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Fantastique/Merveilleux
kass : L'affiche blanche
 Publié le 10/09/18  -  6 commentaires  -  6338 caractères  -  37 lectures    Autres textes du même auteur

Un mur oublié sur lequel sont collées des affiches... un peu trop...


L'affiche blanche


Les petites affiches lui faisaient face, collées l’une sur l’autre, en entier ou en partie. Elles étaient placardées sur le coin d’un mur délabré en forme de pyramide renversée sur le côté. En les parcourant des yeux, l’idée le frôla presque instinctivement. Il était assis à la terrasse du café-bar Trinidad près de la vieille faculté de droit de Grenade. Un lieu qu’il aima dès qu’il le vit lors d’une de ses promenades de découverte de la cité maure de l’Andalousie. Depuis, il y venait souvent pour y boire son café du matin. Donc, le spectacle de ces morceaux de papier, chargés d’images et d’écritures, qui se chevauchaient, accrocha son regard curieux de tout, et l’incita à entreprendre une action qu’il jugea opportune.

Il déchira une feuille de son carnet de flâneries où il consignait ses impressions volantes, acheté dans une papeterie boulevard Gran Via de Colón, tout près de son hôtel. Il commença d’écrire les quelques phrases que le mur encombré lui avait inspirées. Aussitôt un fait insolite et imprévu fit surface, au sens littéral du mot, c’est-à-dire sur la feuille, et le bloqua. La mine du stylo avait cessé de déverser de l’encre. Elle s’était tarie d’un seul coup, alors qu’il était quasiment sûr qu’il contenait de l’encre. Normal. Il l’avait acquis en même temps que le carnet, et il avait pris soin de s’assurer qu’il marchait bien en faisant des arabesques sur l’une des petites factures de bar qu’il aimait garder dans l’une des poches de sa veste. Passé le moment d’étonnement et d’inquiétude où il le fixa incrédule, il sourit. Car il eut une sorte d’illumination comme après une découverte incroyable, autrement plus séduisante. Il continua d’écrire comme si de rien n’était, comme avant. Qui a dit que l’écriture est tributaire de l’encre ou d’une quelconque autre matière liquide, se dit-il.

Après qu’il eut fini d’écrire, il se mit debout et demanda au gérant du café s’il avait de la colle. Celui-ci, petit et dodu, lui jeta un regard bref et légèrement soupçonneux. L’homme s’empressa de lui expliquer la raison de sa requête, en faisant des signes avec son bras et en mimant l’acte de coller la feuille sur le mur. Le cafetier opina de la tête et fourragea dans un tiroir sous la caisse, et lui tendit un tube fort pressé où subsistait encore un reste du liquide gluant. L’homme se dirigea vers le mur prédestiné, et il y chercha où étaler sa feuille. Il y avait des affiches en tous genres. Offres de service de plombiers, d’électriciens, de ramoneurs, d’informaticiens. Des propositions de dispensions de cours à domicile d’anglais et d’espagnol. Des affiches de théâtre, de concerts de flamenco, de séances de projections de films, de manifestations politiques… La plupart étaient déchirées, raturées, décimés, écornées. Il les lut toutes sans exception tant bien que mal. Comme s’il devait le faire, pour comparer. Il déchiffrait plutôt, car l’écriture était fortement endommagée par les aléas du temps. Puis un deuxième fait étrange arriva. En les parcourant, peut-être parce qu’il était tout près, le nez frôlant le mur chargé, elles commencèrent à s’animer. Du fait qu’elles étaient abîmées, des yeux clignotaient dans des morceaux de visages, au-dessous d’un front ou en haut des joues, de simples bouches criaient, des bras s’envolaient seuls, des pieds détachés et des corps sans membres ni figures s’agitaient. Et partout des mots amputés et des phrases coupées violemment s’agitaient comme de petites flammes à demi éteintes. Ça distilla en surimpression des événements qui lui rappelaient ceux vaguement vus aux informations. Du coup sa petite feuille ne cadrait plus avec ce qu’il voyait. Il prit son stylo sans son encre et ratura à même son genou plié à mi-corps ce qu’il avait déjà écrit. Puis dans la frénésie de sa vision précédente, il hésita sur l’endroit où la mettre. Or ce mur seul l’appelait, comme désigné. Enfin, il l’intégra entre une affiche d’une manifestation d’un parti d’extrême droite et une autre d’un groupuscule d’extrême gauche. Il ne prit conscience de cet emplacement qu’après, en remarquant que la feuille baignait d’un côté dans une couleur rouge et de l’autre dans une couleur noire. Mais il s’était déjà rasséréné, et le mur était devenu muet et calme.

Il revint s’asseoir à sa table.

Le cafetier attiré par la curiosité, et qui l’avait regardé faire, s’approcha de lui. Il ne put s’empêcher de lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.


– Mais monsieur, vous n’avez rien écrit…

– Si si…

– Elle est toute blanche !

– Mon stylo s’est vidé de son encre.

– Et vous avez continué d’écrire quand même…


Il lui signifia qu’il ne pouvait pas s’empêcher d’écrire malgré l’absence de l’encre. Mais qu’il y avait bien une écriture en creux.


– Excusez ma curiosité, qui va s’amuser à lire du blanc, une écriture blanche ?

– Il y a toujours dans ce bas monde ceux que ça va intéresser. Chaque annonce a son public, rétorqua-t-il.


Il paya son café et s’en alla.

L’annonce demeura ainsi parmi ce patchwork de bouts de papiers collés, maculés et colorés. Le cafetier l’oublia jusqu’à un jour de forte pluie. Le mur faisait partie d’une vieille bâtisse maure ocre dont le toit incliné était envahi d’herbes folles et de minuscules mottes de terre. L’eau abondante y creusa des sillons, et un liquide argileux se déversa et coula sur le mur. Ainsi les mots écrits trouvèrent une couleur brune comme celle des remparts édifiés par les Almohades, et prirent un sens. La pluie put enfin faire parler l’affiche en blanc parmi un chaos de ratures et de mots abîmés et retors, des mots orphelins qui constituaient ce qui ressemblait à un poème : haché, par petits bouts. Le cafetier lut, ou essaya de lire, car rien n’était lisible. Il y avait bien des reflets de lettres noyées sous des ratures profondes. Le tout brun et aqueux.

Il y pensa un moment s’efforçant de leur trouver un sens. C’était donc ça, il fallait bien une annonce qui n’en était pas une. Juste une tache, comme une farce, dans la ville de Federico García Lorca. Et il se souvint de l’homme de passage qui avait colonisé une table à la terrasse durant plusieurs matinées d’un été.

« Il est où maintenant, ce farceur au teint basané ? » se demandait-il.

Sur le mur, puisqu’il est trace brune et éphémère… aurait pu répondre quelque voix…


Grenade, juillet 2107


 
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   Sylvaine   
23/8/2018
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
Je trouve que le texte ne fonctionne pas : je n'ai pas compris la chute, et les éléments "étranges", comme l'affiche qui s'anime, échouent à créer une véritable atmosphère fantastique. Il faudrait plus de doigté dans le maniement du mystère. Tel quel, le récit n'accroche pas l'intérêt. Par ailleurs, le style manque de fluidité et d'élégance, la narration est maladroite et comporte des impropriétés : par exemple une "mine" ne déverse pas d'encre, on ne dit pas qu'un "fait" "arrive", mais qu'il se produit. Il faudrait travailler davantage l'écriture et ménager une progression plus subtile.

   toc-art   
10/9/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour,

j'ai bien aimé ce texte pour la sensibilité et la poésie qu'il dégage. L'écriture n'est pas parfaite, c'est vrai, les tournures de phrases sont parfois étonnantes mais elles ont participé de mon intérêt pour le texte, lui ont donné du charme et coloré des actes ordinaires d'un soupçon d'exotisme ou de singularité qui m'a plu.

La survenue du fantastique m'a semblé se fondre parfaitement dans l'ambiance générale du récit.

Une lecture agréable pour moi, merci.

   hersen   
11/9/2018
 a aimé ce texte 
Pas
J'ai eu du mal à m'accrocher tant le propos m'a semblé confus.

A vraidire, je ne sais pas trop quoi écrire dans mon commentaire qui pourrait aider l'auteur car paradoxalement, j'ai la conviction que l'auteur l'a voulu ainsi;
Il me semble que quelque chose m'échappe que l'auteur, lui, pense primordial.
Alors je ne sais pas du tout ce qu'il faudrait modifier pour que le lecteur rentre plus dans le texte. Finalement c'est ça, j'ai comme une impossibilité d'entrer car il me manque des clés.
Je n'ai pas franchement compris la fin, je crois qu'il faut transcender trop de choses et sans les clés, on reste un peu flanflan devant la porte.
Une autre fois sans doute.

   SQUEEN   
11/9/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Moi ça m’a plutôt plu cet homme qui écrit en creux, ça m’est apparu comme une démarche artistique intéressante, un peu absurde mais très anti-pragmatique, je m’attendais à ce que puisse se lire quelque chose grâce à la pluie, vous avez préféré rester dans l’absurde et l’abstrait. Merci.

   Bidis   
12/9/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Une courte nouvelle pleine d'un certain charme. Ecrite très simplement, maladroitement parfois, pour moi, cela aussi a son charme.
- "un mur délabré en forme de pyramide renversée sur le côté." : pour visualiser cette bizarre construction, je suis allée me promener dans les rues de Grenade à la recherche du bar Trinidad (avec Gooble map, ce n'est pas bien sorcier). Et rien que pour avoir ainsi découvert ces ruelles charmantes et pittoresques, je n'ai pas regretté d'avoir choisi de m'attarder à ce texte. Par contre, le mur en question et l'évocation d'une pyramide renversée, heu... C'est un mur étroit qui fait coin entre deux ruelles mais j'admets que c'est difficile à décrire. Pour les neurones fatigués des vieilles lectrices dans mon genre, je me serais contentée du "mur délabré" point.
- "elles commencèrent à s’animer" : Pas si fantastique, après tout. Le personnage aurait-il fumé un peu d'herbe que cela n'aurait rien eu de surprenant...

   Anonyme   
25/9/2018
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour.

Je suis passé à côté du texte, très certainement. J'ai vaguement senti la poésie, la nostalgie et un peu de fantastique, mais sans être emporté. Sans comprendre pourquoi je devrais me laisser à virevolter avec ces morceaux de papiers.

Il m'a manqué un fil conducteur un peu plus marqué.

Désolé, une autre fois.


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