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Fantastique/Merveilleux
jaimme : Maléfices et rêves ronceux
 Publié le 23/12/13  -  19 commentaires  -  14527 caractères  -  452 lectures    Autres textes du même auteur


Maléfices et rêves ronceux


Sarah est une sorcière.

Le Village le dit.

Elle n’a jamais embrassé sous le gui, n’a jamais donné naissance à une marmaille.

Toutes les vaches doivent vêler. Non ?

Elle vit loin et à part, sous les frondaisons du bois de Peu. Même les gamins du Village, lorsqu’ils mènent glander les cochons, évitent le bois de Peu. Les branches basses y tricotent des pièges sombres, la terre est rare au profit des eaux croupissantes et les relents bitumeux infectent les poumons. D’énormes rats d’eau se faufilent hors de leurs nids monumentaux et plongent depuis les arbres. C’est ce qu’on dit.

Et « on » est plus fort que la somme de toutes nos réflexions.

Non ?


Sarah chante seule.

Les Vieux me l’ont rapporté : quand elle vient au Village pour acheter ses outils ou les faire réparer par le Forgeron, elle incante sous couvert de chansons guillerettes. Elle hypnotise et soumet. D’ailleurs, lorsque ses robes de chanvre sont trop près, un sourire danse sur tous les visages. Politesse ? Sourire intimidé ? Certainement pas. Elle enchante avec ses airs diableux, ses yeux presque trop beaux, ses petites ridules d’insouciance et ses mollets trop fins.

Celle qui regarde haut, chute d’autant. Non ? En tout cas elle devrait… ou ça ne va pas tarder.

Sûr.


C’est la fille de feu le Mégissier. Son père vivait en aval. Pour tendre les peaux il faut vivre en aval. Il sentait la pisse, celle que sa fille rapportait du Village. J’me rappelle la petiote, avec ses deux seaux. Tout le monde l’appelait la Pisseuse, bien sûr. Maigrichonne, cachée sous ses longues mèches de cheveux, elle avait les bras durs et solides à transporter ses deux seaux, mais les gamins du Village aussi sont costauds, les chiots se mordent du matin au soir, et elle avait rarement le dessus.

On l’a retrouvé un soir, le Mégissier, tombé dans sa chaudière à pisse, mort. Les effluves ont eu raison de lui, ou bien c’est son battant qui s’est pris une réservation à la fosse commune, et sans le prévenir. En tout cas il n’a fallu qu’une quinzaine pour que l’oncle débarque avec son uniforme de déserteur des armées du roy, reprenne l’affaire et chasse la petiote de la mégisserie.

Avec le manche de sa cognée.


Pas de mère pour la protéger, pas de fratrie. Elle a mendié un moment puis s’est installée dans la cabane abandonnée du bois de Peu. Un vieux reste des carboniers qui avaient changé de forêt et même de pays.

Elle devait avoir quatorze hivers à son actif, la petiote, à l’époque.

Un temps elle a vendu le dessous de ses dessous. Peut-être quatre ou cinq ans. Puis un soir le Laboureur du pont de Moins est revenu en annonçant à tout le monde que la petiote elle voulait plus. Le jardin était clos.

Peu après l’a fait dire qu’elle avait étudié les simples et les élixirs. Comment ? Avec qui ? Personne le sait. Belzébuth à mon avis. Ou une vilaine voyageuse, y en a qui passent des fois, mais j’y crois pas.

L’aubergiste a perdu ses écrouelles pour quatre pièces et sa femme a retrouvé son ventre plat pour dix. Alors tout le Village y est allé.

Ils iront tous en enfer.

Mon avis c’est qu’on est deux à jamais y avoir mis les pieds : le Curé et moi. Et je suis même pas sûr pour le Curé.

Pourtant elle réussit pas toujours, la sataniste : le philtre d’amour n’a pas fonctionné avec le fils du Tonnelier. Faut dire qu’il est moche comme le cul d’une gargouille ce gamin. Trop lent du potiron et trop empressé à vouloir utiliser sa courgette. Le Curé ne veut plus de lui pour sonner les cloches, il lui tirait les cordes n’importe comment. Normal aussi. Vu qu’il ne sait pas compter plus que ses quatre doigts de la main droite on avait droit aux heures de chez les sauvages de Chine. Et quand son père porte le feu aux tonneaux, comme par hasard, il l’envoie toujours faire une course. Un atelier à reconstruire c’est bien suffisant pour se demander si sa femme a pas frayé avec le martyr Télémaque, saint patron des idiots.

Toujours est-il qu’après cinq philtres d’amour, dont trois gratis, et même un baume pour ses cheveux, le gamin est revenu au bois de Peu avec une barre à mine et lui a cassé l’épaule et la cheville. Maintenant les gosses l’appellent la « bancale ». Au temps pour sa fierté. Pourtant elle est toujours aussi gaie…

Va comprendre.


Ce matin le Régulier – on l’appelle comme ça parce qu’il est toujours fidèle au poste, enfin si on peut appeler « poste » l’ouverture du comptoir de l’auberge – le Régulier, donc, est venu me voir dans mes vignes. Le rencontrer hors de la taverne, pendant les heures d’ouverture, est en soi un événement, mais ce qu’il m’a rapporté l’était plus encore.


– Martin-Vigneron, t’as entendu la nouvelle de c’matin ? m’a-t-il lancé, tout essoufflé.


Faut dire qu’avec l’agitation de ses journées, trois pas l’épuisent le Régulier.


– Ben non puisque tu viens me le dire et que j’étais déjà là entre chien et loup, à l’heure où tu vas pisser pour la première fois !

– … Te moque pas, Martin-Vigneron, tu sais très bien que je suis handicapeux.

– T’es handicapé depuis que ton père est mort et que t’as hérité de tout son bien, feignasse ! Attends, comment se fait-il que tu aies fait tout ce chemin, et jusqu’à moi ? Pourquoi justement moi, le Régulier ? Ta nouvelle tu pouvais l’annoncer à d’autres… ou alors ça me concerne.


Là j’ai posé ma binette.


– Vas-y, raconte.

– Si je suis venu à toi, c’est que t’es le seul à critiquer ouvertement la Sarah. Le seul à prendre toute la mesure de ce que je vais t’annoncer.


Je n’avais jamais entendu le Régulier faire une aussi belle phrase. Lui qui est fin saoul tous les jours que Dieu fait et avant les laudes ! Soit il n’avait pas encore eu le temps de descendre son huitième broc, soit la nouvelle l’avait dessaoulé.

Là je l’ai invité à s’asseoir à côté de moi sous le grand saule.

C’est alors qu’il m’a raconté que l’Aubergiste avait entendu dire que la Sarah avait été vue chevaucher le Forgeron. Autant dire une information de première main lorsqu’on sait que chez nous une information a souvent voyagé plus que les flamants roses en hiver avant d’arriver dans l’oreille d’un Vigneron bourru comme moi.


– Chevaucher ? Tu veux bien dire copuler ?


Là je me suis levé.


Notre Forgeron, fils et petit-fils de Forgeron, est l’homme le plus respecté du Village. C’est l’homme le plus fort, c’est sûr. À force de taper avec son marteau de quatre livres il a des muscles aussi noueux que le bourdon d’un sourcier. En plus il change de main régulièrement pour pas être trop déformé. Un vrai titan.

Ses yeux sont presque dorés. Certains disent que le feu y est venu dedans. Pas le diable, non, c’est un homme de messe. Il y va trois ou quatre fois par semaine.

D’ailleurs on l’entend jamais jurer, jamais, même quand il s’écrase un doigt ou qu’il se brûle. Il fait rire tout le monde avec ses « mazette » quand quiconque aurait lancé un « palsamnoir de Lilith la put’ » ou un « Trouduc de Gascogne » !

Forgeron c’est surtout le seul qu’ose regarder le baron dans les yeux. Surtout lorsqu’il s’agit de marchander le prix des épées et des plaques d’armure. Forgeron est le seul qui sait, le seul qui peut, à des dizaines de lieues à la ronde. Quand il fond, quand il mêle les métaux, il ferme sa forge. Le secret ne se transmet que de père en fils aîné. Certains affirment même qu’il vaut mieux ne pas savoir. Que les forgerons ont passé un pacte avec les vieilles divinités du feu. De celles dont on ne peut plus parler maintenant. Vesta peut-être. Ou Vulcain.

Mais on ne dit rien. Qui oserait aller accuser Forgeron ?

Et puis on a besoin de lui. Oh, pas seulement pour remettre des fers aux chevaux et réparer les outils. Lorsqu’il s’agit d’adresser une requête au baron c’est lui qui s’en charge. Il le connaît. Quand on fait ses affaires avec les plus grands on finit par s’adresser à eux sans mouiller ses braies.

Le printemps dernier, lors de la soudure, c’est lui qui est allé quémander du grain. Dans les greniers on avait raclé les planches à la recherche d’un peu de blé, et même les espaces entre les planches. Alors qu’on s’interrogeait sur le goût de l’écorce de peuplier, Forgeron est revenu avec dix sacs des réserves seigneuriales.

Deux ans avant sa naissance Forgeron était déjà marié. Enfin promis.

Son père l’avait lié à la prochaine fille à naître du sergent d’armes. Le Forgeron père et Renard, le meilleur sergent d’armes du château, avaient plusieurs fois combattu ensemble. Frères de sang, frères de carnage.

On raconte qu’à coup de masse d’armes ils avaient enfoncé toute l’avant-garde des cavaliers angloys du côté de Bouvines. En faisant tournoyer leur monstre cloué de plus de trois coudées ils avaient créé un mur infranchissable. Même les plus grands chevaliers n’avaient pu le traverser. Une fois la charge ennemie arrêtée ils avaient cassé des dizaines de jambes parmi les destriers ennemis et enfoncé jusqu’à la cervelle nombre de heaumes angloys. Ça crée des liens.

Et puis Forgeron père savait très bien qu’allier les siens avec le roturier le plus écouté du château s’était s’assurer soupe de viande et même beurre à tous les soupers. Fini le saindoux.

La fillette fut fiancée à l’âge de deux ans et mariée à douze. Forgeron en avait quinze. Depuis la gamine a accouché onze fois et sainte Anne a accordé la vie à deux garçons. Deux teignards aussi aimables que leur mère.

La forge résonne d’autant de coups sur l’enclume que de hurlements de mégère.

La mariée de Forgeron a pris la délicatesse de son sergent d’armes de père et la beauté de ses cochettes dans leur bauge.


Mais le mariage est sacrement. Or donc indissoluble. On n’accepte pas le divorce chez nous, pas plus que l’adultère, pas comme ces impies de la Chaussée d’Amble ou du Vertois. Le Régulier avait bien fait de venir me prévenir. On allait la crever cette sorcière avec son dévoyé d’amant !

Le diable ne cracherait pas sur le Village !


Ma binette sur l’épaule et le Régulier sur mes talons je pris immédiatement la direction du cœur du Village, le parvis, vide de son marché aujourd’hui, mais prêt à se transformer en parvis de justice.

Il ne fallut que deux heures pour réunir tout le monde.

On m’écoute car je sais lire et écrire, je dus quand même offrir une tournée, et même deux, pour calmer la fureur de tous.

La sentence fut prononcée à l’unanimité. Les mains levées furent autant de doigts tendus vers le ciel, en appelant aux feux divins, à la terre qui écrase.

Le Curé rappela que l’adultère ne trouverait « que blessures et déshonneur » et que de toutes les façons, « sa honte ne s'effacera pas » d’elle-même.

La femme de Forgeron fut brièvement entendue puis écartée. Ce n’est qu’une femme.

On finit par savoir qui avait vu le couple en action. C’étaient quatre gamins qui gardaient leurs cochons en forêt, dans le bois de l’Orme qui jouxte le bois de Peu.

L’un raconta que des ailes noires avaient poussé sur le dos de la sorcière et que le Forgeron avait deux pattes de bouc. Il prit une baffe et se rétracta. Mais les faits étaient établis, d’autant que l’un d’entre eux est bastard du Curé et l’autre, le simplet, l’est trop bête pour mentir.

Bref, il fallait faire vite car le baron pouvait apparaître d’un instant à l’autre et on savait ce qu’il en résulterait : l’appel à l’évêque, un procès sans fin, la torture ordinaire, le pardon pour les amants repentis, une amende que l’évêché et la baronnie se partageraient et rien de plus.

Il n’en était pas question.

Il fallait agir, et vite. Seul problème : l’absence des condamnés. La Sorcière devait être dans sa tanière et le Forgeron avec. La forge était chaude mais vide.

Tous les hommes entre quinze et quarante ans s’armèrent et nous voilà partis, soudés par un déshonneur à laver à grandes eaux et forts de l’assentiment divin.


On les trouva simplement assis à la sortie du Village, main dans la main, sous le Grand chêne.

Leurs yeux ne nous appartenaient plus.

Tant de bonheur ne pouvait que déchaîner l’ire de ceux qui grattent survie et rire gras chaque jour que Dieu fait. Un bonheur volé aux lois d’airain de notre Seigneur Jésus. Une insulte pour tous ceux qui supplient que le malheur passe à côté d’eux sans les voir.

Alors que la pluie trop abondante annonçait déjà une fin d’hiver terrible, des greniers encore vides et la mort de tous les affaiblis, voilà que ces deux-là exhibaient prospérité et amour.

L’illicite tomba dans le fossé, la jalousie fut érigée en justicière.


Aucun des deux ne résista. Au grand soulagement de tous, car même le nombre ne semblait pas suffisant face aux terribles pouvoirs de ces deux damnés. La Sorcière pouvait nous foudroyer, nous maudire, que sais-je encore. Le Forgeron, en sus de sa force terrifiante, devait connaître bien des secrets. Pourtant il resta là à se laisser faire, et elle aussi.

Leur bonheur n’était plus de ce monde.

Ils furent traînés jusqu’à leur supplice, gardant leurs yeux dans le même lac d’amour.


On creusa un grand trou pour Sarah. Il fallait l’enterrer, et vivante.

On apporta une porte de grange, on la mit sur Forgeron et on entassa d’énormes rocs.


Personne ne leur donna de coups, trop effrayés par les condamnés. On évitait même de les toucher. La terre fut jetée de loin, et l’énorme porte sépara les bourreaux de leur victime.


Soudain tout le monde hurla.

La Sorcière avait réussi à sortir un bras. Sa main cherchait à tâtons et, chose incroyable, réussit à trouver celle du Forgeron. On les avait mis trop près l’un de l’autre.


Il fallait faire quelque chose.

Je le fis et leurs mains retombèrent, inertes.

On crut que le diable les avait emportés dans le même empressement…


Puis tout le monde repartit.

Rentra chez soi. L’auberge fut vide de monde ce soir-là. Il fallait se coucher tôt et laisser les rêves nettoyer les esprits.

Les rêves racler les consciences.


Douze ans ont passé mais les rêves n’ont rien estompé. Quand je taille mes vignes ou que le sommeil tarde à venir je revois ces mains enlacées, cette abomination.

Cette passion interdite, l’amour de ces deux êtres solitaires réunis pour toujours.

Leur impossible détachement de ce monde.

Une telle flamme ne pouvait qu’être œuvre de Satan. Il fallait l’effacer de cette terre chrétienne.

Il fallait faire quelque chose.

J’ai fait appel au don transmis par ma mère. Le même qui m’a permis de tuer les corbeaux qui mangeaient mes raisins, le loup qui s’était aventuré devant la maison et le père qui frappait trop fort maman chérie. J’ai fait exploser leur cœur.

Deo gratias.


 
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   Margone_Muse   
26/11/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
La claque, ce texte.

La fin est bien ironique ! Et c'est lui qui parle de sorcellerie ? :)

J'adore. Je vais même avoir du mal à trouver quelque chose que je n'aime pas.

Dès le début, passés les deux premières phrases, je me suis dit que j'allais prendre mon pied. Et je ne suis pas déçue. Après, ce n'est sans doute qu'histoire de goût mais moi, avec "sorcière" et "village" lus en moins de temps qu'il n'en faut pour les écrire, j'étais déjà séduite et j'ai poursuivi ma lecture avec avidité et délectation.
C'est le meilleur incipit que j'ai lu depuis longtemps.

Il y a tout ce qu'il faut dans ce texte :
*** un rythme étudié avec des pauses quand il en faut (exemple type : "On creusa un grand trou pour Sarah. Il fallait l’enterrer, et vivante." --> le rendu est parfait) ;
*** un vocabulaire soigné qui dessine très bien cette atmosphère moyenâgeuse ;
*** une narration détachée qui nous fait entrer dans cette peinture de village petit à petit...

Toute la première partie (avant le fameux matin et le dialogue avec le Régulier) et son petit côté contemplatif se boit comme du petit lait, ça frise la perfection. L'image que je m'en fais moi, du moins.
Il y a les "Non ?", le "C'est ce qu'on dit", le "Et « on » est plus fort que la somme de toutes nos réflexions." --> il n'en faut ni plus, ni moins. Il ne fallait surtout pas que ça devienne une constante au risque de lasser et ici, le dosage est parfait. Sans en faire trop, on se retrouve vite à écouter (et je dis écouter, l'écriture est très "orale", presque aucun effort d'imagination à fournir pour entendre le narrateur dans ma tête, limite penché par dessus la table de la taverne en direction de son auditoire) ce type qui conte les craintes et les croyances des villageois.

Là, je ne parle que de l'écriture mais l'histoire, sans taper dans l'originatilé, se tient. C'est court et simple et je pense qu'il ne fallait pas autre chose pour le cadre dans lequel se passe cette nouvelle.

Je n'ai pas pu résister à aller repêcher quelques petites "expressions pépites" qui ont accroché mes yeux au point de m'y arrêter pour les relire quelques fois avant de poursuivre :

"Faut dire qu’avec l’agitation de ses journées, trois pas l’épuisent le Régulier."
"En plus il change de main régulièrement pour pas être trop déformé. Un vrai titan."
"Ses yeux sont presque dorés. Certains disent que le feu y est venu dedans." --> celle-là est juste magique ^^
"Alors qu’on s’interrogeait sur le goût de l’écorce de peuplier, Forgeron est revenu avec dix sacs des réserves seigneuriales."

Il y en a tant d'autres...
C'est simple, j'ai mis longtemps à lire ce texte, pas souvent que je lis aussi lentement mais j'avais trop envie que ça dure. Comme un chocolat qu'on suce au lieu de croquer quoi :)

Chapeau et merci, un excellent moment de lecture !

Margone

   matcauth   
27/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
bonjour,

C'est une histoire très bien menée, le rythme, la structure, le ton... l'ensemble en fait un texte très agréable à lire, explorant pas mal de choses, d'idées, de détails réalistes, historiques, donnant une richesse et une couleur particulière. C'est ce qu'il faut retenir, d'abord : le travail, la documentation. Sans tomber dans le "trop".
Ensuite, bien sûr, viennent une histoire et une chute très intéressantes. Les croyances, les métiers, les guerres, les objets, le village... tout y est, cela crée un ensemble auquel il ne manque rien. J'avoue avoir eu du mal à me plonger dans la lecture, car il me manquait des éléments pour me situer, disons, géographiquement... le village, la forêt, les vignes... je trouve que la mise en situation est un peu trop faible.

Bien sûr, j'aurais aimé en apprendre plus sur la magie, sur les simples et les philtres utilisés. Mais le texte est celui du point de vue du narrateur, il y a donc une justesse que je ne peux contester dans ce cas.

Mais voilà, je retiendrai que mettre en scène ce type d'époque, de lieu, demande une grande documentation, le tout est rendu avec beaucoup de réalisme et de délicatesse quant à la manière dont les détails sont distillés.

   alvinabec   
27/11/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
Ecriture au cordeau, récit mené tambour battant sans un seul temps mort.
C'est efficace, l'intrigue toute simple laisse place à un festival de trouvailles langagières tout aussi jouissives les unes que les autres, un vrai régal.
De la très belle ouvrage!

   Anonyme   
28/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Brrr ! J'en ai des frissons. Une histoire superbe, cruelle, dans un univers sans tendresse. Ça me fait plaisir de lire une histoire où les temps anciens ne sont pas magnifiés au nom d'un passéisme prompt à relever les errements de la modernité et à oublier la dureté des époques auxquelles elle a succédé !
Sans effets de manche, avec peu d'archaïsmes pittoresques, je trouve que vous campez à merveille tout un petit univers obscur.

Deux éléments où je crois, cela dit, flairer l'anachronisme : la barre à mine évoquée à un moment (un peu après Bouvines, pour moi l'outil n'existait pas) et cette évocation d'une situation inimaginable vu le contexte me semble-t-il : "On n’accepte pas le divorce chez nous,". Le divorce, à l'époque, c'est pour les rois ! Inutile de préciser que ça ne se fait pas dans cette cambrousse.
J'ai aussi une réserve sur le prénom "Sarah" ; se donnait-il (toujours à l'époque, s'entend) à des petites campagnardes non juives ?

   Anonyme   
28/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Derrière le rythme, l’histoire bien construite, la belle écriture, l’époque distillée à petites touches, des images fortes …et drôles, oui, beaucoup d’humour, aussi : « Trop lent du potiron et trop empressé à vouloir utiliser sa courgette. »

Il y a du fond, beaucoup, même.
« Et « on » est plus fort que la somme de toutes nos réflexions.
Non ? ». J’adore ! Il y a de la réflexion la-dessous, justement.
L’histoire de toute la bêtise de notre pauvre humanité, cette propension à projeter sur autrui sa propre ombre : noirceur, jalousie, envie etc …

Je ne sais pas pourquoi mais j’ai comme l’impression que ce texte mange aussi du curé !!! Bon, je ne vais pas ouvrir de polémique, hein ! Disons que cela remet en mémoire l’inquisition, l’intolérance, et surtout un si grand éloignement de l’Amour pourtant tant prêché à la messe depuis tout temps.
Le petit manque, pour moi bien sûr, est d’avoir présenté la sorcière comme une simple femme essayant de survivre dans la nature, n’y a-t-il pas davantage derrière les sorcières ?
Autre point critique que je pourrais dire, c’est que l’histoire se construit sur un fond classique, deux êtres, que tout sépare, s’aiment tant que tout devient impossible. Mais bon, ceci dit, toutes les belles histoires se construisent sur les même archétypes.
Bravo pour avoir passer tant de messages à travers le bois de Peu et la danse de la sorcière …
Bravo d’avoir réussi forme et fond dans un texte assez court tout compte fait !

   Anonyme   
23/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour jaimme. J'ai vraiment apprécié cette immersion dans la campagne profonde du treizième siècle, la trame de l'histoire, le vocabulaire d'époque vraiment précis, le style de l'auteur et l'épilogue auquel on ne s'attend pas.
En fait j'ai tout aimé de cette rencontre avec nos moyenâgeux ancêtres... Bravo et merci

   Acratopege   
23/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comme les autres, j'ai admiré votre récit, son style haletant, les trouvailles verbales toujours adéquates, qui nous font vivre ce pan d'existence dramatique dans un autre lieu et un autre temps. Bravo donc, et on passe aux critiques le cœur serein.
Dans les détails qui m'ont gêné, je citerai en exemple la phrase "Et "on" est plus fort que la somme de nos réflexions", qui m'a fait sortir de l'ambiance du récit à peine j'y étais entré. Dans une histoire aussi tendue, aussi "ras de terre", ce clin d’œil du narrateur au lecteur m'a paru hors de propos.
Et puis j'ai trouvé inutile le dernier paragraphe, en italique, le "Douze ans ont passé..." qui a terni pour moi le côté intemporel de votre récit percutant.
Une dernière remarque: autant j'ai admiré votre style rapide et haletant, autant il a gêné un peu la fluidité de ma lecture. J'ai senti un écart entre ce rythme magnifiquement haché et la longueur du récit. Un peu plus de liant m'aurait mieux convenu, mais il est vrai que votre récit aurait alors perdu de son relief. Donc, ne changez rien....
P.S. J'ai bien aimé me retrouver dans une atmosphère proche, même si votre expression est très différente, de ma nouvelle "Les yeux de cristal".

   widjet   
23/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Plus de 3 ans (!) après son dernier opus, il est peu dire que le dernier Jaimme se faisait désirer. Il nous revient en grande forme stylistique (rien que la première phrase place d'emblée le récit. C'est très bien balancé) et avec une belle imagination pour aborder un genre somme toute assez peu usité ici, qui ma rappelle les vieilles légendes ancestrales où il est questions de malédictions, de magie noire, du Malin, de rites religieux obscurs et autres sombres croyances. Il y a un côté « La maison assassinée » (film de Lautner) pour le côté rural, et une pincée du « Nom de la Rose » aussi pour son aspect un peu mystique. L’auteur a surtout pris son temps pour décrire le Village et ses Habitants (qui sont identifiés plus par des surnoms ou leur profession que leur véritable identité ce qui colle au réalisme de l’époque). A mon avis, son objectif (atteint et largement) se portait surtout sur l’authenticité langagière plus que sur l’intrigue, elle-même. Cette dernière ne semble pas trop l’intéresser, mais plutôt le message en filigrane (et toujours et dangereusement d’actualité) : la peur de l’autre, l’intolérance et l’aveuglement qui tout cela réunis, nous conduit au pire. Une bonne idée que d’avoir opté pour le silence pour expliquer le langage évident de l’amour qui unit les deux « maudits ». Le dénouement est terrible et poétique à la fois. Le couple a touché au divin, ils sont tous deux d’une certaine façon immortels en dépit de la condamnation à mort dont ils seront victimes. C’est bien fait dans le genre non dit.

J’ai trouvé à divers endroits des « absences virgulaires », une ou deux préciosités (Le rencontrer (…) est en soi un événement) pour un langage de gueux et un problème de rythme au milieu du récit.

Manque un tout petit supplément d'âme pour le rendre également poignant (le fin tout en restant muette pourrait être meilleure).

Effrayant et esthétique.
Horriblement beau, en somme.

Tout ça en moins de 15K.

Good job.

W

   Anonyme   
24/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une nouvelle de jaimme !!! Sur vos écrans ! Pour filer la comparaison cinématographique widjettienne, c'est l'équivalent de la sortie d'un Terence Malick. Ou d'un Kubrick, au temps où. Bref, on s'attend à de la marque.
Et on n'est pas déçu. Enfin, moi, je ne suis pas déçue. Ça fait du bien, par les temps qui courent, cette ode intemporelle à la connerie humaine, à la langue ciselée et à l'usage qui ne se vérifie même pas dans le TLFI pour cause de date de péremption lexicale largement dépassée.
Ça commence comme La Fiancée du Pirate et ça finit comme Notre Dame de Paris. Que demander de plus ?
Peut-être, mais je n'en suis pas certaine, un mot, une aide qui mette sur la piste du pourquoi : pourquoi ces deux-là s'abandonnent-ils à ces gens ? C'est ce truc-là qui me glace. Et je sens confusément que je n'aurai jamais de réponse. Même en mp.
Pour le reste, le pouvoir qu'on croit détenir, la certitude de l'abominable qui seule permet que la vie soit vécue, l'insupportable qui fait que l'on supporte, ben oui, tiens, et le curé a eu la soutane entre les dents, et les enfants glissent des ventres, et on se noie dans l'urine et on marie des enfants qui à peine moins qu'enfants font à leur tour des enfants... une ode à l'humanité, bis repetita.

Ps : "on" est plus fort que la somme de nos réflexions... Encore une phrase de toi que j'aurais aimé écrire, jaimme.

   Perle-Hingaud   
26/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quel plaisir de te lire, Jaimme ! Ce qui transparait dans cette nouvelle, c’est à la fois ton cœur d’amateur de Nutella, ta précision d’historien et ta maîtrise de la langue; la narration au premier niveau de lecture, prenante, et l'intelligence pour faire passer tes messages, au-delà.
En deux phrases, tu annonces le thème : l’accroche est là : Sarah est une sorcière. Le Village le dit.
J’avoue, j’ai eu un doute sur le prénom de Sarah : était-il courant à cette époque ? Remarque idiote, me diras-tu, c’est un prénom intemporel. Mais sa modernité actuelle rend justement moins immédiate la plongée dans le monde de ton texte. Enfin, c’est un joli prénom, comment résister ?
Ensuite, le rythme m'entraîne, le narrateur nous prend à partie et nous incite donc à le suivre ou à lui résister, selon notre caractère. Et l’histoire se déroule, je ne relève pas tout ce que j’aime, peut-être un trait en exemple comme : Alors tout le Village y est allé.
Ils iront tous en enfer. Mon avis c’est qu’on est deux à jamais y avoir mis les pieds : le Curé et moi. Et je suis même pas sûr pour le Curé.

Avec une grande économie de mots, tu dresses le portrait des villageois comme, en creux, celui du narrateur.
Rendue là, je suis ravie, parce que j’ai trouvé, je crois, un anachronisme (et toc, dirait l’autre) : la courgette ! ben oui, selon un site lambda, ce terme n’arrive en France qu’au XXeme siècle. :-)
J’ai appris par contre que le « divorce », autre mot moderne s’il en est, existait déjà au Moyen-âge (le mot, parce que l’acte, lui, m’a l’air bien plus flou…) !
Sinon, à la relecture (lors de la première lecture j’étais bien trop prise dans l’histoire pour le noter), je me pose la question des temps de narration. Tu choisis de démarrer au présent, puis tu passes au passé, alors qu’il me semble qu’on est dans une continuité chronologique. Pour la dynamique ou simplement pour le fun ?
J’aime particulièrement la fin, les italiques et la révélation sur le pouvoir du narrateur. C’est cruel et intelligent en diable !
Encore !
(j'oubliais: le titre: très bon)

   toc-art   
29/12/2013
bonjour,

j'ai bien aimé ce texte. J'ai trouvé chez Sarah des faux airs de la sauvageonne de Pagnol et les passions impossibles emportent toujours mes suffrages, quand elles sont bien racontées, ce qui est le cas ici (naturellement, ai-je envie de dire, mais c'est un peu injuste parce qu'on s'habitue et que du coup, on voit moins l'effort et la maîtrise que cela demande).

J'ai tout de même quelques petites réticences. Qu'on tue la sorcière, oui, je le conçois tout à fait, mais le sort du forgeron m'étonne dans la mesure où il nous est dit précédemment qu'il a un rôle primordial dans la vie du village et que sans lui, on mangerait encore moins.
Ensuite, toute la fin me dérange un peu parce que je retrouve la voix de l'auteur et plus celle du narrateur. Dans ce passage-ci par exemple :
"Leurs yeux ne nous appartenaient plus."
"L’illicite tomba dans le fossé, la jalousie fut érigée en justicière."

la première est trop "romantique" à mon sens et quant à la seconde, je la trouve trop dans le jugement de la scène et du comportement des villageois, sauf à admettre que le temps ait conduit le narrateur à analyser les choses ainsi mais la fin dément cette possibilité. Pour lui, il s'agit tjs d'une abomination qui se paie au prix du sang. Du coup, la fin qui devrait être poignante perd de sa force pour moi.

Pas convaincu par les apostrophes au lecteur (les "Non ?") et la mise en page qui sort le lecteur que je suis du récit et lui montre un peu les coutures (là encore, l'auteur prend le pas sur le narrateur pour moi).

Et puis pour finir, vraiment, je vois pas du tout ce narrateur parler de sa "maman chérie".

Mais j'ai relevé là des détails parce que je sais pas faire autrement, mais c'est un très bon texte que j'aurais peut-être aimé plus long, pour mieux profiter de l'atmosphère peu ragoûtante de ce gentil petit village et de ses habitants tellement sympathiques !

   aldenor   
5/1/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Les personnages ont de l’épaisseur. Beaucoup de soin dans l’écriture, avec un bon bagage de vécu, de crédible sur cette société paysanne...
Mais franchement je n’ai pas aimé.
Pour plusieurs raisons.
D’abord le ton du narrateur. On sent que vous avez prêté attention à le rendre juste ; tantôt les clins d’œil au lecteur, comme s’il cherchait un assentiment ; tantôt des opinions arrêtées, mais j’ai le sentiment que d’un bout à l’autre vous le cherchez encore, ce ton juste...
Et par-delà le ton, l’identité de ce narrateur. Qui est-il vraiment ? Pas un villageois comme les autres puisqu’il se démarque dans sa condamnation de « la sorcière ». Pourtant, d’entrée il nous dit l’inverse : « Sarah est une sorcière. Le Village le dit. » ; il remonte à ses origines pour expliquer le personnage, il lui trouve des excuses : pas de mère ou de fratrie...
On apprend à la fin qu’il aurait tué son propre père. Qui battait sa mère. Ce qui ne m’explique rien.
Est-ce donc un fou ? Ou juste un type borné ?
Est-il représentatif de son village ?
Pardon de manquer de précision dans mes arguments ; je veux juste dire que je trouve l’image du narrateur mal cernée.
Ensuite cette histoire d’amour qui nous tombe dessus en fin de texte et qui est sensée nous émouvoir ; pour moi c’est un défaut de construction. Il aurait fallu que le lecteur vive tout au long avec le récit de cette passion pour pouvoir la partager ; ici elle parait de pacotille.
Enfin l’utilisation du temps présent est douteuse. Considérant la fin, douze ans après les faits. Littérairement, l’artifice serait admissible, mais il n’est pas naturel dans l’esprit où le narrateur les rapporte.

   Oscar_Van_Buren   
8/1/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Sur la forme, Jaimme manie, à mon sens, la langue avec une rare habileté, tant sur la construction, le rythme, les pauses et les rapides, que sur le vocabulaire (malgré, comme il l'a été souligné par d'autres, quelques anachronismes qui ne m'ont pas gêné outre mesure).
Le langage parlé est bien là, et c'est ce qu'on attend d'un campagnard du moyen-âge. Et les belles phrases aussi, et c'est ce que l'on attend d'un homme lettré du moyen-âge. Certaines phrases sont parfois, néanmoins, étranges dans la bouche d'un vigneron de cambrousse, mais c'est un homme hors normes, alors pourquoi pas ?
Je n'ai en revanche pas aimé le "maman chérie" qui infantilise un homme que, tout au long du texte, nous voyons comme mûr, intelligent et réfléchi.
Les personnages sont bien dépeints, et l'usage de surnoms est, d'une bien trouvé et réaliste, de deux totalement bienvenu pour cerner rapidement les personnages. Je dirais que Jaimme a ici tracé de bons stéréotypes. Ou plutôt des stéréotypes non stéréotypés.
J'émettrai également (et je ne suis pas le premier), une réserve sur le nom Sarah, qui ne devait certainement pas être très représenté dans la campagne Lilloise du XIIIe siècle (si je me base sur le fait que la bataille auquel l'auteur fait référence est bien la Bataille de Bouvines de 1214). Mis à part cette réserve historique, je trouve l'origine juive de ce prénom trop "orientée" pour une femme condamnée pour sorcellerie. Ne vous méprenez pas, je n'y vois aucune volonté antisémite de l'auteur, mais c'est un écueil dans lequel il aurait pu facilement éviter de tomber.

Sur le fond. J'aime la fantasy qui n'est pas de la fantasy. Magie ou simple superstition médiévale, on ne sait pas trop, les personnages eux-mêmes ne sont pas sûrs. Et de toute manière ils ne veulent pas savoir, comme tous bons obscurantistes.
C'est une belle critique de ce même obscurantisme, de la vie rurale au moyen-âge, de la folie "pécheresse" des hommes. Nous y croisons tour à tour l'envie, la colère, l'acédie, la luxure et l'orgueil, l'avarice. Ne manque plus que la gourmandise (suggéré avec l'épisode du grain) et le carton est plein.
On y trouve également une critique de l'église, avec ce curé prétendument dévoyé et qui ne fait rien pour empêcher la justice de se faire elle-même (il met peut être d'ailleurs la main à la pâte) et des hautes sphères, de leurs système de décision complexe, long et, finalement, bien vain.
Enfin, un petit clin d’œil à l'amour aveugle (littéralement dans le texte) et immuable contre l'adversité. C'est beau.

En bref un texte que j'ai beaucoup aimé et dont les changements que j'aurais aimé y voir sont si infimes, qu'ils ne sont absolument pas nécessaires.

   LeopoldPartisan   
8/1/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément
Qu'ajouter à ce qui a déjà été écrit. Sacré Jaimme c'est fait attendre et le revoilà dans un récit que ne renierai certainement pas Jean Teulé. Même détachement, même esprit. Visuellement aussi c'est vraiment parfait.
J'en redemande... Encore encore.

Sarah personnellement je l'ai vue un peu comme notre "tendre Violette", quoi qu'en nettement plus fragile.

Bravo maestro

   Anonyme   
20/1/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un texte très bien argumenté.
Très riche. Vraiment du beau travail.
Dommage que l'époque historique qui lui sert de trame de fond ne soit pas ma tasse de thé.

   placebo   
24/1/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Début très intéressant, qui permet de planter le village, le narrateur pas con (on voit qu'il est un des rares à savoir lire) mais disons envieux. Pas mal de comparaisons avec les animaux, c'est bien mené. Les surnoms aussi.

Thème super intéressant de la justice populaire. Je suis admiratif car c'est un peu ce que je voulais faire dans « la foule » sauf que j'ai enchaîné les erreurs alors que ton texte est vraiment bon.

Un peu circonspect sur la mise à mort de forgeron qui apportait tant, mais ça reste de l'ordre du possible à défaut de plausible dans la nouvelle. La toute fin apporte un retournement supplémentaire qui explique parfaitement le comportement du narrateur. J'aime beaucoup.

Bonne continuation,
placebo

   Anonyme   
29/1/2014
Bonjour Jaimme. Tout a été dit ou presque, je passe pour dire que j’ai beaucoup aimé cette « satire » de la bêtise, de la violence et du religieux. Pour moi c’est un récit anthropologique qui démonte avec brio le mécanisme d’un engrenage sacrificiel, c’est habilement construit et j’ai trouvé le vocabulaire particulièrement juste et fouillé, sauf la barre à mine qui m’a un peu surprise. Et puis cette fin bien trouvée, « faites ce que je dit mais pas ce que je fais. » J’ai apprécié que ça reste cruel et effrayant jusqu’au bout, sans aucune concession.

   Pepito   
22/3/2014
Bonjour Jaimme, j'arrive très en retard...
Forme : une écriture magnifique, parsemée de termes ancien qui lui donnent un cachet, une vraisemblance.
Du coup j'ai tilté à "Au temps pour sa fierté." lui préférant "Autant", après vérification, rien d'évident, Oh taon pour moi, donc.

J'adore ces phrases imagées dont on doit chercher la signification, style : "Alors qu’on s’interrogeait sur le goût de l’écorce de peuplier,"
...

Fond : porté par les mots, on se retrouve au moyen age en deux temps trois mouvements, et pas chez les princesses.
On suit Sarah dans ses hauts et ses bas, jusqu'à "...la barre à mine et lui a cassé l’épaule et la cheville." Là, peut-être pour avoir déjà utilisé l'instrument, l'image d'une cheville transformée en esquilles m'a fait frissonner. Sincèrement, je me suis dis "Le saligaud, il avait besoin d'écrire çà ?!" Avec le temps, je trouve que c'est un coup (oups) de génie. L'image s'est définitivement installée.
On continue dans la même eau, aussi noire qu’irrésistible, jusqu'à "On m’écoute car je sais lire et écrire,". D'abord cela m'a fait rire, style "on me lit car je sais parler et écouter", puis c'est un moment de bascule. Narrateur, sujet, fond... d'une histoire prenante on se dirige vers une suite qui se prend les pieds dans les contradictions :

- "Un temps elle a vendu le dessous de ses dessous."
- "On n’accepte pas le divorce chez nous, pas plus que l’adultère,"
A qui Sarah a vendu ses dessous alors ?

- "Le Curé rappela que l’adultère..."
- "l’un d’entre eux est bastard du Curé"

- Qui oserait aller accuser Forgeron ?
- La sentence fut prononcée à l’unanimité.

... bref pour en arriver au terrrrrible : "gardant leurs yeux dans le même lac d’amour." ... Harghhhhhh... ! J'avais oublié la malédiction Onirienne ;=)

Puis le souvenir (en italiques ?). Enfin le "merveilleux" que j'attendais à chaque détour de phrase. Mieux même, car on reste l'idée en l'air, balançant entre magique et "croyance" du magique.

En résumé, un texte superbe dont, pour être honnête, je me suis inspiré pour une de mes nouvelles.

Merci pour la lecture.

Pepito

PS : j'y ai trouvé aussi un parfum du Conte de Suzelle de Jaworski.

   marogne   
29/6/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
Je dois lire trop de textes du 16°siècle en ce moment, mais là, vraiment, le vocabulaire et le style me semble bien trop éloigné de l'époque pour que l'on se sente le moins du monde dans l'esprit du temps. Cela, que ce soit pour le langage lui même, trop châtié et recherché même pour des lettrés, et pour ce qu'il donne à voir de l'intellect du narrateur. Non, vraiment pas crédible.

Cela n'enlève rien à l'intérêt de l'histoire, même si on pourrait y voir trop d'influence de Servais. La chasse aux sorcières, la peur du diable, l'hystérie collective, cela faisait partie du commun - et on en a vu des exemples terribles lors des guerres de religion. On se demande même, mais comme le langage ce doit être versé dans la rubrique "anachronisme", pourquoi le supplice a été aussi doux.....

Le sorcier qui se débarrasse d'une sorcière, les circonstances atténuantes pour elle, ... et pour lui, tout cela fait encore beaucoup trop moderne.

Un texte, in fine, agréable à lire, mais sur lequel on trébuche trop souvent sur le décalage.


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