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Humour/Détente
Lacarpe75 : Les lettres des mots d'amour n°2 (10 à 19)
 Publié le 31/12/13  -  6 commentaires  -  13467 caractères  -  80 lectures    Autres textes du même auteur

Ces lettres bien entendu authentiques reflètent les péripéties amoureuses dont les signataires préfèrent pour l'instant garder l'anonymat. Les visages ont été floutés, les voix déformées, quant aux signatures, n'en parlons pas. Amicalement L75.


Les lettres des mots d'amour n°2 (10 à 19)


Les Croisades.


En l’an 1101, un troubadour fut témoin d’un spectacle insolite. Dans la cour du château de Paillac, il aperçoit le « Chevalier de la Mare » revenant des Croisades. Le pont-levis étant fermé, c’est d’un talus que le chevalier interpelle sa bien-aimée assise sur le rebord d’une des tours crénelées. Les serviteurs et les gardes assistent à la scène.


Le Chevalier

En sillonnant sans m’arrêter

Jérusalem et ses lieux saints

Obsédé par un seul dessein

Rejoindre enfin ma fiancée.


Avant ce long chemin de croix

Nous séparant durant des mois

Pour la vie, pour l’éternité.

Nous nous promîmes fidélité.


Les gardes (en chœur)

Les paltoquets, les colporteurs

Sont interdits dans la demeure.


La Bien-aimée

L’éternité c’est terminé

Notre mariage est annulé

Je vous croyais mort au combat

Et patati et patata.


Par quel miracle vous revoici ?

Aussi indemne, toujours en vie ?

À votre peine je compatis,

Depuis le roi est mon mari.


Les serviteurs (en chœur)

Qui part à la chasse perd sa place.

Tabadabada Tabadabada.


Le Chevalier

Quelle infortune, mais quelle déveine !

Ma propre femme est une vilaine

Profitant que je sois parti

Couchant avec n’importe qui.


Où est le roi, ce malandrin

Ce porcelet, ce sac à vin ?

La perfidie n’a qu’une sentence

Il va regretter sa naissance.


Les servantes (en chœur)

Tu l’as dit bouffi… slap, slap, slap

Tu l’as dit bouffi… slap, slap, slap


La Bien-aimée

Mon chevalier mon gentilhomme

Auriez-vous troqué au combat

Votre parler si délicat

Pour des manières plus friponnes ?


Sans vous presser abusivement

Au lit se languit mon amant,

Le roi revenant vers midi

J’aim’rais autant qu’il soit parti.


Les serviteurs + les gardes

Qui part à la chasse perd sa place,

Tabadabada… tabadabada…


Le chevalier fit demi-tour puis disparut dans la forêt. Au loin, quelques jurons étouffés traversèrent le feuillage épais de ce début d’automne.


Les historiens sont catégoriques. Les formules amoureuses telles que : « Chienne de vie », « Mais qu’est-ce ? », « On aura tout vu », « Si j’avais su ! » et enfin « Zut alors ! » furent précisément inventées en l’an 1101, époque où de nombreux Croisés rentrèrent chez eux afin de profiter d’un repos bien mérité.



Si seulement…


Si seulement t’étais blonde

Le cheveu scintillant

S’amusant dans le vent

Imitant la colombe.


Si seulement t’étais blonde

Moins costaud des abdos

Légèrement moins ronde

D’environ vingt kilos.


Si seulement t’étais blonde

En surveillant ta ligne

Sans les seins en sourdine

Et sans rien qui ne tombe.


Si seulement t’étais blonde

En suivant un régime

En faisant attention

Tu serais féminine.


Si seulement t’étais blonde

Un peu mieux épilée

Excepté sur les ongles

Qu’il faudrait te limer.


Si seulement t’étais blonde

Tu m’aurais tant comblé

En étant seule au monde

Et non déjà mariée.


Si seulement t’étais blonde.

Ah ! Raymond.

Quel dommage !


Jean

Ton voisin de bureau

Le 10 juillet 2010




Chère madame,


C’est le cœur en miettes que je me résigne,

À composer ce délicat billet,

Au gré des rimes et des mots qui s’alignent

Vous dévoilant mes sentiments secrets.


Chaque jour qui se lève est un cadeau de vous,

Un parfum de matin rafraîchi de rosée,

Se glissant dans ma nuit encore entrebâillée

Sur des fruits défendus et des rêves tabous.


Que la foule soit dense et le fracas puissant,

Je distingue aussitôt votre voix parmi toutes,

Au milieu des tumultes les plus assourdissants

Mon cœur n’aura jamais le moindre doute.


Si d’imprévu vos yeux s’arrêtent sur moi,

Leur éclat safrané effleuré par la brume,

Mes jambes s’affaissent en frissonnant d’effroi,

La raison m’abandonne devant cette infortune.


Quand la malchance insiste et que mon tour survient,

Votre grâce abolit les facultés restantes,

Celles qui sollicitaient ce précieux entretien

Dont vous vous révélez la complice évidente.


De simple confidence à l’aveu quotidien,

Des heures durant ces mots chantent à tue-tête,

Il n’existe que vous pour les dire aussi bien,

C’est inlassablement que je me les répète :

« Et pour monsieur Durand, bien grillée la baguette ? »


Firmin




Maître Jean-Ernest BENOIT

Avocat à la Cour de Versailles

Intervenant en faveur de monsieur Gaston Flessignac


Madame Odette Lebrun,


Attendu que vous n’avez fourni aucune réponse au courrier de monsieur Flessignac, posté en gare de Rouen en date du 11 avril 1998 à 19 heures précises (avant la dernière levée) ;

considérant que vous n’avez pas daigné apporter la moindre explication à ce silence, lequel risque fort de se retourner contre vous et que la seconde lettre de Gaston Flessignac datée du 10 mai 1998 (19 heures 15, après la dernière levée), lui fut retournée avec la mention « n’habite certainement pas à l’adresse indiquée » ;

compte tenu que par deux fois Gaston tentait de régler à l’amiable le ridicule litige vous opposant, vous lui avez raccroché au nez, sans justification cohérente ni formule de politesse afférente.

Étant donné que le 25 juin dernier, alors que Gaston Flessignac vous tendait un bouquet de roses rouges, vous lui avez violemment jeté votre sac en plein visage mettant ses jours en péril l’espace de quelques secondes.

En référence aux griefs énoncés précédemment ainsi qu’à l’arrêté n°137 du code de la courtoisie, modifié en 95 paragraphe ‘W’, amendé en ligne 23 et corrigé en ligne 10 (le mot ‘accusation’ prenant 2 ‘c’ et non 1, « bonjour la faute »), vous serez prochainement convoquée au palais de justice de Versailles afin de répondre aux questions ci-après afin d’expliquer l’ensemble de vos actes.

Au terme des délibérations (et après buffet campagnard gratuit), les jurés auront à se prononcer sur les questions suivantes :


1/ Monsieur Gaston Flessignac aime-t-il madame Odette Lebrun ?


2/ Madame Lebrun aime-t-elle monsieur Gaston Flessignac ?

Question subsidiaire :


3/ Si Madame Lebrun n’éprouve rien pour Gaston Flessignac :

POURQUOI ?


Dans le cas où vous n’auriez aucune explication plausible à fournir à la Cour concernant la dernière question, le tribunal ne vous accorderait pas de circonstance atténuante. La sentence serait alors sans appel ; une peine de principe vous imposant de vivre sous le toit de monsieur Gaston Flessignac, pour une période d’essai de trois mois renouvelable.


Veuillez agréer, madame Lebrun, l’expression de mes sentiments distingués.


Maître J.E. BENOIT



Ma Poulette


T’entends quoi par tendresse ?

C’est un truc de gonzesse


Un moulin à promesses

Pour endormir l’esprit

Juste un tour de magie

Qui s’conclut dans un lit.


Paulo ton « keum »




Jean Pierre,


Ta dernière déclaration m’a bouleversée.

Le style est dépouillé et le ton plaisant.

J’ai rougi au passage où tu me demandes en mariage.

Tes qualités, ton physique et ton intelligence font de toi un homme. Parfaitement ! Un homme.


J’aime beaucoup la photo que tu as jointe. Quelle trouvaille ce costume gris qui te va à merveille ! Avec tes grosses lunettes, tu fais sérieux. Portes-tu toujours des lunettes ? Je veux dire tout le temps ? À force, ça doit fatiguer la vue !


Tes yeux verts (je suppose car la photo est en noir et blanc) sont adorables, aussi profonds que ceux de Charles-André.


Ta coupe de cheveux ressemble à celle d’Yvon. (Le douanier, au retour d’Italie.)


Tes larges épaules me rappellent Augusto. (Le copain du douanier.)


Ta bouche parfaitement dessinée n’a rien à envier à celle de Richard.


Je devine que tes mains caressent divinement. Tout comme celles de François. Tu le connais ?


Ton corps est un volcan perpétuel saturé de grandes flammes fougueuses. J’en parlais cette nuit à Ferdinand qui partage mon avis. J’te signale !


Tu vaux mille fois mieux que tous les hommes réunis.

En couchant avec eux, j’ai le sentiment de me retrouver entre tes bras. L’ivresse. La jolie harmonie.

Faire l’amour aujourd’hui n’aurait aucun sens. Nous ne pouvons pas nous humilier de la sorte. Plus rien ne serait comme avant. As-tu bien réfléchi ? M’aimes-tu vraiment ?


Le gâchis serait total. Ma tristesse immense.


Afin de préserver notre bonheur, je préfère qu’on s’écrive… quelques années encore.


Ta Caroline pour la vie.





Expertise médicale N°132 / Bloc N°5

Patiente :


Madame Toublard.


Lorsque l’on examine

Votre artère pulmonaire

Ses parois tambourinent

D’excellentes manières.


Le ventricule de gauche

Affiche un bon moral

Toujours logé à gauche

N’a pas bougé d’un poil.


Vivotent les veinules

Gazouillent les vaisseaux

Il faut que tout circule

De l’aorte au cerveau


Un brillant chirurgien

Complétant l’examen

Vous a analysée

De la cave au grenier


Pas l’ombre d’un pépin

Ou d’une bagatelle

D’un minuscule machin

Tout semble naturel.


Les pulsations nombreuses

Que le cœur vous envoie

Ne cacheraient-elles pas

Une cause amoureuse ?


La science a ses limites.

Très cordialement


Toute l’équipe du Bloc N°5





Mon Dédé,


J’espère que tu vas bien. (Déjà dix ans !).

Julien grandit vite. Il te ressemble de plus en plus.

Quand je vais au travail, c’est un voisin qui le garde ; Monsieur Jean.

Te souviens-tu ? Il paraît que vous avez travaillé ensemble.

As-tu reçu mon colis ? J’espère que le pyjama est à ta taille. Pour le coloris, je n’avais pas le choix. Bleu ciel et marguerites imprimées.

Monsieur Jean prétend que ça risque de te faire du tort.


J’ai acheté la villa. Plutôt une petite maison. Une vraie.

Dans deux mois, on creusera le terrain. Jean veut creuser une piscine.

Ça fera plaisir au petit. À propos, connais-tu les Caraïbes ? J’ai prévu d’y aller en février pendant les vacances scolaires.


La vieille 4L est à la casse. Tu vas rire, la Mercedes 500 ne rentre pas dans le garage. C’est drôle !


Comment as-tu trouvé mon gâteau au chocolat ? Bon j’espère ?

Il paraît qu’on t’a encore changé de cellule. Aurais-tu fait une bêtise ?


J’ai bien reçu ta lettre. JE N’AI ABSOLUMENT RIEN COMPRIS !

De quel butin parles-tu ? Il n’y avait pas de magot dans la 4L.


À mon avis, tu lis trop de romans policiers.


J’arrête ici. Ce soir on sort. Avec Julien et Monsieur Jean on va au Casino. Le petit veut jouer aux machines à sous.

Tiens bon mon chéri !

Dis-toi qu’il ne reste que vingt-cinq ans à tirer.

Et après… à nous la belle vie.


Je t’embrasse mon Dédé.


Sandrine





Monsieur le Capitaine des pompiers,


Faisant suite à l’intervention héroïque de vos services dans la nuit du 5 au 6 juin dernier, je tenais à vous adresser mes remerciements.


L’incendie (encore non élucidé) survenu cette triste nuit fut brillamment maîtrisé par votre formidable équipe.


Le grand brun moustachu et le maigrichon à lunettes démontrèrent un incontestable savoir-faire. C’est avec un grand zèle qu’un plus jeune, intrépide, s’est jeté dans la braise. Quant au chef d’escadron, il ne fut pas en reste.

Dans l’ensemble vos hommes se sont bien comportés. Cette action les honore. En pleine faculté de leurs moyens, ils se sont montrés à la hauteur de l’événement.

Vous pouvez être fier.


Néanmoins, poursuivie par la malchance, une voisine pratiquant la voyance m’avertit qu’un nouvel incendie est susceptible de se déclarer dans la nuit du 12 au 13 juin, aux alentours de 20 heures. Par mesure préventive, vous serait-il possible de détacher une partie de votre garnison afin d’éviter la catastrophe ?


En prévision de cette épouvantable soirée, j’ai décidé de leur offrir à manger. Vous seriez très aimable de leur demander d’apporter les boissons.


Monsieur le Capitaine.


Très amicalement


Germaine Durant

13, rue de l’Impasse

75018 PARIS


3ème étage à droite

(code d’entrée : 45 A 88)


N.B :

Sans vous obliger, serait-il possible de désigner à nouveau le grand moustachu ?





Cher monsieur,


Je ne puis tolérer plus avant

Vos courriers pour le moins incessants

Dont la frénésie néanmoins

Me flatte au plus haut point.


Vos propos élogieux et sincères

Animés d’une indéniable ardeur

Témoignent d’un résolu caractère

Et d’un zèle tout à votre honneur.


Si je pardonne la désinvolture

Et cette adoration excessive,

Vos messages d’élégante facture

Justifient quelques corrections furtives.


En effet, il n’est pas un refrain

Ou un moindre couplet ne traitant

Ouvertement de richesses et d’argent

Que vous m’épuisez à la fin.


Vous arrive-t-il de ne parler d’amour

Autrement qu’en monnaies trébuchantes,

Que dois-je penser de ce discours

Et de ces attentions touchantes ?


Ces constantes allusions me dérangent

Ma vue se brouille d’un doute étrange

Quand je note avec consternation

Votre impertinente suggestion.


M’honorer d’une prochaine entrevue

Prometteuse entièrement dépourvue

D’intimité puisque vous affirmez

Vouloir venir accompagné.


Malgré un esprit contemporain

Et la meilleure volonté du monde

Je décline ce rendez-vous libertin

Dont je crains qu’il me dévergonde.


Quant bien même ils seraient respectables,

La présence de vos amis m’embarrasse,

Qu’il s’agisse d’un commissaire notable

Ou d’un copain serrurier efficace.


Je décline votre invitation

Avec regret du fond du cœur,

Votre courrier a des raisons

Très opposées à mes valeurs.

Sincères salutations

Cher Trésorier Payeur.


Armande de la Tréfouille


 
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   Anonyme   
31/12/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Lacarpe75 ! J'ai failli passer à côté de ces missives sans en prendre connaissance et c'eût été fort dommage car, en vers comme en prose, nous avons là un courrier de qualité au sein duquel je ne peux me décider à choisir la meilleure page tant elles sont plus désopilantes les unes que les autres...
Vous avez beaucoup d'humour et maniez les vers avec une grande facilité...
J'ai beaucoup aimé... Merci

   CharlesJosephin   
7/1/2014
oui, facile à lire mais un tantinet caustique, le ton varie, le rythme, les styles, comme un chapeau dont on tirerait des billets anonymes; bon petit moment de lecture

   senglar   
10/1/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Lacarpe75,


Hilarant ! Je suis sorti de ces lectures pas déçu du voyage. Voilà qui devrait faire dix jours dans l'almanach Vermot ! Mieux ! ça pourrait être signé Alphonse Allais :)

Je reviendrai une troisième fois si vous passez encore par là...

Brabant

Edition : Je verrais très bien le premier opus "Les Croisades" illustré par Claire Bretécher :)))

   Oscar_Van_Buren   
10/1/2014
 a aimé ce texte 
Bien
C'est léger, drôle et original. Très plaisant à lire mais je pense que je finirais par m'en lasser, malgré la grande diversité de styles et de thèmes exploités. Bien vu.
J'ai eu un petit coup de cœur pour celle de voisin de bureau, que j'ai trouvé extrêmement drôle et celle de l'huissier, à la fois très naïve et très sarcastique.

   iboubirago   
21/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Tout simplement magnifique !!!!!!!!

   chVlu   
22/5/2014
Bravo pour ce moment caustique, hilarant, désinvolte. L'entrée en matière m'a fait croire à un opéra bouffe et le reste à été parcouru gaiement. Chaque chose dans son style potachement pris en contre sens.

bravo


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