cohérence du récit. Mais parce que c'est drôle, on n'y fait guère attention.

Je ne suis pas fan de citer des noms d’émission ("le juste prix", "la famille en or...") dans un récit. La raison en est simple: Dans 10,15,20 ans, ces émissions n’existerons plus et le texte aura perdu son intemporalité. D'ailleurs je me passerai volontiers de savoir quels programmes regarde le narrateur. C'est inutile à mes yeux.

"Je fermais les yeux et je m’imaginais tombant vers mon intérieur."
--> Je pense que les verbes conjugués au passé simple seraient plus adaptés à la phrase.

Un moment très sympathique. Le - pour la forme un peu fade.

Bonne suite.

   Anonyme   
11/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
J'ai trouvé l'idée de ce voyage en soi géniale, j'ai lu d'une traite, j'ai très bien vu les images que vous voulez montrer, ce gros flemmard en pyjama, son canapé, sa télé, sa descente en lui-même, cet espace blanc, ce point noir au loin, comme quoi tout est très bien rendu dans votre nouvelle, très ciné...
Votre histoire est drôle, la fin est inattendue, il y a un petit côté absurde et c'est pour moi un vrai bonheur.
Bravo pour ce moment sans prise de tête.


Oniris Copyright © 2007-2023